Voilà un témoignage très émouvant. Car on parle des problèmes pour tomber enceinte, de la douleur de l’attente, mais trop peu de celles qui au contraire ont vécu une grossesse non désirée. Voici le témoignage de Maeliss.
{Témoignage} L’avortement, si nous en parlions ?
Tabou, c’est le mot :
J’ai avorté oui, mais pourquoi je n’ai pas eue l’impression d’être libre d’en parler ? De peur de passer pour une femme indigne ? En parler, j’aurais été sur pieds beaucoup plus vite.
Mon calvaire en silence :
Je me retrouve enceinte, moi, avec mon dérèglement hormonal (comme quoi ne jamais perdre espoir), mon copain avec qui je suis depuis 6 mois, sa maman qui vient de décéder d’un cancer. « Vous êtes presque à 12 semaines il faut songer à prendre une décision« , elle est prise, les rendez vous aussi, je suis trop jeune et incapable de ressentir une fibre maternelle en moi. Je passe à l’acte sous anesthésie générale, et mon cauchemar commence.
Ma belle sœur annonce sa grossesse non voulue mais acceptée une semaine après mon IVG, au fil des jours, je la vois se plaindre, des nausées, à nous faire faire demi-tour sur l’autoroute. Elle cherche de l’attention, me raconte que ses seins grossissent et qu’elle adore ça (génial !), elle est fatiguée, nous devons nous plier à ses exigences, éteindre nos clopes quand elle sort sur la terrasse pour discuter avec nous, lui preparer des plats à sa demande.
Merci, mais j’ai connu tout ça :
Sauf que moi, j’ai été obligée de me taire, de me murer dans le silence parce que je vivais les nausées toute l’après midi, sans pouvoir me plaindre, je mangeais comme quatre sans pouvoir l’expliquer autour de moi, mon ventre s’était arrondi, mon corps et ma poitrine n’étaient plus à moi, je ne me reconnaissais plus et je devais vivre avec, sauf que contrairement à elle, je ne voulais pas de cet enfant, je n’avais rien demandé, j’en suis venue à la haïr à un moment, à me demander pourquoi elle se plaignait autant si elle désirait cet enfant ?
J’en ai parlé, je suis guérie :
À mon étonnement, j’ai réussi à en parler tout à fait par hasard dans une conversation à un membre de ma famille, qui m’a expliqué que c’était normal (merci mon dieu, ça me rassure), l’avortement n’est pas un crime, certaines le vivent différemment, mais soutenir la personne, peu importe son motif, c’est aussi important que de soutenir une maman tout le long de sa grossesse. Aujourd’hui, 9 mois apres (hasard ?) je profite pleinement de mon statut de tâta gâteau, je trouve ma belle sœur radieuse, même si je n’ai jamais parlé en détail de cet événement de ma vie avec elle. Tout va pour le mieux, j’ai tourné la page, je suis guérie, et je souhaite que les futures femmes qui feront le même choix que le mien, ne se sentent plus jamais honteuse de cet acte, viendra le jour où vous serez prête et vous aimerez votre petit bout du plus profond de vous même.
Vous souhaitez nous raconter votre histoire ? C’est ici que ça se passe.
Mélanie dit
Bonjour à toutes, je vous conseille le site suivant : « Parler de mon IVG » : http://bit.ly/2clMsPv
C’est un site de témoignage vidéo de femmes qui sont passées par l’avortement.
Il permet de dédramatiser le sujet, et d’orienter la question sur le ressenti psychologique, les conséquences, et non pas sur le débat politiques. Je pense qu’il est très important d’encourager ces initiatives, surtout dans le monde aujourd’hui.
J’aurais aimé avoir des témoignages de ce genre lorsque je me suis retrouvé dans cette situation.
Je vous souhaite bon courage à toutes, et beaucoup de bonheur.
Bonne fin d’après-midi
jolivres dit
Bonjour Maeliss,
Et merci de ton témoignage qui fait du bien à lire et qui surtout est très important !
J’ai été dans ta situation il y a 3 mois et en plus de toutes les questions que je me suis posée pour faire un choix, j’ai aussi été destabilisée par l’après. L’après IVG et le tabou qui l’entoure, la réaction de celles qu’on croyait être des copines et qui rejettent notre décision. Ça a été très dur, j’assume parfaitement mon choix mais je n’ai pas trouvé le soutien que j’aurai aimé auprès de certaines amies. Heureusement j’ai pu compter sur d’autres personnes et sur ma mère étonnamment, génération Simone Veil…
Alors merci Maeliss, de tout coeur pour ton témoignage. Je l’ai déjà écrit sur un autre témoignage, mais si ça peut t’aider ou si tu a envie de témoigner, je t’invite à aller voir le site j’ai avorté je vais bien. Ce sont plein de témoignages de femmes de tous les âges, et ça m’a beaucoup aidé.
Clémence dit
Merci pour ces témoignages. Par contre je ne pense pas que l’avortement devrait être banalisé ou les mentalités changées.
On ressent bien dans le témoignage de celles qui ont avorté la difficulté de la décision ainsi que les conséquences physiques et psychologiques traumatisantes. Ceci se voit car elles demandent à avoir un soutien de la part de leur conjoint, de leur entourage ou de la société. Ces témoignages montrent que cet acte n’est pas anodin. Je ne pense pas que banaliser l’avortement diminuera la souffrance des femmes qui y ont recours. Pour moi, dédramatiser et banaliser un acte ne répond pas à la souffrance de celles qui le vivent. Ceci revient à dire que c’est normal etc… or on restera des êtres humains, avec toutes nos émotions…
jolivres dit
Je pense qu’il faut au contraire faire la nuance entre dédramatiser et babaliser. La signification est très différente : dédramatiser c’est arréter d’en faire un drame, banaliser c’est le rendre anodin ou bénin.
Pour l’avoir vécu, un avortement c’est ni anodin ni bénin, et croire que les femmes qui font ce choix, voient l’IVG comme une contraception quelconque, ou bien l’oublient ci-tôt passé, est une erreur. C’est une marque, une étape, un tournant particulier dans la vie d’une femme, dans sa féminité, sa maternité…
Par contre ce n’est pas forcément un drame, je dis pas forcément car je n’oublie pas les avortements non souhaités, pour des raisons médicales ou pression familiale… Mais dans plein d’autres cas, c’est avant tout une liberté, un droit, de mener sa vie comme on l’entend et d’être complètement actrice de cette vie.
Popie dit
Je suis totalement d’accord ! Les femmes doivent pouvoir en parler librement, même si c’est dur, ne pas se sentir jugées !
Et Clémence dans ce témoignage on sent que ça a été difficile mais certaines femmes ne le vivent pas aussi mal. Évitons de faire des généralités et acceptons simplement que chacune fait ses choix et vit ceux ci différemment mais que nous devons tous respecter les autres, leurs choix et la manière dont ils le vivent. L’avortement n’est pas « anodin » mais il n’est pas non plus forcément un drame et surtout il ne devrait pas être tabou.
Camille dit
J’avais déjà laissé un commentaire sur le sujet de l’avortement quelques jours avant le mariage… et je réitère parce qu’en parler fait du bien! A qui d’autre en parler, d’ailleurs ?
Quand je suis tombée enceinte, ça a était comme un immense tsunami! Maintenant je sais que ma décision, je l’ai prise dès que le fameux « 3+ » est apparu…
Mais sur le coup je suis passé par un peu tous les stades! L’après midi même on était dans les rayons poussette et pyjama, à se regarder amoureusement avec mon homme, se dire que finalement c’était peut être une bonne chose? Après 2ans et demi de relation, c’était peut être le bon moment?
Et le lendemain je me retrouvais en pleurs juste en regardant le chat (saleté d’hormones!), à me dire que non je peux pas, je ne VEUX pas! Peut on juste ne pas avoir envie?
A l’époque j’avais 25 ans, en couple depuis 2ans et demi, des neveux et nièces en pagaille avec qui je jouais comme une gosse avec eux, et une folle envie de profiter de la vie!
J’avoue, c’est certainement très égoïste de ma part… mais je ne voulais pas d’enfant! (Alors que mon homme était pour! Surpris bien sûr, mais content!)
Très souvent dans la tête des gens, si tu décide de mettre fin à une grossesse, c’est que tu l’as choisi et donc tu n’as pas à te plaindre! Oui c’est vrai, mais ça n’en n’ai pas plus facile pour autant!
La fatigue, les nausées, les hormones… et cette phrase qui tourne en boucle « je sais que j’ai pris la bonne décision, mais… »
Mais? Mais j’aurais voulu ne jamais prendre cette décision, la plus difficile décision de toute ma vie! Une décision prise à 2…
Le soir où mon homme m’a dit « si tu ne te sens pas prête, alors ON avorte » j’ai su que c’était vraiment lui, l’homme de ma vie. J’ai su qu’il serait toujours la, avec moi à mes côtés.
Pour le meilleur et pour le pire.
Lola dit
Je ferai l’impasse sur le commentaire de Laurine, étant en profond désaccord avec ça (donc sous prétexte que je vais avoir un petit bout à la fin, je devrai être ravie 9 mois durant d’avoir le dos bloqué, de ne plus savoir marcher normalement tellement j’ai mal, d’avoir des sautes d’humeur que je n’arrive pas à contrôler et de me mettre à fondre en larmes quand mes collègues parlent de…gâteau ? Une grossesse n’est pas l’autre et ce qu’a vêcu maëliss avec sa belle-soeur était aussi vêcu à travers le filtre post-avortement).
Bref… en fait j’ai pas fait l’impasse.
Mais ce que tu as fait, puisque c’était ton choix, était le bon choix, même si ne pas pouvoir en parler a du être très difficile. Je compatis et j’espère qu’on pourra bientôt en parler sans soucis.
Quand je suis tombée enceinte, j’ai parlé assez librement du fait que je prenais rdv au Planning pour une IVG (mon compagnon n’avait pas de travail, on était ensemble depuis 5 mois), comme ensuite j’ai parlé très librement du fait qu’on avait finalement décidé de le garder.
Nous avons eu de la chance, personne n’a fait (du moins en face) de commentaires désagréables, et quand je raconte l’histoire, je raconte toujours la partie « on a sérieusement pensé à l’ivg » même à des collègues: parce que c’est le fait d’en parler qui fera changer les mentalités.
Billy dit
C’est un témoignage très touchant que vous avez écrit, et il est vrai que l’avortement est un sujet très difficile à aborder et je trouve que selon l’âge, c’est encore plus dur ! Parce que c’est plus « compréhensible » qu’une adolescente se fasse avorter alors qu’une adulte, installée en ménage et en CDI, bah, les gens ne veulent pas comprendre qu’on peut ne pas vouloir de cet enfant même si la situation le permettrait ! Sans parler des jugements « c’était trop compliqué de prendre ta pilule tous les jours à la même heure ? » BAH OUI ! Désolée de ne pas être parfaite ! C’est tellement facile de rejeter la faute sur les femmes (qui non seulement doivent se démerder pour se protéger, mais en plus, doivent subir les trauma physiques et psychologiques de l’avortement).. Contrairement à Melle Laurine, je crois qu’il restera encore longtemps tabou ! (on remerciera les réactionnaires chrétiens ou encore les Lepen qui souhaitent modifier notre droit à l’avortement).. Enfin voila, pour finir sur une note positive, je suis contente de lire que vous avez pu passer à autre chose et réussi à être écoutée par votre entourage, c’est important d’être soutenu ! Bon courage pour la suite et merci d’avoir partagé votre histoire !
Laurine dit
Bonjour,
J ai étais dans ton cas, c est loin d être une chose facile à vivre.
Si on en parle, on est mal vu, on a le droit à certaines critiques, on n a pas le droit de se plaindre etc.
Le regard des gens changent sur nous quand on lève le tabou, bref c est loin d être facile à « digérer ».
Aujourd’hui, ma vie a changer, je suis mariée et j ai des enfants. Mon mari sait ce qui m est arrivé, ce que j ai vécu.
Maintenant lorsqu une femme enceinte se plaind de ses douleurs, je ne manque pas de lui demander si elle est contente ou pas d être enceinte, ou si ça n’a pas s’était trop compliqué d être enceinte.
Elles se taisent assez rapidement car ça leur rappel la chance de leur état.
Aujourdhui je suis enceinte, mais je pense sincerement que: les femmes à qui il faud céder les 4 volontés car ELLES sont enceinte, il faut dire NON!! (Sauf cas ou elles sont alitées). Être enceinte ne donne pas droit à régir la vie des autres!
Je pense que d ici une décennie le point de vue des personnes sur l avortement aura changé. C est à notre génération que l avortement est apparue et est devenue légal.
Je te souhaite pleins de courage pour affronter le regard des autres.
Ebea dit
Je suis d’accord avec vous sur un tas de point.
Notamment le fait que pour moi, la grossesse n’est pas une maladie.
Cependant, quand vous dites que vous ne manquez pas de leur clouer le bec en quelques sortes, vous y aller un peu fort tout de même.
Vous êtes enceinte… et vous ne vous êtes jamais plains un tant soit peu de quoique ce soit ??? Une nausée, un ventre qui tire, des pieds gonflés, ou bien même de la fatigue ?
si c’est le cas… chapeau, mais j’ai dû mal à y croire.
audrey dit
Tout a fait d accord,les maux de grossesse sont bien réels et restent pénibles même si on est ravies d être enceinte
Inno dit
Je ne peux pas m’empêcher de réagir à votre commentaire.
Je crois que vous reprochez aux gens les critiques sur le fait d’avorter, mais vous critiquez tout autant les femmes enceintes qui se plaignent de leurs maux de grossesse, ce qui n’est pas très cohérent.
Je pense que chacun devrait pouvoir s’exprimer sans craindre un jugement ou une critique (ça me parait utopique d’y arriver mais ce serait pas mal).
Une femme devrait pouvoir dire qu’elle ne veut pas d’enfants, ou qu’elle ne veut pas de cet enfant à ce moment là. Comme une autre devrait pouvoir dire qu’elle trouve que la grossesse, pour elle, c’est nul. Comme une autre devrait pouvoir dire que parfois elle en a marre de ses enfants. Comme une autre devrait pouvoir dire que pour elle, la grossesse est un bonheur et la comble.
Il faut simplement comprendre que nous avons toutes des ressentis différents, car nous sommes des êtres humains différents, et que chaque sentiment peut être légitime. Heureusement qu’il y a des blogs comme celui-ci qui permettent à chacune de s’exprimer.
Ce qui ressort de votre commentaire, en tout cas, c’est que votre avortement n’a pas été quelque chose de facile, et que vous en êtes peut être encore marquée, ce qui vous fait dire qu’une grossesse désirée est une chance. 🙂 (Ce qui n’est pas faux d’ailleurs) mais de là à penser que les femmes enceintes ne devraient pas se plaindre du tout, c’est un peu dur.
Laura dit
Quand on se plaint, c’est que tout va bien!.. Ou mal mais au moins on en a conscience. Ce qui est une bonne chose et permet de réagir. ?