Marie a vécu ce que redoutent toutes les femmes enceintes. Voici son témoignage.
{Témoignage Grossesse} Quand ça se termine plus tôt que prévu
Parce qu’une grossesse ne se passe pas forcément comme prévu…
Mon lionceau, on n’a pas eu beaucoup de temps pour se dire au revoir. Dans la pénombre de la salle des échographies la seule source de lumière provenait de la table lumineuse sur laquelle l’image était projetée. Je pensais qu’on ne distinguait rien sur une écho, à moins d’être un professionnel. Mais la doctoresse avait zoomé et on ne voyait que toi tandis que les pointillés rouges mesuraient ta longueur. J’étais ridicule, les fesses à l’air en ayant gardé mon gros pull mais j’en avais rien à faire.
Sur le coup je n’ai pas pensé à demander comment on décelait les battements du cœur. Je suis juste retournée dans la salle d’attente. Puis j’ai pas arrêté de papoter, histoire d’éloigner le nuage sombre qui rodait. Les deux heures d’attentes qui ont suivi m’ont permis de me faire à l’idée petit à petit, même si sans annonce officielle l’espoir ne s’éloigne pas. La gynéco s’est levée éteindre la table lumineuse. Puis elle a expliqué que c’était fini, et les modalités qui suivaient. J’écoutais à peine, je n’arrêtais pas de me demander pourquoi elle t’avait mesuré si elle avait immédiatement vu que le cœur ne battait plus. Ça a été très rapide, au maximum une ou deux minutes, elle n’a eu aucun doute. J’ai juste hoché la tête pour montrer que je comprenais ce qu’on me racontait. Je ne regardais même pas Jules qui en avait pourtant besoin, je voulais juste que tout le monde parte et rester seule.
Une fois douchée à la bétadine je suis entrée dans le lit, puis j’ai attendu. Je me suis demandée comment tout ça pouvait tenir dans la même journée. Les mélèzes qui rougissent, le sentier en balcon, la lumière de l’automne, le meilleur pique-nique du monde, les préparatifs de la fête à venir, puis ça.
On dépose plusieurs instruments emballés sur mon lit, dont un gros tube de plastique muni d’une sorte de poignée et je m’interdis de me demander à quoi il va servir. Puis c’est mon tour, mes cheveux sont encore mouillés et je grelotte. L’infirmier demande si je veux du chauffage, je réponds oui. Leur chauffage, c’est une sorte gros papier bulle relié à une arrivée d’air qu’on dépose sur le patient. Je me sens déjà mieux. Je me concentre sur ma respiration pendant que tout le monde s’active autour de moi, une infirmière fait rouler une desserte pleine d’instruments, et son homologue juste à ma droite règle la machine à endormir.
Cette fois ci je subis, ne me pose plus de questions, même à propos de ce que j’imagine être des immenses loupes ou spots lumineux juste au-dessus de moi. On me propose le masque qui pour l’instant n’est que de l’oxygène. Je respire le plus lentement possible pour ne pas pleurer. On me dit qu’on attend le médecin pour démarrer. Je ferme les yeux et les larmes coulent parce que respirer lentement ne suffit plus. Un témoignage lu il y a des années me revient. La colère d’une femme contre la froideur d’un anesthésiste qui lui demande pourquoi vous pleurez ? Sa réponse crue « tu crois que ça me fait plaisir d’être là les jambes écartées pour qu’on aspire mon bébé mort« . Aujourd’hui c’est moi. Et malgré le jargon médical c’est bien ça qui se passe. Je regrette d’avoir lu ce témoignage parce que je ne veux pas penser en ces termes à ce qui m’arrive. Je veux terminer tout ça de manière plus sereine, pas de façon amère et froide. Je veux surtout que l’anesthésiste arrive alors que j’entends « Et Jérôme où il est ? » « T’as regardé dans les vestiaires ? Parce que Karine elle est en train de se changer ». Karine c’est elle qui opère.
Jérôme a dû finir par sortir des vestiaires parce que d’un coup je me réveille. Je suis juste en face de l’horloge et je vois qu’il ne s’est passé qu’une quarantaine de minutes depuis mon entrée dans la salle d’opération. Du coup je regrette d’avoir ouvert les yeux si vite, parce que c’était bon de ne plus penser. Je ne sens rien, ni douleur, même pas d’inconfort, je peux me lever, marcher, rien ne m’indique que l’aventure est terminée. Je ne sais pas si je n’aurais pas préféré avoir mal juste pour avoir un signe tangible de mon changement d’état. Quand l’infirmière ferme la porte, c’est le silence et l’image en noir et blanc de l’écho s’impose à moi. Je te dis que je suis désolée, et au revoir aussi.
Enfin le matin est là et je mange les biscottes du petit déjeuner le plus pourri du monde. L’infirmière veut que j’attende le psychologue mais moi tout ce que je veux c’est retrouver Jules et sortir de cette chambre qui fout le cafard. Je veux aller marcher dans la forêt, dire des conneries et sentir sa main serrer la mienne, pas écouter un pénible qui me dit que c’est normal d’avoir mal et de pleurer.
Ça fait à peine deux jours que c’est arrivé, et j’écris pour me souvenir. Pour me souvenir de la douleur, pour avoir une trace qu’elle s’estompe car je sais que le temps fera son travail. Pour te dire au revoir en bonne et due forme, et merci aussi parce que mine de rien ces dix dernières semaines ont été riches. Pour continuer à sourire à la vie et ressentir de la gratitude lorsque mon regard se posera sur le cactus-lotus acheté pour toi.
Vous souhaitez publier votre histoire sur le blog ? C’est ici que ça se passe.
Elizaline dit
Je suis vraiment désolée pour vous. Ce texte fait ressortir toute la douleur sourde que cette expérience provoque, mais aussi toute la dignité et le courage dont vous faites preuve. Il est aussi beau que terrible. A vous, et à toutes les femmes qui ont vécu une telle souffrance: courage. Je pense fort à vous.
Mel dit
La description de cette intervention…je la revis…à 4 mois de grossesse. C’était il y a presque 2 ans. Et aujourd’hui, je souris en regardant ma petite princesse de 8 mois rire aux éclats devant son grand frère qui fait le pitre.
Courage à vous 2. Votre couple semble très solide, vous surmonterez ensemble cette épreuve…
Melanie dit
Je comprends ce que vous vivez, j’ai perdu mon Petit Piou en février. Son petit cœur s’est arrêté. Je vous souhaite tout plein de courage à vous & votre chéri. Je vous envoi toutes mes meilleures pensées <3
Jessica dit
Quel émouvant témoignage.
Mon histoire est à peu près semblable quant à la rapidité entre la joie de la bonne nouvelle et de l opération…
C’était fin août, après plus d’un an d essai et des examens, un débouchage des trompes (saleté salpingite) et enfin les deux barres qui se affichent.
Mais ce doit être l instinct je me réjouis mais reste sur mes gardes.
La gygy me disait attention suite à la salpingite et le débouchage des trompes ya un risque de geu. C’est quoi ça
??
Donc ce fameux lundi pds l annonce à mon zome ont s’y voient déjà.
Puis viens l écho précoce de contrôle car ya tjs ce risque de geu..
Puis le ciel me tombe dessus. La gygy voit rien, pas de poche dans cet utérus…
48h après même verdict…et puis tout s enchaîne.. Pas de douleurs pas de perte de sang mais tjs cette suspicion…
Arrivée aux urgences ce 12 septembre 2016, j’ai pas le temps de pleureur que l echographe me confirme le diagnostic…
On me monte en chambre, douches à la betadine, préparation au bloc.
Le brancardier m amène au bloc, je vois les lumières au plafond défilées, les gens qui sont agitent autour de moi pour cet acte banal..ça y est j’y suis on va m enlever cet oeuf qui est tout simplement mal placé…
Ça fait déjà deux mois, alors je essaie de plus trop y penser de songer à l avenir en espérant que le futur habitant soit cette fois-ci au bon endroit….
Marie C dit
J’ai fait une fausse couche, il y a un mois à peine. Un mois à être à fleur de peau, à pleurer pour un rien, à regarder les femmes enceintes, les tous petits bébés.
Dans mon cas, il s’est passé une semaine entre l’annonce et l’opération. Je ne me doutais de rien. J’ai gardé mes symptômes pendant toute cette semaine à part la fatigue qui disparaissait. ça a été alors très dur psychologiquement car j’étais perdue : j’avais mon corps de femme enceinte mais en même temps, ce petit être était déjà parti. Je voulais me réconforter avec des bonbons mais à cause de la grossesse ça me rendait malade. J’ai profité de ce temps pour lui dire au revoir.
L’équipe médicale était vraiment bien et chaleureuse, de l’annonce de la fausse couche à l’opération.
J’ai récupéré mon corps très rapidement et ça m’a permis de mieux accepter cette fausse couche.
Maintenant, j’attends mes règles pour recommencer cette aventure… Même si ces deux mois de grossesse que j’ai vécu étaient difficiles.
Sandrine dit
Bonjour Marie,
Merci pour ton témoignage. On sait que ça peut arriver, 1 grossesse sur 3 ils disent… mais quand ça t’arrive c’est un monde qui s’écroule, on se met en pilotage automatique et on subit… Il parait que le temps aide à cicatriser, à aller de l’avant et bientôt à retenter l’aventure… Mais les jours d’après on subit le vide, le manque, le rêve brisé et on s’accroche à notre conjoint, notre boulot, manger, dormir, à ce qu’on peut en fait.
Mais ça reste une expérience tellement solitaire, physiquement déjà, mais aussi pour le couple et parfois face à des professionnels ayant malheureusement oublié leur humanité au vestiaire.
J’ai aussi eu un petit bout qui a fait partie de notre vie quelques semaines seulement, quelques semaines où je me suis enfin sentie devenir « moi » et trouver ma place. J’ai dû lui dire au revoir bien trop vite…
Bien sûr je pense aux autres couples qui ont vécu parfois bien pire, mais aussi à ceux pour qui ça a fonctionné et qui goûtent à ce bonheur là. C’est finalement chacun son histoire et sa manière de réagir et j’ai un peu envie de penser à moi pour une fois, de ne pas me justifier, me laisser du temps…
Alors merci encore pour ton témoignage où tu fais pars toute en pudeur d’un événement qui touche pas mal de monde et qu’on « éteint » parfois un peu vite…
Il fera toujours partie de moi.
Sandrine
charlie dit
Cela fait un peu plus de deux semaines que je suis mariée mais aussi deux semaines que j’ai du lui dire au revoir… Ce témoignage me touche énormément et les larmes coulent encore et encore… Par ou commencer, comme un besoin de m’exorciser, de me vider de tout ça. Par ou commencer, il y a 4 mois, je me suis blessée au dos, s’en suis des séjours à l’hôpital, un traitement à base de morphine, un arrêt de travail qui se prolonge encore et encore… puis le verdict je suis inapte, inapte a faire le boulot que j’aime, le boulot qui me plait mais aucune je ne peux plus retourner. Je me concentre sur notre mariage, le plus beau jour de notre vie, le stress monte pour toutes ses raisons et je n’ai pas mes règles et oui toi petite chose tu étais en train de te construire pendant cette période très agitée et je ne le savais même pas.
Le beau jour arrive, je suis fatiguée de la veille, mais j’ai tellement hâte d’enfiler ma robe, de lui dire oui. Tout est beau, on a des étoiles pleins les yeux, on rigole, on danse, on s’aime… et puis une douleur et je me dis tiens je vais avoir mes règles, le stress retombe et elles arrivent. Mais non, et puis le lendemain c’est la fin, je ne comprend pas trop se qui arrive et je vais aux urgences, j’explique mon cas à un personnel soignant plus que froid, qui me regarde de haut en bas. On me fait rentrer dans une salle, on m’examine et on me dit madame vous avez fait une fausse couche…
Camille dit
Ce drame je le connaît après mainte et mainte fausse couche et un bébé perdu à terme ( j’avais d’ailleurs témoignée sur se blog)
Et les seuls mots que je pourrait te dire c’est qu’un jour l’espoir va renaître tu sera terrifiée mais cette fois ci ça marchera !
Et aussi que l’amour répare tout même des douleurs aussi terrible cela fait seulement 9 mois que mon fils est parti en toute fin de grossesse et grâce à l’amour de mon mari et de ceux qui nous entoure nous somme vivant et heureux !
Plein de courage à vous après la pluie vient le beau temps …