Je ne sais pas pourquoi les gens ont souvent cette vision de la femme enceinte belle et épanouie à toute heure. Non, ce n’est pas toujours le cas. Nausées, fatigue, ce n’est pas une sinécure, surtout au début. Voici le témoignage de Justine :
{Témoignage} Arrête de te plaindre, tu es enceinte !
« Tu n’as pas le droit de te plaindre, tu es enceinte ! » c’est la phrase qu’on me répète souvent quand je confie mes petits maux de grossesse. Partout, je vois des témoignages de femmes qui ont eu du mal à tomber enceinte et qui sont ravies une fois qu’elles le sont. Moi je n’ai eu aucun problème jusqu’à ma grossesse… Nous avons abordé le sujet enfant en novembre 2014. Nous avons décidé de prendre notre temps, n’envisageant pas de faire un enfant avant une bonne année. Consciente des problèmes qu’on peut rencontrer en arrêtant de fumer, j’ai décidé de prendre de l’avance sur le sevrage. Et puisque cela fait déjà quatre mois que je n’ai pas bu une goutte d’alcool, autant continuer dans cette lancée. J’ai donc arrêté de fumer fin 2014, sans trop d’encombres. A l’époque, je venais de commencer dans une nouvelle entreprise, en CDI. Le mois de Mars est vite arrivé, ma période d’essai était terminée. Nous étions enfin tranquilles. Ayant arrêté de fumer depuis près de 4 mois maintenant, nous avons décidé d’arrêter la pilule tout en prenant nos précautions pendant les périodes d’ovulation. Nous pensions que comme tous les couples, cela prendrait six mois après l’arrêt de la pilule pour être de nouveau féconde, on s’est dit que comme ça, quand nous l’aurions décidé, je tomberai enceinte rapidement. Mais pas pour tout de suite. Début avril, convocation de mon employeur. Ils décident de me licencier à cause du manque d’activité dans l’entreprise. Afin de faire des économies, ils négocient avec moi pour antidater mon départ, qui sera effectif quinze jours suivants. Le dernier jour de mon préavis, j’ai deux jours de retard dans mes règles. Je me lève pour faire le test de grossesse avant d’affronter cette dernière journée de travail. Je n’y crois pas tellement mais je préfère être sereine pour cette journée. Cela fait deux semaines que je me sens bizarre. Le test est positif. Je commence à pleurer, à paniquer, je secoue le test devant mon chéri en lui disant « nous sommes dans la merde ». Il me répond que les tests ne sont pas fiables. Je débarque en pyjama, pas coiffée à la pharmacie. Je secoue mon test devant la pharmacienne incrédule qui me répond « oui, maintenant faut faire une prise de sang madame pour savoir de combien vous êtes enceinte ». Ce n’est pas possible, je ne peux pas être enceinte, nous avons fait attention pendant ma période d’ovulation, je viens de perdre mon emploi. Non ! Cinq heures plus tard, le laboratoire m’appelle sur mon lieu de travail et me confirme ma grossesse de deux semaines. Le choc passé, vient alors la joie. Nous allons être parents, et tant pis si c’est trop tôt. Si j’ai ovulé en retard c’est que ce bébé devait naître.
J’ai vite déchanté. La 3ème semaine a commencé sous le signe des nausées. Nausées qui ont pris une place importante dans ma vie puisqu’elles ne me quittaient plus du matin au soir. J’étais allongée dans le canapé toute la journée, je ne pouvais rien faire. J’étais malade et abattue. Je ne voyais personne hormis mon chéri qui rentrait tard le soir. Même une compote dans la journée, cela ne passait pas. Rien. J’ai perdu 5 kilos, le sourire et ma vie sociale. C’est là qu’a commencé la stigmatisation. J’ai très mal vécu ces nausées constantes et mon entourage commençait à me dire « t’es tombée enceinte en quinze jours chrono et tu te plains pour quelques nausées, quelle chochotte ! ». Moi qui étais très sociable et qui bougeais tout le temps, je me suis retrouvée seule et privée de mon emploi. Je ne parlais plus. Le temps me paraissait interminable. Tout était si lointain. Mon état à empiré jusqu’à la 8ème semaine puis s’est stabilisé, me permettant de sortir de nouveau un petit peu mais sans plus. Puis est venu la fameuse fatigue. J’étais tout le temps fatiguée et irascible. Beaucoup m’ont dit que je ne devais pas me plaindre parce que j’étais enceinte et c’est tout ce qui compte. Oui, j’ai eu beaucoup de chances et je sais que beaucoup de femmes donneraient n’importe quoi pour être à ma place. Mais le mal-être est là et plus on me le répète, plus je me sens indigne d’être maman, puisque je ne supporte pas les maux de grossesse. Je me suis beaucoup renfermée sur moi même jusqu’à ce que des femmes pour qui cela a été moins facile me confirment que pour elles aussi, la grossesse ce n’est pas la période d’épanouissement qu’elles attendaient. Cela ma permis de relativiser et me sentir moins coupable de ne pas aimer être enceinte.
Aujourd’hui, je rentre dans ma 14ème semaine de grossesse. Mes nausées se sont beaucoup apaisées. Et la fatigue se fait moins dense. Je garde en mémoire ces trois premiers mois qui ont été horribles pour moi et m’ont renfermée sur moi même. J’attends avec impatience que l’épanouissement dont on m’a tant parlé arrive. Parce que maintenant que ce ne sont plus les nausées, c’est la chaleur qui m’isole. Je reste chez moi toute la journée, les volets fermés. Je m’ennuie. Je ne trouve évidemment pas d’emploi (je préfère prévenir que je suis enceinte pour m’éviter tout stress de le cacher) et mes amis sont tous débordés par leurs vies pour venir me visiter dans ma banlieue. Le temps me paraît très long. Je ne sais pas comment m’occuper à force. Cette grossesse me paraît pour l’instant moins pénible qu’au début mais me laisse quotidiennement un goût de spleen dans la bouche. Alors oui, j’ai une chance inouïe d’être tombée enceinte si vite, si facilement, mais cela n’est pas pour autant une ballade de santé., même si pour rien au monde je ne changerais ma situation.
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Lemm dit
Coucou,
je suis enceinte de mon 2e, j’ai 27 ans et pas du tout (je soulignerai si c’était possible) de difficulté à concevoir: mon premier était un heureux accident (pourtant sous contraception), et le deuxième, programmé est arrivé comme pour toi, du premier coup alors que nous escomptions mettre les 06 mois standards à le mettre en route.
Conclusion mon premier avait 8 mois quand je suis tombée enceinte, j’enchaîne donc sur environs de 2 ans de grossesse-allaitement-grossesse avec toutes les restrictions que cela impose. Autant dire que mon employeur, est positivement ravi que mon futur congé maternité tombe en plein dans les gros projets…
Pourquoi enchaîner ?
Parce que j’ai détesté être enceinte ! Pas de nausée, non, je passe 3 mois à dormir et à avoir les hormones en folie ! Je m’endors au bureau le nez sur le clavier ou mes manuels, je passe de l’hystérie profonde à la dépression, hier ma cheffe a du me renvoyer chez moi parce que je pleurais depuis 1h sans pouvoir m’arrêter…
Alors ce n’est pas comparable avec ce que tu vis, mais c’est handicapant. Et professionnellement gênant.
Le fait de ne pas avoir de difficulté à tomber enceinte n’a rien à avoir avec ce qui suit. C’est un peu comme si on te disait que tu n’avais pas le droit de te plaindre de ne pas avoir dormi plus de 3h/nuit pendant 10 mois (oui, le temps qu’a pris n°1 pour faire ses nuits) parce que toi au moins, tu as un enfant.
Ce serait ridicule !
Bref, je compatis profondément.
Justine dit
Quel courage! J’en suis maintenant à 25 semaines et cela va un peu mieux. Encore quelques nausées, beaucoup de fatigue , etc… Mais pour l’instant, je dit bien pour l’instant, je ne veut pas remettre ça. Je préfère en avoir qu’un. Bon courage en tout cas car avec un 1er en bas âge c’est encore moins évident!
sarrousse dit
Que les gens peuvent être stupides !
Bien sûr que tu as le droit de te plaindre !
Pour moi ça a été pire parce que ma grossesse s’est hyper bien passée sur le plan physique. Mais moralement, j’étais complètement déprimée (les hormones, tout ça). Alors là, je te raconte pas ce que je me suis pris quand je me plaignais !
Courage pour la fin !
Lucette dit
Ayant moi même eu beaucoup de mal à tomber enceinte, je considère que oui, c’est une chance de l’être, oui, c’est sans doute une chance de l’être aussi vite (bien que, visiblement, tu aurais bien aimé attendre encore un petit peu), mais je ne vois pas pourquoi tu serais sensée être hyper épanouie alors que tu te sens si mal.
Est-ce que les gens qui te font ces remarques ont testé avoir plusieurs semaines de nausées et de fatigue ? C’est juste l’enfer !
Évidemment ce serait hyper maladroit si tu te plains pendant des plombes à une amie qui ne parvient pas à tomber enceinte mais ceux qui te font ces réflexions sont ils dans ce cas ? sans doute pas.
Franchement, il ne faut pas hésiter à les remettre à leur place : OUI tu es très heureuse d’être enceinte ais NON ce n’est pas une partie de plaisir pour toi et c’est même super dur. Tu n’as pas à culpabiliser de te sentir mal.
J’ai donc pour ma part mis 5 ans à tomber enceinte et je trouve que la grossesse peut être hyper relou : les nausées ça a été mais j’ai le bas du dos coincé depuis le 2e mois, à ne pas pouvoir enfiler mes fringues certains matins, j’ai eu mal au ventre pendant trois mois, mal à la tête pendant des jours entiers et maintenant je fais des malaises vagaux. Donc, oui, je suis hyper heureuse d’être enceinte, mais je trouve ça vraiment difficile physiquement.
Allez, courage !
Viviane dit
Certaines femmes sont submergées d’hormones d’où grande fatigue et nausées au premier trimestre. Mais je voudrais quand même rassurer les lectrices, l’inverse peut être vrai : Personnellement, je n’ai jamais eu de nausées, j’ai vomi (désolée pour les détails !) complètement inopinément deux fois pour ma première grossesse, une fois pour la seconde et zéro pour la troisième, je n’ai jamais été fatiguée, et je n’ai jamais eu de contractions avant d’accoucher. Bref j’ai eu de la chance, mais entre Justine qui a vraiment le pire début de grossesse possible, et les femmes qui comme moi n’ont aucun ennui, toute la gamme est possible. Je pense en plus que Justine ayant perdu son emploi et étant malade se retrouve socialement isolée, ce qui n’arrange rien.
Sinon un conseil (je le dis en tant qu’employeur) : ne JAMAIS dire qu’on est enceinte quand on cherche un travail. Pour l’employeur, le bon moment pour qu’une femme fasse des enfants, c’est quand elle est en retraite !
nana dit
je suis tombé enceinte facilement pour mes 2 grossesses et bien moi je ne me prive pas pour dire que c’est la plaie! certaines femmes adorent être enceinte mais d’autres comme moi deteste cet état! nausées, brûlures d’estomac, douleurs en genre et un peu partout, fatigue et hormones en ébullition et ne parlons pas des retournement intempestifs de bébé qui même s’ils sont très émouvant au debut sint carrément relou a la fin!! par contre les femmes qu je connais qui ont eu des difficultés a concevoir n’ont pas bien vecu leurq grossesse mais elles se plaignent moins car elles en ont encore moins le droit que les autres :/ … bonne fin de grossesse et surtout bonne rencontre avec bébé car c’est surtout ca qui importe!
Tiffany dit
Coucou,
Je suis désolé que ta grossesse ce passe comme ca mais quelle joie de voir que je ne suis pas la seule dans ce cas…!
Oui on a de la chance de tomber enceinte rapidement mais cela ne nous donne juste le droit de nous taire…! Le fameux tu es enceinte, tu as de la chance !
Ouais bah depuis que je suis gamine on me vend du rêve et on en est loin ! Je suis à 5 mois et je ne sais toujours pas comment je vais avoir la force d’arriver au bout tellement la fatigue me terrasse… Un déménagement et un master à passé autant dire que si je connaissait la fameuse période d’épanouissement du deuxième trimestre cela me serait d’un grand secours !!
Tout ça pour dire que oui ca me fait mal au Coeur de voir toutes ces femmes et certaines de mes amies ne pas y arriver rapidement ce n’est pas juste, mais ne pensait pas que parce que nous avons réussi rapidement que c’est forcément la joie tous les jours.
Autant vous dire que pour moi aussi la grossesse me laisse un goût amer…
Bonne continuation,
Tiffany
CAROLINE dit
Bonjour,
Avec mon chéri, cela faisait 3 ans et demi que l’on essayait d’avoir un enfant. J’ai une grosse endométriose qui a joué dans ce temps si long. Nous avons décidé de passer par la PMA (en fait, pas d’autre solutions) J’ai 38 ans, mon mari va avoir 43 et nous venons de vivre une année pas facile (décés brutale de mon papa 3 semaines avant notre mariage, problème de santé pour mon mari, mes examens medicaux de PMA qui était de plus en plus alarmant, entre autre choses )
Je devais faire une 1ere FIV en janvier… J’ai tout annulé sans rien dire à personne… sauf à mon mari au bout de 15 jours ! je n’en pouvais plus !
puis, une fois les choses un petit peu apaisées, on y est retourné. On me donnait 10 % de chances de réussite (gros gros problèmes d’ovocytes)… Ca a marché, je suis enceinte de 8 semaines… nous sommes content et serons très heureux quand il sera là, en bonne santé (j’ai appris à être sur mes gardes ;-))
Et tu sais quoi : et bien je trouves que tu as le DROIT de dire que ca ne va pas, que c’est difficile, que ce que tu vis n’est pas simple. Ce n’est pas parce que tu as eu la chance de ne pas avoir de souci pour tomber enceinte que ce que tu vis aujourd’hui ne doit pas être entendu. Je pense que ca doit être terrible d’être mal à ce point. A ceux qui te disent que tu n’as pas le droit de te plaindre tu devrais leur répondre que tu aimerais les voir pendant 3 mois malade comme tu as été, et ensuite, ils pourront se permettre de venir te dire quelques choses. Et puis, chaque personne vit les choses de manière différente. Qui sont ils pour oser dire à une personne mal comme tu es en ce moment que tu n’as pas le droit de te plaindre? Ne connaissent ils pas la bienveillance ? ils pourraient peut être te proposer de venir te voir, t’appeler pour te raconter une blague au lieu de t’acculer ? ça prend 2 mn et ça peut changer une journée…
La normale serait que chaque femme ayant envie d’avoir un enfant puisse le faire sans passer par tout un tas d’examens et de procédures compliquées, et qu’elles puissent vivre leur grossesse sereinement, sans toute cette fatigue et ces nausées.
J’éspère sincèrement que ca va aller mieux pour toi, et que le reste de ta grossesse sera sereine et paisible.
Jaïna dit
Bonjour,
Je viens de lire ton article et je vis tout à fait la même chose. A moi on ne me dit pas que je dois arrêter de ma plaindre mais que « Ce sont les petits maux de la grossesse ». Sauf que comme toi j’ai perdu 5 a 6 kilos et que j’ai fini hospitalisée d’urgence. C’est malheureusement très méconnu car ca ne touche que 1 % des femmes, alors forcément on passe pour des petites natures! Mais nous, nous savons :).
Marine dit
Je m’appelle Marine aussi, je suis enceinte de 6 semaines et je me reconnais pas mal dans ton histoire !
Au moment ou je tombe sur cet article : Je suis au fond de mon canap, j’ai du interrompre la lecture par une course aux toilettes pour vomir…
J’ai des nausées en permanence depuis 10 jours, je ne peux plus rien avaler… Je suis faible et je n’arrive pas a aller au travail 🙁
Hier j’ai vu un médecin qui m’a culpabilisé en me disant de faire un effort
Camille dit
Hello 😉
Je me reconnais pas mal dans le témoignage de Justine.. ouf je ne suis pas seule.. !
Je suis tombée enceinte 3mois après l’arrêt de ma pilule, pendant cette période j’ai du quitter mon emploi pour suivre mon conjoint pour son boulot à lui. Des débuts de grossesse difficiles (très malade moi aussi j’ai perdu 8kg), dans une nouvelle région, loin de ma famille et de mes amis : extrêmement seule !
Alors oui, c’est merveilleux, nous sommes très heureux et je pense souvent à ces femmes pour qui le parcours de la maternité est semé d’embûches mais ce n’est pas forcément l’épanouissement totale dont certaines femmes ont la chance de bénéficier 😉
Aujourd’hui j’en suis à 5 mois de grossesse bébé est prévu pour fin décembre et je vais mieux ça me permet d’aller voir plus souvent famille et amis en train et ça fait un bien fou !
Bon courage à toutes les futures mamans qui se sentent incomprises dans leur mal être et pensée admirative à toutes celles qui se battent pour devenir maman. ♡
Camille