Lilie a fait une grossesse extra-utérine. Douleurs, hospitalisation d’urgence… Dur dur d’entendre ensuite les amis essayer de relativiser. Voici son témoignage.
{Témoignage} « C’est quand même une bonne nouvelle, ça a fonctionné naturellement »
On pose le décor
Voilà mon parcours: j’ai 25 ans des difficultés pour concevoir (Mr à des soucis) on nous propose les inséminations. On fait un essai en février 2015 et comme le mariage se précise pour février 2016 on met le projet « bébé » en pause pour le moment. Les cycles s’enchaînent, on retrouve une sexualité épanouie, quand on veut comme on le veut.
Le début des problèmes
Et voilà que mes règles arrivent normalement puis quelques jours plus tard des pertes noirs. Je ne m’en inquiète pas mon corps m’a habitué à me faire des coups foireux.
Et voilà que dimanche j’ai un pincement au bas ventre puis une vive douleur à la cuisse. Comment on peu avoir aussi mal à la cuisse? Allez on arrête les conneries et aux urgences gynéco.
Le diagnostic
On voit l’interne, elle me fait une écho (interne sinon c’est pas drôle) et valide ma douleur par la présence d’une poche de sang près de mon ovaire. La douleur à la cuisse est une projection de celle que je ne ressens pas au ventre. Elle émet deux hypothèses, soit un kyste ovarien qui ce serait rompu avec un vaisseau sanguin soit une grossesse extra utérine. J’essaye de lui expliquer que nous avons arrêter les inséminations pour préparer le mariage et qu’une grossesse me paraît donc impossible surtout que j’ai eu mes règles il y a à peine 10 jours. D’accord madame ne vous inquiétez pas on va faire une prise de sang.
L’hospitalisation
Retour au service gynéco pour les résultats je m’annonce à l’accueil l’interne arrive presque en courant avec son verdict : vous êtes enceinte et bien enceinte, venez il faut qu’on fasse une écho plus puissante pour voir où est l’embryon. L’embryon mesure 2cm de diamètre, la taille d’une grosse bille, on le vois bien il est sur la télé devant nous ça fait environ 1 mois qu’il est là. Et il y a aussi le caillot de sang, coincé entre l’ovaire et l’embryon, lui mesure plus de 3cm de diamètre. Il faut opérer enlever tous ça, si la trompe est trop abîmée il faudra l’enlever aussi. Je me suis figé, elle l’a vu et m’a rassurée en m’expliquant que ça arrivait mais que ça n’empêcherait pas que je retombe enceinte. Et là je lui pose la question débile, celle dont on connait la réponse mais qu’on a quand même besoin d’entendre : mais on peu pas mettre l’embryon dans l’utérus pour qu’il grandisse ? Non on ne peu pas il n’est pas viable il faut l’enlever. On remonte le médecin attend déjà derrière la porte de l’ascenseur, il faut faire vite le bloc est prêt, une douche à la Bétadine juste le corps on n’a pas le temps pour les cheveux. On m’emmène au bloc. Ils ont pu sauver la trompe, c’est déjà ça. Hier j’étais enceinte et 15 minute plus tard j’avortais.
Comme si ça suffisait pas
A ma sortie il a fallu retirer le drain (tuyaux souple qui rentre dans le ventre sur 40cm pour aspirer le sang qui a fait une poche). L’infirmière, l’interne et le chirurgien ont chacun leur tour tiré sur ce tuyaux qui n’a jamais voulu partir. Il était coincé dans mon ventre. Ils m’ont fait tellement mal, mais rien n’a bougé alors il a fallu repasser au bloc… 8h plus tard on m’endort à nouveau, légèrement pour commencer, à mon réveil on m’explique que quand ils ont tiré sur le tuyaux (fort puisque je ne criais plus) il s’est rompu dans mon ventre. Ils m’ont rendormi plus fort pour rouvrir toutes les cicatrises et sortir le tuyaux.
Pour changer du « faut pas y penser« :
Les visites dans ma chambre d’hôpital se sont succédées, tout mes amis que j’adore sont passés. Et avec eux cette petite phrase si horrible, qui me laisse tellement seule et en colère : « c’est quand même une bonne nouvelle, ça a fonctionné naturellement !!!« . Oui ça a voulu fonctionner naturellement mais ça a magnifiquement foiré, j’ai risqué d’y passer avec l’hémorragie, j’ai du avorter, j’ai souffert et c’est amené à recommencer chaque fois que ça fonctionnera naturellement ou par inséminations sur l’ovaire droit.
Un conseil ?
Voilà mon histoire, et voici mon conseil : si vous avez vraiment mal à la cuisse , courrez aux urgences gynéco. Conseil bonus : si quelqu’un veux vous faire croire que de faire une hémorragie, d’être opérée et avortée, c’est une bonne nouvelle, faites lui bouffer son bouquet de fleurs, ça dissuadera les suivants.
Vous souhaitez témoigner sur le blog ? C’est ici que ça se passe.
Melanie dit
Bonjour,
Votre témoignage m’a appelé : j’ai Moi même fait une GEU … Découverte il y a un an jour pour jour. La différence c’est que je me savais enceinte & que nous attendions cela depuis deja un an et demi. Nous avions donc deja fait dès projet avec ce bébé. Comme vous, à un mois de grossesse. J’ai fais plusieurs malaise avant de savoir que bébé etait mal placé. La douleur est indescriptible tant physique que morale.
Je n’ai pas été opérée, j’ai l’injection de methotrexate … Il m’a semble avoir hurlé quand j’ai été piqué. Est-ce parce que j’ai eu mal avec la piqure ou parce que j’avais l’impression d’autoriser les Medecin à tuer mon bébé à petit feu ? Je ne sais plus car les douleurs ont durées des semaines. Une fois, j’ai eu tellement mal, je suis restée couchée du vendredi soir au lundi matin, sans pouvoir me lever. Tout mon corps me faisait horriblement souffrir, sans parler de se deuil à faire. Et comme vous, ces gens qui ne comprennent rien « mais au moins tu sais que tu ovule et que ça marche avec ton conjoint! » La bonne blague. J’avais 25 ans … Un FC & une GEU à mon actif et « ca marche » ? La GEU est l’expérience la plus douloureuse que j’ai eu à vivre jusqu’à présent. La douleur physique et mentale, la colère, la tristesse, le dégoût, la haine, le coeur lourd, la rancoeur … Tout plein de sentiments si durs à porter en même temps. Courage à vous dans cette épreuve
Melanie dit
Desolee pour les fautes,
Le T9 est parfois capricieux et j’ai oublié de me relire ?
Anka dit
Je vien justement de vivre ce moment en direct depuis 1 semaine je galère 2 fausse couche et un accouchement tardif à 16 semaine en juillet 2022 ma mère partie en janvier 2023 toute une après l’autre
Faut le traverser pour le comprendre
Restons fortes 😩
Lilly dit
C est un bien triste témoignage, on vous souhaite un bon rétablissement physique et psychologique pour pouvoir continuer le chemin, et on vous souhaite beaucoup de bonheur à venir. J ai des amis qui ont vécu des choses difficiles, parcours PMA, oeuf clair, deuil périnatal… Bref il est difficile d être présent à ces moments-là et savoir quoi dire quoi faire, réconforter? Éviter le sujet? Faire le pitre? Ce sont des moments de grande souffrances et on est souvant maladroit. Vos amis qui ont été la dans ses moments sont les vrais dites leur se que vous pensez. Pour ma part j ai un couple d’amis qui voulaient un bébé depuis 5 an et avait déjà fait une fiv qui n avait pas fonctionnée, quand j ai annoncé ma grossesse à cette copine ( j était en couple depuis 6 mois, premier essai) elle a très mal vécu et à voulu couper les ponts pour se protéger. Nous n avons repris contact qu a l annonce de sa grossesse… Ben je ne lui en veux pas, j ai attendu !!! Pour les autres copines elles ont eu besoin de parler ou pas et chacune à gérer son chagrin a sa façon… Souvant en évitant le sujet, un sa va de notre part un oui ou un non un regard compatissant et next et parfois à l aide de professionnels et beaucoup d amour. On dit que le soleil fini toujours par se lever, d une manière ou d une autre des jours meilleurs arrivent. Bon courage prenez soin de vous
Jenn dit
Ces mots j’aurai pu les écrire. Un événement qui fait tellement souffrir. Ca va faire 3 ans que j’ai vécu cela. C’est toujours aussi douloureux. Je ne peux que vous souhaiter du courage. De l’amour pour essayer de surmonter ce moment. Parler. Crier . Hurler cette souffrance fait du bien..
Papote colporte dit
Si triste de lire ce témoignage.
En revanche j’adore la chute !!!
Agathe dit
Bonjour Lilie,
Je n’ose imaginer ce que tu as vécu et combien tu as du en souffrir.
Si chaque femme vit différemment ce type de drame, il y a un fil rouge que l’on suit toutes : la souffrance, l’incompréhension et la solitude… Enfin, à mon sens …
Avec mon mari, nous essayons d’avoir un enfant depuis 2 ans maintenant et très vite nous avons su que nous aurions des problèmes pour concevoir. Tant et si bien, qu’au bout d’un an déjà, nous entamions le processus de procréation médicalement assistée. Mais il se trouve qu’une crevette avait décidé de se loger dans mon bidon. Evidemment, joie, bonheur, miracle !!! Seulement, cette petite crevette ne s’est pas développée correctement si bien que son coeur s’est arrêté de battre après quelques semaines. Pas de risques sanitaires pour moi mais une grande douleur émotionnelle et un grand sentiment d’injustice. Et comme toi, ma famille (parents et soeurs) n’a rien trouvé de mieux à dire que « La bonne nouvelle c’est que ça a marché naturellement, donc ça marchera à nouveau » (toutes celles qui passe par là savent que ça ne veut rien dire sur la suite …). S’en est suivis une fausse couche par médicament. A la suite de tout ça, je me suis sentie très seule, personne ne pouvait comprendre ce que je vivais. J’ai développé une vraie colère envers eux et un vrai sentiment d’incompréhension. Du coup, je me suis volontairement éloigné d’eux pour me protéger. Mais progressivement grâce à mon travail avec ma psy (j’ai décidé d’en voir une à la suite de ma fausse couche), j’ai appris à ne plus attendre d’eux qu’ils comprennent ce que je pouvais vivre (puisque aujourd’hui on est en plein dans le processus de notre première fiv et qu’on ne peut pas comprendre si on est pas passé par là et encore chacun vit cette épreuve différemment…), à leur dire ce dont j’ai besoin et à leur dire ouvertement lorsque je ne suis pas d’accord avec ce qu’ils me disent. Et depuis, je n’ai souvenir d’aucune indélicatesse qui m’ont fait véritablement souffrir. Résultat, je n’ai jamais été aussi proche de mes parents et de mes soeurs. Et quand par malheur l’un d’entre eux formule mal sa pensée sans s’en rendre compte, je suis maintenant capable de relativiser ou alors de reformuler pour qu’ils comprennent mieux ce que je vis, sans amertume ou colère.
Quoiqu’il en soit, je t’envoie énormément d’énergie pour dépasser ces moments difficiles.
Agathe
Delphine dit
C’est terrible Lilie. Tu as dû tellement souffrir. J’ai lu ton témoignage le visage crispé dans une grimace de douleur en imaginant seulement ce par quoi tu as dû passer.
N’en veux pas à tes amis cependant: ils ne minimisent pas ce qui t’es arrivé bien au contraire. Leur seule angoisse face à une telle épreuve doit être de te voir sombrer dans le désespoir. Leur façon maladroite d’essayer de voir un tout petit point positif au milieu de cette débâcle, c’est leur façon à eux de te lancer une bouée, de te dire « hé garde la tête hors de l’eau, bats toi, il y auras des jours meilleurs ». Vois au delà des mots qui de toutes façons, ne sont jamais appropriés dans ce genre de circonstances.
N’hésite pas à leur dire de se taire, que c’est gentil d’être venus mais que tu n’es pas prête à entendre cela. Concentre toi sur leur présence et remercie les. Ils sont bien vivants eux et ils sont là pour toi, ils ont fait la démarche de se déplacer physiquement pour t’entourer de leur amour. C’est tout ce qui compte.
Je te souhaite un bon rétablissement et tout le meilleur à venir .