Les femmes sont des warriors. La grossesse, l’accouchement, je crois que beaucoup ne se rendent pas compte de la force physique et mentale qu’il faut pour fabriquer un bébé avec son propre corps. Qui plus est quand tout ne se passe pas « comme sur des roulettes ». Hyperémèse gravidique, pré-éclamspie, Emy a dû être déclenchée en urgence car sa vie était en danger. Voici son témoignage.
Témoignage : Quand la vie ne tient qu’à un fil…
Parce que, parfois, être mère est le combat d’une vie, de bout en bout. Après mon témoignage dans la rubrique PMA et infertilité, voici le témoignage de mon accouchement.
Notre petite merveille est arrivée un peu en avance ce dimanche 8 juillet. Et rien ne c’est déroulé comme prévu.
Après une FIV en novembre 2017 et la grossesse confirmée, bien vite les nausées sont apparues et m’ont clouées au lit les 3 premiers mois (Hyperémèse gravidique modéré d’où une médication obligatoire) mais bébé va bien, c’est le principal.
Les choses se calment et la grossesse se poursuit à merveille, du moins jusqu’au dimanche 1er juillet (à 35 SA + 5).
Un mal dans le haut du dos fait son apparition
C’est à droite sous l’omoplate, je ne m’inquiète pas mais c’est gênant.
Lundi et mardi, alors que je travaille encore (ce qui est normal en Belgique), la douleur est toujours bien là et s’empire. Je dois prendre du paracétamol matin et soir pour que ça passe.
Mercredi ce n’était plus tenable et un collègue me conduit aux urgences (mal de dos toujours atroce, tête qui tourne, tremblements, idées pas très claires, je ne me souviens plus très bien). On fait un monito et prise de sang : bébé va super bien, ma tension est un peu haute (environs 14) mais la prise de sang écarte une pré-éclampsie, le col est postérieur, dur et bien fermé, et j’ai quelques contractions ce qui doit expliquer pour les maux de dos. J’en doute un peu car c’est quand même haut dans le dos, pas au niveau des reins, et surtout la douleur est constante, pas de montée, de pic ou de temps de repos mais toujours présentes sans accalmies.
Je dois juste continuer le paracétamol et faire un nouveau monito le vendredi.
Le jeudi, la journée se passe bien donc je ne prends pas d’anti douleurs et finalise la valise pour la maternité « au cas où ». Dans l’après-midi, je commence à avoir un peu mal mais je ne prends rien. Je demande à mon médecin de me mettre en arrêt le reste de la semaine.
Mon mal de dos empire, ma tension est à 14
A ce moment-là, je pense que c’est parce que je suis restée trop assise dans la voiture puis la salle d’attente). Ma tension est toujours dans les 14 et mon médecin écarte un soucis pulmonaire, ça doit être des douleurs intercostales.
Mon chéri me conduit alors chez la kiné car mon mal de dos augmente encore et j’ai peur de ne pas pouvoir conduire. La kiné trouve une zone de tension de dingue mais à l’épaule droite et pas grand chose au niveau de ma douleur à l’omoplate. La séance me fait un bien fou, je suis rassurée. Sur le chemin du retour, je me sens à nouveau mal avec une sorte de nausée. En rentrant je vomis carrément et vais me coucher en prenant un anti-douleur.
Le vendredi RAS, on va au monito. Tension redevenue dans la norme, une contraction que j’ai senti sur les 30 minutes de monito (je confirme, rien à voir avec ma douleur !), un peu de protéines dans les urines mais pas alarmant. Je revois ma gynéco le jeudi suivant donc on rentre sereins.
Le samedi RAS, je vais même faire les soldes avec ma maman (il me fallait des soutiens d’allaitement pour finir ma valise). Je prends un bain de 2h en fin de journée parce que les douleurs arrivent doucement et ça aide vraiment (du moins quand je suis dans l’eau, dès que je sors ça recommence). Du chaud dans mon dos me permet de m’endormir.
La nuit de samedi à dimanche a été plus compliquée.
La douleur devient ingérable
Je vomis, je me tortille carrément de douleur et la chaleur ne fait pas effet. Je téléphone aux urgences pendant la nuit voir si ça vaut la peine que je me déplace mais on me dit qu’ils ne sauront rien faire. Plus tard je sonne à la maternité et même son de cloche, donc je préfère rester à la maison.
Je prends un nouveau bain qui me soulage tant que je suis dedans, tout le haut du corps bien immergé et détendu. Vers 8h, je demande à la cousine de mon chéri si on peut passer : elle est Kiné, donc je me dis que ça devrait me soulager. Je réveille chéri et lui demande de se dépêcher, on prend la valise pour la salle d’accouchement avec, au cas où.
A 9h on est chez elle, heureusement que j’avais pris mon seaux car dans la voiture et chez elle je vomis encore et encore. Quand elle me masse ça va mieux mais je commence à avoir mal sous la poitrine à gauche. Je fais une sorte de petit malaise. Une fois passé, mon chéri décide de m’emmener aux urgences. On arrive vers 11h et je suis pliée en deux de douleur. On va directement à la maternité et je me retrouve à 4 pattes dans le couloir à vomir toute ma bile, impossible pour mon chéri de me soutenir tellement c’est violent. On attend quelques minutes dans le couloir, le temps qu’une sage-femme arrive.
Quand elle nous voit, elle nous met directement dans la chambre la plus proche et appel du renfort. Je ne sais plus trop comment ça se passe ensuite mais on me pique de partout, impossible de trouver une veine correcte pour faire une prise de sang (et peut-être mettre une perfusion, c’est très flou dans ma tête mais j’ai extrêmement mal). Le monito indique que tout va très bien pour bébé, c’est la seule chose qui me fait tenir bien que je commence à avoir peur de lui faire du mal.
Vers midi et demi, les résultats de la prise de sang arrivent et le verdict tombe.
Je fais une pré-éclampsie et mon foie est entrain de lâcher
Il faut agir au plus vite, pas le temps d’attendre.
On ne peut pas déclencher le travail car il durera trop longtemps (col mou, un peu effacé et même pas 1cm d’ouverture) et de toute manière mon corps ne sera pas en mesure de supporter. C’est une question de vie ou de mort. On attend max 1h que l’anesthésiste de garde finisse son intervention et qu’une seconde gynéco soit présente. Je suis soulagée : on est à 36 SA + 5, min bébé va bien et ne court que très peu de risque. De toute manière, je sens que c’est ma seule option si je veux voir ma fille grandir.
Vers 13h30, on part en salle de césarienne, mon chéri se change en 2 minutes et j’attends qu’on me fasse la rachi (douleurs toujours atroces et être assise empire les choses). Dès que la rachi est faite, je me sens un peu mieux mais sans trop réaliser ce qui va nous arriver. Je me concentre sur mon bébé qui arrive et sur ma respiration. Je sens qu’on extirpe littéralement mon bébé de mon ventre, j’ai trouvé ça plutôt violent (mon chéri m’a dit qu’on voyait mon corps de soulever malgré le champ). La sage-femme me dit que la tête sort puis les épaules et le reste du corps. Très vite je l’entend pleurer et je verse un des larmes : mon bébé va bien, je ne risque plus de lui faire de mal, elle est entre de bonnes mains, je suis soulagée.
On me la montre quelques secondes, elle est bleue mais magnifique ! Elle file voir le pédiatre et continue de pleurer ce qui me rassure et m’aide a tenir bon (j’apprendrais pas la suite que le pédiatre a dû aspirer le mucus de ses poumons par deux fois car sa saturation en oxygène n’était pas top). Elle fait du peau à peau avec son papa et arrête de pleurer. Elle mesure 48cm pour 2,7 kg. La sage-femme me montre des photos le temps d’être recousue et lavée. J’apprends aussi qu’elle va bien et pourra remonter en chambre avec nous sans passer par la neo nat (j’en ai encore pleuré de joie).
Après 30 minutes je rejoins enfin ma fille qui est toute rose et toujours aussi belle. On reste en peau à peau 2h puis on est transférées dans le service des grossesses risques.
Je ne suis toujours pas sortie d’affaire
on ne peut pas se permettre d’aller en maternité classique. Je suis branchée de partout : perfusion pour protéger mon cerveau, mes reins et mon foie ; une perfusion suite à la substance précédente ; une perfusion de morphine ; une perfusion pour mon estomac ; une sonde urinaire ; un tensiomètre qui prend mes paramètres régulièrement et un capteur pour ma saturation.
À tout ça s’ajoute des prises de sang très régulières même en plein milieu de la nuit et le fait de vider la sonde qui parfois se bouche / évacue mal. Heureusement mon compagnon est là, à mes côtés et ma fille dans les bras quasiment en permanence. J’ai la chance de pouvoir l’allaiter. Lundi soir je me suis déjà levée, juste 2 pas mais c’était déjà un exploit. Malgré un gros malaise, mardi on retirait les perfusions et la sonde urinaire (j’appréhende de devoir me lever pour aller aux toilettes) même si la surveillance était toujours super étroite (prises de sang et prise de tension régulière + capteur de la saturation en continu).
C’est le mercredi matin que je suis officiellement sortie d’affaire.
Non sans grandes difficultés j’ai pu me lever et aller aux toilettes, avec l’aide d’une sage-femme.
Mon corps a été au bout de lui-même
Il lui faudra du temps de s’en remettre, plus que pour une simple césarienne. Il me faudra des mois pour m’en remettre complètement. J’ai dû attendre mercredi pour changer son premier lange et lui donner son premier bain. On a dû traverser le couloir et passer devant la PMA pour aller à la maternité car les infrastructures du MIC ne sont pas adaptées aux nouveaux-nés… A la pesée, elle avait perdu un peu trop de poids. On a donc décidé de mettre en place un plan d’action très strict impliquant de tirer mon lait : tétée toutes les 3 heures pendant au moins 20 minutes puis donner, au gobelet, du lait tiré la fois d’avant et à nouveau tirer du lait. Le cycle complet prend facilement 1h à 1h30. Ce qui nous laisse très peu de temps pour dormir. Le jeudi, après 24h de ce cycle infernal, poulette avait repris 140 gr ! Une vraie victoire ! Depuis le mercredi matin, n’étant plus une urgence vitale, avec le changement d’équipe et l’arrêt de la morphine, tout a commencé à se dégrader.
Jusque là j’étais une battante, forte et pleine de volonté. Mais là j’étais fatiguée et la pression est retombée, faisant place au doutes et aux peurs. Les sages-femmes étaient moins présentes et on commençait à se sentir à l’étroit voir un poids pour le service. Avec l’accord du gynéco de garde et de la pédiatre, on a pu sortir jeudi dans l’après-midi.
Depuis on apprend à vivre à 3. Nos proches nous ont bien aidé (laver toute la maison, laver les vêtements de la petite, faire à manger,…) On est encore complètement perdus car elle dort vraiment beaucoup et ne réclame pas à manger donc on doit mettre des réveils réguliers pour la nourrir et parfois « la forcer un peu »… Mais on est sur la bonne voie ! La vie est un miracle de chaque instant !
L’allaitement comme pansement
Aujourd’hui, j’ai la chance de pouvoir allaiter ma princesse d’amour. J’ai toujours voulu allaiter et, de part cette naissance particulière, l’allaitement est devenu encore plus essentiel pour moi. Ce n’est plus simplement un souhait mais un réel besoin : j’ai besoin que mon corps fasse quelque chose « correctement », normalement, qu’il fonctionne, qu’il fasse ce pourquoi il était conçu en fait (il m’a déjà « trahi » tant de fois !).
Et puis ça m’aide à surmonter cet accouchement difficile et traumatisant, à tisser un lien fort avec ma fille, à garder le moral et aller de l’avant mais surtout à être en phase avec elle, la comprendre et anticiper ses besoins pour y répondre rapidement.
En fait, je suis convaincue que l’allaitement me permet tous les jours d’être une meilleure mère que si je n’avais pas pu allaiter 😍
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