Sophrologie, yoga prénatal, haptonomie, hypnonaissance… Ce qu’on peut dire c’est que je ne suis pas arrivée à cet accouchement mentalement « à poil ». Non, dans ma tête j’étais plus prête que Rocky Balboa pour ce « round », et puis je ne vais pas mentir, à la fin je me traînais tellement que je n’avais qu’une hâte : aller démouler ma princesse. Ma peur de l’accouchement était bel et bien derrière moi, et intérieurement je me surprenais même à espérer accoucher sans péridurale : j’étais quand même super bien préparée alors pourquoi ne pas tenter ?
Bien évidemment après plus de 24 heures de faux travail et pratiquement deux nuits blanches (l’avant veille des remontées acides m’ont empêchées de sombrer dans les bras de Morphée -ou de mon mari tout simplement-) rien ne s’est passé comme prévu. A 15h45 sur une grosse contraction j’ai perdu les eaux et comme la maternité nous avait renvoyé chez nous (pour la troisième fois), nous avons encore une fois fait le chemin jusqu’à Pellegrin. Sauf que mon mari était parti faire des courses et que le temps que je l’appelle et qu’il revienne il était 16h30 et qu’à cette heure là sur les boulevards Bordelais c’est aussi encombré qu’un H&M un premier jour de soldes. Sur la route, j’appelle donc ma copine Sonia, qui depuis la veille suit nos pérégrinations infructueuses, afin de lui annoncer que cette fois-ci c’est la bonne : JE VAIS ENFIN ACCOUCHER ! Depuis la veille j’ai des contractions, j’y suis donc habituée, mais je comprends ma douleur sans poche des eaux pour amortir la tête du bébé : ajouté à cela les nids de poule sur la route et les blagues vaseuses de mon mari et de Sonia pour me faire déstresser = l’envie d’aller buter tous ces branleurs du service de la voirie Bordelaise qui feraient mieux de réparer la chaussée plutôt que de se glander. Arrivée sur les boulevards bouchés je suis à deux doigts de descendre de la voiture pour aller faire la circulation ou du moins me barrer à pied jusqu’aux urgences pour abréger mes souffrances « BARREZ-VOUS CONS DE MIMES ». Parce que là, à l’instant T, l’accouchement sans péridurale m’apparaît être une idée complètement débile et entre deux calembours à ce sujet à mon mari je braille ma douleur « HA SA MERE EN V’LA ENCORE UNE » tout en continuant de rigoler. On ne va pas se mentir, ça fait mal les contractions mais d’une part ça passe au bout d’une minute, de deux c’est une douleur « normale » donc il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Alors je gère en rigolant et en racontant des bêtises : ça ne sert à rien de stresser autant en profiter, je me tords dans tous les sens quand une contraction arrive et du coup, quand c’est passé on se marre. Arrivés à la maternité, j’ai de la chance car tous les boxs de pré-travail sont pris et comme ils connaissent bien ma tête depuis hier et que là j’ai perdu les eaux ils me font passer directement en salle d’accouchement sans m’examiner ni me faire passer de monitoring (vue ma tronche je suis en plein travail il n’y a plus de doute). Bien installés dans la pièce où naîtra notre petite fille, la sage femme arrive et m’ausculte : je suis dilatée à 4. Je m’étais toujours dit que lorsqu’on me poserait la question fatidique « vous souhaitez une péridurale ? » je répondrai sans hésiter « oui mais pas tout de suite je voudrais bouger un petit peu« . Mais là lorsqu’elle formule sa demande, je n’en ai plus rien à carrer de l’hypnonaissance et des tarés qui disent qu’un accouchement ne fait pas mal : QU’ON ME PIQUE TOUT DE SUITE !! Non je n’ai pas envie de me lever, non je n’ai pas envie de marcher, NON JE N’AI PAS ENVIE DE FAIRE DU BALLON CONNASSE et NON JE NE TIENDRAI PAS 5 ou 6 HEURES DE PLUS COMME CA !! ENVOYEZ LA PERIDURALE !!! Et oui, si toute ma préparation mentale m’a aidée à relativiser, à aller accoucher sereinement et à bien supporter les contractions jusqu’ici, je suis arrivée à ma limite de confort : pour pouvoir continuer en toute quiétude et en garder un bon souvenir je préfère prendre la péridurale.
Une demi-heure plus tard l’anesthésiste arrive, on demande à mon mari de sortir (je lui demande d’aller m’acheter de l’Oasis), une auxiliaire me pose la perfusion et doit s’y reprendre à deux fois, bordel que je déteste me faire piquer ! Mais je me rappelle du mécanisme « peur-tension-douleur » et je me détends : ça ne sert à rien de me crisper au contraire ça me dessert, je me relaxe et rentre dans ma bulle, c’est fait, je m’assois sur le bord de la table d’accouchement pour la pose de la péridurale. Détestant depuis ma plus tendre enfance les piqûres (on peut même parler de phobie), c’était un moment que je redoutais plus que tout, alors je me sers de mes cours de sophro et de l’hypnonaissance pour me calmer, et surtout je compense mon stress en blaguant avec l’anesthésiste. Il est jeune, c’est un interne mais très gentil, je n’ai pas du tout peur. Entre deux contractions on papote, on parle de son boulot, du jour où les hommes accoucheront, du fait qu’il s’occupe également des césariennes d’urgence (je lui demande, si cela doit m’arriver d’en profiter pour m’enlever l’appendicite, les amygdales, les dents de sagesse et de me faire de me faire un 90 B). On rigole, on blague, je sens quelque chose qui pousse dans mon dos mais non, ça ne fait pas mal, bien moins que la pose de la perfusion à mon goût ! Il fait ça vite et très bien et repart en me disant « c’était sympa ! » . Je me rallonge, mon mari revient (après être rentré dans la mauvaise salle d’accouchement « bonjour messieurs dames ») et quelques minutes plus tard les effets de la péridurale se font sentir. Je peux toujours bouger les jambes, on ne profite pour faire quelques exercices d’haptonomie, puis je me repose un petit peu. Il doit être environ 20 heures quand la sage femme revient pour m’ausculter, je suis toujours dilatée à 4, elle met donc de l’ocytocine dans ma perf pour accélérer un petit peu les choses et me dit qu’il faut compter 1 cm par heure. On continue de blaguer avec elle, on se charrie, je n’ai plus mal du tout j’ai même le droit de boire un petit peu : le bonheur ! Vers 20h j’appelle la sage-femme car les contractions recommencent à être douloureuses et je demande si je peux me remettre une dose de péridurale (il y a une pompe que l’on gère nous même), comme c’est pile poil le moment de la rotation des équipes, Mary (qui s’occupait de nous depuis le début) est accompagnée de Mélissa (la SF qui m’accouchera) et de Maylïs son interne. Au moment de m’examiner elle dit à Mary « c’était de quelle couleur ? » au lieu de demander la dilatation en centimètres (!?!). Et là on ppart en rigolade, je demande à mon mari d’embarquer la seringue de péridurale car il faut qu’on se casse car les SF me font peur, on va aller accoucher dans la rue ce sera plus safe etc… Elle finit par m’ausculter et on comprend mieux pourquoi les contractions se font vraiment sentir : je suis passée d’une dilatation de 4 à plus de 7 en une heure ! Je me remets donc une dose de péri, les SF baissent les doses d’ocytocine et on se repose un petit peu.
A 21h la dilatation a continué à bien évoluer, Mélissa me remontre comment pousser, le bébé est encore haut. Les contractions sont vraiment fortes, je les sens mais ce n’est pas douloureux, enfin bien moins que celles d’avant la péridurale. A 22h la dilatation est complète, à 22h05 Mélissa donne le top départ : je pose mon cerveau et je commence à pousser. Je ne réfléchis pas à ce qui se passe, je ne réfléchis pas aux sensations, tout le monde m’encourage, tout se passe super bien. Après quelques contractions comme je sens très bien tout ce qui se passe mais que je ne suis pas en souffrance et que je gère, le monitoring des contractions est éteint, Mélissa me dit que c’est moi qui vais gérer les poussées, elle ne me dit plus rien. J’adore ce moment, je vais prendre en main les rennes de mon accouchement et elle a tout à fait compris ce dont j’avais besoin pour que tout se passe bien. Je continue mon « travail » et les SF le leur car elles font un accouchement « à 4 mains ». J’entends mon mari retenir sa respiration et la reprendre en même temps que moi, mes « coachs » sont parfaits, me motivent et me font avancer, moi j’encourage mon bébé, je pense fort à elle qui fait un effort surhumain, tout est parfait. Quelques minutes plus tard la tête sort et j’entends les ciseaux… et là je dis « vous m’avez découpée ? » je pense tout de suite à l’épisiotomie et puis je me ravise « enfin vous faites votre travail hein je ne veux pas vous contrarier maintenant surtout que je ne suis pas trop en position de la ramener à ce moment précis » on rigole, et oui, même avec la tête d’un bébé qui sort de du bassin on peut garder son humour. Elle me répond que non alors je comprends que le bébé avait le cordon autour du cou et que c’est lui qu’elle a coupé (surtout que nous avions souhaité faire le don du sang de cordon dont je vous parlerai dans un autre article), je pensais que le plus dur allait arriver avec les épaules mais en fait non, après la tête je n’ai plus poussé ou presque et surtout le plus dur et le plus « douloureux » était fait (ouais je ne vais pas vous raconter que quand la tête sort c’est agréable mais bon c’est gérable hein ! large !). A 22h20 c’était terminé, Louise était dans mes bras. Le placenta est également sorti tout seul (j’avais tellement entendu de récits affreux sur le fait que les SF allaient le chercher et que c’était l’horreur, ça me faisait flipper !) en une mini poussée, pas d’hémorragie, une petite déchirure et 3 points de suture, bref « que du bonheur » !
Conclusion : je ne vais pas vous dire que j’ai adoré accoucher, non je n’ai pas aimé ça, néanmoins c’était bien moins pire que ce à quoi je m’attendais, surtout au niveau de la « douleur », à part sur les contractions du début sans la poche des eaux, ce n’est pas douloureux (mais pas toujours agréable), j’ai beaucoup moins bien vécu les suites de couches et le séjour à la maternité (je vous parlerai de mon baby blues semaine prochaine). Toute mes préparations m’ont aidées à vivre cela très sereinement (j’y reviendrai dans un prochain article) et je suis consciente de la chance que j’ai eu que tout se passe aussi vite et bien, autant pour moi que pour mon bébé. Alors je voudrais juste rassurer les primipares qui passeraient par-là : accoucher n’est pas si terrible, surtout maintenant avec tous les moyens médicaux qui existent pour apaiser les futures mamans. Ne vous prenez pas la tête, allez-y zen, comme je le disais ici stresser ne sert de toute façon à rien, alors autant y aller avec le sourire puisque de toute façon le résultat sera le même : vous donnerez la vie à votre enfant.
Cindy dit
Toutes mes félicitations pour l’arrivée de ta princesse ! J’ai adoré suivre tes tribulations de jeune maman en devenir et c’est avec empressement que j’ai hâte de lire tes aventures avec ta petite Louise !
Attendant moi-même une petite puce pour début Avril ton article m’a rassuré (bien que peu angoissée), j’adore la façon dont tu as décrit ton accouchement, un article sans fard ni mensonge !
Etant dans mon septième mois, j’ai tendance à désormais plus m’attarder sur les articles en lien avec l’accouchement et le tien est de loin le meilleur !
prettylittletruth dit
Felicitations pour l’arrivee de ta petite Louise 🙂
SaDoudoue dit
L’accouchement c’est pas si terrible…Hihihi…si la peridurale marche 😛
Audrey dit
Merci de partager cette expérience unique ! en effet ça rassure un peu la primipare que je suis !
Agnès F. dit
Merci pour cet article ! ça fait envie, un accouchement comme le tien ;-
Inno dit
« démoulé ma princesse » : qu’est ce que j’ai ri. Merci !
Lucie dit
Oglala ! Je suis au bord de la larmichette ! A te lire j’ai carrément envie de remettre le couvert… Félicitations pour ce très bel accouchement <3
Mary Zou dit
C’est limite si j’ai pas poussé en te lisant! C’est chouette, c’est beau, c’est tendre… Très heureuse pour toi que tout se soit si bien passé et merci de nous en faire part!
Tri3nu dit
Très bel article! Merci de nous faire vivre des « aventures » de Maman, j’apprécie énormément!
J’espère vivre un accouchement comme le tien (quoi? avant faut être enceinte? j’en parlerai à mon copain alors 😉
Je me réjouis de lire la suite!!!