Madeleine est bipolaire et est suivie pour surpasser cette maladie. Aujourd’hui, avec son chéri, elle aimerait avoir un enfant, mais elle ne sait pas comment elle pourrait réagir. Voici son témoignage.
{Témoignage} Bipolaire, j’ai très peur d’avoir des enfants
J’ai rencontré mon chéri il y a 7 ans maintenant. 7 d’amour très agité. Souvent je me dis que l’on doit s’aimer vraiment très fort sinon on n’aurait pas tenu ou plutôt il n’aurait pas tenu. Notre couple a eu des très hauts et des très bas, de l’infidélité, du chômage, du licenciement, de longues périodes maladie, des hospitalisations, des rires trop hauts, des pleurs et des cris trop bas, des dépressions, des salaires flambés en une journée….. L’enfer depuis toujours pour moi, et durant 4 ans pour lui.
Je suis bipolaire et je suis réellement traitée depuis 3 ans, depuis que je me suis faite hospitalisée et qu’on a pris le temps de trouver le traitement qui me correspond. Ça a été vraiment très dur, chéri a été mon pilier, à venir me voir chaque jour, me tenir la main, me rassurer. A la sortie de l’hôpital, j’ai eu comme un déclic, je voulais moi aussi avoir ma vie, mes rêves. En plus du traitement et du suivi avec les médecins, j’ai étudié des livres, des articles, j’ai cherché à aller bien, à aller mieux et j’ai développé toute une routine, une hygiène de vie stricte qui m’a permit d’aller de mieux en mieux.
Aujourd’hui ça va bien, je suis stabilisée depuis 3 ans et je pense que toute personne autour de moi ne saurait détecter ma maladie, je me suis réorientée et mon travail me correspond plus, je ne démissionne plus tous les 4 mois. je n’ai pas fait valoir mon statut travailleur handicapé, je ne veux pas qu’on sache, je sais ce que les gens pensent, de leur opinion face à la maladie et pourtant ils ne savent rien. Certaines de mes collègues disent d’autre « qu’elle est bipolaire » car elle a ses humeurs mais ils sont tellement loin de pouvoir en parler, dans ces cas là je préfère ne rien dire « Un psychiatre ? jamais je pourrais en voir c’est bizarre !! » Pourtant, soigner son intérieur n’a rien de bizarre ni de dégoûtant.
Avec chéri on parle de plus en plus d’un bébé, pourtant mon visage se décompose dès qu’une amie m’en parle. Comment lui dire, elle qui ne sait pas, combien j’ai peur, peur de criser à nouveau, peur de faire souffrir cet enfant qui n’a rien demandé, peur de lui faire mal, de ne pas y arriver. Dans mon étude pour aller mieux, j’ai détecté les facteurs qui me déclenchent mes crises ; le stress et la fatigue. C’est un peu les mots que je vois souvent revenir sur les forums de maman ! C’est bête mais je me dis qu’un enfant c’est irréversible, si je n’y arrive pas, je ne peux pas tout effacer, tout recommencer.
Peur de marquer cet enfant, qu’en grandissant il dise à ses potes que sa mère est bipolaire comme on parle d’une mère alcoolique.
Je vais bientôt me rendre dans un centre spécialisé, où on va m’arrêter le traitement peu à peu (jamais d’arrêts brutal pour les neuroleptiques), c’est obligatoire avant de tomber enceinte car le lithium est fatal pour le fœtus. Comment vais je réagir ? Vais je de nouveau sombrer sans mon traitement ? Je dors 10 à 12h par nuit car le traitement est sédatif, quand je suis fatiguée je deviens agressive, et si je m’emportais sur mon enfant ? Tous ces soirs où je rentre et qu’il faut que personne ne me parle, juste être seule, tranquille, me reposer, comment je réagirais avec des pleurs ? Tous ces matins stressés où je dis n’importe quoi à chéri alors qu’il n’a rien fait, vais-je aussi hurler sur l’enfant ? Ou vais je le rejeter, m’affaler sur un canapé et rester là comme j’ai fait tant d’années ?
J’en parle beaucoup autant à mon psychiatre qu’à mon psychologue, plein de femmes bipolaires ont des enfants et ça se passe bien, pour d’autres moins bien…
Personne ne connait ma maladie autour de moi, Parfois j’aimerais juste en parler autour d’une tasse de café avec une amie…
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Mary dit
Bonjour Madeleine,
Je suis moi-même bipolaire et maman d’une petite fille de 3 mois. Ton témoignage m’a beaucoup touchée et même si je l’ai lu dès sa parution, je n’arrive à te répondre qu’aujourd’hui. D’abord parce que comme toi, je parle rarement de ma maladie à mon entourage; je préfère la cacher derrière un sourire omniprésent. La deuxième raison, c’est que les quelques semaines qui ont suivi mon accouchement ont été difficiles. Je te rassure de suite, ce n’était pas à cause de ma bipolarité. Tout est revenu « à la normale » 1 mois 1/2 après la naissance de ma princesse : c’était un baby blues qui a trainé un peu, des interrogations sur la maternité que beaucoup de mamans ont et de nouvelles émotions à apprivoiser.
En lisant ton témoignage je me suis totalement retrouvée : la peur d’être maman, la peur de ne rien avoir à offrir à part cette fichue maladie, la peur de transmettre cette maladie à mon enfant, la peur de ne pas être capable mentalement et physiquement de m’en occuper. Il faut dire que j’ai plutôt tendance à aller dans les très très bas que les hauts alors il y a des jours où je ne fais que pleurer et où prendre une douche relève du défi tellement je me sens mal.
Mais comme toi, j’ai eu la chance de rencontrer mon chéri il y a 7 ans et je dois dire qu’il m’a permis d’aller de l’avant et de trouver un équilibre. Sans lui j’aurais toujours mes problèmes alimentaires liés à ma bipolarité, je serais toujours aussi instable psychologiquement et je manquerais toujours de confiance en moi. Il est très présent, m’épaule énormément quand j’ai une crise, il ne m’a jamais jugée et a toujours été très compréhensif. C’est lui qui m’a dit que je serai une maman extraordinaire quand je me demandais s’il était raisonnable pour moi d’avoir un enfant et qui me répète encore aujourd’hui que je suis une très bonne maman quand je doute de moi.
Bien sûr, mon chéri est la personne sur laquelle je compte le plus et qui me connait le mieux mais c’est aussi grâce à mon psy que j’en suis là. Eh oui, envisager une grossesse quand on est bipolaire, c’est compliqué alors je suis heureuse d’être suivie par quelqu’un de compétent qui a su trouver un traitement adapté. A la différence de toi, mon psy n’a pas voulu me laisser sans traitement et je l’en remercie car la simple idée de me retrouver « sans filet » me faisait très peur. Je prends des traitements depuis un peu moins de 10 ans et c’est le jour et la nuit avec ce que j’étais avant les médicaments. Du coup, nous avons trouvé le traitement le plus adapté à mon état et le moins risqué pour mon bébé et ce traitement a bien fonctionné. Je le prends toujours aujourd’hui.
J’avoue qu’avant de tomber enceinte, ça été dur : préparer ma grossesse, réfléchir au bien fondé de cette envie d’enfant, voir que pour mes copines, le fait de tomber enceinte se faisait naturellement, sans questions et sans peur. J’ai trouvé injuste de ne pas pouvoir faire les choses normalement comme les autres.
Aujourd’hui je suis une maman comblée. Je ne regrette pas mon choix d’être parent. Je ne te le cache pas, la fatigue est difficile à supporter. Comme toi, j’ai besoin de beaucoup de sommeil pour conserver un certain équilibre et un bébé ne permet pas de dormir 10h. Du coup je n’hésite pas à demander de l’aide à mon conjoint ou a la famille pour avoir un peu de répit. Moi qui fonctionne beaucoup par habitudes pour me rassurer et avoir une vie « saine », je suis pas mal déstabilisée au quotidien par les pleurs, l’évolution rapide de ma fille, ses changements d’horaires pour le sommeil, les biberons… Quelques jours après sa naissance, je me suis demandé si je n’avais pas fait une erreur, si je saurais répondre à ses besoins et je me pose encore ces questions pendant mes grosses crises de dépression mais au final, je ne regrette rien et je suis heureuse d’avoir ce petit bout de moi et de mon chéri. Ma fille m’aide à me dépasser, à surmonter mes crises qui n’ont malheureusement pas disparu (j’espérais que la maternité me permettrait d’échapper à ma bipolarité). C’est pour elle et mon conjoint que je continue à me battre contre cette maladie.
Tout ça pour te dire qu’on peut être bipolaire et parent et qu’il ne faut pas laisser la maladie influer sur tous les aspects de notre vie. C’est déjà pas mal le cas alors ne la laisse pas décider si tu dois être maman ou pas. Fais ton choix en fonction de ce que tu ressens et de ce que tu veux. Tu es consciente de ta maladie et tu la connais, tu as un conjoint qui est là pour toi et tu es suivie médicalement parlant donc j’aurais tendance à dire que tout est réuni pour avoir un enfant dans de bonnes conditions !
J’espère que tu vas bien aujourd’hui et que l’arrêt de ton traitement se passe bien. Je te souhaite plein de bonheur pour la suite, pour cette belle aventure qu’est la maternité !
L. dit
Bonjour Mary,
J’avais lu ce témoignage à sa parution. Je suis bipolaire, et je reviens aujourd’hui dessus car je suis enceinte, ce qui me fait découvrir votre commentaire.
J’aimerais beaucoup discuter avec vous de la façon dont vous avez vécu (et vivez) la parentalité avec la maladie. Ça serait formidable d’échanger avec une femme ayant vécu ce que je vis et m’apprête à vivre. Si vous le voulez bien, nous pourrions échanger nos coordonnées en les donnant à la mariee en colère ? (la.mariee.en.colere@gmail.com)
Amicalement,
L.
Mary dit
Bonjour L.
Félicitations pour cette heureuse nouvelle !
Je serai ravie d’échanger avec vous à ce sujet et de partager mon humble expérience de maman bipolaire 🙂
Comment voulez-vous procéder ?
L. dit
Bonjour Mary,
Pour échanger, j’ai donné mon e-mail à la mariée en colère, écrivez-lui à la.mariee.en.colere@gmail.com en disant que vous répondez à mon commentaire sur cet article et elle vous le donnera. Merci beaucoup !
L. dit
Bonjour Mary,
Je suis bipolaire et actuellement enceinte de mon premier enfant. Ça serait formidable de pouvoir discuter avec une femme qui a vécu (et vit) ce que je vais vivre. Seriez-vous d’accord pour que nous échangions sur votre expérience de la maternité avec la maladie ? Si vous le voulez bien, j’ai donné mon contact à la mariée en colère, vous pouvez lui demander par e-mail (la.mariee.en.colere@gmail.com)
Ce qui me fait le plus peur, c’est la difficulté (l’impossibilité ?) à garder ma routine avec le bébé : horaires, sommeil, habitudes-repères, gestion de la fatigue, autant de facteurs dont je sais qu’ils me déstabilisent normalement. Comment avez-vous géré ça ? Quels autres impacts ont eu la maladie sur vos débuts comme maman, ou bien au contraire, qu’est-ce qui s’est finalement très bien passé (et est donc encourageant) ?
En tous les cas, ce que vous écrivez dans votre commentaire déjà est précieux, me rassure, et je vous remercie de l’avoir partagé 🙂
L.
L. dit
Oups ! J’avais fait un premier commentaire hier (le 9 novembre) et pour une raison inconnue je ne le voyais pas publié, alors j’en ai écrit un autre et maintenant il y a les deux ! J’ai été maladroite :/
Ficelle dit
Bonjour Madeleine,
Je suis dans une situation très similaire à la tienne et je me reconnais pleinement dans ton témoignage : je suis bipolaire, diagnostiquée et suivie depuis plusieurs années, maintenant sous lithium, et j’aimerais avoir mon premier bébé prochainement.
J’aimerais bien pouvoir échanger avec toi de façon privée car je pense que nous pouvons nous comprendre mutuellement. Si cela t’intéresse, j’ai laissé mon adresse email à la mariée en colère, tu peux lui demander.
En tous cas ne t’inquiète pas, je crois que l’élément essentiel pour élever un enfant heureux c’est l’amour qu’on lui porte. Le fait que tu te t’interroges sur ta capacité à bien l’accueillir est la preuve que ton bébé n’en manquera pas 🙂
Sonia dit
Bonjour
Il existe 2(!) Unités mères enfants à Paris qui peuvent vous aider pendant la grossesse ou apres la naissance de votre bebe. L’hôpital mère enfant de l’est parisien et celui du vesinet. Je vous dis ça car ils m’ont moi même énormément aidée à la naissance de ma fille. Je souffre de troubles de l’humeur. Bon courage.
Alice dit
Ma maman n’est pas bipolaire, mais a des périodes dépressives violentes. Quand j’étais petite, puis ado, elle piquait des crises en envoyant tout valser et en disant des choses qu’elle regrettait après. Les traitements ne faisaient pas effet ou empiraient les choses parfois. Ça ne m’a jamais empêchée de l’aimer, même si parfois c’était dur au quotidien. Elle a même été internée quand j’étais au collège.
Je retiens plusieurs choses :
1) si mon père n’avait pas été là, ça aurait sans doute été catastrophique. C’était lui qui était stable et gérait les crises, qui insistait pour qu’elle aille consulter ou prenne ses médicaments. Lui qui nous a géré quand elle a été internée.
2) ma mère ne nous disait rien à mon frère et moi. On avait très peu d’explications parce qu’elle avait honte, était pudique, voulait nous protéger. On était dans le flou. Du coup, je ne comprenais pas son comportement et je lui en voulait beaucoup parfois. Ou alors je comprenais que ça n’allait pas, mais je ne savais pas à quel point et c’était angoissant. J’ai vraiment compris seulement à l’âge adulte, en constatant les réactions d’une amie dépressive. J’ai alors pu lui pardonner son comportement. Mais ça fait tard. Il faut vraiment dire les choses et expliquer aux enfants : les « protéger » par le silence, ça fait plus de mal que de bien.
3) ma mère était capable de passer la journée avec nous (elle ne travaillait pas) sans saute d’humeur, mais elle s’effondrait en crise quand mon père rentrait. Elle a toujours eu la force de nous protéger comme ça. Mais du coup, je lui en voulais car je croyais qu’elle faisait du « cinéma » à mon père (alors qu’en fait elle prenait sur elle quand il n’était pas là). Ça aussi, ça m’aurait fait du bien qu’on me l’explique plus tôt au lieu de me dire que tout allait bien.
Au final, malgré les souvenirs de crises avec les objets qui volaient et les hurlements que j’essayais de couvrir pour que mon petit frère n’entende pas, je ne regrette pas du tout mon enfance. J’estime avoir été heureuse et avoir grandit sainement. J’aime ma maman et si c’était à refaire, je lui dirais qu’elle a fait une super maman !
Jennifer dit
Tout d’abord bravo pour ton témoignage. C’est déjà très bien d’avoir pris conscience que tu as un probleme, et de savoir analyser tes crises a posteriori.
Je pense que tu devrais en parler avec ton psychologue ou ton psychiatre, qui seront plus à même de te rassurer, même si à mon avis cela reste assez imprévisible.
(Ma propre mère est bipolaire et m’a fait vivre l’enfer pendant plus de 10 ans. Je comprends tes craintes.)
Lizou dit
Ne jamais rester seule, tu ne peux pas gérer ce côté de ta vie entièrement en secret, que le milieu professionnel ne le sache pas c’est une bonne chos. Mais des amis il en faut pour t’epauler dans ta vie, s’ils ne t’acceptent pas telle que tu es, c’est que ce ne sont pas de vrais amis ! Quand j’ai rencontré mon chéri il a joué cartes sur table et m’a raconté son passé tumultueux et pourtant je suis restée. Il m’a expliqué que son papa était « maniaco dépressif » sans réellement connaître cette maladie étant donné qu’il ne se soignes pas. Je suis aide-soignante et c’est moi qui l’ai aidé à mieux comprendre la maladie de son papa bien qu’il ait encore du mal à comprendre par moment ce côté exacerbation des sentiments (qu’ils soient positifs ou négatifs). Alors quand on aime on ne compte pas et en amitié c’est pareil, tes vrais amis te suivront et t’épauleront quand tu en auras besoin.
Bonne continuation.
Sophia dit
Bonjour Madeleine !
Ton témoignage me touche et je peux peut-être t’apporter un éclairage côté « enfant de bipolaire ».
Mon papa est bipolaire, et soyons honnêtes, la vie de famille n’a pas été tous les jours très sereine.
Je suis née quand il avait 28 ans. La maladie était déjà déclarée, mais il la maîtrisait moins qu’aujourd’hui après 30 ans d’expérience.
J’ai des souvenirs assez nets de situation « de crise » quand j’étais petite : je me souviens de lui se mettant à dire n’importe quoi et s’énervant contre ma mère, elle appelant l’hôpital, des infirmiers débarquant dans l’appartement pour l’emmener de force…
Je me souviens l’avoir vu tomber dans les escaliers et se faire très mal, je me souviens avoir fait demi-tour après 4h de route pendant les vacances parce qu’il avait oublié ses médicaments/son ordonnance, je me souviens avoir longtemps et souvent gardé ma petite soeur et mon petit frère quand il était hospitalisé pendant des mois et que ma mère allait le voir, tous les jours, inlassablement. Elle qui s’effondrait en larme dans la voiture en sortant, juste 5 min de larmes avant de repartir dans le tourbillon de la vie m’avait-elle dit. Je me souviens, quand j’étais plus grande, à partir de 15 ans, avoir eu le droit de franchir les portes du service de psychiatrie, et l’avoir vu amaigri, la barbe longue, et le discours pas très cohérent.
Quand j’étais ado, c’était très dur, il avait parfois des attitudes et des paroles pas très structurantes pour une ado, il faisait « monter la sauce » autant que moi ! Et puis à cette époque, je n’identifiais pas tous les contours de la maladie, quelles attitudes étaient du fait de la maladie ou du fait de sa personnalité.
Son roc, notre roc, c’est ma mère, elle a été là, tout le temps, sans fléchir (en tout cas pas devant nous). Ma mère a, au contraire de mon père, une humeur d’une stabilité déconcertante. C’est ce qui a fait l’équilibre familial je pense.
Et puis, quand j’ai grandi, mon père a aussi grandi avec sa maladie, il s’est mis à mieux la connaître, à anticiper les moments difficiles, à demander lui-même une hospitalisation. Et puis il a commencé aussi à nous expliquer. Et j’ai compris beaucoup de choses vers 18/20 ans, quand la période ado était finie, que j’avais un peu plus confiance en moi et que j’arrivais à prendre du recul sur des paroles blessantes qu’il pouvait avoir parfois.
Je ne te dis pas tout ça pour « plomber l’ambiance », mais parce que les moments difficiles sont une réalité qu’il ne faut pas nier.
MAIS, quoi qu’il se soit passé, c’est mon père, mon Papa, que j’aime de tout mon coeur, et qui a surtout des qualités immenses. La maladie n’enlève rien et a même certainement renforcé des liens. Et je suis bien contente d’être tombée dans cette famille. Bien contente qu’il ait pris la décision de faire des enfants avec ma mère et tellement reconnaissante envers elle d’avoir fait tenir tout ça ! Je crois qu’en dehors de tout ça nous sommes une famille complètement normale ! Oui j’ai du dire à des amis que mon père était bipolaire, mais je n’ai jamais eu honte, j’ai expliqué ce que c’était et les difficultés qui en découlaient. Et puis avant de savoir que mon père était bipolaire, mes amis savaient surtout qu’il était drôle, super sympa, extrêmement généreux et attentionné … Bref, il se définissait par autre chose !
L’avis que je peux te donner, c’est de bien t’entourer, de discuter avec ton conjoint, avec des amis choisis, avec la famille de tout ce qui peut se passer si crise, si hospitalisation. Il faut un socle solide pour construire une famille, encore plus quand cette maladie « s’invite ». Il faut que ton conjoint soit prêt à gérer les difficultés, à savoir quand éloigner les enfants (car ce sera peut-être nécessaire parfois)… Avec un bébé, il faut qu’il soit prêt à relayer beaucoup pour que tu dormes. Mes parents ont vraiment affronté ça ensemble. Ils allaient à une époque à des groupes de discussion tous les 2, à des conférences. Il fallait que ma mère connaisse la maladie aussi bien que mon père pour l’aider.
Tu as déjà l’air de bien te « connaître », d’anticiper beaucoup de choses, et je pense que c’est une très bonne chose. Ne pas nier les crises, mais les anticiper.
Et puis quand l’enfant est là, je crois qu’il faut parler, expliquer, même petit ! Mes parents auraient pu/du nous expliquer plus de choses quand nous étions petit ou ado. Mais ils tâtonnaient eux-même et la maladie n’était pas aussi bien connue/reconnue. J’aurais aimé que ma mère me dise « Papa n’est pas bien ce soir, il faut qu’il se repose, alors il vaut mieux que tu restes dans ta chambre tranquillement ». Souvent mon père s’excusait après nous avoir mal parlé et c’était profondément touchant. Avec lui j’ai appris le pardon, j’ai appris l’humilité …
Je suis maman depuis quelques mois et je ne peux que te souhaiter la même chose ! Ne t’interdis pas ce bonheur, mais prépare le comme tu es en train de le faire. Le fait que tu sois une femme change évidemment beaucoup de choses, à cause des traitements, mais les médecins sauront t’aider…
Quand tu dis « pour certaines femmes ça se passe bien, pour d’autres non », c’est pareil pour des femmes qui ne sont pas malades, beaucoup de couples se séparent, beaucoup de maman passent par des périodes très difficiles. On ne peut pas savoir comment on va réagir. Ce qui est difficile quand on est bipolaire (enfin ce que j’ai constaté), c’est qu’il est impossible de savoir ce qui vient de la maladie et ce qui vient d’autre chose.
Je t’embrasse, et te souhaite tout le bonheur que tu peux espérer !
Louloute dit
Bravo d’avoir écrit tout « ce pavé »… ça apporte une autre dimension au sujet et aux questions que se posent Madeleine…
Oui il faut tout expliquer aux enfants, je suis bien d’accord, même vraiment tout petits…
Catherine dit
tout est dit, la bipolarité est une maladie et non un trait de caractère. Il faut apprendre à vivre avec mais elle ne nous définit pas
Claire dit
Bonjour,
Je ne connais pas ta maladie. Mais moi même maman d’un charmant bébé de 9 mois mon expérience des nuits sans sommeil est assez récente. Je pense que si votre projet d’enfant est sérieux tu va peut être devoir te confier sur ta maladie et savoir t’entourer des bonnes personnes, savoir sur qui tu pourras compter pour te relayer quand ton ptit bout te rendras folle (et ça c’est toute les mamans même celle qui n’ont pas ton problème). Quand chouchou ne faisait pas ses nuits et que ma mourir à repris le travail j’appelais ma propre mère en pleurant pour qu’elle vienne m’aider. Surtout n’ai pas peur d’appeler à l’aide il vaut mieux le faire avant que les choses n’aillent trop loin. Bonne chance pour ton projet bébé.
Louloute dit
Bonjour,
Tout d’abord, félicitations pour ce témoignage. C’est bien de parler de la bipolarité. Alors, je suis partagée, mais je tiens à te laisser un commentaire… Ca m’interpelle quand tu dis que tu pourrais peut être t’emporter avec ton enfant, ça me fait peur même… je suis maman depuis quelques mois, je suis très fusionnelle avec ma fille, ses besoins passent avant les miens (bon pas physiquement, je sais me faire belle pour moi, pour mon mari etc). Mais je suis convaincue par l’éducation positive, bienveillante, je suis d’avis qu’un bébé ne sait faire que pleurer les premiers mois afin de nous alerter, de nous « parler » : j’ai faim, j’ai soif, j’ai envie d’un câlin etc etc. Les caprices n’existent pas ! Bref. Tout ça pour dire que déjà tu postes un témoignage, ce qui veut dire que tu te rends compte de tout ça. C’est un bon point. Je te conseillerais d’en parler, auprès d’amis proches, de famille proche. Un bébé c’est la meilleure chose qui me soit arrivée dans ma vie mais c’est également un bouleversement physique, mental et organisationnel lol. TOUT change. On ne pense plus à soi, à deux, on pense à 3. OUI on est fatiguée, OUI les nuits ne sont pas complètes, OUI c’est pas tout rose, c’est pas le pays des bisounours dans le couple au bout d’un moment. Mais ça se tasse, au bout d’un moment, l’enfant prend son rythme, le couple aussi, et puis les 3 ensemble. Dans mon entourage j’ai vu des couples galérés avec leurs bébés. Nous, nous avons décidé d’être en écoute totale avec notre enfant, de faire les choses DIFFEREMMENT des codes et tout roule. Tout ça pour te dire que TU ES CAPABLE d’y arriver si avoir un enfant est un désir profond (ne pas faire un enfant pour faire comme tout le monde !). Peut être qu’avoir ce bébé (s’il est désiré très fort) va t’apaiser, que tu auras envie de jouer, de le caliner, de le retrouver le soir, peut être n’aura tu pas envie de parler, d’être au calme comme tu le dis, mais peut être ton bébé dormira à ce moment là tu vois ? Ne reste pas seule, il faut que ton mari et tes proches soient près de toi. Parle en à une amie de confiance, ça va te libérer… si tu as besoin d’une oreille attentive, sache que je suis là, même si je ne connais pas du tout… (je travaille avec les enfants placés, je vois des choses atroces, c’est pourquoi je suis bienveillante et que je souhaite plus que tout que tu ne fasses en rien ce que tu décris dans ton dernier paragraphe… Bon courage !
Catherine dit
Bonjour, ton témoignage me touche en tant que maman d’une fille bipolaire qui doit avoir à peu près ton âge. Comme toi, elle a appris à d’abord accepter d’être malade, à vivre avec sa maladie, et à savoir maintenant la gérer. depuis moins d’un an elle ne prend plus de médicaments. La question des enfants la taraude. Elle ne s’en sent pas capable pour le moment. Mais est sûre d’en avoir un jour. Elle sait aussi que lorsque ce jour sera arrivé, si elle est excédée par ce petit bout, elle ne doit pas culpabiliser et en avoir honte, mais au contraire appeler à l’aide (chéri, famille, amis, toute personne en qui elle a confiance, professionnel de santé aussi). Le confier une journée, une semaine…. ou simplement déverser ses angoisses dans une oreille amie. Parce que bipolaire ou pas, nos rejetons nous épuisent toutes. Alors quand les émotions sont exacerbées, c’est normal que ce soit parfois un peu plus difficile.
Mais en parler sur ce forum montre que tu as déjà compris tout ça et que tu seras j’en suis sûre une super maman