« Mais si tu as cette maladie, et qu’elle ne disparaît pas, c’est peut-être parce que tu ne veux pas la laisser partir ? », « Si tu es autant malade pendant ta grossesse, c’est peut-être tout simplement parce que tu ne veux pas de cet enfant et que tu le rejettes déjà comme tu ressors tout ce que tu manges ? ». J’appelle cela de la psychologie de comptoir et cela commence à me mettre hors de moi d’entendre de pareilles inepties. Je vous en parlerai sûrement dans un prochain article plus personnel (puisque j’en ai moi-même fait les frais), mais les gens qui interprètent psychologiquement des maux physiques sans n’avoir AUCUNE formation en psychologie ni en vraie médecine devraient juste apprendre à se la fermer : ils sont dangereux et peuvent faire bien plus de mal que de bien aux gens à qui ils dispensent leurs « conseils ». Julie en a fait les frais, jusqu’à douter qu’elle désirait vraiment son bébé. Voici son témoignage.
{Témoignage} J’ai vraiment désiré mon enfant, de tout mon coeur
Bonjour tout le monde,
Je m’appelle Julie, j’ai 37 ans et je suis la maman comblée de mon petit Raphaël qui va avoir 21 mois dans quelques jours.
Mon petit bonhomme est un grand miracle. Après 10 ans d’essais bébé, des traitements hormonaux et des examens à la pelle, j’avais été déclarée infertilité inexpliquée. Et, au moment où j’avais réellement fait le deuil d’une maternité et repensé toute ma vie sans enfant, il a pointé le bout de son nez, au plus grand étonnement de tout le corps médical.
Si aujourd’hui je vis des moments absolument fabuleux et merveilleux avec notre petit garçon qui m’épate chaque jour, j’ai littéralement détesté être enceinte.
Les nausées et les vomissements incoercibles ont commencé à ma 7° semaine de grossesse. Des nausées permanentes et des vomissements insupportables (jusqu’à plus de 10 fois par jour). A peine avais-je avalé un plat que je courrais aux toilettes. Toute ma grossesse, j’ai été tenaillée par la faim et surtout par la soif. Je ne pouvais m’hydrater qu’en gardant en bouche une gorgée d’eau pendant quelques minutes et en l’avalant goutte par goutte. Plus aucun aliment ne me faisait envie et j’ai fini par manger ce qui était le moins désagréable à vomir…
J’ai rapidement perdu du poids (17kg en tout au long de ma grossesse) et à partir du 5° mois, aux nausées et aux vomissements se sont rajoutées les remontées acides qui m’ont blessé l’œsophage provoquant des vomissements sanguinolents.
Durant le premier trimestre, j’ai tout essayé : traitement chimique, ostéopathie, hypnose, acupuncture… Rien n’a fonctionné…
Et toute ma grossesse, j’ai entendu les gens à qui j’en parlais me dire que c’était certainement psychologique et que c’était certainement que je ne désirais pas vraiment mon bébé. Je l’ai tellement entendu et la fatigue s’en mêlant, j’ai fini par m’interroger et me demander si j’avais vraiment envie de mon bébé. Et bien sûr que je désirais mon bébé !!!
Les nausées, les remontées acides et les vomissements ont cessé à l’instant où j’ai accouché. Et j’ai aussi retrouvé un appétit et des envies normaux.
Cela s’est rangé dans un coin de ma tête.
Et puis, il y a quelques semaines, j’ai lu un témoignage sur le blog de La mariée en colère qui parlait de l’hyperémèse gravidique. Et j’ai donc appris que ce dont j’ai souffert est une vraie maladie, pas un truc de femme enceinte que je me suis inventé et pas un rejet de mon bébé. Une maladie inexpliquée et qu’on ne sait pas traiter mais bien une maladie.
Quel soulagement !!!
Mais aussi quelle rage m’ont envahi !!!
Contre tous ces gens qui n’ont cessé de me dire que c’était psychologique et que je manifestais un rejet massif de mon bébé que j’aime de toute mon âme !!!
Car en plus de la souffrance physique qu’ont représenté ces nausées, remontées acides et vomissements, s’est rajouté une souffrance et une immense charge psychologique. Y compris de la part de personnes très proches.
Tout au long du premier trimestre, mon mari lui-même m’en a voulu de ne pas pouvoir vivre avec lui cette grossesse dans la joie. Lui aussi a douté de mon réel désir d’accueillir notre enfant.
En faisant des recherches, je me suis rendue compte que nous sommes pourtant nombreuses à souffrir de cette maladie. Certaines d’entre nous sont hospitalisées et enfermées dans le noir, sans visite ni coups de fil, en service psychiatrique : OH MY GOD !!!
A quand une vraie prise en charge bienveillante et déculpabilisante de cette maladie ?!?
A quand une reconnaissance des souffrances physiques et psychologiques qu’elle entraîne ?!?
Déjà fragilisées par l’état de grossesse, on nous rajoute cet énorme poids psychologiques de cette suspicion sur notre désir d’enfant !!!
Si apprendre que c’est une maladie m’a soulagée, je suis réellement atterrée du manque de communication et de bienveillance dans la prise en charge de dernière.
Il serait temps que tout cela évolue !!!
D’autant que, si mes renseignements sont justes, si on est touchée pour une grossesse, on le sera pour toutes…
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Inès dit
Je suis en pleine HG c’est tellement dur alors je passe mes journées et mes nuits ( car je ne dors plus non plus) à lire des articles et les forums sur le sujet. J’ai été hospitalisée 4 jours pendant les fêtes de fin d’année. On m’a mise sous perfusion pour m’hydrater et sous zophren et vitamines pour les vomissements je suis restée 2 jours à jeun puis on a réintroduit les aliments. En revanche je n’ai pas été mise dans le noir j’avais également mon téléphone et la tv. Le traitement s’est avéré très efficace tout de suite plus aucun vomissements aucunes nausées même le matin. Mais je ne sais pas je savais pertinemment qu’en rentrant chez moi sans traitement ça allait recommencer. Les médecins m’ont laissé sortir même s’ils souhaitaient que je reste me reposer encore un peu. Il fallait que je rentre mon fils de 6 mois avait besoin de moi à la maison… j’ai vu aussi une fois la psychologue durant mon séjour. Au global je dirai que la prise en charge à la maternité s’est très bien passée tout le monde était bienveillant avec moi et connaissait apparemment bien ce problème. Je suis rentrée chez moi avec du primperan en suppositoire (car impossible d’avaler un médicament sans le vomir) mais aucun effet sur moi. Alors voilà c’est reparti pour un tour les nausées incessantes les vomissements intempestifs certes un peu moins qu’avant mon hospitalisation mais toujours autant handicapant. Mon mari n’en peux plus également. Je dois reprendre le boulot mais je ne sais pas comment je vais pouvoir gérer ça. Rien que de m’occuper de mon fils me demande un effort surhumain. Alors j’attends, j’attends je souffre et j’attends encore que les jours et les semaines passent , les moments les plus difficiles de toute ma vie alors que bien au contraire cela devrait être des moments de joie et de bonheu. Je culpabilise souvent car parfois je regrette tellement ma grossesse. Ah oui et j’oubliais une chose, j’ai soif j’ai tellement soif mais je ne peux pas boire à ma soif.
À toutes celles qui ont vécu ça ou qui vivent ça je vous félicite pour votre courage et j’espère que l’on pourra surmonter cette souffrance le plus rapidement possible.
Mulan dit
Bonjour,
J’ai l’impression qu’il y a quand même des médecins plus ou moins renseignés! Sans être atteinte à ce stade là, j’ai eu un début de grossesse très peu agréable (sans médoc, vomissement toutes les 2 h). Mais j’ai été mise 7très rapidement sous Donormyl puis Prokinyl. C’etait assez efficace (quelques nausées le matin et presque systématiquement le soir, mais le reste de la journée, ça allait et j’ai pu continuer à bosser). En revanche, le médecin m’avait bien prévenue que si ça ne marchait pas, la prochaine étape c’était être dans le noir.
Pour finir, en revanche mon mari ne l’a pas très bien pris non plus mais je crois que c’était plus sa façon d’exprimer son inquiétude et surtout son incompréhension. Les papas sont toujours censés être joie, bonheur et soutien inconditionnel mais on oublie souvent (toujours !) de leur demander également comment ils vont et leurs sentiments sur ces futurs bouleversements assez stressants ! Et ça peut être assez frustrant !
Meline dit
Bonsoir Julie ,
Je suis désolée de vous lire pour une telle situation. Je vous trouve très courageuse car une grossesse n’est pas toujours évidente mais en plus avec ce type de problèmes par dessus…Vous avez du souffrir, je n’imagine même pas… je suis psychologue et je n’aurai même pas été surprise si vous aviez dit que c’est un psy qui avait sorti ça! Il y a des imbéciles partout. Et surtout beaucoup de gens mal ou peu ou pas informés. Tout est bon à l’intérpretation et vous savez, la psychologie de comptoir ça se trouve malheureusement à tous les coins de rue. S’il yavait moins de magasines à la c**, de bouquins avec des recettes magiques traitant de la psyhologie de bas étage, il y aurait sûrement moins de gens qui se prennent pour ce qu’ils ne sont pas.. bref. Ça me met en colère car des qu’il n’y a pas de raison medicale trouvée, on met ça sur le compte du psy (j’ai vécue la même chose concernant mon endometriose)… Vous aimez votre enfant et on sent beaucoup de bienveillance quand vous parlez de lui, c’est le plus important. Belle continuation à vous et votre petite famille!
Boucle rouge dit
J’ai également souffert d’HG et je compatis c’est éprouvant tant physiquement que psychologiquement. Et dans mon cas j’ai dû être hospitalisée car à un moment je ne pouvais même plus m’hydrater : sous perf dans la pénombre , pas de portable ni de télé, pas d’autres visites que celle de mon mari…pile au moment des fêtes de fin d’année c’était joyeux ! Mais j’étais en maternité pas en psychiatrie (pourquoi en psychiatrie?!!!). J’ai effectivement eu la visite d’un psychologue pour s’assurer qu’il n’y avait pas de raisons psychologiques qui auraient contribué à ma maladie (ce qui n’était pas mon cas) et évidement la psy que j’ai vu ne m’a pas sorti de connerie pareille! L’hospitalisation m’a aidé mais j’ai dû prendre un traitement jusqu’à la fin de la grossesse et j’ai quand même été malade après. Bref j’ai détesté ma grossesse mais j’adore être maman : ça n’a rien à voir ! Et mon entourage s’est comporté normalement : la plupart compatissaient genre « ma pauvre tu ne profites pas de ta grossesse » ou éventuellement me posaient des questions « Comment ça se fait que tu sois aussi malade ? – C’est hormonal, mon corps a du mal à supporter les hormones de grossesse, c’est comme ça -ah c’est pas de chance ». Je suis vraiment désolée pour vous que vous ayez à supporter ces tentatives de « psychologisation sauvage ». J’espère que dans la plupart des cas c’était juste de la méconnaissance mais sinon n’hésitez pas à faire du tri dans votre entourage, il n’y a pas de raison de s’encombrer de personnes malveillantes ! Et ça m’a quand même choqué que votre mari vous en veuille alors qu’au contraire il devrait vous être profondément reconnaissant de supporter cet état si difficile pour que vous puissiez tous les 2 connaitre le bonheur d’être parents ! Mais parfois les hommes sont maladroits, j’espère qu’il s’est rattrapé par la suite ! Je vous souhaite en tout cas de bien profiter du bonheur d’être avec votre enfant !!!
Lalala dit
Bonjour, juste une petite précision,
Dans la maternité dans laquelle je travaille, il nous arrive de mettre les femmes vomisseuse dans le noir, sans boire ni manger jusqu’à ce que les nausées disparaissent ( avec des médicaments par les veines) puis on reintegre la nourriture tout doucement. Mais d’après nos médecins, le noir et le calme ( pas de visite ni de téléphone etc) serait ce qu’il y a de mieux pour les femmes qui ont cette maladie.
Cette maladie est pour le coup très sérieuse, à force de vomir on manque de potassium et c’est très mauvais pour le cœur….
lisouille dit
Une petite précision par rapport au commentaire de Lalala : nous sommes l’un des seuls pays au monde qui continue à mettre les femmes victime d’hypermérèse gravidique dans le noir. N’y a t-il pas un problème ? Aux Canada et aux Etats-Unis, on donne à ces femmes (qui vivent l’enfer, donc je n’aime pas trop le terme de « vomisseuses » que tu utilises) des médicaments efficaces qui ne sont pas prescrits en France. Du Donormyl en autres. Donc ce n’est pas parce que « ca se fait » que c’est une bonne chose, loin de là…
Stephanie dit
La psychologue m a dit que si j avais ete tant malade c est que le bébé etait malade lui aussi et que c est pour ca que je l avais perdu (18 semaines) n importe quoi ! J ai ete malade comme ca pour 3 grossesses et pour 2 d entre elles j ai eu des enfants en bonne sante ! Cette maladie est une vraie souffrance et personne n a l air de comprendre ! « La grossesse n est pas une maladie !! » Reflexion classique !! faire un bébé alors que tu sais pertinemment que tu vas devoir affronter ca demande beaucoup de courage ! Bravo à toutes ces mamans
Marie dit
Certains sont vraiment d’une bêtise à faire peur, je comprends pas comment on peut tenir des propos pareil …. ah si ça porte un nom : la connerie humaine
Vraiment courage car c’est une période très difficile
Elise dit
Bonjour à toutes,
Une grande avancée pour l’HG, la semaine dernière des chercheurs ont réussi à identifier la cause de l’HG, enfin ! Fini de passer pour une « folle », ce serait un facteur génétique, une protéine appelée GDF15 qui provoquerait l’HG. Une grande victoire même si pour le moment ils n’ont pas vraiment de solution à apporter… mais déjà on va pouvoir arrêter de confiner inutilement en psychiatrie les femmes atteintes d’HG. Bon courage à toutes !
Pauline dit
Je veux vous rassurer: j’ai été malade pour mes 3eres grossesses, jusqu’à l’hospitalisation pour le 3e. Ma gyneco me mettait en garde contre une 4e grossesse. Grossesse qui s’est quand même invitée sans qu’on le décide… ce sont des vomissements un matin qui m´ont mis la puce à oreille. J’ai pleuré toute la matinée. Et ça a été la seule fois que j’ai été malade. Qq nausées évidemment en cas de grande fatigue.
Moi aussi je suis en guerre ouverte avec les gens qui disent que les vomissements sont psychologiques. On sait quand même qu’il s’agit de dérèglements hormonaux! Et même si c’est psychologique, quand on vomit à longueur de journée, ça n’aide en rien… alors oui, pour mon fils, j’etais tellement malade que je n’avais pas la force de me réjouir. Ça ne veut pas dire qu’il a été moins désiré et qu’il est moins aimé que ses soeurs.