Il y a quelques mois, Miocène a dû affronter le deuil périnatal. Voici ses conseils sur comment se comporter avec des parents venant de perdre leur enfant.
{Témoignage} Comment devrait réagir l’entourage face au deuil périnatal ?
Après mes deux témoignage (MERCI et DEUIL PÉRINATAL, LES CHOSES À NE PAS DIRE) voici la suite.
Mon fils aurait maintenant 5 mois, presque 6. Son absence est difficile à supporter encore maintenant, mais durant ces 5 mois, je n’ai pas été seule.
Mon mari (sans qui je ne serais tout simplement plus là), l’équipe médicale, ma mère, ma belle-famille, ma sage-femme, certains amis très proches et d’autres moins proches, des collègues, le groupe de rééducation périnatale, ma psy, certains clients et d’autres encore… Ils ont su trouver les mots, le geste qui réconforte et ça fait chaud au coeur. Jamais je ne pourrais assez les remercier.
Par mon témoignage, j’espère pouvoir vous aider à accompagner vos proches s’ils vivent un pareil deuil, vous donner des idées… Il est loin d’être exhaustif. Au final tout ce qui sera fait avec votre coeur, fera du bien !
Quelques règles simples si quelqu’un dans votre entourage vit un deuil périnatal :
– laisser le choix, ne pas s’imposer
– être présent pour la personne, le dire, le montrer et cela dans la durée, être à l’écoute sans jugement
– nommer l’enfant
– ne pas parler de vous… Vous avez surement vous aussi vécu des choses difficiles mais cela n’aidera pas. Soyez juste à l’écoute. Il sera temps plus tard, dans quelques mois de parler de votre vécu, d’échanger sur votre expérience.
– prendre le temps de réfléchir avant de dire quelque chose… oui pendant un temps, il faudra prendre des “pincettes”
Les fleurs, les mots, les cartes etc…
Ma belle-mère a été la première à nous envoyer des fleurs. Des tournesols magnifiques. J’ai beaucoup aimé ce qu’elle nous a dit : ”pour une naissance, on envoie des fleurs et c’est avant tout une naissance”. J’ai été tellement touchée par ces mots et par ces magnifiques fleurs.
D’autres personnes nous ont envoyé des fleurs. Ce que j’ai aimé le plus ? Les fleurs colorées et joyeuses. Tous les bouquets étaient à la maison, cela apportait tout simplement du beau, et ça faisait du bien.
J’ai beaucoup apprécié de recevoir des messages/SMS/emails plutôt que des appels (non prévus). Je subissais complètement les appels. J’ai même très rarement répondu. Lorsque je recevais des messages, je pouvais les lire et y répondre lorsque c’était le bon moment pour moi sans sentir de pression. J’avais un certains contrôle.
De plus, l’avantage des messages c’est que l’on peut les relire. Et encore maintenant ! Cela me fait du bien. Cela me permet de me sentir entourée même lorsque je suis seule.
Sinon, comme pour les visites, j’aimais avoir des rendez-vous téléphoniques. Je savais à quelle heure j’allais avoir un appel, je m’y préparais et m’organisais en fonction.
Nous avions fait le choix d’envoyer un faire-part de décès/naissance à notre entourage même très élargit. J’ai énormément apprécié recevoir des retours. J’ai gardé toutes les cartes et messages. J’étais touchée à chaque fois.
Je dois dire que parmis toutes ces cartes, une personne m’a écrit le mot qui m’a fait le plus de bien. J’ai lu, relu et re-relu cette carte. Ces mots ont été d’un grand réconfort : “Je ne peux pas savoir ce que tu vis en ce moment, mais j’ai une certitude, Oscar a senti tout l’amour que vous lui avez donné et tout l’amour que vous étiez prêts à lui donner”.
Offrir du temps
Une collègue m’a écrit plusieurs beaux messages, mais un jour elle m’a énormément touchée en me disant qu’elle avait 2 journées de libres (chose exceptionnelle vu son travail) et elle s’est mise à ma disposition. Nous avons mangé ensemble, parlé, pleuré, rigolé. Nous avons visité une roserai, c’était magnifique et cela m’a offert un moment de répi dans mon chagrin. De quoi me donner un peu d’énergie.
Ce que j’ai aimé c’est le temps qu’elle m’a consacré, le fait qu’elle m’a laissé la possibilité aussi de refuser sans que cela soit un problème, elle m’a aussi laissé le choix des activités (parler ou non etc…) mais elle a proposé les activités (je n’avais pas d’énergie et pas la tête pour y réfléchir).
Mais elle ne s’est pas arrêtée là. Elle a continué à prendre de mes nouvelles, à me montrer qu’elle était là pour moi. Elle m’a proposé plusieurs rendez-vous, sorties et moments de pause. Pour moi, c’est une évidence qu’elle est une amie plus qu’une collègue.
Une autre amie est venue me voir souvent. Elle m’a aidée à me projeter dans l’avenir en m’aidant à faire le point sur mon activité professionnelle, sans jugement et en faisant preuve d’une grande écoute et douceur. Nous sommes souvent allées marcher en forêt ou en montagne. Seule c’était trop déprimant pour moi, mais avec elle c’était une bouffée d’oxygène.
Mes meilleurs amies sont venues pour passer un week-end. Elles sont très occupées, vivent loin, même très loin de nous, elles n’ont pas d’argent et pourtant elles sont venues nous voir. Nous serrer dans leurs bras, c’était beau.
Plusieurs personnes sont venues me rendre visite, mais au bout d’un mois, il n’y avait déjà plus grand monde… Or le chagrin est toujours là… Je sais que ce n’est pas facile de voir, entendre quelqu’un qui vit un tel drame. Oui pendant un temps, vos problèmes vont passer au second plan. Mais en étant là malgré tout, vous allez surement aider la personne à aller mieux. Des amis sont venus me voir régulièrement pendant ces 5 derniers mois… de quoi faire de mes journées aussi de bons moments. Et maintenant je suis suffisamment bien pour être là pour eux aussi.
Offrir un moment de pause
Une collègue nous a prêté son appartement de vacances en montagnes (à 1h de chez nous). Nous avons pu nous retrouver en dehors de notre appartement, dans un paysage magnifique. Nous retrouver à deux après cette épreuve nous a fait un bien fou.
Une amie m’a offert une séance de technique Alexander, pour me faire du bien. Mais cela aurait aussi fonctionné pour une séance de sport, une séance de yoga, de relaxation, un cours de cuisine, une activité créative etc… à vous de voir, dans quoi vous êtes à l’aise.
Offrir un objet
Des parents d’élèves m’ont offert une sculpture. Cette sculpture est très belle et représentative de la douleur et de la douceur que l’on ressent en pensant à notre fils. C’est notre petit mémorial. Willow Tree “Angel of Mine”
Ma petite nièce de 5 ans a décoré une bougie qu’elle nous a offerte. En plus de permettre à l’enfant de s’exprimer sur le décès de son cousin, cela nous a beaucoup touché. La bougie est à côté de la sculpture.
Des amis nous ont envoyé plusieurs paquets. Dedans, du chocolat, des douceurs, des crèmes pour le corps (pour se faire du bien), des livres etc… Oui ca parait futile mais quel beau geste… et puis même futile, une bonne tablette de chocolat fait du bien !!!
Je n’en ai pas reçu, mais je sais que cela m’aurais fait plaisir si j’en avais reçu un : un cahier de deuil. Il s’agit de cahier d’écriture pour se rappeler de la personne que l’on a perdu. Il en existe (en anglais) sur le deuil périnatal. Cela permet de guider l’écriture. Car écrire, cela peut aider, mais sans être guidé cela peut être compliqué.
Ma belle-mère m’a offert un petit ange en céramique de 1 cm. Il est toujours avec moi dans mon porte feuille. Il m’apporte réconfort quand je suis à l’extérieur.
Offrir de l’aide en fonction de vos capacités
Ma mère m’a aidé à rédiger le faire part de décès/naissance. Elle m’a aidé à trouver les mots. Elle nous a fait la cuisine pendant les premiers jours. Elle nous a aidé à faire les courses, à faire le ménage etc… Nous n’avions pas la force pour cela, se laisser mourir de faim ne nous aurait pas aidé non plus. Elle m’a aidé à coudre un petit doudou pour mon fils avant d’être incinéré. Elle nous a aidé à ranger la chambre que nous avions préparé pour Oscar. A faire le tri, entre ce que l’on voulait garder pour un petit frère ou une petite soeur et ce que l’on a préféré donner pour des familles dans le besoin.
Une amie m’a aidé à finir de coudre la couverture que j’avais commencé pour mon fils.
Une amie, toujours élégante m’a conseillée pour me racheter des vêtements (j’avais perdu 16kg par rapport à avant ma grossesse). Elle m’a conseillée car j’étais complètement perdue avec mon nouveau corps. Elle m’a permis de me trouver belle, de me mettre en valeur. En plus, ca faisait aussi du bien à mon mari de me trouver belle et séduisante.
Une autre amie, m’a aidé pour remplir mes dossiers administratifs en vue d’obtenir mon congé de maternité. Elle m’a accompagnée lors d’une rencontre avec l’administration (toutes les démarches se font en allemand et suisse allemand). Seule j’aurai complètement laissé tomber…
N’hésitez pas à demander si vous pouvez faire quelque chose, si la personne a besoin de quelque chose. N’hésitez pas à proposer. Même si la personne dit non, ce n’est pas grave. En plus, peut être qu’elle changera d’avis plus tard.
Ce que vous pouvez faire au nom de l’enfant ou de la famille
Une amie avait commencé à tricoter une couverture pour notre fils. Mais après son décès, elle a finit la couverture, puis à tricoter dans la même laine un petit carré de 5cm sur 5 cm. Elle a donné le tout au service de maternité de sa ville.
En effet, lorsque j’ai accouché, je n’avais rien pour mon fils. Mais l’hôpital nous a fourni des vêtements ainsi qu’une petite couverture en laine pour Oscar ainsi qu’un petit carré en laine pour nous. J’ai toujours avec moi le petit carré de 5 cm fait de la même laine. Le premier mois, je le serrais continuellement.
J’ai été touchée de savoir qu’un objet fait pour Oscar allait apporter du réconfort à une autre famille en deuil.
Renseignez-vous, il y a surement des associations qui organisent des choses (chaussons, couverture, photos etc…)
Un don pour une association d’aide au deuil périnatal.
Très rapidement je me suis tournée vers ce genre d’association, pour savoir quoi faire, ou pour trouver du soutien ou des informations sur mes droits (notamment par rapport à mon travail). Or ce genre d’association a besoin de moyen pour pouvoir agir, former le personnel soignant, organiser des rencontres, etc…
Voilà, ce que vous pouvez faire si quelqu’un dans votre entourage doit affronter la terrible épreuve du deuil périnatal.
Vous souhaitez publier votre histoire sur le blog ? Déposez votre témoignage mariage ou témoignage maternité ici.
Hélène dit
Merci pour votre joli témoignage et surtout, pour vos précieux conseils.
Ce n’est jamais vraiment facile de savoir quoi dire, quoi faire lorsque le pire arrive. Et j’aurai aimé pouvoir piocher quelques bonnes idées, il y a qualques mois…
Bon courage pour la suite, le meilleur reste à venir.
miocene dit
il n’est jamais trop tard !! je suis sûre que la personne appréciera même plusieurs mois après. ET vous pouvez aussi aller voir la personne et lui dire que vous ne saviez pas comment réagir et que vous auriez aimé savoir quoi faire pour l’aider. Rien que ces mots peuvent aider ou faire du bien.
Elle (ou le couple, car ce n’est pas que la maman qui souffre) sera peut être très contente d’avoir la possibilité de parler de son enfant, ou de savoir que vous n’avez pas oublié, même plusieurs mois après.
Anso dit
Bonjour, ceci est très beau et très vrai, il me semble juste une petytute chose à rajouter ayant vécu cette situation…. Dites aux paranges qu’ils sont forts, qu’ils sont capables, que la vie est belle même dans cette épreuve. Qu’il faut réussir à transformer cette horreur en ode à la vie, prendre conscience de nos chances aide à surmonter l’insurmontable. Pour moi ce décès a été une deuxième naissance pour moi…. Bien sûr pas les premières semaines ni mois. Mais aujourd’hui 3 ans après ça a changé tellement de choses en moi, dans mes relations à l’autre, j’ai accepté le pire en en faisant quelque chose de bon. Je me refuse à croire que mon enfant ait existé pour rien il fallait lui donner du sens. Chaque anniversaire n’est pas une journée triste mais une ode au bonheur car je lui doit ça, il m’a apporter par son absence ce désir de mordre la vie et de l’honorer chaque seconde. Croire à la lumière dans le plus sombre…. Expliquez à vos proches que ça existe et qu’ils y arriveront. Croire en l’espoir et les aider à relever la tête et surtout leur permettre de se faire confiance…. Rien n’est oublié et rien ne le sera mais il ne faut pas que ce soit vain. Jamais je n’aurai cru pouvoir le dire il y a trois ans et pourtant, me voilà plus vivante que jamais. Courage à vous, ne perdez jamais foi en la vie et de belles choses se présenteront.
miocene dit
Bien sûr tout est très personnel, et nous réagissons tous de manière très différente.
Et d’ailleurs tout dépend de la personne qui vit cela. Certains seront forts d’autres non…
Je fais confiance aux personnes qui lisent mon témoignage et qui veulent aider, pour adapter à la personne qu’ils connaissent, à son caractère etc… D’ailleurs tout ce qui sera fait avec le coeur ne sera pas faux ! .
Mais personnellement, pour moi, chercher du positif à chaque évènement, seule la personne peut le faire. éventuellement avec de l’aide (un professionnel j’entends)….
Mais si quelqu’un m’avait dit, surtout au début « la vie est belle même dans cette épreuve. Qu’il faut réussir à transformer cette horreur en ode à la vie, prendre conscience de nos chances aide à surmonter l’insurmontable… » je crois que je lui aurai foutu mon poing dans la gueule ! Et pourtant j’ai bien conscience que ce n’est pas par méchanceté que l’on m’aurait dit ça. Mais Je ne pense pas que se soit quelque chose que j’aurai pu entendre 1, 2 ou 6 mois … après le décès de mon fils. Je ne dis pas que ce n’est pas forcément vrai, juste que je ne pouvais pas entendre cela ! Et même encore maintenant. Que je me le dise peut être, parfois cela arrive, mais qu’on me le dise ça serait vraiment différent.
Que 6, 8 mois ou 3 ans après, avec du recule la personne se dise en elle même, comme vous le faite: » je me suis relevée, je me sens vivante, je suis heureuse, cette épreuve m’a rendue plus forte etc… » j’ai envie de dire Magnifique!!! Je trouve cela incroyable. Et j’espère pouvoir ME dire cela un jour.
mais c’est très personnel et surtout il n’y a rien de prédictible. On ne le souhaite à personne, mais il y a aussi des personnes qui ne s’en relèvent jamais..
Je pense qu’il y a des étapes. Et je ne crois pas qu’il soit très judicieux de parler de la fin du chemin à quelqu’un qui n’en est qu’au début…. Surtout ce n’est pas sûr que la personne arrive là où vous pensez…. ou tout simplement les voies seront peut être différentes…
À mon avis, il faut parlez du présent ! Ca aidera surement plus la personne à avoir un avenir
En tous cas, bravo pour votre chemin !
Clem dit
Chère mamange,
Votre témoignage est extrêmement émouvant…Et me donne quelques idées d engagement.
Prenez soin de vous, je vous souhaite le meilleur et je vous embrasse.
miocene dit
merci à vous
Boucle rouge dit
Merci pour ce 3ème témoignage. Ça ne doit pas être facile à écrire mais c’est réconfortant de voir qu’on peut quand même faire quelque chose pour un proche dans une situation si douloureuse. Je suis rassurée pour vous que vous soyez entourés et je vous souhaite du courage et du bonheur pour la suite.
miocene dit
Nous avions fait très vite le choix d’en parler. Et je crois que cela a donné la possibilité aux personnes qui nous entourent d’être là. De se sentir libre d’agir.
Et que je suis reconnaissante qu’ils aient osé !!! et je trouve cela incroyable toutes les idées qu’ils ont eu ! Chacun avec ses moyens et ses capacités. Sans eux nous n’en serions pas là, à imaginer l’avenir sereinement.
Lors de mon anniversaire, j’ai invité une bonne partie des personnes dont je parle dans ce témoignage. Un moment incroyable pour leur dire merci et partager un moment de joie ensemble. Car quel bonheur d’être entouré par eux. Ils ont été là pour nous au pire moment. On les veut avec nous dans les bons !… et puis autant créer les bons moments et ne pas les attendre !