Dans quelques jours, Mamou va devoir faire un curetage après une fausse couche. Mais avant, elle a tenu à écrire une lettre à son petit bébé avant qu’on ne l’enlève de son ventre. Voici son témoignage.
{Témoignage} Le bouleversement d’une fausse couche
Bonjour la mariée en colère et les lectrices du blog,
Je viens raconter mon histoire, mes peurs, ma détresse.
Mon mari a failli décéder en 2017, suite à ce choc émotionnel j’ai par la suite perdu mes cheveux.
Tout ceci nous a énormément rapproché, a renforcé notre couple. On lance le projet bébé que j’espérais déjà depuis des années.
J’arrête la pilule, l’année 2018 est là, forcément une bonne année aux vues de celle qu’on vient de passer. Le 12 janvier, ne voyant pas mes règles arriver un espoir traverse mon esprit.
Je fais un test de grossesse.
Ouiiiii ça y est, je suis enceinte, pour de vrai, ça y est on l’a notre bonheur ! Je fais une écho à 7SA, tout est parfait, son petit cœur bat. On est aux anges !!!
On va être parents
On s’imagine ce qu’on va acheter, comment on va faire la chambre. Notre coquillette est dans nos pensées jour et nuit. On en parle à notre entourage, tout le monde se réjouit pour nous. J’ai des maux de grossesse mais j’adore ça, ça me rappelle qu’il y a un petit bébé dans mon bidou… et puis avec mon mari on va à l’écho des 13SA. On connaît plein de personnes qui ont su à ce stade si c’était une fille ou un garçon alors on fait des pronostics. Et puis l’échographe nous annonce qu’il a une mauvaise nouvelle.
Je me dis qu’il va nous dire qu’il est mal tourné pour connaître le sexe mais qu’en passant en endovaginal ce sera parfait. Et puis là il nous dit qu’il n’y a plus d’activité cardiaqueL
La grossesse ne s’est pas développée
Je suis sidérée, je ne comprends pas, ce n’est pas possible que ça nous arrive à nous, on l’a tellement aimé ! Je dois aller aux urgences mais mon mari doit partir en déplacement pendant 5 jours. On avait fais l’écho tous les 2 juste avant son déplacement en pensant qu’on allait repartir avec la photo de notre coquillette.
Je me rends toute seule aux urgences gynécologiques. Je rentre toute seule à la maison, je pleure beaucoup. Je l’annonce à mon entourage qui est la plupart du temps maladroit. Ma plus grosse tristesse a été quand mon père sur le groupe whats’app de la famille à mis « comment tu vas ? » Mon frère ne comprenait pas donc mon père a marqué :
« A. a perdu son embryon« .
Je me suis mise à hurler !
Ce n’était pas un embryon bordel, c’était un bébé
Que j’ai porté, qu’on a aimé. Et puis en étant toute seule, j’ai ressenti le besoin de parler à mon bébé, de lui écrire. Cette lettre m’a aidée à poser des mots sur ma douleur psychologique.
« Ma petite coquillette, voilà maintenant 11 semaines que je te porte en moi.
Depuis le 12 janvier où j’ai fait le test de grossesse et où j’ai vu ces 2 bandes s’afficher, tu m’as remplie de joie.
Tu as illuminé mes jours et mes nuits. Ça y est, je devenais ta maman, T. ton papa. Tu as réalisé notre rêve, tu as fais de nous des parents. Une première écho à 7SA et ça y est, on te voit. Tu es encore plus petite qu’une coquillette, mais ton petit cœur bat déjà. Que d’émotions avec ton papo , c’est la première fois qu’on te rencontre, on est là, tous les 3 ! Les jours passent et des maux de grossesse me rappellent que tu grandis à l’intérieur de moi. Avec ton papou on se projette, on s’imagine la vie à 3, on rêve ensemble de cette vie.
On est tellement fiers, qu’on parle de toi à notre entourage. A 13SA, est prévue la deuxième rencontre avec toi.
On va tous les deux chez l’échographe, il place son matériel sur mon ventre, rapproche son visage de l’écran et nous annonce qu’il a une mauvaise nouvelle.
Au début je pense à une blague, ou que tu es mal tourné pour qu’on sache si tu es une fille ou un garçon.
Et puis non, il nous dit que finalement tu as arrêté de te développer. Tu es resté bien au chaud dans mamou, tu as préfèré faire un gros dodo et te faire tout discret.
Je n’y crois pas, comme si on ne me le disait pas à moi, pas à nous.
Et puis l’incompréhension, la colère, la tristesse.
Pourquoi ça nous arrive a nous, on s’aime, on t’a aimé depuis le premier jour.
On repartait sur un espoir de vie après les péripéties qu’on a traversées en 2017 et là tout s’écroule. Je dois aller aux urgences. L’attente est longue, papa a dû partir en déplacement sur Paris. Je suis seule. Même si des personnes m’appellent ou m’envoient des messages, je me retrouve avec moi-même. Des groupes de femmes enceintes passent devant moi, des enfants. Je me le prends en pleine figure. Une sage femme m’examine, un anesthésiste programme un curetage pour dans quelques jours.
Voilà, c’est le nom qu’on donne à ce que les médecins vont faire pour t’enlever de mon corps.
J’ai encore ton petit corps sans vie en moi et j’ai envie de te garder.
Garder cet espoir qu’on soit papa et maman, cet espoir de grossesse, cet espoir de vie que tu nous as offert.
Tu nous as montré que tout ça était possible et on t’en remercie. Grâce à toi, maintenant je suis une G1 – P0. Dans tout mon parcours de femme on parlera de toi, on pensera à toi, tu feras partie de nous, de notre vie, tu resteras dans nos cœurs. Tu es encore en moi et je ressens le besoin de te dire tout mon amour, tous les bons moments qu’on a passés grâce à toi. Tu as été notre premier bébé à T. et à moi, notre petite coquillette.
Tu nous as apporté la lumière et je sais que tu guideras et aideras les prochains bébés et enfants qu’on aura. Je suis heureuse que tu aies pu grandir et t’épanouir quelques semaines au plus profond de moi. Vendredi ils enlèveront ton corps mais nos pensées et nos souvenirs resteront toujours dans nos coeurs et nos têtes.
Petit bébé, on t’a aimé, on t’aime et on t’aimera.
Maintenant il est temps qu’on accepte de te laisser partir. Tu as écrit une page de plus dans nos vies. Mon corps va se reconstruire après ton départ pour accueillir un nouvel enfant. Sache qu’on a été très heureux et très fiers avec ton papa, ta rencontre a été magnifique et nous allons te laisser partir en douceur, en te berçant de tout notre amour.
Je t’aime »
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Emily dit
Bonjour à vous
C’est la première fois que je laisse un message, pourtant ce blog je le suis depuis plusieurs années.
Je viens vers vous car ce que vous vivez je l’ai malheureusement vécue, ça fait deux mois et trois jours que j’ai appris que mon Etoile est décédée,pour moi ça été un vrai parcours pour que mon bébé d’amour quitte mon corps (mais jamais oh non JAMAIS mon coeur) j’ai dû au final me fâcher très fort pour être opérer car le médicament ne faisait aucun effet.
Tout comme vous l’entourage n’a pas aidé bien au contraire mis à part mon mari qui comprend quand j’ai le regard dans le vide. Mon bébé j’y pense constamment. Ce qui me sauve vraiment ce sont mes deux enfants de 9 et 4 ans mais je ne compte pas en rester là, dans quelques semaines nous retenterons d’avoir un quatrième enfant. Car oui pour certains je suis folle, mon bébé ne compte pas, pour nous si, légalement on ne peut pas l’inscrire dans notre livret de famille mais je l’aime et même si il n’est pas avec nous physiquement il est dans notre coeur et fait partie de notre famille. Mes deux loulous sont au courant de l’existence de cette petite Étoile, toute façon ils savaient que j’étais enceinte. Parfois on en parle ce n’est pas un sujet tabou du moins entre nous 4.
Je vous conseille si vous en ressentez le besoin l’association AGAPA qui aide les parents qui vivent un deuil périnatal, il y a plusieurs antennes un peu partout en France.
Je vous souhaite sincèrement et du fond du coeur de revenir dans quelques mois raconter votre grossesse et les joies de la maternité.
Dory dit
Bonjour Manu. Je suis désolée d’apprendre la perte de ton bébé et ne peut que le comprendre ayant traversé cette douloureuse épreuve. Et puis un jour, un nouveau bébé on se sent beaucoup moins insouciante tjs traversée par cette pensée que ça puisse recommencer . .. mais heureusement la vie est faite de jolies surprises. La mienne vient de faire ses premiers pas aujourd’hui à presque 15 mois ! C’est un petit garçon qui nous comble de bonheur. Un jour je lui parlerai sûrement de ce frère ou cet te soeur qui l’à précédé car c’est l’histoire de notre famille…
CBLB17 dit
Bonjour Mamou,
Ce témoignage est très dur mais la lettre qui accompagne son départ est douce et comme un pansement. Il faudra du temps pour arriver à panser cette blessure mais vous y arriverez. Laissez vous du temps. N’en voulez pas à votre papa qui pour vous préserver à employer ce mot qui vous fait hurler de colère. La colère c’est la situation qui la génère mais pas les proches ou leurs paroles. Il va y en avoir d’autres des maladresses et il ne faudra pas s’y attarder. lEs femmes ayant vécu ce malheur vous comprendront, n’en voulez pas à la terre entière, personne n’est responsable. Sortez vous aérer, au bord de la mer, dans la foret et hurler votre colère pour qu’elle sorte, ça fait le plus grand bien, vous verrez.
Bon rétablissement et n’hésitez pas à vous faire aider car aujourd’hui je sais que c’est indispensable pour se reconstruire.