A cause de soucis médicaux, Céline et son chéri ont du retenir leur sexualité pendant 11 mois, puis réapprendre à se connaître. Voici son témoignage.
{Témoignage} Il m’a fallu du temps pour que je réapprenne la sexualité après ma grossesse
Bonjour, Alors pour me présenter on va dire que je m’appelle Céline et que j’ai 28 ans. Je suis avec Emmanuel depuis 2009. Nous nous sommes mariés en 2015 et je suis tombée enceinte 6 mois plus tard, en novembre 2015. Nous avons toujours été un couple très épanoui sexuellement. Nous avions des rapports (en moyenne) quotidien et cela depuis près de 7 ans. Le sexe était très important pour nous et adorions y consacrer du temps. Par exemple le samedi soir, même si nous sortions, nous nous arrangions toujours pour rentrer assez tôt et se consacrer du temps l’un à l’autre pour ça. Seulement, dès le début de ma grossesse, les petits ennuis se sont enchaînés… D’abords des nausées qui étaient carabinées. Une moyenne de 6-7 fois par jour à finir la tête dans la cuvette des toilettes… J’étais extrêmement fatiguée et je ne m’endormais plus après 21h le soir. Cela déjà freiné sérieusement notre libido
Ensuite pendant le deuxième et troisième mois de grossesse, même si mon esprit n’y était plus autant, nous continuions d’avoir des rapports assez régulièrement mais pour moi cela devenait douloureux. J’en avais parlé à mon gynéco mais il ne voyait pas d’où cela pouvait venir et mettait cela sur le compte de l’aspect psychologique. Un matin pendant mon 3eme mois de grossesse je me suis réveillée avec des douleurs atroces dans le bas du ventre. J’avais l’impression que ma vessie allait exploser. Je n’arrivais pas à faire pipi et pourtant dès que je me mettais debout, impossible de me retenir. Je ne comprenais absolument pas ce qui se passait. Je suis allée aux urgences car la douleur devenait vraiment vive. Arrivée là-bas ils n’ont pas pris la mesure de ce qui se passait et m’ont laissé patienter 3h en pensant à une infection urinaire. J’ai eu de plus en plus mal et les contractions ont commencés… On m’a placé en salle d’attente pré-accouchement auprès d’une femme qui était à son terme et qui faisait des exercices avec le gros ballon. Je me souviens que la douleur me faisait hurler et que cette même personne commençait sérieusement à stresser de m’avoir près d’elle. Quand les docs ont pris la mesure de ce qui se passait, cela faisait une heure que j’avais des contractions douloureuses. Ils ont fini par me donner quelque chose pour ralentir les contractions et admettre que je n’en rajoutais pas et me recevoir enfin. Aucune infection urinaire mais un utérus rétroversé. Ce n’est rien, mais je ne le savais pas. Ce qui fait que j’attendais comme tout le monde que ma vessie soit pleine pour aller la vider. En fait un utérus rétroversé, c’est un utérus « à l’envers ». C’est à dire que ce qui s’est passé, c’est que mon utérus a comprimé mon urètre au point de le plier en deux. Le petit canal était plié et il m’était impossible d’évacuer quoi que ce soit. Ils ont fini par le poser une sonde et me permettre de vider ma vessie. Il n’y avait rien de très grave en soit, mais les contractions pendant autant de temps et si tôt dans une grossesse, ne sont pas sans conséquence.
Cela a été un traumatisme tout de même. Ce jour-là on m’a expliqué que les douleurs pendant les rapports n’étaient peut-être pas que dans ma tête et peut être bel et bien dû à mon utérus qui était mal positionné.
Je suis rentrée chez moi et nous avons décidé d’attendre la fin du 1 semestre où mon utérus était censé « remonter » pour recommencer à avoir une intimité. Au début du 4eme mois cela était parfait ! Plus de nausées, de douleurs, ect. Je me sentais bien dans mon corps. Cela a été de courte durée à environs 4 mois et demi de grossesse, pendant un contrôle mensuel avec mon gynéco, celui-ci m’apprend qu’il y a un problème… Mon bébé est descendu, il est en position pour sortir, mon col est raccourci de moitié. Tout se passe naturellement mais beaucoup trop tôt. Je me souviendrai toute ma vie de ce moment de flottement où j’avais la tête au bord de l’explosion et où je ne comprenais pas ce qui m’arrivais… Je lui demande si je vais donc être hospitalisé et je me souviens de l’intonation précise de sa voix, pleine de gêne quand il m’a répondu « mais Madame, à ce stade cela ne sert à rien… On ne déclencherait pas les machines… ».
Il était si tôt que mon bébé ne pouvait naître en vie si le processus qui s’était mis en place continuait. Il m’a mis en arrêt et je suis rentrée chez moi avec pour consigne de m’allonger (« pas assise, allongée ») et de ne plus bouger pour tenir le plus longtemps possible. Même si à ce moment je n’y pensais pas une seconde il m’a précisé qu’il ne fallait dans mon cas, ne pratiquer aucune sexualité d’aucune sorte car cela pourrait avoir une incidence pour le bébé. Alors nous avons repassé 3 autres longs mois à juste se câliner. J’ai réussi à tenir jusqu’à 34SA+5jours. Je n’en pouvais plus et un matin où je me suis levée pour passer du lit au canapé, j’ai perdu les eaux. Les consignes que j’avais étaient de me rendre le plus vite possible à la maternité car ce processus mis en place depuis déjà longtemps laissé présager un accouchement rapide, et estimé sous 45 mns après perte des eaux. J’ai écouté mon corps. De toute façon j’habite à 50 mns de la maternité la plus proche. J’ai pris mon temps, j’ai essayé d’être sereine et je me suis préparé avec Emmanuel à me rendre à la maternité. Notre petit chat nous a rejoint quelques heures plus tard en excellente santé. Il était préma léger mais n’a eu besoin d’aucune machine, ni de berceau chauffant ou autre. Je crois que c’est là la plus grande fierté de ma vie. Comme si ce bébé je l’avais sauvé toute seule…
Nous sommes restés tout de même 10 jours à la maternité et nous sommes rentrés.
Avec Emmanuel à cette période, cela faisait déjà près de 6 mois que nous n’avions plus de rapports sexuels, dont 4 mois avec interdiction médicale. C’était sans compter sur un oubli de placenta qui m’a fait saigner jusqu’à mi-octobre 2016, soit encore 4 mois après mon accouchement.
Tous mes soucis gynécologiques n’ont pu être résolu qu’à partir de là. Ce qui fait en tout un total de 11 mois où nous n’avons pas pu avoir l’intimité que nous aurions souhaités, même si pour moi je ne souhaitais pas grand-chose à ce moment-là !
Passée toute cette période, il a fallu se rendre à l’évidence et forcé de constater que de mon côté ma libido s’était complètement éteinte.
C’était presque de l’ordre du traumatisme. Je ne saurais l’expliquer mais c’est comme si toutes ces parties de mon corps qui jadis étaient assimilés au plaisir, étaient pour moi aujourd’hui, juste un outil à la procréation. Et qui plus est, un outil défectueux chez moi !
J’ai eu énormément de mal à avoir envie à nouveau de cette intimité avec mon mari. Pour être honnête je me sentais complétement frigide. Quand je fermais les yeux je ne pensais qu’à mon bébé, je n’avais pas la tête à « ça ». Et puis j’ai commencé à réfléchir et à angoisser. J’ai réalisé la patience dont avait fait preuve mon mari. Cela faisait près d’un an que nous ne faisions plus l’amour. Principalement car nous n’en avions pas le « droit » mais maintenant rien ne nous empêchait de le faire excepté ma tête.
J’ai réalisé que j’étais en train de briser mon mariage, surtout qu’à cet époque nous n’avions que 27 et 28 ans. Il faut être honnête avec soi-même, et même si mon mari n’est pas « un chien » à quémander des câlins, il n’en reste pas moins que cela est important dans une vie de couple et que nous allions droit dans le mur. Mon mari qui avait été très patient s’était contenté de me câliner pendant une année avait envie d’autre chose, de normalité et cela se sentait.
Pour reprendre une activité « normale » le premier soir j’ai mis mon fils en garde. Je ne voulais pas que mon esprit s’égare à se demander s’il allait se réveiller, s’il respirait bien, ect. Il fallait que je délègue pour ce soir-là. Je ne vous mentirais pas en vous disant que cela a été génial dès la reprise. Il m’a fallu du temps pour que je réapprenne la sexualité. Il a fallu surtout accepter le fait que mes sensations n’étaient plus les mêmes et que les choses étaient différentes. Qu’il fallait reprendre tout depuis le début et réapprendre à découvrir mon corps. J’ai eu la chance de perdre mes kilos de grossesse très et vite et je n’ose imaginer si le paramètre « je me sens dégueulasse dans mon corps » avait été également en place à ce moment-là…
J’ai donc pris mon temps et je me suis écoutée. Nous avons recommencé progressivement et il m’a fallu réapprendre la notion de plaisir. J’ai également utilisé deux contraceptifs car je sais qu’au fond de moi ce qui me bloquait énormément c’était la peur de retomber enceinte. J’aimerai avoir un autre enfant un jour, mais je voudrais prendre le temps de me remettre de cette première grossesse chaotique.
Cette période m’a permis de prendre conscience de l’amour que mon mari pouvait me porter. Il m’a énormément surpris par sa patience, son soutien et ses efforts pour me comprendre. Aujourd’hui c’est beaucoup mieux. Ce n’est pas comme avant la grossesse. Cette période délurée, où les plaisirs charnels étaient rois, est derrière nous. Nous sommes devenus parents et nous faisons l’amour comme des parents je crois… lol. Je sais que cela reviendra, mais qu’il me faudra du temps. Donc je laisse le temps au temps et je ne me mets plus de pression. Si mon témoignage pouvait redonner de l’espoir à ne serait-ce qu’une maman cela me comblerait. Les expériences sont aussi faites pour être partagées. Celle-ci n’est pas des plus gaie, mais il en émane de l’espoir. Réaliser que son mari nous aime au point de se contenter de nous tenir la main pendant près d’un an a été très important pour moi. Je crois que cela m’a permis de réaliser qu’il m’aime encore plus que ce que j’aurais pu penser. Il faut accepter que plus rien n’est comme avant, même à ce niveau-là et que même si ce n’est plus pareil, cela ne signifie pas que c’est moins bien pour autant. C’est juste différent.
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Fugazi dit
Merci pour cet article 😚😚😚😚
Je suis actuellement dans mon 9eme mois de grossesse et, avec mon mari nous avons eu 2 rapports sexuel depuis le début, et deux rapports qui ont été douloureux pour moi…
J’étais totalement déprimée de cette non sexualité, mais j’ai eu une longue discussion avec ma cousine qui est dans un couple lesbien, elles ont eu un bébé il y a bientôt 1 an, et elles aussi ont des soucis dans leur sexualité. Je mettais tous mes problemes sur la « penetration » et je me suis aperçu que si même un couple homo peut être déstabilisé dans sa sexualité avec une grossesse, c’est que finalement j’y suis pour rien et que l’amour que mon mari et moi on se porte est plus fort que tout et que nous allons survivre à ça.
Et comme ma cousine me l’a dit » c’est quoi 1 an dans une vie de couple qui va durer 50 ans ? »
b dit
Je me retrouve tellement dans certains commentaires. 2 grossesses rapprochées avec aucune libido pendant… je faisais l’amour avec mon mari toutes les 3 semaines parce qu’il n’en pouvait plus le pauvre . c’est là qu’on voit l’amour qu’ils nous portent
Ségolène dit
J’ai pleuré de vous lire !
Je vais écrire mon prochain article sur l’allaitement mais j’aurais très bien pu en écrire un sur la sexualité ressemblant au vôtre.
Ce n’est pas tant lors de la grossesse le problème, hormis pendant le second trimestre et le début du troisième où j’ai été alitée puis devais faire attention donc j’avais trop peur.
Le premier trimestre j’aurais passé mon temps à sauter sur mon mari avec les hormones lol et on s’est retrouvés au dernier trimestre. Pour tout dire c’est mon mari qui avait moins envie ce qui me désarçonnait.
Par contre ma fille a 11 semaines et aucun rapport avec pénétration depuis sa naissance. On a eu quelques moments intimes mais je suis paralysée par la peur. Peur d’avoir mal car la cicatrisation de mes lèvres a été longue et c’est encore sensible, peur des sensations qui seront différentes du coup peur de devoir réapprendre à me connaître, peur d’être enceinte même si pma pour notre fée.
C’est couillon mais je me sens moins seule en vous lisant, merci !
Biscotte dit
Bonjour.
Je n’ai pas connu de soucis de santé pendant ma grossesse mais une chute de libido énorme, au 36e dessous. Et ce pendant toute la grossesse. Je ne sais pas pourquoi… Je me sentais bien mais pourtant… Est-ce dû au fait que cela soit un bébé PMA et donc une pré-grossesse très spéciale ? Aucune idée.
Au final nous n’avons fait l’amour que deux fois (la même semaine, au cours du 6e mois) et nous n’avons repris que 7 / 8 semaines après l’accouchement (pour raisons de cicatrisation uniquement, je n’ai pas connu l’aspect « plus mère que femme » je n’ai jamais été fusionnelle avec ma fille, tout en l’aimant de tout mon coeur bien sûr, mais sans aucun souci pour la confier dès ses 12 jours de vie par exemple) donc environ 11 mois aussi sans sexualité, bien que cela ait été pour des raisons bien moins dramatiques que les vôtres.
Comme vous je réalise à quel point mon mari m’aime pour avoir supporté cela sans broncher lol. Je lui proposais de m’occuper de lui, car cela ça pouvait passer sans souci pour moi, mais il allait jusqu’à refuser (sauf deux ou trois fois) car il me disait « si tu n’as rien, je n’ai rien non plus, je ne veux pas profiter égoïstement tout seul. »
Notre fille va avoir deux ans dans quelques jours et nous avons tout juste lancé les essais bébé 2 il y a un mois et demi environ. Avec une sexualité qui est revenue exactement « comme avant » en termes de qualité (voire mieux) environ 9 mois après l’accouchement. Un peu moins en quantité mais je pense que c’est dû à la fatigue plus qu’à autre chose, ou à notre « vieillissement » en âge (40 et 33 ans) ou en âge de couple (nous avons dépassé les fameux 7 ans maintenant) ; et puis plusieurs fois par semaine en moyenne cela reste « correct » lol.