Elise voulait allaiter coûte que coûte, et elle a réussi, mais n’en garde pas forcément un bon souvenir. Voici son témoignage.
{Témoignage} Mon allaitement, une vraie galère !
Bonjour à toutes, je voulais partager avec vous l’histoire de mon allaitement, qui a débuté il y a plus de six mois mais qui continue à être toujours difficile… Je m’appelle Elise, et j’ai un adorable petit bout qui est né le premier jour du printemps. Déjà avant d’être enceinte, je voulais allaiter ; l’allaitement a toujours été une évidence pour moi. Je sais que les bénéfices sur la santé du bébé sont prouvés, et que cela aide à créer le lien avec son nourrisson. J’ai été moi-même longtemps allaitée bébé, ainsi que mes sœurs, ma mère étant une « pionnière » dans ce domaine, à son époque. Donc lorsque je suis tombée enceinte, je ne me suis pas posé de questions : j’allais allaiter mon bébé, point.
Et puis notre petit bout a pointé le bout de son nez, à 37 semaines et après une grossesse que j’ai vécue comme difficile. A 37 semaines, il était considéré à terme, mais son réflexe de succion/déglutition était encore très immature (celui-ci ne mature complètement qu’à partir de 38 semaines d’aménorrhée). Ça a été un très bel accouchement, et l’un des plus beaux jours de ma vie. Mais dès le peau à peau en salle de naissance, en essayant de lui donner la tétée de bienvenue, j’ai bien vu que quelque chose n’allait pas. A. ne tétait pas. Il essayait, faisait de son mieux, mais il n’arrivait pas à prendre le téton en bouche. Pour le reste, il était en parfaite santé, et très éveillé, mais il ne tétait pas. Les pédiatres n’étaient pas inquiets outre mesure, car il est souvent habituel que le bébé ait du mal avec la prise du sein les premières quarante-huit heures. De mon côté, j’étais très inquiète, car je voyais bien qu’il ne tétait pas (je suis orthophoniste et formée en troubles de l’oralité, donc je voyais bien que ça clochait à ce niveau-là ). Le deuxième jour à la maternité, j’ai eu accès à un tire-lait, afin de stimuler la montée de lait. Je pompait « à vide » (j’ai dû produire moins d’un dé à coudre de colostrum), toutes les trois heures, et j’essayais parallèlement de mettre A. au sein. Lorsque la montée de lait est arrivée au troisième jour, avec l’aide de deux puéricultrices, j’ai finalement réussi à lui donner une petite tétée, tandis que l’une le tenait et que l’autre pinçait violemment mon téton. Et à partir de là, des tétées ont été possible, mais ont duré presque une heure, toutes les deux heures, avec cinquante minutes où mon bébé essayait de s’accrocher au sein sans succès, et cinq minutes de tétée réelle. Le sixième jour, j’ai eu le droit de rentrer à la maison, car il avait commencé à reprendre un peu de poids. Il a d’ailleurs mis 16 jours pour reprendre son poids de naissance (presque trois kilos).
A la maison, les tétées ont été continué à être un véritable enfer. D’abord parce que je n’avais pas dormi depuis longtemps, et aussi parce que ces tétées étaient extrêmement rapprochées, souvent toutes les heures (nuit et jour). A. avait toujours du mal à prendre le sein, s’énervait, pleurait, et j’en pleurais aussi souvent car ce moment que nous étions censés partager était gâché par ses difficultés de prise en bouche du mamelon. J’avais un sein qui saignait, qui était complètement crevassé, et l’autre qui s’engorgeait systématiquement. Mais rien à faire, malgré toutes les positions essayées seule ou avec ma sage-femme à domicile, A. avait toujours du mal à prendre le mamelon en bouche. Au bout de quelques jours, j’ai eu une consultation spécialisée en allaitement à l’hôpital, et la pédiatre que nous avons rencontrée a tout simplement sauvé mon allaitement. Elle a su trouver LA position qui permettait à A. de s’accrocher au sein (pas une position classique, mais en était assise semi-inclinée vers l’arrière avec le bébé complètement collé à moi) (pour celle que ça intéresse, selon le principe du « biological nurturing »).
Et pourtant. Malgré ces progrès (et je passe les détails sur la persistance des crevasses et des engorgements), je ne commençais toujours pas à apprécier l’allaitement. Mon mari me conseillait de lui donner des biberons, mais je refusais, car j’avais entendu dire que cela pouvait empêcher le bébé de prendre le sein correctement. J’ai donc poursuivi mon rythme infernal de tétées, toutes les heures (nuit et jour), puis toutes les deux heures à partir de deux mois, jusqu’à ses deux mois et demi, pensant que j’allais alors pouvoir introduire des biberons et me soulager un peu. Malheureusement, pendant un peu plus des trois mois qui ont suivi, nos tentatives pour introduire le biberon se sont révélées totalement infructueuses. Mon petit bout n’en voulait pas, même avec du lait fraîchement tiré, même avec d’autres personnes (ma belle-mère, ma mère, mon mari et mon beau-père s’y sont cassés les dents !). On a tout essayé, rien ne marchait. Lait maternisé, positions, jeux, différentes tétines, températures, etc…
Et puis, à cinq mois, A. a commencé à aller à la crèche. Ce jour-là, je me suis fait un sang d’encre (probablement comme toutes les mamans qui recommencent à travailler à plein temps avec un jeune bébé !), pensant qu’il n’allait pas manger de toute la journée en mon absence. Il n’avait à ce jour jamais bu plus de 20 mL au biberon, non sans grimacer et batailler. Ce matin-là matin à la crèche, il n’a fait que pleurer, et il ne voulait vraiment pas du biberon. Et puis en milieu d’après-midi, il en a finalement vidé un complètement, et ça a été la fin de l’épisode des biberons refusés. Depuis ce jour, il rechigne parfois un peu, mais il est capable de manger en mon absence, et c’est un immense soulagement. Et récemment, depuis quelques semaines, il mange des purées et des compotes, et je ne lui donne plus que deux ou trois tétées par jour (souvent le matin, le soir, et une fois vers 4 heures du matin). Il a deux biberons de lait maternisé par jour, et un repas solide, chaque jour, aussi bien à la crèche qu’à la maison. J’ai vraiment hâte qu’il mange encore plus de nourriture solide, pour que je puisse cesser mes engorgements réguliers (j’ai arrêté de tirer mon lait au travail), mes nuits sans dormir à cause de douleurs aux seins, et les morsures qui surviennent régulièrement depuis que notre petit bout a deux belles dents. J’avais toujours rêvé d’un bel allaitement, et aujourd’hui, même en regardant en arrière, j’ai du mal à dire que j’ai vraiment apprécié allaiter. J’ai eu l’impression d’être esclave de mon bébé, car moi seule pouvais le nourrir pendant des mois. J’ai souffert physiquement, et moralement, de m’être mis la pression pour allaiter à tout prix. J’ai suivi mes principes au lieu de suivre mes instincts, qui me soufflaient gentiment à l’oreille d’introduire le biberon plus tôt, au lieu d’être totalement misérable pendant cinq mois. J’ai été têtue, bornée, et j’en ai payé le prix.
Aujourd’hui, j’ai appris une véritable leçon : être une bonne maman, ce n’est pas forcément être toujours au top, mais c’est de faire de son mieux. On n’est pas forcément préparé à l’inattendu, et l’apprivoisement mère-enfant prend du temps. Si c’était à refaire, j’hésiterais quelques secondes avant de refuser d’introduire des biberons plus tôt. Je serais plus flexible, et plus ouverte aux solutions qui existent. Car après tout, tout en étant fière d’avoir pu nourrir mon bébé, j’aurais aussi aimé pouvoir apprécier un peu plus ces moments de complicité en ayant un peu plus de répit dès le début. Au moment où je finis d’écrire mon histoire, je veux quand même ajouter une petite chose pour les futures mamans qui me lisent : ne renoncez pas à allaiter, même si c’est difficile. Mais écoutez vos limites. Car prendre soin de soi-même, c’est aussi un peu pouvoir prendre mieux soin de son bébé…
Vous souhaitez publier votre histoire sur le blog ? C’est ici que ça se passe.
zuli dit
Il a du vous falloir beaucoup de patience, de courage et d’amour pour avoir l’énergie d’allaiter si longtemps dans ses conditions.
Quand ma fille est née (à terme mais petit poids) elle n’arrivait pas à teter au mamelon alors la puericultrice de la maternité m’a donné un bout de sein en silicone et ça a tout de suite fonctionné
idem pour son petit frère 2 ans après.
les autres avantages : pas de crevasse et une adaptation immédiate au moment du passage au biberon.
l’inconvenient: il faut toujours en avoir avec soi et les nettoyer. c’est moins spontané.
j’aurais souhaité poursuivre avec un allaitement mixte (matin et soir ) à la reprise du travail mais après avoir gouter au biberon ils ont vite délaissé le sein.
bonne continuation 🙂
Elise dit
Bonjour Zuli,
Merci pour ta réponse 🙂 J’ai bien essayé les bouts de sein mais sans succès…
Corlouer Léa dit
J’ai moi même allaité ma fille et ce pendant un mois.Par défi car j’avais subi une opération mammaire à 16 ans suite à une malformation.
Après l’accouchement c’est donc naturellement que j’ai souhaité donner mon sein mais sans prendre en compte que mon teton n’etat pas assez formé pour entrer dans la bouche de ma fille.La sage femme à donc « travaillé »mon sein à sec (sans lubrifiant ) avec ses doigts j’ai donc eu les seins abîmés immédiatement.J’avais peu de lait donc j ‘allaitais toutes les heures et entre les tétées je devais mettreun tulle gras avec un beaume à base de Propolis pour réparer…
Un mois de souffrances jusqu’ à ce que ma belle mère (ancienne auxiliaire puéricultrice)me dise de voir avec la fameuse « trayeuse »combien de lait sortait en une journée..et bien ce fut sans appel en une journée sortait ce qu’aurait dû teter ma fille en une fois..alors bon..vive le biberon dans ce cas là!et vive le tulle gras hein!
Diyid dit
J’admire votre détermination et j’ai un profond respect pour votre allaitement et votre histoire particulière. J’ajouterai seulement que ce que l’on peut récolter au tire-lait n’est absolument pas représentatif de ce qu’une maman produit pour son bébé! Je connais plusieurs femmes qui ont allaité plus d’un an et qui ne savaient que peu ou pas tirer leur lait!
Mademoiselle Papillon dit
J’ai moi aussi eu des difficultés à allaiter et ce n’est qu’en sortant de la maternité que j’ai découvert des biberons adaptés au nourrissons (la tétine reproduit la forme du mamelon dans la bouche et se tête comme le sein). Nous l’avons acheté et cela a révolutionné ma vie.
C’est vrai qu’on nous dit sans cesse que le mieux reste le lait maternel, et je trouve que c’est un message culpabilisant. Bravo d’avoir continué et surtout d’avoir tiré une aussi belle leçon.
Elise dit
Bonjour Mademoiselle Papillon,
Merci de ta réponse. Malheureusement je m’y suis sans doute prise trop tard pour les biberons. J’ai essayé toutes les marques, toutes les formes de tétines (y compris celles qui ressemblent à un mamelon), mais sans succès. Il n’y a que quand mon fils a eu « très très faim » à la crèche qu’il a fini par s’y mettre.
Ehyana dit
La leçon que vous tirez de cette expérience est très juste.
L’allaitement est un sujet tellement « tendu » si je puis dire, qu’on peut vite se retrouver à vivre ce moment comme un enfer alors qu’avec un peu plus d’information, de soutien envers les mamans et leur instinct, on pourrait aider de nombreuses femmes.
Je ne suis pas totalement d’accord avec Tatiana qui pense que le papa n’est pas du tout impliqué, certes il ne peut pas donner le sein, mais il peut être à vos cotés, vous aider à trouver la bonne position (à choisir entre une SF qui me pince violemment le téton et force mon bébé à se coller à moi sans douceur et le papa qui tient son fils afin qu’il trouve sa position, mon choix est vite fait).
Je constate aussi qu’on manque d’information sur l’allaitement, mis à part le sempiternel « c’est le mieux pour l’enfant », on ne nous informe que peu sur le rythme des tétées, les pics de croissance, les régurgitations et autres aléas de l’allaitement, du moins c’est ainsi que j’ai vécu les choses. Le site de La Leche League France m’a permis de mieux appréhender l’ampleur de l’impact de l’allaitement.
En tout cas bravo à vous d’avoir réussi à tirer une belle leçon de cette expérience et de ne pas avoir abandonné ce qui vous tenais à coeur.
Marie dit
J’ai allaité. Pendant presque six mois. Les six premières semaines, c’était très difficile: tétées longues ,épuisantes, crevasses, douleurs. Puis après c’est devenu un plaisir. Mon fils et moi avions trouvé notre rythme. C’est tout de même très pratique d’avoir toujours à disposition du lait à bonne température. Mais pendant six mois, je ne l’ai pas quitté plus de deux heures, je l’avais toujours avec moi. Je m’isolais pendant les repas de famille ou les fêtes entre amis pendant des heures pour le nourrir. J’angoissais quand je partais vite faire une course ou que je le laissais à ses grand parents. Il m’a fallu de nombreux mois pour me rendre compte que je ne vivais plus, que je n’étais pas heureuse. Baby blues sûrement. Mais aujourd’hui, je me dis que si je ne m’étais pas entêtée à allaiter aussi longtemps, j’aurai peut-être mieux profiter des premiers mois de ma vie de maman. Pour moi ça avait toujours été un devoir. Je devais allaiter mon enfant. Pour son bien. Aujourd’hui, je réfléchis. Je me dis que si un jour j’ai un deuxième enfant, je ferai sans doute différemment. J’allaiterais surement encore mais moins longtemps. Je laisserai un plus grande place au papa dès les premières semaines et surtout j’essayerai de ne pas oublier de vivre pour moi aussi.
Tatiana dit
Le truc que je trouve triste avec l’allaitement c’est que le papa n’est pas du tout impliqué. De une c’est pas juste (on s’est déjà tapé la grossesse) mais en plus il ne peut pas lui donner à manger (sauf en cas de tire-lait et biberon mais ce témoignage n’illustrait qu’une relation fusionnelle entre la mère et l’enfant). En gros il ne lui reste que les couches haha.
C’est bien que vous ayez pris conscience que votre instinct était en votre faveur et aussi du bébé. Vous serez très sûrement mieux préparée si vous décidez de renouveller l’aventure 🙂
Tout de bon!
Lucie dit
Pour ce qui est de l’implication du papa, je ne suis pas d’accord du tout. J’ai allaité mon bébé 3,5 mois (3 mois exclusivement + 15 jours de mixte) et le papa a toujours été aussi présent que moi auprès de notre bébé. Quand il était en congés, il se levait la nuit pour me l’amener, le reprenait après la tétée pour le changer. Il m’a toujours aidée à le positionner, à le stimuler, à noter les heures de tétée, à lui faire faire son rot. Et puis, il lui a donné autant de bains que moi, lui changeait quotidiennement ses couches (moment d’échange intense avec le nourisson que nous avons toujours tous les deux adoré), a passé des heures à le bercer, à lui chanter des chansons et à lui raconter des histoires… Réduire les interventions auprès d’un petit bébé à l’alimentation est très réducteur et je suis intimement convaincue, pour l’avoir vécu, que l’allaitement ne freine en aucun cas la relation du papa avec le bébé : tout dépend simplement de la volonté du papa, de s’investir auprès de son bébé. Pour le meilleur, mais aussi pour les moments moins agréables !