{Témoignage} La grossesse que l’on n’attendait plus… Et qui n’a pas duré.

L’histoire de Cracotte est terriblement touchante. J’en ai eu les larmes aux yeux. Je souhaite à toutes celles qui passent par là plein de courage, le plus beau est à venir <3 . Voici son témoignage.

{Témoignage} La grossesse qu’on attendait plus… Et qui n’a pas duré

Bonjour Nathalie ! Voilà mon témoignage, j’espère qu’il n’est pas trop long et pas trop lourd à lire, ce n’est pas le plus drôle du monde, mais bon, c’est le mien. J’aime beaucoup lire votre blog, il m’a souvent apporté du réconfort, et souvent fait sourire pendant mes préparatifs de mariage ! 🙂

Bonjour à toutes ! Après 20 longs mois d’essais bébé, nous enfin eu droit à notre petit bout de bonheur. Malheureusement, ça n’a pas duré. Je crois que j’ai besoin de mettre des mots sur notre histoire pour pouvoir aller de l’avant.

Le début d’une belle histoire
Mais d’abord revenons en arrière. Avec mon mari, c’est le coup de foudre au premier regard. Très vite on s’installe ensemble, et on fait des tas de projets. Il a envie d’enfants mais je ne me sens pas prête. Et puis les mois passent, et l’idée fait son chemin. On programme une date d’arrêt de la pilule. Au moment où je devais arrêter, rebondissement, ça se passe mal à mon travail et je me retrouve au chômage. On décide de décaler le projet de quelques mois. Si on avait su !
Mais qu’à cela ne tienne, l’idée me trottait dans la tête depuis un moment, je décide de créer mon entreprise. Et j’arrête la pilule le même mois ! Qui a dit que les femmes ne pouvaient pas tout mener de front ?

Je suis à la fois terrifiée et surexcitée à l’idée de tomber enceinte. Je prends la pilule depuis huit ans alors je ne sais pas vraiment à quoi ressemble un cycle naturel chez moi. J’avais même fini par oublier que les câlins pouvaient déboucher sur une grossesse ! J’essaye de repérer mon ovulation mais c’est compliqué. Les semaines passent et mes règles ne reviennent pas. Oh mon dieu, je suis enceinte, ça y est ! Je suis complètement fébrile, et -avouons le- un peu ridicule !
Au bout d’un peu plus de 40 jours, mes règles finissent par arriver. Il fallait simplement que les choses se remettent en route ! Deux mois passent, puis trois, quatre, cinq… Mes cycles sont irréguliers et assez longs, mais pas suffisamment pour m’inquiéter, même si cela rend l’attente difficile à gérer car je ne sais jamais vraiment si j’ai du retard ou pas. Je fais donc des tests de grossesse assez souvent.

Le temps qui passe.
Pendant l’été, mon amoureux me demande en mariage. C’est parti pour les préparatifs ! Ce sera pour dans neuf mois, nous voulons quelque chose de simple. On ne fait pas de pause dans nos essais bébé, on verra bien !
Six mois d’essais, nous sommes invités à un baptême et mes règles se font attendre. Je regarde ce joli bébé en me disant que cette fois ci c’est la bonne pour nous aussi ! Mais le test reste désespérément négatif, celui du lendemain aussi.

Le mois suivant mon cycle dure, dure, dure… Au bout de près de 50 jours je vais consulter. Verdict, j’ai un kyste sur un ovaire. Rien de grave, c’est bénin, et c’est d’ailleurs parti tout seul en quelques semaines, mais mes cycles deviennent totalement anarchiques. La gynéco me met sous Duphaston. Les mois passent de nouveau et toujours rien, même si mes cycles deviennent peu à peu réguliers. On passe la barre des un an d’essais mais le mariage est le mois prochain, on se concentre sur les préparatifs.

Mariage, j-5, mes règles n’arrivent pas. Je suis pourtant sous Duphaston, que se passe-t-il ? Mes seins sont gonflés comme jamais, mon bas ventre tire un peu. Je suis de nouveau convaincue d’être enceinte mais cette fois-ci quelque chose est différent. Je me dis que ça peut attendre que le mariage soit passé. Mariage qui se passe comme dans un rêve.
Finalement, après plusieurs jours de spotting étrange, mes règles arrivent le dimanche soir, sans que j’ai eu besoin de faire de test. Retard causé par toutes ces émotions ou fausse couche très précoce ? Je pense que je me poserai toujours la question.

Nous partons en vacances quelques jours, et je me lance dans un développement important de mon entreprise : j’achète un commerce ! Nous retardons de nouveau le moment d’aller consulter. D’autant plus que depuis la fin de mon traitement au duphaston, j’ai senti un basculement : j’ai des cycles de rêve. On laisse donc le temps à mon corps ! Pourtant un autre été passe et toujours rien… Au bout de 18 mois, on se décide à aller consulter. Mais la gynéco nous rit au nez. Les gens sont moins fertiles qu’avant, il n’y a rien à faire, prenez des complément alimentaires et revenez dans six mois !

Un bonheur inattendu mais de courte durée
Bon. Nous ressortons de là avec l’idée d’aller consulter quelqu’un d’autre. Et puis le temps se bouscule, nous passons une période chargée professionnellement, mon grand père meurt, on se câline très peu… Bref, pas l’idéal ! Et pourtant j’ai de nouveau du retard… Mouais, elles arriveront bien demain. Fin de la semaine, toujours rien. Le soir je dis à mon mari que je vais faire un test le lendemain pour me libérer l’esprit, mais que ça sera probablement négatif, comme d’habitude.

Et puis le moment arrive. Le coeur un peu battant quand même je fais pipi sur le bâtonnet, je suis plutôt rodée maintenant. Les minutes passent et puis… « Enceinte ». La terre s’arrête littéralement de tourner autour de moi. J’attends plusieurs minutes, la main sur ma bouche, les yeux mouillés, persuadée qu’il va s’afficher « LOL, mais non, je déconne » à la place. Mais non, je suis bien enceinte, cette fois c’est pour de vrai, c’est enfin notre tour. Je me précipite dans le lit où mon mari dort encore, et je le secoue en hoquetant.

Je rayonne de bonheur. J’ai à la fois envie de le crier sur les toits et de garder précieusement notre secret. J’ai l’impression d’avoir un super pouvoir. Je commence à avoir quelques symptomes, je suis fatiguée, j’ai un peu mal au coeur et j’ai pris une taille de poitrine. Je parade devant mon mari avec mon décolleté plongeant et on glousse de fierté comme des idiots. Mon premier rendez vous médical se passe bien, même si c’est encore tôt, mes taux sont bons. Mon mari me caresse le ventre en disant à notre petite noisette qu’il l’aime déjà.

Et puis un matin, je trouve une légère trace brune dans ma culotte. Je m’inquiète mais je me raisonne. Un petit spotting c’est très courant. Pourtant deux jours après ça recommence. J’ai un mauvais pressentiment. Je veux en avoir le coeur net, je retourne faire une prise de sang. Le résultat tombe et il est sans appel. Ma grossesse s’est arrêtée il y a quelques jours.
J’avais beau m’en douter, le chagrin me semble insoutenable. La terre s’arrête de tourner une deuxième fois. Mon mari est en déplacement, il ne rentre que tard ce soir, et je ne peux pas lui annoncer ça par téléphone, lui qui m’a amoureusement demandé des nouvelles de notre petite graine tous les jours. Je m’effondre en rentrant chez moi. Je ne peux plus m’arrêter de pleurer. Nous sommes le 23 décembre.

Nous passons Noël dans ma belle-famille. Ma belle soeur est enceinte de huit mois, ça a marché du premier coup pour eux. Mes beaux parents nous disent en riant qu’on est à la traîne. Je pense à mon petit embryon sans vie qui est encore au creux de mon ventre et j’ai envie de m’arracher le coeur. J’arrive à retenir mes larmes seulement pour pouvoir essuyer celles de mon mari. Si jamais ma belle soeur passe par là et se reconnait, je la remercie du fond du coeur pour son soutien ce jour là. Vraiment.
Je l’ai perdu le lendemain. Je me rappelle avoir caressé mon ventre et lui avoir dit qu’il pouvait s’en aller, que ce n’était pas grave. Que ça irait pour nous.

Apprendre à vivre avec la fausse-couche

Cela fait quatre mois maintenant. Mes cycles ont repris naturellement, presque comme si rien ne s’était passé. D’ailleurs pour l’instant, rien d’autre ne se passe. Mon entreprise a eu un petit passage à vide, parce que certains jours j’arrivais à peine à me lever le matin pour aller travailler, alors prospecter de nouveaux clients… J’ai pleuré tous les jours pendant des semaines. La vie peut être tellement injuste. Naïvement, je me disais que nous n’aurions pas à vivre à la fois des essais bébé longs et une fausse couche. Je continue d’espérer que tout ça c’était juste « la faute à pas de chance », et que la prochaine fois sera la bonne.

Et ça commence à aller mieux. Je commence à relever la tête. Et puisque je n’arrive pas à donner la vie, je ressens encore plus profondément qu’avant le besoin de créer pour me sentir exister. Que ce soit de nouvelles recettes de cuisine, une nouvelle déco pour chez moi, et surtout, mes créations au travail. Je n’arrive pas à créer ce bébé, mais j’arrive à créer plein d’autres choses qui me remplissent de joie, et c’est déjà beaucoup. Ça me rend heureuse. J’ai encore souvent mal, souvent peur, parfois je trouve mon réconfort dans des choses un peu idiotes, mais je veux continuer d’y croire, continuer de relever la tête et de relever mes manches, et me battre, un jour après l’autre.

Alors à toutes celles et ceux qui sont déjà parents dans leur cœur depuis trop longtemps, faites ce qui vous rend heureux. Prenez soin de vous.

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