L. est une soeurange. Son grand frère est décédé de la mort subite du nourrisson lorsqu’il avait 10 mois. Née après lui, elle ne peut s’empêcher de se demander si elle aurait été désirée si son frère n’avait pas disparu si subitement. Un témoignage très douloureux qui fait prendre conscience de l’impact qu’un tel drame peut avoir sur toute une famille.
{Témoignage} Deuil périnatal : il n’y a pas que les parents qui souffrent
Bonjour à toutes les lectrices du blog
Je souhaitais m’exprimer sur un sujet qui est juste absent de tous les sites de témoignages de paranges : les frères et sœurs de ces bébés partis trop tôt.
Je suis l’une d’elles.
J’ai 32 ans et je suis née 5 ans après la mort d’un de mes frères décédé malheureusement à 10 mois de la mort subite du nourrisson.
Je suis la 5ème de la fratrie, celle que l’on n’attendait plus après 4 garçons.
Mais celle qui s’est posée la question enfant et encore aujourd’hui : « si mon frère avait vécu serais-je là ? » j
Je me pose cette question tous les jours, je culpabilise de me dire que s’il n’était pas décédé je ne serai pas là et je n’arrive pas à me « réjouir » d’être en vie, peut-être à sa place.
Quand il a quitté notre famille il a emporté avec lui un bout de ma maman mais surtout de mon père, « absent » dans nos vies car je pense qu’il a eu peur de nous perdre aussi et de ressentir encore ce deuil….
Il a je pense modifié notre famille durablement mais sans jamais que personne ne s’interroge sur notre deuil de ce frère.
Celui que l’on ne verra pas faire de bêtises avec nous, celui avec qui nous ne nous battrons pas ou ne ferons pas de câlins, celui qui nous manque à chaque événement familial, celui qui ne m’aura pas accompagné le jour de mon mariage, qui ne sera pas le tonton ou le parrain de mes enfants… celui qui me manque à chaque instant de ma vie…
même si je ne l’ai pas connu…
Je suis une soeurange
Lorsqu’un tel drame arrive, il n’y a pas que les parents qui en souffrent.
Faîtes attention aux fratries en deuil même si nous n’avons pas connu ce frère ou cette sœur.
Sa disparition modifie nos vies autant que celle de nos parents.
Nous vivons avec ce vide immense et l’impression qu’il nous manque un bout de nous.
merci
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nat dit
Bonsoir,
Je faisais quelques recherches et je suis tombée sur votre article. Ce soir je suis en pleine déprime, donc je rumine pas mal. J’ai vécu la même chose. Mes parents ont eu un premier bébé vers la vingtaine qu’ils ont perdu lorsqu’il avait 3 mois (mort subite du nourrisson). Ma mère qui avait déjà quelques soucis psy à l’époque,, je pense, a sombré dans un espèce d’état second qui l’a poursuivie toute sa vie (elle était comme déconnectée, sans émotions). Aujourd’hui elle est enfin diagnostiquée (bipolaire). Mon père lui, a eu pas mal d’idée suicidaires et soucis avec l’alcool.
Mon père ne voulait qu’un enfant (il disait toujours qu’il était trop égoïste pour en avoir plusieurs). Donc 5 ans après, je suis arrivée entre une mère hyper angoissée et incapable du moindre rapprochement affectif (peur sans doute de trop s’attacher) et un père hyper possessif. Bref le combo gagnant pour que je suis super bien dans mes baskets ! je suis cynique là…
Toute ma vie, le fantôme de Christophe (mon frère, j’emploie le terme frère mais je ne sais pas ce que c’est d’en avoir un puisque j’ai grandi sans) m’a poursuivi, dans mes moments de déprime je me dis qu’il aurait été mieux que moi, qu’il aurait eu sa place comparé à moi, bref je m’en veux d’être là et d’avoir partiellement raté ma vie. Parfois je me demande si (le paradis ou autre chose existe) on se rencontrera et ce qu’il me dirait. S’il m’en veux de lui avoir piquer sa place etc
Ruat dit
Votre témoignage m’a beaucoup plu. Future gd mère d’un petit bonhomme qui remontera au ciel et de sa jumelle qui a priori va très bien, je me demande comment accompagner cette petite fille dans ce deuil, car elle aussi ressentira cette absence. Vous avez raison: l’amour donné, le fait d’en parler en famille sans tabou et nous avons en plus la chance d’être croyants, j’espère que tout cela aidera cette puce et ses parents qui vivent des moments qu’on ne souhaite à personne.
Marie dit
Ce témoignage m’a beaucoup touchée car je me suis un peu reconnue dedans.
Ma maman a eu la douleur de perdre 2 enfants in utero. Un premier ange, puis mon grand frère est né, et encore un autre ange. A la suite de cela, elle et son premier mari se sont séparés. Elle a alors rencontré mon papa, et a eu moi, puis ma petite sœur. Moi aussi je me suis posée ces questions : est ce que nous sommes , ma sœur et moi, des « remplaçants » de ces enfants perdus? J’ai fini par conclure que non, et à passer à autre chose, mais il m’a fallu une petite séance chez un psychologue pour cela. Peut etre juste pour vider mon sac.
Cependant, cela m’a rattrapé l’année dernière, lors de ma grossesse (c’est mon premier). J’avais la grande peur de connaitre la même situation, qui ne m’a pas quittée jusqu’a la naissance de mon bébé. Ma maman aussi avait cette angoisse pour moi, et repensait à ses grossesses. Elle n’a pas su me cacher cette peur et cela alimentait la mienne. Elle n’a d’ailleurs pas voulu prendre mon fils dans ses bras quand elle l’a vu pour la première fois et il a fallu plusieurs jours pour la convaincre.
Bref, tout ça pour dire que le deuil périnatal ne concerne pas que les parents, ou les frères et sœurs ainés, mais aussi ceux qui viennent après et également la génération suivante. N’hésitez pas à consulter des professionnels, même pour une seule séance, pour vous accompagner dans votre questionnement.
miocene dit
Merci pour votre témoignage… j’espère que mon récit vous aidera
Le 6 septembre 2017, j’ai accouché de mon fils mort in utero. Oui suite à cela je n’ai jamais plus été la même (mon mari aussi) Oui je pleurerai mon fils toute ma vie. Mais le fait d’être différente n’est pas forcement négatif. Je connais le prix de la vie. J’ai grandit, je suis aussi devenue beaucoup plus forte. Je suis aussi beaucoup moins en colère de manière générale car je me résigne contre ce que je ne peux pas changer, alors qu’avant j’avais tendance à me battre contre des moulins à vent. J’ai appris à prendre soin de moi et à me protéger. Mon fils m’a fait ces cadeaux. Et pour nous, il était hors de question de s’arrêter de vivre après ce drame car cela aurait été une insulte pour notre fils, mais bien au contraire vivre et profiter de chaque instant.
Bien avant ce drame, nous voulions plusieurs enfants avec mon mari, et nous avions mis 5 ans avant d’avoir notre fils. Le désire de voir grandir nos enfants n’est pas parti avec lui. Mais dès le départ, il était très clair que nous ne le remplacerions jamais. Les enfants que nous aurions seraient des petits frères et des petites soeurs Pour cela nous lui avons fait une place (une petite statue dans le salon, un album photo, une boite avec ses quelques affaires, un coin de fleur à lui fans le jardin. Nous avons aussi instauré 2 jours pour lui – son anniversaire et la journée du deuil périnatal). Le fait de lui avoir fait une place, nous a complètement libéré pour le reste. Nous avons aussi tout de suite choisi des prénoms pour les petits frères et petites soeurs (avant même que je sois enceinte).
Le 5 février 2019, j’ai accouché d’une magnifique petite fille, pleine de vie. Nous l’avons appelée Éléonore prénom que l’on peut rattacher au terme latin lenire signifiant « apaiser (une douleur ou une souffrance). Car même si ce n’est pas pour cela que nous l’avons faite, elle est notre rayon de soleil, notre bonheur, notre chance, notre joie de vivre. Elle nous a redonné une raison de vivre. Ça n’empêche que je pleure encore son frère et que je le pleurerai toute ma vie. Mais je me sens chanceuse de tenir ma fille dans mes bras, de la voir sourire, grandir …. Je lui parle parfois de son frère car je ne veux pas que se soit un tabou, mais je ne veux pas non plus qu’elle se sente étouffée par un fantôme. J’espère y arriver.
Mon chagrin ces derniers temps est different d’avant la naissance d’Eléonore. Je sais que je n’aurai jamais mes deux enfants ensemble. Car si j’avais eu mon fils vivant, nous aurions eu d’autres enfants mais cela n’aurait pas été mon ÉlÉonore. En effet, le caractère, le vécu de ma fille. La relation que j’ai avec elle, les choix de parents que nous faisons pour elle, sont directement liés au décès de son frère. Cela aurait été un enfant complètement different si son frère avait vécu. Or comment me passer de ma fille ? je n’en voudrait une différente pour rien au monde. Alors voilà mon Oscar m’a fait le plus merveilleux cadeau en me permettant d’avoir mon Eleonore.
D’ailleurs lorsqu’au début de mon récit je disais que le de ces de mon fils m’avait rendu plus forte….. Ma fille a failli mourir pendant ma grossesse…. mais la force que m’a donné mon fils m’a permise de me battre contre les médecins qui étaient en train de faire des erreurs médicales….
J’espère que ma fille arrivera à se construire et ne doutera jamais de l’amour que nous avons pour elle.
Chloé dit
Vous ne saurez jamais si vous seriez là si votre frère avait vécu. Mais sachez une chose : vous êtes aimée, de toute la force dont des parents sont capables.
Maman d’un petit garçon de 18 mois, je pourrais mourir si mon fils disparaissait. Mais je sais aussi que j’aimerai tous mes bébés si demain il y en a d’autres, et d’un amour inconditionnel.
Votre frère est parti trop tôt et c’est un drame que vous devez porter. Mais surtout ne doutez jamais de votre place. En fin de compte, est-ce si important de savoir comment les choses auraient été « si….. » ? Ce qui compte, c’est que vos parents ont souhaité vous donner la vie. Et pour vouloir un autre enfant après 4 aînés et un tel drame, il en faut, de l’amour et de l’envie, ne croyez-vous pas?
Soyez forte. Vous êtes aimée 😉
NN dit
Ce témoignage est extrêmement touchant. J’ai perdu ma fille à l’âge de 6 mois, sans explication… C’était ma 2ème, son grand frère avait tout juste 3 ans et je suis retombée enceinte 4 mois après son décès d’une 2ème petite fille.
Nous sommes une famille de 5 personnes, avec 3 enfants, et on fait absolument tout pour que le sujet ne soit pas tabou. Mais les silences gênés et les non-dit viennent des autres, de nos familles et plus particulièrement de la génération de nos parents.
Notre numéro 3 a presque un an et on lui parle de sa soeur, elle voit des photos et on lui explique dès maintenant que nous voulions 3 enfants et nous avons eu nos 3 enfants. Personne ne remplace personne, on l’aurait voulue et espérée quoi qu’il en soit, juste dans un calendrier un peu différent.
Rien ne pourra remplacer un enfant dans le coeur de ses parents, jamais, et surtout pas un autre enfant.
Vous avez fait VOTRE place dans le coeur de vos parents, c’est difficile à expliquer mais le lien d’un parent avec chacun de ses enfants est tellement unique, lorsqu’un lien se rompt la connexion est perdue, on ne peut pas mettre autre chose à la place. En revanche on peut en créer un nouveau, juste à côté, mais jamais « à la place de ».
Est-ce que vous seriez née s’il n’y avait pas eu ce drame ? Personne ne pourra le dire, mais beaucoup d’autres évènements auraient pu influencer les choses (un travail, un déménagement, une histoire familiale etc.). Celui-ci est douloureux mais ce n’est de la faute de personne, surtout pas de la votre.
Nous avons tout de suite été pris en charge psychologiquement à l’hôpital suite au décès de notre fille et nous avons voulu continuer avec une pédopsychiatrie justement pour savoir comment nous positionner vis à vis de nos enfants, comment leur parler de leur soeur et la faire vivre comme un membre de la famille.
Peut être pourriez vous essayer de trouver une personne qui connait ce genre de sujet et qui vous aidera en tant qu’enfant (vis à vis de vos parents) et soeur.
Bon courage
Priscillia Soibinet dit
Bonjour,
Mamange depuis septembre 2015 et maman depuis novembre 216, serait-il possible de discuter en privé avec certaines d’entre vous afin de recueillir vos ressentis pour que puisse moi-même peut être éviter certaines maladresses avec ma fille par rapport à sa grande sœur partie trop tôt ?
d’avance merci à vous
Elodie dit
Je suis également né après ma soeur décédée à 4 mois de la mort subite du nourrisson et j’ai été conçue le mois suivant… J’ai donc pris la place d’aînée, ma mère nous a souvent parlé de ma soeur elle a pris beaucoup de place mais je n’en avais pas vraiment pris conscience jusqu’à récemment.
Je trouve dommage qu’on ne trouve rien sur ça, sur les conséquences que ca peut avoir sur la fratrie.
Merci pour ton témoignage.
Melethryn dit
Oh combien résonne ce témoignage en moi, à ceci près que je c’était mon jumeaux qui m’a laissée seule sur terre, lui rejoignant les étoiles avant notre naissance, devenue la mienne par la même.
Je pense que ce manque ne sera jamais combla, ni par moi ni par un autre, et ce manque est ressenti par ma maman et moi, bien que d’une façon différente.
Tout mon soutien ces questions seront toujours là, mais l’amour de notre proches, dont nos parents aussi, n’en doutez jamais.
claire dit
Bonjour, c’est un lourd passé pour votre famille. Le sujet est peut être dure à aborder mais je pense qu’il serait important que vous en parliez avec votre famille. Peut être n’ont ils pas conscience de votre mal-être et de la façon dont vous avez vécu tout cela, peut être qu’ils pensent que vous n’avez pas été touché étant donné que vous êtes arrivée après ce drame. Vos parents devaient avoir néanmoins le choix de vous gardez ou pas quand la grossesse est arrivée, et même si vous étiez peut être un « accident » ils ont fait le choix de vous laisser rentrer dans leur vie. C’est donc je l’espère qu’ils voulaient que vous soyez là.
Je me rappelle d’une personne qui avait dit à son fils qu’il était un « accident », ce n’était pas tabou et ils en parlaient ouvertement, il n’avait pas été prévu mais je me rappelle aussi surtout qu’a Son mariage elle le regardait attendri et fière en disant « il est quand même super bien réussi cet accident et on est heureux ».
Bonne chance pour votre avenir, il faut que vous parliez de tout cela, c’est très courageux d’en avoir parler sur le site déjà.
mystikbeauty dit
Oui c’est dur, je le vis aussi chaque jour, même si à la maison c’est un sujet tabou, et que je ne sais donc pas vraiment ce qu’il s’est passé qui a déclenché la perte de mon grand frère. En sachant en plus que dans la famille, il est difficile de tomber enceinte, je sais que j’ai été désirée mais que c’est quand mes parents ont baissés les bras et se sont fait une raison que je suis arrivée.
Je pense qu’on ne sors pas indemne de ce genre de chose, même si nous n’étions pas là lors de la perte de cet enfant, et que nous avons quoiqu’il arrive une partie de nous qui ressent ce manque….
Julie dit
Je partage totalement ce qui est dit dans ce témoignage. J’ai également perdu un frère alors même que je n’étais pas née. Très souvent (et encore plus durant mon adolescence, au moment où l’on cherche à se construire), je me demande si j’aurais été là si il avait vécu… Un jour m’a mère m’a dit que oui, que j’étais désirée même si il était resté parmi nous, mais les mots sonnaient faux et encore aujourd’hui je ne sais pas si je peux y croire.
Par ailleurs, la deuxième partie de cet article résonne également dans mon histoire. Ma maman n’a plus jamais été la même après ce deuil et je porte la culpabilité de ne jamais avoir comblé ce vide dans sa vie … et pourtant je suis juste une sœurange, celle qui, dans la famille, est la seule a ne jamais l’avoir connu, mon grand frère inconnu et que j’aime profondément quand même.