L’accouchement de Julie ne s’est pas bien passé. Elle souhaite faire passer un message aux mamans qui vivraient également mal leur accouchement : parlez-en. Voici son témoignage.
{Témoignage} Mon accouchement : le pire et plus beau jour de ma vie
Je suis l’heureuse maman d’une petite Constance qui maintenant 2 ans et demi….. Je dirais que ma grossesse s’est passée sans (presque…) de problèmes.
Je suis à 9 mois de grossesse, rien, pas une contraction annonciatrice de la délivrance (parce que là croyez-moi le mot est bien choisi, en sachant que durant la dernière semaine je me suis sentie plus proche de la tortue bloquée sur le dos que du lièvre qui fait le 100M comme Usain Bolt !!!!)
Je disais donc, que nous sommes lundi, que les jours passent, je fais des aller-retours à l’hôpital tous les jours pour des contrôles, et je marche, et marche, et marche, etc….. sur les conseils des médecins et sages-femmes.
Enfin ! Le jeudi matin, les contractions arrivent, sont encore éloignées mais régulières. J’attends patiemment et vers 17h30 je commence à douiller (pour vous peindre le tableau, je suis quand même allée au rendez-vous avec le plaquiste à 17h00, on faisait des pauses toutes les 2 minutes pour les contractions et mon Cher et Tendre a fini par prendre le relais…)
1ère visite à l’hôpital à 20h00 : Madame rentrez chez vous, prenez un bain, 4h00 du matin je sors de la baignoire en me disant que là quand même on y retourne !
2éme visite : on me fait marcher tout autour de l’hôpital par 2 degrés (nous sommes en janvier), toujours rien, le col ne bouge pas, résultat on me garde, et le calvaire commence…
J’en suis à plus 15h de contractions sans effet, mais je dois prendre mon mal en patience, j’alterne entre marche et monitoring, et les heures passent…. la fatigue pointe le bout de son nom… je n’arrive plus à boire ou manger…
Début du vendredi après-midi, on décide de déclencher l’accouchement, je la fais courte : on m’a injecté tout ce qui devait exister sur le marché, mis un tampon, et j’en passe ….
Il est 19h, je commence à ne plus pouvoir gérer la douleur qui est devenue aléatoire et beaucoup plus forte du fait des essais de déclenchement. On me pose des électrodes qui diffusent du courant électrique dans mon dos pour limiter la propagation de la douleur, rien n’y fait !
22 h00, la sage-femme m’osculte, mon col est à peine à 2, elle me demande si je veux vraiment accoucher (question à la c…. !!!) et me fait un dernier décollement, d’une violence sans pareil, et là je perds pied, j’ai l’impression que mon esprit sort de mon corps et que ma fille et moi allons mourir là, sans que je puisse rien faire pour nous sauver : résultat mon conjoint, d’un calme pourtant olympien et assez timide, s’énerve comme jamais et voit le chef de service.
23h je passe en salle de travail, mais je dois attendre (encore….) une heure avant d’avoir la péridurale, 00h00 c’est chose faite, et enfin le col s’ouvre, 4 h00 je perds les eaux.
8h00 : le moment est enfin venu, je ne sais si je pourrai mais je ferai au mieux, et après une épisiotomie, à 8h51 elle est là, magnifique, parfaite, posée sur moi… Mais voilà, je ne l’ai que depuis 10 secondes et on me la retire, et elle sort en urgence avec son père, je ne comprends pas, le cauchemar continue….
La sage-femme me dit que je fais une double hémorragie et qu’il ne peuvent pas attendre, que je ne pourrai pas voir mon bébé, et qu’il ne peuvent pas remettre la péridurale pour m’éviter les douleurs, alors une nouvelle fois je subis et ne contrôle rien (je vous passerai les détails …)
Et là, j’ai compris quelque chose, je suis allée au bout des mes limites, j’ai touché un point psychologique de non-retour, j’ai la sensation d’avoir été torturée pendant toutes ces heures qu’il m’a fallu pour mettre mon enfant au monde, et oui le mot est fort, mais il est juste….
A celles qui on vécu ou vivront peut-être cela, parlez sans attendre, faite-vous aider, criez votre douleur physique et morale, faite-le pour vous, pour votre enfant, votre couple….
Ce n’est pas parce-que la nature nous a donné le pouvoir de donner la vie, que cela doit nous obliger à tous subir sans dire mot !
Je ne l’ai pas fait et le regrette amèrement aujourd’hui, le souvenir de mon accouchement me hante souvent, le souvenir de la douleur et la peur …
Et à celles qui pensent que parce qu’elles ont mis un enfant au monde, elles ont le droit de nous dire « on oublie » et bien non, vous vous trompez ! Je ne suis pas vous mais vous n’êtes pas moi…
Mais je veux dire également que c’est ma fille qui m’a sauvée, elle n’a pas flanché, elle est restée forte tout le long, son cœur a tenu, et chacun de ses sourires aujourd’hui me rappelle à quel point cela en valait la peine…
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AC dit
Ma réaction arrive tard mais votre témoignage résonne fort en moi car j’ai vécu une expérience similaire il y a 4 mois pour la naissance de ma fille. Une grossesse merveilleuse mais à 4 jours du terme, aucun signe annonciateur… Lors du mon dernier rendez-vous, l’hôpital m’avait donné cette limite pour les contacter et je suis entrée dans un engrenage infernal…1er rendez-vous (monito, écho, TV…) : le liquide amniotique est limite… je dois revenir le lendemain… Nous arrivons samedi et à nouveau monito, écho, TV…la puce n’aime pas et repousse la sonde; suspicion de problème cardiaque. Je suis la veille de mon terme. Mon gynéco arrive et entre 2 portes en quelques secondes, il nous dit qu’il faut déclencher. J’ai peur pour ma fille, j’ai fait une fausse couche juste avant cette grossesse, j’accepte…je ne quitterai plus l’hôpital. Le lendemain à 7h on me pose un gel sur un col défavorable (mais ça personne ne me l’a expliqué) et la séance de torture commence…Il faut savoir que je souffre de tokophobie et que j’ai failli ne pas fonder de famille à cause de ma peur d’accoucher. J’ai fait un long travail de préparation avec plusieurs professionnels pendant la grossesse. Les contractions commencent mais c’est gérable. A 17h, la sage-femme me dit que rien n’a bougé et que je ne veux pas accoucher alors que je suis en larmes. Ses mots résonnent encore en moi… La douleur devient insupportable mais je n’ai droit qu’à du spasfon (protocole hospitalier oblige). La sage-femme de nuit est douce et essaie de me rassurer. Pourtant, ne sachant plus quoi faire, elle réalise un décollement des membranes à mon insu lors d’un TV. La douleur est fulgurante et je n’ai toujours pas droit à la péridurale, je suis à 2,5. Il est 5h du matin. Mon mari revient et j’ai sangloté de douleur dans ses bras. Ma pire terreur se réalise. La nouvelle sage-femme arrive à 8h, tout sourire et me dit qu’on va me remettre une dose de gel et là je dis enfin NON. Mais elle m’a entendue, je lui ai que je n’en pouvais plus et elle a fait en sorte qu’on m’emmène en salle de naissance. 27h après le début des contractions, j’ai enfin le droit d’être soulagée. Et cette sage-femme a eu des mots dont je me souviendrai toute ma vie quand je l’ai remerciée : « je vous traite comme j’aimerais être traitée dans votre situation ». Avec la péridurale, tout est bien allé mais ils ont passé 10h à faire en sorte que mon col s’ouvre (produits, manipulation), ils envisageaient la césarienne. J’ai eu beaucoup de chance car tout s’est magnifiquement bien terminé, j’ai pu mettre ma fille au monde sans séquelles. je pense que quelque part, j’avais un ange gardien. Mais il fallait que mon col s’ouvre de gré ou de force, que je souffre, que j’ai peur ne comptait pas. Seul compte le protocole. Je n’ai jamais eu peur de mourir mais j’en ai eu envie. J’avais tellement mal que j’avais oublié que j’avais mon bébé en moi et je m’en veux encore. Mais comme vous ma puce n’a jamais flanché et se porte comme un charme. je ne pourrais pas oublié mais je voulais vous témoigner toute ma compassion et mon empathie car je comprends.
SOnia Danse prénatale dit
Merci pour ce témoignage magnifique et poignant. Je comprends tout à fait ces sentiments. J’ai eu les mêmes lors de mon 1 er accouchement. Je ne souhaitais pas de péridurale , je souhaitais pouvoir bouger , danser ( car c’est mon métier) et ça m’aidait vraiment à gérer la douleur. Arrivée à l’hôpital, Le personnel m’a cloué dans un lit, puis venait me demander toutes les 30 minutes si je voulais une péridurale . Mon homme et moi étions seul face à la douleur… J’ai abdiqué au bout de 16 heures de douleur et d’épuisement . Puis il a fallu encore 6 heures d’attente dont 2 heures intenses pour l’expulsion… Quand il est né , mon bébé était épuisé et en insuffisance respiratoire,… Ils l’ont emmené sans nous dire ce qui se passait , nous sommes restés seuls mon homme et moi apeurés pendant plusieurs minutes qui nous ont parues une éternité… ET puis mon petit Gahbriel est revenu et va très bien aujourd’hui . Pour mon 2 ème accouchement , nous avons choisi un accompagnement avec une même sage femme pendant la grossesse et l’accouchement dans une salle nature , Lyahm est né 1 h15 après notre arrivée à la maternité. Ce fût intense et respectueux .
Bravo à toutes les mamans du monde !!!!!
Sonia Danse prénatale
Lili dit
Comme je te comprends, j’ai vécu le même calvaire pour la naissance de ma fille il y a 3 ans, avec plein de complications et un personnel soignant peu humain et bienveillant. J’ai fait une très grosse dépression derrière et il m’a fallu deux ans de thérapie pour comprendre que comme toi je n’aurais pas du me laisser faire, que j’aurais du leur demander plus de respect, que j’aurais du parler de mon mal-être et de mes cauchemars plus tôt…
Je te comprends aussi dans le fait de répondre aux gens que non on n’oublie rien mais ma princesse me rappelle chaque jour que ce jour d’enfer a quand même valu le coup d’être vécu car elle embellit notre vie chaque jour un peu plus.
Un procès plus tard, j’ai réussi à tourner la page et à me pardonner mais ils nous ont volé à jamais ce qui aurait du être une merveilleuse journée.
Azylis dit
Visiblement il y a eu un souci au niveau du personnel. Si tu as commencé à pousser à 8h et qu’elle est née à 8h50, il y a un gros souci. Normalement c’est 30 min max…
Melinda dit
Et si on dépasse 30 minutes ? On part en césarienne ? D’où vient cette limite ?
Julie, je suis vraiment désolée de lire cette histoire, et toute la souffrance qui a été la tienne. C’est dur d’imaginer que certaines vivent une véritable torture pendant leur accouchement.
indoleanie dit
Au bout de 30 min (mais ca peut etre un peu plus si le rythme cardiaque du bebe est ok) c’est ventouse ou forceps puis si echec cesarienne en extreme urgence.
Par contre devant cette stagnation, peut etre ils auraient pu te proposer une cesarienne dans de bonnes conditions plutot que favoriser une voie basse a tout prix apres de heures de travail et des efforts expulsifs inefficaces, ça aurait probablement evité l’hemorragie. Apres je sais que ce n’est jamais des decisions faciles a prendre par lequipe medicale.
Cline dit
Pour ma part le travail a duré 80 min en salle d’accouchement donc bien plus que ces 30 min… avant épisio et forceps ; au total 26h entre le moment où je suis arrivée à la mater (ils ont voulu me garder, col ouvert à 2 et contractions régulières) (environ 6h de contractions régulières avant de me présenter).
Après j’ai de la chance, mis à part la grande fatigue dûe à l’attente avant de pousser, et l’épisio, je n’ai pas fait d’hémorragie pour ma part.