Dire non avant de dire oui. Dire non avant qu’il ne soit trop tard.
Aujourd’hui mes Brides, je vous poste un article écrit par Julie. Elle m’a contacté en m’expliquant qu’elle souhaitait revendre sa robe de mariée qui n’avait jamais servi. En creusant un peu, son histoire m’a vraiment touché et je lui ai donc demandé de nous la raconter. J’avoue que sur ce blog je ne vous parle pas assez d’amour, alors qu’un mariage c’est d’abord deux personnes qui s’aiment. Et puis parfois, ils arrive que l’un d’entre eux comprenne l’erreur qui est en train de se mettre en place. Alors loin de moi l’idée de vous inciter à planter votre mari une semaine avant votre D-DAY, mais je pense qu’il est important de déculpabiliser ou de vous faire prendre conscience que vous n’êtes peut-être pas la seule à vous poser des questions.
“Moi c’est J., 28 ans. Jusqu’au 7 août 2011 ma vie était parfaite : une maison parfaite, un fiancé parfait, 2 bons salaires, une future vie parfaite avec des enfants mignons aux bonnes joues roses et aux cheveux frisés et puis un jour j’ai tout foutu en l’air…
Tout a commencé un 1er janvier 2003 à 3h du mat (après quelques coupes de champ’ et entre 2 tranches de foie gras). On s’est rencontrés et on ne s’est plus quittés. On était jeunes, on s’aimait, c’était cool. Moi, je me suis toujours laissée porter par cette histoire, sans réfléchir, je vivais le truc au jour le jour sans trop me poser de questions. Et puis un jour le mot « mariage » est arrivé, c’était à l’automne 2009… On a décidé de fixer une date… Le 13 août 2011, parce qu’en 2010 c’était trop juste pour tout réserver. On l’a annoncé à nos familles et à tous nos amis, tout le monde était ravi de cette union « parfaite ». On passe alors tout notre temps à organiser : quel thème ? Quelle robe ? Quel endroit ? On va manger quoi ? C’est plutôt excitant de faire tout ça, surtout qu’il s’agit d’un gros mariage : 250 invités au vin d’honneur et 180 au repas ! l faut dire qu’on est « connus » dans nos villages respectifs et que nos parents sont sacrément fiers de nous (et nous sommes tous les 2 enfants uniques)… Je suis à fond dans ce mariage, je ne pense plus qu’à ça, c’est une représentation de nous, de ce qu’imaginent les gens de nous. Il faut qu’ils pensent qu’on est heureux et trop méga cools. Il faut que tout soit parfait…
J’utilise souvent le mot «parfait » hein ? Ben oui… c’est ce qui nous qualifiait en fait… Le petit couple gentil, sympa, à l’écoute, convivial… En public bien sûr parce que dans le privé il ne se passait plus rien entre nous, plus trop de sentiments amoureux, plus de câlins, une routine pesante. Et au fur et à mesure je ne supportais plus sa présence, avec du recul je me dis qu’on a changé tous les 2, plus vraiment les mêmes attentes, les mêmes aspirations. Moi j’ai envie de voyages, de m’éclater, de sortir, d’en profiter un max avant de m’installer dans une vraie vie de famille. Mais lui…. Lui il veut des enfants rapidement (oui tu comprends tout le monde en fait), on s’installe à la campagne… et moi je le suis sans me poser de questions (comme d’hab), en gros il a tracé tout notre vie future pour les 50 ans à venir. Et moi j’aime pas ça. Je commence à réfléchir (enfin) et je prends conscience que cette vie là je ne l’ai pas choisie.
Tout est confortable, on a une vie bien établie, nos parents sont heureux mais putain elle est où la vraie vie là-dedans ? La passion, la folie, la rigolade, l’amour, la vie quoi…. Je mets du temps à me rendre compte de tout ça, je suis tellement attachée à notre image, je n’ai pas envie de décevoir les gens qui nous aiment. Je commence à ouvrir les yeux en janvier 2011, je sais déjà que mes sentiments ont changé et que je suis une personne différente, je sais que je ne veux pas de cette vie. Oui mais…. Le traiteur est réservé et la robe commandée ! Un super traiteur en plus et une robe de créatrice qui va rendre toutes les filles folles de jalousie ! Je ne peux pas ne pas me marier…. C’est décidé je ferme les yeux, j’y vais… Je passe 8 mois comme ça, c’est dur, très dur. Je suis une marionnette qui fait oui de la tête :
Mes amis : « ooh comme tu dois être heureuse »
Moi « oui oui »
Mentir, enjoliver, afficher un sourire béat alors que mon cœur crie « non je ne veux pas y aller, c’est la plus grosse connerie de ta vie ». Souvent j’ai mal, tous les jours je réfléchis, je me dis que je dois me sacrifier (ben oui attends je vais avoir une pièce montée en macarons quoi merde !). Alors pour oublier je sors beaucoup, environ 3 soirs par semaine. Je ne veux plus le voir, je ne veux plus rentrer, entre nous ça se dégrade de plus en plus. Je ne peux même plus supporter ses mains sur moi. Je crois que je ne l’aime plus. Et puis le jour J approche à grands pas, tout s’agite autour de moi, tout n’est plus que tulle, fleufleurs en papiers et déco DIY. Moi je suis immobile. Je regarde. J’attends que ça passe. Je suis Marie-Antoinette qui attend son heure (la perruque en moins). Je suis une poupée qu’on va habiller et maquiller, elle va dire « oui » gentiment et tout le monde sera content. Tout le monde attend ça. Et moi je n’aime pas décevoir. Le week-end du 7 août arrive, on est enfin en congés, on a droit à 5 jours mariage avec nos boîtes respectives c’est cool. Je pars du boulot et mes collègues me souhaitent tous du bonheur. Je serre les dents. Ce week-end là c’est son enterrement de vie de garçon. Ils partent faire du char à voile, du paint-ball, des trucs de mecs quoi. Pendant ce temps je réfléchis encore… C’est dans une semaine et je ne veux pas y aller, ma tête va exploser, je suis un zombie qui avance à l’aveuglette, j’ai des ficelles au-dessus de moi et je me laisse faire, je me laisse porter. Mais au fond de moi c’est la tornade, je me sens mal, j’ai souvent la nausée.
Je réfléchis au jour J, mais si vous savez « le plus beau jour de ma vie ». Je ne me vois même pas dire « oui » devant tout le monde. Pour moi tout cela n’est que supercherie, mensonge. Je ne veux trahir personne. Je commence à me demander ce que penseraient mes parents si je leur annonçais dans 6 mois que je veux divorcer. Je pense qu’ils seraient sacrément déçus. Encore plus que si j’arrêtais tout maintenant. Et c’est à ce moment précis que j’ai envisagé quelque chose de totalement inédit : « je vais annuler c’est décidé, dimanche soir à son retour je lui dit ».
Le dimanche soir je lui ai annoncé la nouvelle, il a pleuré, ça a été dur, je me suis retrouvée à la rue (techniquement parce qu’en vrai j’ai des supers amis qui m’ont sacrément aidée). Il a fallu l’annoncer à tout le monde, sachant que 50% des gens à 5 jours du mariage pensaient à une mauvaise blague (mouhahaha j’ai l’air de me marrer là ?). Heureusement ma famille et mes amis m’ont soutenu jusqu’au bout, m’ont aidé à annuler tous les prestataires et m’ont tous dit « tu as eu raison, tu as du courage et si tu ne le sentais pas il ne fallait pas le faire ». Ça m’a rassurée… Je suis enfin sereine, je n’ai pas menti et puis le gros poids que j’avais à l’estomac depuis janvier a disparu. Je vais choisir ma vie.
Je ne regrette pas mon histoire avec lui parce que malgré tout ça nous avons quand même eu de supers moments mais je suis heureuse d’avoir trouvé cette force de tout arrêter avant l’explosion… Et puis cette préparation de mariage m’a permis de rencontrer des gens, je pense à mes 2 copines de forum (oui ce sont des amies maintenant) que j’ai eu le plaisir de rencontrer et que j’espère revoir très bientôt (elles se reconnaîtront !) En conclusion, je dirais juste que cette décision a été la plus dingue, la plus compliquée à prendre de ma petite vie mais en même temps c’est la plus sensée. J’ai vraiment l’impression d’avoir repris ma vie en main. Alors oui c’est difficile et vraiment galère mais un divorce c’est pire non ? »
Une histoire ? Une anecdote ? Une tranche de vie à nous raconter ? Joyeux, triste humoristique, hilarant, racontez nous votre expérience en m’envoyant vos textes sur la.mariee.en.colere@gmail.com
Sophie dit
J’ai lu ce témoignage avec bcp d’émotion, et d’intérêt…
Moi je suis celle de l’autre côté de la barrière, celle qui a été plantée… juste avant le mariage.
Mon cas est un peu différent car plus âgée et les enfants sont déjà là.
Je comprend ce point de vue, mais pourquoi ne pas le dire avant? Moi ça faisait 8 mois qu’il le savait qu’il voulait annuler…j aurais préféré le savoir avant, avant de m’investir dans ce mariage, avant d’avoir l’image de moi en robe, robe que je vais devoir récupérer, et que je ne porterai jamais.
Adèle dit
Bonjour Julie,
J’ai lu ton témoignage avec beaucoup d’émotion car je me reconnais dans tout ce que tu décris : la petite vie parfaite en apparence, la belle maison à la campagne, un homme qui a des envies d’enfant et des projets sur 50 ans, une routine pesante qui s’est installée, et une belle demande en mariage…
A la différence que je me suis mariée il y a quelques mois… Je pensais être sûre de moi, et que c’était une bonne idée. Le fait d’être plongée dans les préparatifs m’a sans doute empêchée de me poser les bonnes questions. Ou alors le mariage a été un déclic et m’a permis d’ouvrir les yeux sur cette vie que je ne supporte plus…
J’ai rencontré un homme peu de temps après mon mariage, et ça a été un coup de foudre réciproque. Cet homme représente la vie dont je rêve : il vit à Paris, sort beaucoup, est entouré d’amis, est plein de surprise et de folie…
Je suis en train de remettre ma vie en question, et pense à quitter mon mari afin de retrouver ma liberté, me retrouver, et vivre cette vie qui me fait fantasmer.
Cette situation est néanmoins très difficile à vivre car j’aime énormément mon mari et je ne supporte pas l’idée de le faire souffrir…
Berdah dit
Bonjour,
Il faut faire attention parce qu’on a parfois l’impression qu’un autre homme sera mieux, surtout qu’il n’y a pas d’engagement. Si vous avez dit oui a votre mari, il faut tenir et construire avec lui, vous ne le regretterez pas. Ne vous laisser pas attraper par les chimères. Le coup de foudre c’est mignon, mais la construction dans le temps c’est ce qu’il y a de plus beau. Les années passent vite et si vous avez la chance d’avoir commence a fonder votre famille, tenez bon et vous verrez que la construction dans l’effort donnent plus de résultats que le papillonnement sans investissement. Bonne chance !
Agathe dit
Effectivement c’est très courageux. Je te souhaite tout le bonheur du monde, ce dont je ne doute pas avec un tel courage !