Grâce à l’allaitement (qu’elle n’envisageait pas forcément en début de grossesse), Meaphilo a pu reprendre confiance en elle et en son corps. Voici son très beau témoignage, vraiment émouvant.
{Témoignage} L’allaitement : ma revanche sur la PMA
Bonjour tout le monde
Je suis une maman de 33 ans, qui a dû passer par la PMA pour être enceinte.
Je n’ai jamais eu de point de vue très tranché sur l’allaitement, mais avant d’être enceinte, cela ne me tentait pas du tout du tout, preuve en est, un des premiers achats que nous avons fait, a été le Bibexpresso, et pourtant, me voilà à presque 6 mois d’allaitement exclusif, et hier je disais à mon mari « Chéri, en fait j’adore allaiter … ». J’ai alors réalisé que si j’aimais autant allaiter, c’est aussi parce que cela est pour moi une belle revanche sur la PMA, un acte qui m’a permis de me réapproprier mon corps, ma féminité, ma grossesse.
En effet, comme pour trop d’entre nous, avoir un bébé a été un combat. Après les mois d’attente où l’on souffre sans comprendre, le verdict est tombé : OPK ! On me l’a annoncé de façon brutale : « Oh bah normal que vous ne tombiez pas enceinte, vous êtes opk, ça ne va pas être simple ». Le ciel nous tombe sur la tête. Et je me sens atteinte dans ma féminité, dans mon état de femme.
Pourtant je suis la première à considérer que l’on n’a pas besoin d’être mère, ni même d’avoir un utérus, ni même deux chromosmes XX pour être une femme. Mais là, je me sens déstabilisée. Et pour cause, quand on est OPK, on sort un peu des représentations stéréotypées de la femme parfaite dans notre société : pilosité, prise de poids plus facile (voire surpoids et obésité souvent), taux d’hormones masculines plus élevés que la norme, ce n’est pas facile à digérer, même quand on fait un 95D !
Je me suis battue : sport, acupuncture, Ostéopathe spécialisée dans la fertilité, psy, et parcours en PMA ! Nous avons été très très chanceux, dès le 2ème cycle sous injections (stimulation simple pour les initiés !), un petit bébé est venu s’installer ! oh joie ! Mais je me sens toujours inférieure aux autres femmes, comme imposteur, illégitime, je suis étonnée de pouvoir aussi bien porter la vie finalement ! J’avais été tellement blessée. Ce deuil du « bébé couette » que nous sommes nombreuses à avoir vécu n’est pas simple. Mais les mois passent, mon ventre s’arrondit (beaucoup), et un jour ma sage-femme me dit « Prévoit-on une séance sur l’allaitement dans la préparation à l’accouchement ? » et là toute étonnée, je me suis entendue dire oui, je pouvais au moins me renseigner ! Séance avec un poupon, comment place-t-on le bébé etc. J’en ressors toute émue, toute impatiente : je veux essayer !!
Lors de la visite de la maternité, on nous demande « Qui veut allaiter ? » je lève tout timidement la main, rouge pivoine, « Moi j’aimerais bien essayer », ce n’est ni un oui franc, ni un refus, j’en sais rien en fait, mais mon point de vue n’est plus si tranché. J’ai surtout peur de ne pas pouvoir, à cause de ces foutues hormones qui font n’importe quoi, peur de ne pas avoir de lait, comme toutes les autres femmes …
Après la naissance j’ai eu la chance d’être extrêmement bien entourée par le personnel de la maternité de Senlis, grâce à leur aide je me suis lancée dans l’aventure, autant le dire, ce n’est pas du tout facile ! Et sans leur patience et leur aide (jour et nuit !), j’aurais abandonné dès le 2ème jour ! On sort de la maternité et me voilà maman allaitante, pour 1 mois je pense, puis je me dis que 3 mois ce serait bien, et nous voilà rendus à 6 mois d’allaitement exclusif, et surtout d’allaitement plaisir !!! Car grâce aux soins et conseils prodigués à la maternité et sur certains groupes en ligne, je n’ai jamais souffert d’une crevasse ou quoique ce soit d’autre ! Bébé est un petit glouton qui prend facilement le sein et du poids, un allaitement donc facile qui m’a permis de (re)prendre confiance en moi en tant que maman mais aussi en tant que femme.
On nous parle souvent des bénéfices de l’allaitement, en termes de santé pour le bébé et pour la maman, mais pour moi le plus grand bénéfice a été psychologique, réussir à allaiter mon bébé, le voir grandir, grossir, s’épanouir, évoluer et tout cela uniquement avec mon lait est une immense joie et une grande fierté, et même surtout une revanche sur mon parcours en PMA. J’ai eu besoin d’aide pour concevoir ce bébé, certes, mais grâce à l’allaitement je me sens (enfin) capable et non plus inférieure et illégitime !
Attention, je ne dis absolument pas qu’avoir recourt au biberon nous rend moins fières ou quoique ce soit, je ne parle ici que de mon expérience.
Réussir à allaiter et même à donner mon lait au lactarium m’a permis de regagner une certaine confiance en mon corps : oui il est capable de bonnes choses, oui je suis capable ! Je ne parle même pas du plaisir que j’ai découvert alors que je croyais que je me sentirais esclave et oppressée en allaitant. Mais non, câliner mon bébé qui tète, les moments où il s’arrête de téter et me regarde avec un immense sourire avant de replonger dans mon sein, voir ses petites mains me caresser les seins pour s’endormir, le voir chercher à me dévorer en ouvrant grand la bouche, même à travers les vêtements, tous ces petits moments me font rire et m’émeuvent !
Bref je suis devenu accro à mon allaitement et le bibexpresso n’a pas beaucoup servi pour le moment mais je le garde ! je ne sais pas si j’aurais tenté ou aimé allaiter si je n’avais pas eu besoin de la PMA pour avoir mon merveilleux petit garçon, mais ce que je vois aujourd’hui c’est que cet acte m’a énormément aidé à accepter mon corps qui pourtant ne ressemble plus à rien avec les kilos de grossesse en trop !
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Madeleine dit
Ah c est drôle, c est exactement ce que j ai vecu: bébé par Fiv, grossesse pourrie, alitée très tôt. Accouchement par césarienne, hémorragique assez grave, puis endometrite sous antibiotiques (infection de l utérus… Hyper douloureux…) bref, rien n a été simple. Sauf l allaitement !!! Comme après la césarienne, j étais très mal, plusieurs jours dans les vap, ce sont les infirmières et puéricultrices qui se sont occupées de mes seins. La deuxième nuit, elles se sont relayées pour stimuler mes seins, prendre le colostrum et le donner à la pipette à bébé. Elles mettaient aussi bien sûr bébé au sein. Moi, j étais dans le coltar.
Je leur en suis infiniment reconnaissante de m avoir permis de connaître ce bonheur là.
Marley dit
Ton témoignage m’a beaucoup émue . En effet j’ai également été diagnostiquée OPK en décembre dernier. On nous a fait faire beaucoup d’examen a Chéri et moi et maintenant nous sommes dans l’attente d’etre Suivis . C’est très dure pour nous deux alors ce témoignage m’a redonné envie d’y croire !
Merci pour ce partage et ce joli message
Cyrielle dit
C’est génial que vous ayez été si bien entourée! Personnellement pour moi ça a été l’inverse, j’étais absolument sûre de vouloir allaiter… et à la mater j’ai été dégoutée. Je ne dis pas que tout est de la faute de l’équipe médicale, j’aurais pu m’acharner mais après autant de reproches… je n’avais plus envie.
Déjà les cours de préparations a l’accouchement… quand est arrivé le jour où on devait parlé de l alimentation du nourrisson, la sage femme avait oublié, donc on a parlé de tout et rien, elle ne savait pas quoi nous dire!! Bon tant pis je suis sûre de moi, ça se passera bien!!
Le jour J arrive, la tétée de bienvenue se passe super bien, la journée aussi, j’arrive a le mettre seule au sein, il tête bien, je suis trop contente (d’ailleurs déjà plus aucune SF ne vient me voir pour controler…). Mais le lendemain bébé ne veut plus, je demande de l’aide et a partir de là ça à été reproche sur reproche !!!
» mais votre bébé va dépérir si il ne mange pas! »
» forcez le c’est pas lui qui décide »
» on passe aux biberons tant pis pas le choix » puis une autre qui me donne un tire lait sans m’expliquer comment on s’en sert et quand je dois m’en servir donc une autre qui me dit « ah bah si vous stimulez pas comment vous voulez que ça marche, on dirait que vous n’êtes pas motivée franchement… »
Bref elles m’ont tellement fait culpabiliser que j’en ai pleuré toute une nuit avant de décider d’arrêter. J’ai culpabilisé sur le moment mais finalement après cette décision j’étais sereine… bébé mangeait bien, moi j’étais bien, le papa nous voyait bien donc était bien lii aussi!
Je ne regrette finalement pas mais comme quoi, mon histoire est complètement l inverse de la votre !!!