Lily savait qu’ils auraient des difficultés pour avoir un enfant, mais elle pensait que cela viendrait d’elle, en fait elle découvre rapidement que son mari est stérile. Comment lui annoncer ? Pour quelle solution opter pour que lui aussi se sente père ? Adoption ou don de gamètes ? Voici son témoignage.
{Témoignage} Mon mari est stérile, notre choix entre don de gamètes ou adoption
Il y a maintenant bientôt trois ans, à peine avait-on dit « oui » que l’on nous posait la Question : « alors le bébé ?! ». Sauf que nous, nous n’avions pas l’intention de nous lancer tout de suite. Nous voulions d’abord profiter de notre vie à deux, finir de construire nos projets professionnels et bien que nous avions toujours voulu fonder une famille on ne se sentait tout simplement pas encore prêts. C’est finalement six mois à peine après le mariage que nous avons décidé de stopper tout moyen de contraception et de voir ce que ça donnerait. En mode « sans pression » . Mais au fond de moi je savais que les choses ne seraient pas simples. En effet, quelques années plus tôt, je portais un stérilet que mon corps avait rejeté et n’était donc plus en place pendant des mois ; ne remplissant plus son rôle ; sans qu’aucune grossesse ne survienne. Au bout d’un an et demi d’essais, je consulte pour voir si tout va bien. Ma gynécologue m’indique que j’ai des ovaires riches mais feignants et que donc il faudra les booster un peu. Elle est encourageante et décide de me revoir trois mois après pour commencer les injections. Entre-temps, elle prescrit des analyses pour mon mari pour contrôler les choses.
Le jour même du spermogramme ma gynécologue m’appelle et m’annonce qu’il y a un soucis avec le prélèvement, qu’il n’y a pas de spermatozoïdes. Je suis choquée, abasourdie, fébrile et je me souviens de ce maudit pressentiment que j’avais toujours chercher à étouffer, à réprimer en me disant qu’il fallait que je reste positive et qu’il n’y avait pas de raison. Je ne sais pas ce qui a été le plus dur : apprendre la nouvelle ? Se dire qu’on le savait ? Devoir l’annoncer à son mari ? Lui dire une chose si terrible, si frustrante et surtout si délicate quant à la virilité d’un homme. Lui apprendre à lui, à cet homme qu’on aime tant et de qui on voulait un enfant qu’il n’aura jamais la joie et le bonheur d’avoir un enfant naturel. Bien entendu, il fallait continuer les tests, être sûrs, comprendre pourquoi… Après deux mois de rendez-vous et d’analyses les conclusions sont données : stérilité définitive sans espoir de pouvoir concevoir un jour. Pas de cause précise, c’est juste comme ça, son corps ne fabrique pas de spermatozoïdes… Commence alors toute une période d’abattement, de colère, de frustrations : le deuil. Deuil d’un enfant naturel, d’une vie « normale ». On nous explique alors les solutions qui s’offrent à nous : l’adoption, l’appel à un don de sperme ou bien le choix d’une vie sans enfant. On en avait déjà discuté, de ce qu’on ferait au cas où il n’y aurait plus d’espoirs. On avait rejeté tout de suite le don. De nous deux, c’est mon mari qui a toujours été le plus impliqué dans le projet bébé, lui était prêt bien avant moi et avait attendu que je sois prête à mon tours. Et puis moi, je n’ai jamais été du genre à vouloir un bébé plus que tout. J’entends beaucoup de femmes et notamment certaines de mes amies dire que leur horloge biologique les titille, qu’elles veulent un enfant plus que tout autre chose et qu’elles n’aspirent qu’à pouvoir être mère un jour. Moi, j’ai jamais ressenti ça. Au final si j’ai décidé de faire un enfant c’est parce que je voulais un enfant de mon mari, de cet homme qui partage ma vie. Pas un enfant en général mais son enfant, un être qui lui ressemble, avec son air taquin et moqueur, un p’ti blond comme lui avec ses fossettes et ses tâches de rousseur. Bien entendu je sais très bien que la génétique c’est plus compliqué que ça, mais c’est l’image que j’en avais quand j’y pensais. Alors, le don ne convenait pas à mes attentes et espérances. On voulait un enfant qui serait un peu de nous deux. On avait donc conclu avec mon mari que l’adoption serait pour nous le moyen d’être parents et de fonder une famille. Après ce fameux rendez-vous où les médecins nous on expliqué nos possibilités, je ne sais pas pourquoi mais notre avis et notre choix ne semblaient plus aussi certains. Nous avons pris le temps de discuter, de faire le point et après des jours et des semaines de pleurs, de doutes et de disputes nous avons finalement reconsidéré la question du don.
Nous ne sommes pas prêts pour le moment à accueillir un enfant par l’adoption, il est encore trop tôt pour nous de faire face à cette situation précise qui est un autre moyen de devenir parents. Une démarche particulière qu’on envisagera probablement dans quelques années mais pas maintenant. Le don de gamètes serait pour nous le moyen de vivre une grossesse, de permettre à mon mari d’assurer son rôle de père dès le moment de l’insémination. Son seul moyen de devenir père, le père de mon enfant, de notre enfant. Alors bien que moi je voulais un enfant de lui, j’ai commencé à voir les choses sous un autre angle : ce sera quoi qu’il arrive son enfant à lui. La génétique c’est une chose, mais un père c’est celui qui élève et accompagne son enfant au quotidien. Nous avons donc entrepris les démarches pour le don de gamètes et sommes actuellement dans le délai légal de réflexion de six mois. Si tout se passe bien nous commencerons les inséminations en février 2016. Ce fut et c’est toujours une épreuve qu’on essaie de surmonter tant bien que mal. La clef pour affronter ces moments, ces questions et surtout faire notre deuil, est pour nous la communication. On parle pour éviter que les choses ne nous rongent de l’intérieur. On dit souvent que quand un couple affronte ce genre de difficultés soit il éclate soit il en ressort plus fort et soudé. Nous avons fait le choix d’affronter et de traverser les épreuves ; de quoi qu’il arrive faire front et tout se dire. Tout au long de notre parcours qui est loin d’être fini, j’avoue qu’on a encaissé pas mal. En plus de notre situation, voir nos amis et nos familles continuer leur vie et annoncer des grossesses à tours de bras (ouais carrément à tours de bras !) c’était difficile. Bien que nous sommes réellement heureux pour eux, c’est à chaque fois un coup au coeur. Pas vraiment de la jalousie, plus de la révolte, de la frustration et de l’injustice. Ce fut surtout difficile pour mon époux au moment de l’annonce de sa stérilité. Sa soeur étant sur le point de donner naissance à notre nièce, il n’a pas pu, voulu, en parler de suite à ses parents afin de ne pas « gâcher » ce moment heureux et important pour la famille. Nous avons fait le choix de ne pas cacher le mode de procréation et la stérilité de mon mari. Nous en avons parlé à nos familles et amis proches. Nous ne souhaitons pas non plus le clamer sur les toits, car cela ne concerne que nous, notre ou nos enfants et nos familles, mais nous ne nous cacherons jamais de nos choix. Tout le monde nous soutien et nous supporte dans notre projet. Nous avons la chance d’avoir des familles aimantes et ouvertes. Le soutien est tellement important dans ce genre de situations ! Cela nous fait un poids en moins sur les épaules : savoir que l’on est acceptés.
Alors les choses ne sont pas encore gagnées et on ne sait pas si on arrivera un jour à fonder une famille mais nous ferons face à chaque difficulté et continuerons de nous soutenir l’un l’autre. A ceux qui demandent « ben alors ?! Il est où le bébé ? » nous répondons qu’il arrivera quand il arrivera s’il doit arriver. Nous continuons d’être heureux pour chaque bébé qui vient au monde dans notre entourage car on ne sait que trop bien que c’est un cadeau qu’il faut chérir. Prochaine étape ? Profiter de notre vie avant d’entamer le protocole de stimulation soit : les fameuses piqûres dans les fesses ! En espérant que les hormones qui seront injectées ne rendent mon caractère encore moins facile à vivre… Ce sera donc aussi une épreuve de plus pour mon mari.
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Crost dit
Bonjour à tous,
Nous avons appris l’azoospermie de mon mari il y a 3 mois. Une véritable décharge pour moi.
Nous continuons les examens pour confirmer ou non le diagnostic. C’est dur, très dur. Je suis morte de peur. Je pense qu’il me faudra bcp de temps pour accuser le coup. Aujourd’hui je m’imagine même quitter mon mari. Une vie sans enfants m’est insupportable. Devenir parents via le don ou l’adoption ne me convient pas.
J’espère que le temps m’aidera à y voir plus clair et à relativiser … je vous souhaite à tous bcp de courage et d’amour.
Marie dit
Je me retrouve totalement dans ce poste qui est malgré tout ancien. De notre côté nous avons appris la stérilité de mari de manière totalement brutale. Nous n’avions pas eu de retour des résultats du spermogramme et à la fin de notre RDV la gynécologue nous dit de voir avec la secrétaire si elle a eu un retour du labo. Celle-ci recherche et nous sort froidement « C’est bon j’ai un retour, donc pour vous zéro spermatozoïde » … en nous regardant comme si elle annonçait un truc totalement banal. L’aspect dramatique étant que je venais de perdre une soeur deux semaines avant. Pour le coup c’était vraiment irréel d’avoir deux nouvelles pareilles en si peu de temps. Sur le coup j’ai encaissé car j’étais vraiment affecté par la perte de ma soeur.
Ma famille vivant déjà un deuil, évidemment on a gardé tout ça pour nous pour ne pas les ennuyer avec nos soucis qui leur sembleraient sans doute dérisoire (alors que pourtant c’est loin de l’être !). D’un autre côté ma belle-famille étant peu ouverte d’esprit …inutile de préciser qu’on avait pas dutout envie de leur en parler. On garde donc tout pour nous depuis plus de deux ans sachant que pour ma part j’ai du être entre temps opéré pour un soucis gynéco, le tout cumulé avec ces histoires de covid qui nous empêche de pouvoir « profiter » ce qui nous permettrait peut être de penser à autre chose et de positiver. Mais voilà…on ne peut pas. En théorie le don de gamète sera pour nous dispo prochainement et donc la FIV arrive à grand pas mais cela m’angoisse. Notre parcours date déjà de + deux ans (sans compter la période d’essai de deux ans également) et nous n’avons pas encore entamé le « réel » parcours en PMA donc je me sens complètement démoralisé et pas dutout confiante. Notre entretien avec la psy (procédure prévu dans le cadre de la demande du don de sperme) nous a carrément dit « Oh mais vous n’en êtes qu’à votre tout début de parcours en vous ! » … difficile d’y croire dans ces conditions d’autant que nous approchons la quarantaine. Bref j’ai du mal à imaginer qu’on sera parents un jour.
Soso dit
Coucou, si ça peut te « rassurer », nous avons depuis eu un bébé qui va bientôt avoir 3 ans. Après plusieurs essais avec insémination qui n’ont pas fonctionné, nous sommes passés par la FIV qui a fonctionné du premier coup ! Je sais que l’attente est longue et que parfois on peut se sentir désespéré, mais je sais qu’il y a toujours une lumière au bout du tunnel. Et toutes mes copines qui ont eu des difficultés pour avoir un enfant on fini par en avoir un. Ça demande de la patience et d’essayer de passer cette période le plus sereinement possible même si cela n’est pas simple.
Soso dit
Cela me touche également beaucoup. Nous sommes dans la même situation avec mon mari. Nous l’avons appris un peu par hasard il y a 3 ans alors que nous n’étions pas encore en projet de bébé. Mon mari m’a dit qu’il y avait des possibilités qu’il ait des problèmes de fécondité, nous ne nous attendions pas à une stérilité. Après des examens, nous avons du encaisser le choc. J’ai mis plusieurs mois pour remonter la pente et accepter la situation. Nous sommes restés très soudés et avons décidé de croquer la vie à pleine dent. Nous avons fait du footing ensemble et avons été jusqu’au marathon, une satisfaction à 2. Puis j’avais très envie de partir explorer le monde, nous sommes partis 6 mois en Asie et en Océanie. Nous avons ensuite eu le projet de nous marier. Nous nous sommes mariés le mois de mai dernier. Entre temps, nous avons démarré la projet bébé en novembre dernier (don de sperme). Je suis tombée enceinte tout de suite mais j’ai eu une fausse couche. J’ai décidé de stopper pour me consacrer au projet mariage. Nous avons repris depuis 2 mois mais pas encore enceinte. C’est difficile mais nous tenons, et restons soudés.
Stella dit
Je me retrouve beaucoup dans ce témoignage, mon mari étant aussi stérile (lui non plus ne fais pas de spermatozoïdes).
Pour ma part, mon mari l’a su très jeune (il a un syndrome de Kallman) et me l’a annoncé au tout tout début de notre relation. J’ai donc du faire le deuil d’une éventuelle grossesse naturelle. Avec son ex, ils avaient commencés des essais bébé et le traitement qu’il prenait pour essayer de lui faire produire des spermatozoïde était compliqué et ne marchait pas pour lui, il m’a donc aussi informé assez tôt que le jour où l’on voudrait faire un bébé, il faudrait soit avoir recours au don, soit adopter. Comme je souhaite vivre une grossesse, je pense qu’on optera pour le don. J’ai du bien réfléchir à la question et je pense que je suis assez en paix avec cette idée. Pour l’instant on a encore fait aucune démarche donc il faudra voir le moment venu, j’ai quand même un peu peur de ma réaction. En plus comme je suis en obésité, je sais que les médecins vont me mener la vie dure, bref pour nous c’est pas pour tout de suite!
Je serai intéressé de connaître la suite de votre histoire!
Lily dit
Oui c’est vrai que c’est quand même difficile à appréhender. Je me demande aussi comment je réagirai le moment venu. Des fois je me demande si je l’accepterai vraiment, j’me dis après que c’est normal de douter quelques fois. Mais au final j’en parle avec mon Namoureux et je suis certaine que si le bonheur nous est donné que la fécondation fonctionne j’oublierai tous mes doutes et certaines de mes peurs.
Courage dans votre parcoursà-coups et à votre mari ! Ce doit être difficile d’entendre ce genre de nouvelles avant même (je suppose) d’avoir l’idée de fonder une famille avec une personne. Le savoir avant d’en avoir envie doit changer beaucoup de choses je suppose.
Je vous tiendrai au courant de la suite des événements. J’espère que vous en ferez de même 🙂
Lily dit
Merci pour le lien. C’est vrai qu’en parler permet de diminuer sa peine.
Mais au delà de ça, en France la stérilité reste tabou, peu osent en parler et c’est là qu’on entre dans un cercle vicieux….
Nous, on se dit que la stérilité ne nous définie pas. Elle fait partie de notre vie mais n’est pas notre vie.
On fait face, avec beaucoup de mal parfois certes, mais on ne se laisse pas décourager.
La vie est trop courte pour laisser passer le bonheur même si c’est un autre bonheur que celui d’avoir un bébé.
Lily dit
Oui c’est vrai que c’est quand même difficile à appréhender. Je me demande aussi comment je réagirai le moment venu. Des fois je me demande si je l’accepterai vraiment, j’me dis après que c’est normal de douter quelques fois. Mais au final j’en parle avec mon Namoureux et je suis certaine que si le bonheur nous est donné que la fécondation fonctionne j’oublierai tous mes doutes et certaines de mes peurs.
Courage dans votre parcours à vouss et à votre mari ! Ce doit être difficile d’entendre ce genre de nouvelles avant même (je suppose) d’avoir l’idée de fonder une famille avec une personne. Le savoir avant d’en avoir envie doit changer beaucoup de choses je suppose.
Je vous tiendrai au courant de la suite des événements. J’espère que vous en ferez de même 🙂
cousu dodu dit
Touchée par ce témoignage…Pour les parents dans cette situation, l’association maïa (ils ont un site internet) peut être un lieu de parole, d’écoute et de soutien…