Oui, avoir un enfant c’est épuisant. Mais il faut aussi avouer que certains bébés sont plus difficiles à élever que d’autres. Depuis qu’elle est devenue maman, So n’a plus beaucoup de temps pour elle et son mari. Voici son témoignage.
{Témoignage} Un enfant c’est fatiguant
Bonjour à toutes,
Je lis les articles de La Mariée en Colère depuis quelques mois et j’avais envie de témoigner de mon expérience de jeune maman, je me dis qu’elle parlera peut-être à d’autres. J’ai 32 ans et je suis la maman de bébé kangourou, bientôt 18 mois. Pas de difficultés pour tomber enceinte, une grossesse sans histoire, un accouchement rapide, et deux premières semaines en famille idylliques.
Et puis papa Poule a repris le chemin du travail. Et il faut croire que ça n’a pas plu à bébé kangourou. Du jour au lendemain fini le bébé cool. Place au serial hurleur : bébé kangourou ne dormait que dans sa poussette quand elle roulait dehors (à peine rentrés à la maison il se réveillait), dans les bras ou bien dans l’écharpe. Pas de pause la journée, des hurlements pour aller aux toilettes, des repas sur le pouce… Et puis il a grandi et s’est mis à refuser l’écharpe et l’inactivité. Plus question de s’installer confortablement avec lui sur le canapé, c’était la marche ou les hurlements. Et bien sûr toujours pas de sieste (même pas 10 minutes) ailleurs que dans une poussette qui roule.
A ses quatre mois j’ai repris le chemin du travail avec soulagement. Chez la nounou ça se passait bien – et il faisait de très belles siestes, sans doute pour se rattraper. Le mercredi par contre je m’en occupais et j’ai regretté chaque mercredi cette décision tant les journées étaient épuisantes. Les nuits étaient certes moins difficiles 23h – 5h30 mais aucune sieste dans son lit en dehors de cette plage.
A ses 8 mois, nous avons enfin réussi à le coucher pour une sieste de 45 minutes l’après-midi, puis une autre le matin et un peu plus tôt le soir : le rythme se mettait en place. Une victoire qui ne nous a pas réjoui bien longtemps car il a commencé à faire des crises quand les choses n’étaient pas à son goût. Un repas qui met trop longtemps à chauffer, la dernière cuillère alors qu’il en veut encore, un changement de couche… Toutes les activités du quotidien sont devenues critiques. Un pet de travers et nous voilà avec un bébé qui passe du sourire à la crise, se débat, hurle. 10 fois par jour, parfois plus. Ça nous a usé psychologiquement, alors que physiquement les levers quotidiens à 5h / 5h30 laissaient déjà des traces. Nous en sommes arrivés à des situations ubuesques, à nous mettre à deux pour changer un bébé de même pas 9 kg, à différer le change parce que « c’est pas le moment » par peur d’une crise. Bien sûr nous avons tout essayé pour que cela se passe mieux, mais il y avait toujours un grain de sable dans l’engrenage. Et puis bébé kangourou n’acceptait d’être posé que très rarement et pour des temps très courts (quelques secondes / minutes). Avec le ramper vers 10 mois il a eu une peu moins de réticence et était capable de s’occuper parfois 5 minutes. Un exploit.
Nous étions entourés de jeunes parents et la différence avec les enfants du même âge est devenue flagrante (oui je sais c’est mal de comparer). Nous avons fini l’année 2017 dans un état d’épuisement avancé, lassés de faire chambre à part pour se répartir les levers matinaux (et parfois les nuits pourries), de manger froid et en décalé puisque bébé kangourou ne voulait pas être seul par terre ou sur son transat, nous demandant ce que nous faisions mal, pourquoi c’était aussi dur, et bien sûr l’impression de ne plus avoir de temps pour nous-même ni pour notre couple… Notre entourage n’a été d’aucun secours. Nous entendions en boucle « avoir un enfant c’est fatiguant » ou bien « la première année est difficile ». Nous avions du mal à évoquer nos difficultés qui étaient sans cesse minimisées ou bien auxquelles les gens trouvaient une solution toute faite genre « arrête de l’allaiter» ou « laisse-le pleurer ». Il faut dire que bébé kangourou montrait son bon côté à l’extérieur, comme il pleurait dès qu’on le posait, on le reprenait vite sur les genoux ou bien on le promenait dans les bras (enfin un le promenait, l’autre mangeait ou discutait mais ça personne ne le remarquait puisqu’il n’y avait pas de cris).
Et puis bébé kangourou a commencé à se taper la tête par terre pour exprimer sa frustration. Papa Poule a lui aussi touché le fond. Alors nous avons cherché de l’aide. D’abord par une amie d’amie, qui est venue un soir nous écouter. Juste nous écouter. Sans juger. Sans solution toute faite. Elle nous a parlé de son aîné qui avait un comportement similaire. Nous nous sommes sentis moins seuls. Nous avons ensuite rencontré une psychologue au CMP de notre ville. Bébé kangourou avait 14 mois. La veille il a dormi jusqu’à 7h, le jour même il s’est assis tout seul pour la première fois. Bébé kangourou a des difficultés de séparation, un peu de mal à se concentrer et à s’autonomiser. Il est hypersensible (peut être aussi un bébé intense, un BABI). Nous devons l’aider à se construire avec sa sensibilité et nous savons que ça ne sera pas facile tous les jours.
Mais aujourd’hui nous avons mis des mots sur nos difficultés, nous sommes accompagnés et nous avançons.
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Lhyrra dit
Bonjour. Votre expérience de la maternité me parle. J’ai moi aussi atterrit dans un univers.. qui ne ressemblent pas à ce que j avais imaginé ni à ce que la société nous fait imaginer…
Comment votre enfant et votre façon de vivre votre parentalité ont évolué avec le temps ?
So dit
Bonjour,
Merci pour vos commentaires. Si d’autres parents ont pu se reconnaître dans ce témoignage et se sentir moins seuls c’est toujours ça de pris. Et comme vous le dites tous, ça s’améliore en grandissant.
L’histoire du bébé tyran de Julie me rappelle quand la psychomotricienne lui a dit « c’est pas toi qui commande », alors que bébé kangourou, 14 mois, était scotché à son papa car dans un lieu qu’il ne connaissait pas, avec des gens qu’il ne connaissait pas et je pense qu’il sentait que ça n’allait pas être drôle (la suite c’est que la nana a fait sortir les parents de la pièce pour évaluer bébé seul, et puis elle a lâché l’affaire au bout de 10 minutes de hurlements). Non notre fils n’est pas un tyran c’est juste qu’il a un gros besoin de contact, d’être rassuré et de maîtriser son environnement et que quand ce n’est pas le cas il le vit mal. Mais c’est effectivement difficile à faire comprendre dans notre société qui veut que les bébés dorment 12h par nuit à 3 mois et gazouillent sagement sur leur transat à 6 mois. Au-delà de la non-adéquation avec la société qui est tout à fait vivable (parce que bébé est en couches lavables, materné et toujours allaité à bientôt 18 mois donc on sait qu’on fait différemment) la vraie difficulté à été notre épuisement physique et psychologique (burn-out parental pour papa, et moi je ne suis pas passée loin) et là, à part avoir de l’aide et du soutien, il n’y a qu’une solution miracle : que bébé dorme.
Sinon on a déjà essayé (plusieurs fois) l’ostéo, l’hémopathie aussi d’ailleurs (mais pas les pierres).
Au final bébé est un petit dormeur et n’a pas envie de lâcher prise pour dormir parce qu’il y a beaucoup plus intéressant à faire (par contre quand on a des gens qu’il n’apprécie pas, là il demande pour aller se coucher et fait 3h de sieste)… Il sait déjà ce qu’il veut ce bonhomme 😉
Lucie dit
Ahhh comme je reconnais là mon 1ier 🙂 Le manque de sommeil a été terrible terrible, j’ai toujours l’impression que ce bébé ne dormait pas. Jusqu’à ses 2 ans, il se levait tout frais et guilleret dès 5 heures du matin (et c’était une bonne nuit quand il ne faisait pas un réveil avant). Pendant longtemps il fallait aussi toujours jouer avec lui. Il y a aussi eu les repas en différé et les tapements de tête contre le sol. Je te rassure, ça finit par s’arranger même si il est resté un petit dormeur en forme dès 6h ou 7h selon les jours. A posteriori, avec la naissance de ma fille lorsqu’il a eu 3 ans, je me suis dit que la société contribuait aussi à ce stress… Je veux dire, pourquoi faut il directement attendre qu’un bébé fasse ses nuits, sache s’occuper tout seul ?? Je me suis dit directement pour ma fille que je me mettais entre parenthèses pendant 1 an, et miracle, cette petite a beaucoup mieux dormi et beaucoup plus joué seule que son frère. Question portage aussi, je me suis dit que tant pis si elle ne voulait pas être posée, j’ai passé des soirées avec elle pendant des mois et des mois et finalement elle peut être posée dans son lit de plus en plus tôt le soit et on commence à lui faire faire des siestes dans son lit. Courage, je vous assure que ça va aller de mieux en mieux.
Julie dit
Bonjour,
A sa naissance, mon filleul avait, à peu de choses prêt, le même comportement. Sa maman ne savait plus quoi faire d’autant plus qu’il avait été considéré comme un « tyran » par une pédopsychiatre. Je n’en reviens toujours pas qu’on ait pu dire ça d’un bébé… Mais vous savez ce qui l’a aidé ? L’osthéopathie ! Son petit corps était en souffrance depuis l’accouchement. Après une séance d’osthéopathie, il a commencé à ne plus pleurer et maintenant c’est un petit garçon très calme.
Je ne dis pas que c’est la solution miracle mais pourquoi ne pas essayer ? Bon courage en tout cas !
elodie, une maman dit
Bonne idée l’osthéo. Pensez aussi à la lithothérapie (les pierres). Et entourez vous d’autres amis parents bienveillants, qui sont à l’écoute.
Ebea dit
J’ai un petit garçon de 18 mois qui a commencé à se taper volontairement la tête contre le sol vers ses 1 an. Ça s’appelle la krouomanie (habitude qui touche 3 x plus les garçons que les filles). C’est impressionnant, assez flippant mais c’est très souvent passager. Mon fils le fait encore pas moment, c’est de plus en plus rare. C’est quand il est très contrarié. Nous avons appris à ignorer cette habitude (pas sa contrariété !).
Aurore dit
Bonjour,
votre témoignage me rappel un peu les premières années avec ma fille! Ellle dormais la nuit mais la journée était très dur a géré, elle était très demandeuse de notre attention, impossible de la pose dans son transat même pas le temps de prend une douche elle ne dormais que sur moi. Les sortis était impossible aussi car elle ne ferais que hurler, les repas devais être servis vite car mademoiselle était impatiente…. elle a eu une arrivée un peu compliqué et comme vous elle était assez calme jusqu’à c est deux semaines mais après c devenue très dur jusqu’à c est 1an et demi il me semble .
Elle a maintenant 2 et demi et c est apaisé, elle joue plus toute seul mais souvent il faut qu il y ai un de nous deux qui reste avec elle. C’est bcp plus cool est agréable maintenant.
Courage à vous.
Claire dit
Bonjour,
Je vous envoie tout le soutien possible ! Nous avons un bébé de 11 mois hypersensible également, qui nous a épuisé tout au long de cette première année. Heureusement il y a des améliorations notables ces derniers mois (notamment au niveau des nuits)
L’entourage veut parfois bien faire en nous donnant des conseils souvent inadaptés, qui nous font se sentir encore plus nuls au final (enfin c’est comme ça que je l’ai ressenti).
Vous avez pris la bonne décision en vous faisant aider, suivez votre instinct !
Vous êtes une super maman, à l’écoute de votre enfant.
Madame yoga dit
Merci pour ce témoignage! On a un bébé qui a mis beaaaaaaaaaucouuuuuuuup de temps à faire ses nuits et pendant tout mon congé mat, comme vous, la poussette ou les hurlements! De plus j’ai eu un accouchement et une fin de grossesse compliqué et petit père a débuté sa vie en néonat. je ne supportais plus les « mais un bébé ça pleure c’est normal » et autres phrases du même acabit. Ce qui m’a sauvé c’est la psy de la PMI puis une consultation sommeil à ses 9 mois…
Je vous souhaite beaucoup de courage! En ce moment bébé a 11 mois et on me saoule déjà avec les « c’est pour quand le 2ème?? » aaaaaaaaaaah!