Je sais que vous êtes nombreuses à suivre un parcours PMA et que c’est loin d’être facile, ou quand les problèmes de fertilité deviennent un tabou. C’est ce que ressens Sandy. Et vous, avez-vous également cette impression ? Voici son témoignage.
{Témoignage} La PMA sujet tabou
Le jour où mon médecin m’a annoncé que je devais commencer une stimulation légère au Clomid j’étais loin de me douter que ça allait monter crescendo et que j’y serai encore 5 ans plus tard. Je m’appelle Sandy j’ai 35 ans et demi (et oui on y tient aux quelques mois dans ce parcours), et je suis embarquée malgré moi dans un combat dont l’ennemi est soi-même. Je suis un tabou, un problème, une gène pour mon entourage, une incompréhension, un sujet qui dérange… Je suis une femme avec des problèmes de fertilité.
Je travaille beaucoup, j’ai un métier à responsabilité et je ne peux ni compter sur la compréhension de mon employeur ni sur celle de la société. Quoi de plus naturel que d’être maman pour une femme mariée. Et oui mon mari m’a demandé en mariage et est passé pour un super héros car il m’a épousé cet été au bout de 7 ans de vie commune et malgré mon handicap social… Donc, je disais… je suis cadre commercial et je suis overbookée, c’est l’une des raisons pour laquelle j’ai ces problèmes selon le monde hors PMA : « ma chérie si tu ne tombes pas enceinte c’est peut-être parce que tu accordes trop d’importance à ton travail ?« . Et puis c’est surement psychologique (quid des enfants nés de viol ?!) ou parce que je ne lève pas assez longtemps les jambes en l’air ? Bref, j’ai tout entendu et mon mari aussi : « Nico c’est au fond à gauche« , ou encore : « tu veux que je t’explique car moi j’ai marqué un but du premier coup ahahah !« . Mais comment aujourd’hui pouvons-nous encore ignorer ces problèmes et les garder secrets ? Il n’y a aucun mal à être malade mais là ce n’est pas une maladie. Je rentre dans aucune case… je suis un ovni. Aucun refuge, juste les médecins qui restent des médecins. Qui ne s’impliquent pas humainement, ils enchaînent les échographies. On nous insémine à la chaîne et tout le monde a se regard honteux en salle d’attente… Heureusement qu’ils sont là nos médecins mais ce n’est pas assez. Je me mets tellement souvent à poil que je risquerais d’enlever mon pantalon en allant chez le dentiste. Non, Mesdames il faut en parler ! C’est un parcours compliqué, un combat. On apprend la patience et à pleurer en silence. Ne pas trop déranger son entourage avec ça et supporter de ne pas avoir les mêmes sujets de conversation que les autres femmes. Alors on parle comme si on avait trois enfants car on attend depuis tellement longtemps que nos amis font le troisième. Je suis incollable et pas Maman. Je trouve anormal qu’on ne puisse pas en parler ouvertement à son employeur qui serait suffisamment informé pour aménager notre emploi du temps ? Elle est où la loi qui nous permettrait d’être reconnus ? Pourquoi je jette un froid quand je réponds à la question : tu as des enfants ? Par : j’essaie depuis 5 ans.
Je suis une femme de presque 36 ans avec des problèmes de fertilité et je suis plus forte que la moyenne des gens normaux qui se plaignent de leurs baby blues ! Je suis fière de mon mari, de mon couple et de mon parcours de battante.
Il est anormal qu’aujourd’hui en 2016, je sois encore obligée de devoir arrêter mon job de cadre commercial pour mener ce combat qui me prend du temps car il est tabou et que mon employeur n’est pas du tout obligé de considérer mon parcours. Si ça se sait on vous met au placard : plus de promotions, vous faites peur ! Vous risquez d’être enceinte et/ou de craquer psychologiquement. Je suis née femme et ce problème ne peut pas être pris au sérieux dans cette société ou la réussite d’un couple, la réussite sociale, passe par la fertilité de sa femme. Je ne suis pas malade mais je me bat chaque jour depuis 5 ans.
J’espère que le message passera, je veux faire bouger les choses et c’est ma pierre à l’édifice. Bravo à toutes pour les batailles que vous menez ! La PMA c’est difficile, ça fait mal, mais on ne lâche pas on garde la foi ! Merci.
Vous souhaitez publier votre histoire sur le blog ? C’est ici que ça se passe.
fmalho dit
La pma est déjà un parcours tellement difficile que les gens ne se rendent pas comptent qu’ils rendent les choses encore plus compliquées. J’ai 33 ans et pareil, 5 ans pour avoir mes bébés et autant de réflexions autour de moi, principalement celle d’un collègue au travail : t’as des enfants ? Vu que je ne voulais pas lui raconter ma vie j’ai simplement répondu « non » et alors le commentaire ultime « ah t’en veux pas ! » comment expliquer que ce n’est pas un choix ? Les médecins ne prennent pas de gants non plus, ma gynécologue de l’époque m’annonce que je fais une fausse couche en m’expliquant que l’amas de cellules dans mon corps ne donnera pas de bébé, tout cela d’une ton méprisant…c’est dur à encaisser, et ce que j’ai retenu de ce parcours est sans conteste le courage insoupçonné dont nous faisons preuve, nous les femmes « infertiles », en comparaison aux autres pour qui tout cela arrive à point nommé. Soyons fières, nous connaissons la valeur que nous accordons à la vie et cela nous rend plus fortes !
papote colporte dit
Merci pour ce joli témoignage, c’est tout à fait ça.
Dommage que l’on soit tellement de couple à vivre l’infertilité et pourtant si seul quand ça arrive.
Force et espoir pour suite.
erem dit
Hello
Je répond à SOSPMA (si je peux apporter ma « petite » pierre à ton « grand » édifice…)
J’ai 37 ans et je suis également depuis 1 an dans un parcours de PMA, rendu obligatoire par le traitement infertilisant de mon mari pour soigner son cancer. En plus de la maladie de mon mari, de mon travail à plein temps (gouverné aussi par la gente masculine!), nous devons composer aussi avec l’emploi du temps de ministre que nous imposent des démarches de PMA (nous avons choisi les FIV). Je comprend donc parfaitement ta situation : même lorsqu’on est dynamique, positive, joyeuse et tournée vers l’avenir, c’est loin d’être tous les jours faciles, surtout quand les 1ers « échecs » arrivent. Car nous n’avons pas plusieurs années devant nous…
Nous avons tellement les 2 pieds dans le monde médical et médicalisé, nous qui n’appartenons pas à ce monde, que nous avons fait le choix d’en parler librement à notre famille et nos amis proches, sans rentrer toutefois dans tous les détails, c’est un soutien qu’il ne faut pas te refuser malgré le sentiment d’être jugée. Ils finiront par voir vos démarches par TES yeux et ce sont vos témoignages qui formateront leur regard et leur compréhension.
Sache aussi que j’ai appris par la médecine du travail que depuis le 26 janvier 2016, les femmes engagées dans un parcours de PMA bénéficient de protections supplémentaires contre les discriminations.
Entrée en vigueur le 28 janvier 2016, la loi nouvelle créé un article L. 1225-3-1 aux termes duquel :
– l’employeur ne doit pas prendre en considération ce fait pour refuser d’embaucher une salariée, rompre sa période d’essai ou la muter ;
– la femme candidate à un emploi ou salariée n’est pas tenue de révéler à son employeur qu’elle bénéficie d’une aide médicale à la procréation;
– en cas de litige, l’employeur communique au juge tous les éléments de nature à justifier sa décision, et le doute profite à la salariée ;
Bénéficiant d’une protection identique aux femmes « en état de grossesse médicalement constatée » (art. L. 1225-1 et suivants du Code du travail), les femmes engagées dans un parcours de PMA peuvent désormais bénéficier en plus d’une autorisation d’absence pour les actes médicaux nécessaires. S’il est salarié, leur conjoint, leur partenaire de PACS ou la personne vivant maritalement avec elles, est également autorisé à s’absenter pour assister à trois de ces examens.
Ces absences sont assimilées à une période de travail effectif et donc rémunérées.
Voilà j’espère que ces infos te seront utiles.
Bon courage et bonne chance dans ton parcours!
Sandrine dit
Bonsoir tout le monde, on ressent beaucoup de tristesse et de solitude dans ton message. Nous sommes aussi suivi par un centre PMA depuis le mois de janvier de cette année. Nous avons fait une première fiv en avril qui vient malheureusement de se solder par une fausse couche car il n’y avait pas d’activité cardiaque. C’est un parcours difficile, une deuxième fausse couche pour moi. On a l’impression que le même scénario se reproduit encore et que la monde est injuste. Nous avons droit aussi au remarque d’amis ou collègue, nous disant « alors toujours pas de bébé », c’est vrai que ce n’est pas l’envie qui manque de leur balancer des choses à la figures mais ils ne savent pas… Nous avons fait le choix d’en parler à quelques amis qui pour certains étaient passé aussi par la PMA, et à mes parents. C’est un réel soutien, ils sont là quand on a besoin sans pour autant être oppressant avec des questions; c’est juste ce qu’il faut. Le centre PMA qui nous suit est vraiment bien par contre, les médecins et biologistes sont à l’écoute, attentionnés. On ne se sent pas seul. Et ils ont meme organisés des réunions collectives pour expliquer le parcours fiv, et là on voit vraiment qu’on est pas les seuls à avoir du mal à devenir parents et çà çà fait du bien quand même. Bon courage à toute pour ce parcours difficile, il y aura des hauts et des bas mais il faut se soutenir et on y arrivera, gardons cet espoir qui nous fait avancer et tenir le coup.
Marine dit
Merci pour ce témoignage touchant. Je trouve les gens assez égoïstes dans l’ensemble à poser tout un tas de questions indiscrètes à une femme mariée qui n’a pas d’enfant, sans chercher si ça les regarde ou pas… Je vais avoir 35 ans la semaine prochaine, et j’avoue que je le vis un peu mal dans le sens où je n’ai pas accompli ce que j’espérais à cet âge là (avoir une famille et un travail). Je vis à l’étranger, loin de la famille/amis, pas le droit de travailler pour le moment et des difficultés pour avoir un enfant… période très difficile à vivre mais je m’accroche. Je vois qu’on a toutes des histoires complexes, et j’avoue que ça m’aide de savoir que je ne suis pas seule (dans mon entourage immédiat, la majorité de mes copines sont mamans ou enceintes et c’est quand même dur à vivre). Je me définis comme une « maman sans bébé », je ne sais pas si ça a un sens pour vous mais c’est vraiment ce que je ressens au fond de moi… bon courage à toutes, il ne faut rien lâcher !!
Biquette dit
Bonjour,
Si vous êtes en France une loi toute récente vous protège au travail. Vous en trouverez tous les détails ici: https://bamp.fr/2016/03/03/amp-travail-en-pratique/
Je vous souhaite plein de courage et surtout beaucoup de réussite dans votre parcours.
Mag dit
Merci pour ce témoignage ! Je m’y retrouve totalement ! Nous ça fait 2 ans 1/2… 4 Inséminations, 1 fiv et 3eme transfert en cours… et le temps qui me manque car comme toi je travaille bc et je ne peux pas en parler au boulot. .. donc du stress pour effectuer tous ces examens, des absences tous les mois qu’il fait justifier… « mais il faut être zen pour faire un bébé ! » Je passe de phases d’acceptation, à des phases de rage, de jalousie très souvent.. et toutes mes copines qui ont 1,2 enfants (la dernière à accouché il y a 2 semaines…) bref, y en a marre!
Allez courage !
Vive nous et nos maris / conjoints ! Bientôt la vie nous sourira…
Rose dit
Tu demandes » Pourquoi je jette un froid quand je réponds à la question : tu as des enfants ? Par : j’essaie depuis 5 ans. »… En fait je crois que beaucoup de personnes ne savent pas comment réagir devant les différentes situations douloureuses de la vie, comme les problèmes de fertilité, mais aussi comme le deuil, le handicap… En plus la fertilité touche vraiment à l’intime, ce n’est pas évident pour tout le monde d’aborder ce genre de sujet. C’est sûr qu’il est plus facile de dire : « Je suis en arrêt car je me suis cassé une jambe », que de dire que tu vas avoir une ponction d’ovocytes ! Et il est plus facile de l’entendre pour les collègues. Récemment mon frère a du se faire opérer du prépuce : il a préféré prendre des congés plutôt qu’être en arrêt maladie parce qu’il savait que ces collègues lui demanderaient gentiment ce qui lui arrive et il n’avait pour le coup pas envie de leur parler de cette partie intime !
Pour ce qui est de l’attitude de l’entourage, sans doute que tes proches espèrent autant que vous cet enfant, mais qu’ils ne savent pas comment vous soutenir. Je suis passée par là et j’ai découvert ça quand je suis enfin tombée enceinte : beaucoup de nos proches souffraient avec nous de notre situation, alors que nous ne leur en avions jamais parlé ouvertement. Ils préféraient être discrets de peur d’en rajouter à notre peine.
Pour ce qui est du travail : j’ai du aussi m’arrêter à plusieurs reprises pour les examens, les périodes de repos avant/après ponction et/ou transfert, mais finalement, j’ai dû m’arrêter beaucoup plus depuis que je suis enceinte à cause des nausées et bientôt du congé maternité, alors je relativise : mettre au monde un enfant ça nécessite aussi de le faire passer au premier plan, et le travail en prend un coup nécessairement au moins un certain temps. Je précise que j’exerce une activité libérale et que je n’ai pas droit aux « congés maladie » payés : quand je ne travaille pas, je n’ai pas de revenu (et je dois quand même payer les charges obligatoires).
Bon courage à toi ! Que ton désir le plus cher se réalise enfin !
Stella dit
Avec mon chéri on en est au tout tout début! Il est atteint du syndrome de Kallman ( je vous laisse chercher pour celle que ça intéresse) qui fait qu’il est stérile. Il le sait depuis toujours, je le sait depuis le début. On veut faire un bébé alors on commence les tests pour savoir si de mon côté ça va. Je suis en obésité de type 2 donc la réaction des médecins me stressait! Mais c’était sans compter que juste après notre mariage j’ai trouvé un job dans un cabinet de gynécos! Il y en a un avec qui je m’entends vraiment bien et qui ne voit pas mon poids comme un obstacle, les problèmes de poids il connait, il y en a dans sa famille donc il sait, il ne juge pas! C’est tip top! C’est lui qui va me suivre du début à la fin qui je l’espère se soldera par une naissance.
Entre temps, il m’envoie quand même vers un collègue qui s’occupe de la PMA de la clinique où il bosse. J’espère qu’il sera gentil et qu’il ne me fera pas de remarque!
Pour l’instant on est optimiste mais à lire plusieurs témoignage, j’ai un peu peur.
Bon courage à toutes!
meaphilo dit
Bonjour à toi et courage !! Je ne sais pas si tu connais le livre « Le guide des couples infertiles » ?? On retrouve beaucoup des remarques que tu fais, et personnellement, ça m’a fait vraiment vraiment du bien, super livre ! 🙂 Il y a justement une illustration évoquant ce que tu racontes : une femme qui se met nue pour une prise de sang, médecin interloquée et elle de dire « désolée, l’habitude !! »
Merci en tout cas d’en parler … Je viens juste d’apprendre que je suis OPK, on voit un médecin spécialisé demain, et j’ai pour ma part beaucoup de mal à digérer bien sûr, mais encore plus à en parler. Et les remarques autour de moi me décontenancent !! Entre « bah t »auras qu’à faire une FIV c’est tout ! » bah oui c’est tellement simple … et venant de celle qui est tombée enceinte en 1mois, les amis à qui j’ai raconté et qui m’évitent, n’appellent plus, n’ont même pas rien répondu à ma confidence … Et puis les « Oh, moi je pourrais pas, tu es tellement courageuse « ??? heuuu c’est pas du courage, c’est « pas le choix » , et quelle alternative ?
Emma dit
Pff plus je lis des témoignages et plus j’ai envie de hurler ma rage envers le corps médical français.. Quand on pense que l’ordre des gynéco et obstétriciens est en train de réfléchir à supprimer les arrêts de travail pour l’IVG parce que « bon, c’est pas si compliqué de supprimer un fœtus le soir et de retourner bosser le lendemain ». (j’extrapole mais c’est plus ou moins ce qu’ils ont dit hein).
RAZ LE BOL d’être dirigée par des hommes, qui prennent des décisions pour des événements qu’ils n’auront JAMAIS à vivre, pour des choses qu’ils ne comprennent que scientifiquement, tel des robots..
Je n’ai pas eu à vivre un tel combat mais j’ai accompagné ma soeur lors de nombreuses visites (PMA, FIV..) et j’ai trouvé les médecins d’une froideur et d’une méchanceté intolérable, dédaigneux (« bah alors, vous ne voulez pas vous mettre à poil alors que j’ai laissé la porte ouverte face à la salle d’attente ?? »), hautains (parce qu’en plus, si on a pas un « IMC normal », on est un monstre d’oser vouloir un enfant, on ne devrait même pas avoir le droit, dixit le gynéco de ma soeur).
Bref.. Je vomis ces médecins qui ne sont là que pour l’aspect scientifique-pragmatique et sont incapables de prendre soin de leur patient.. A t’on déjà vu d’autres métiers où le client (patient) se fait autant malmener ??
Bon courage à vous, Sandy, et à toutes les femmes qui vivent les mêmes choses que vous… Espérons que les mentalités bougent grâce à vos témoignages ! <3
Lucie dit
Coucou, je te comprends avec mon chéri on viens de commencer il y as quelques mois et on s’en ai déjà pris plein la gueule ( désolé du terme mais franchement c’est le cas).
On est anormaux, c’est forcément psychologique et pas autre chose et c’est usant. Je n’imagine même pas si ça doit durer plusieurs années je pense que je vais me mettre a mordre.
Déjà c’est de ta faute et en plus tu en parles, bouh tu déranges tout le monde il ne faut surtout pas. Jusque la je ne pensait pas qu’il y avait des sujets tabous mais oui on dérange !!
Nous on as pas encore la cause, alors oui peut-être que ça marchera tout seul mais pourquoi se cacher la tête sous le sable quand des examens indiquent des problèmes, on ne vas pas attendre dix ans de peut être pas en avoir pour leur faire plaisir.
C’est déjà difficile à vivre sans toutes ces remarques.
En tout cas bon courage a toi bisous