Romane a eu un vrai accouchement catastrophique. Elle et son bébé ont failli ne jamais pouvoir se rencontrer. Voici son témoignage.
{Témoignage} Un accouchement traumatisant
Je m’appelle Romane, heureuse maman d’un petit Valentin, né le 16 août dernier. Mon mari et moi avions très envie d’un bébé, qui s’est rapidement installé. Une grossesse idyllique, sans nausées, mal-être, ni inconvénients majeurs. Un bébé et une maman en pleine forme.
Le dernier mois de grossesse me semble très long, comme pour beaucoup de futures mamans. Mon dernier mois de grossesse sera particulièrement long puisque le 10 août, jour de mon terme, je ne sais toujours pas ce qu’est une contraction. Bébé est en pleine forme lors des contrôles à la maternité, on se laisse jusqu’à J+5 pour déclencher.
J’ai marché plusieurs kilomètres tous les jours, j’ai fait l’amour, du ballon, de la voiture…
Nous voilà pourtant le 15 août au matin, à la maternité pour accoucher
Nous avons rendez vous à 8h pour le déclenchement. Col fermé donc on commence par un tampon, que je garderai 24h. A l’issu du tampon, mon col est ouvert à 1. On me l’enlève, puis une heure après, les contractions démarrent.
Enfin !
Je passe en salle d’accouchement. Les contractions sont trop violentes, je demande la péridurale. Malheureusement pour moi, elle ne marche que d’un côté. La sage femme me demande si je veux que l’anesthésiste revienne, je lui réponds que non, ça ne me dérange pas de sentir un peu…
A peine une heure après notre arrivée en salle de naissance, le cœur de bébé s’affole. Il descend de moitié à chaque contraction. La sage femme tente de me changer de position, puis revient avec une gynécologue pour regarder. Les voilà en train de s’installer entre mes jambes. Puis elle se regarde.
Ce regard que je n’oublierai jamais.
En une seconde, tout bascule. La gyneco ouvre la porte en criant « ça part au bloc », la sage femme enfonce son bras dans mon vagin, 10 personnes entrent, me débranchent, parlent trop vite, trop fort, mon mari est propulsé à l’autre bout de la pièce. Je pleure, je ne comprends rien. En une minute on est au bloc. Je vois des gens crier au pédiatre de venir. On me manipule de tous les côtés, je suis en larmes. La péridurale ne marchant pas d’un côté, on m’endort. Je regretterai toujours de ne pas avoir insisté pour que l’anesthésiste revienne m’installer correctement cette fichue péridurale…
J’émerge doucement. Tout est flou. Ma vision, mon ouïe. Je vois des formes. J’entends mon mari qui me présente notre fils. Je le trouve magnifique, même flou. Il va bien. Je suis heureuse. Mon mari vient en salle de réveil. Je lui dis d’aller avec notre fils. Moi, ça va.
Je récupère lentement l’usage de mes membres. L’infirmière vient vérifier mes saignements, elle appuie comme une folle sur mon ventre. Je me sens seule. Mon fils est né à 16h12. L’infirmière dit que je ne pourrai pas sortir tant que je n’arriverai pas à faire « le pont », c’est à dire à lever haut mes fesses. Avec une péridurale et une anesthésie générale, pas facile… je prendrai mon fils dans mes bras pour la première fois à 23h.
Nous voilà en chambre avec mon mari
On est sous le choc, mais on se dit que le pire est derrière. Je vais bien, notre fils aussi. Tout va bien. Il m’explique ce qu’il s’est passé (oui, mon mari, aucun médecin n’est venu me voir…). Il y a eu procidence du cordon. Le cordon est descendu dans le vagin avant la tête. Mon fils comprimait donc le cordon à chaque contraction, et se privait d’oxygène. Le bras de la sage femme, si douloureux, servait en fait à refouler sa tête, pour ne pas qu’elle appuie sur le cordon.
Minuit. Je me sens faible. Peut être parce que je n’ai pas mangé depuis un moment. On m’apporte du sucre. Ça va mieux. Je dis à mon mari de rentrer se reposer. Il est une heure du matin. Je profite de mon fils. Quand tout à coup, tout se floute. Je me sens partir. J’arrive à biper l’infirmière qui heureusement arrive rapidement. Je lui dis de prendre mon fils de mes bras. Je fais un malaise. La sage femme est appelée. On m’amène faire une echo. Le médecin est clair : je perds beaucoup de sang dans le ventre. Il faut m’opérer à nouveau. On m’informe du risque de perdre mon utérus. Je fonds en larmes. Mon bébé est à la nurserie. Si petit, déjà si seul. J’appelle mon mari, je lui dis de venir. On me transfuse deux poches de sang. Puis on m’endort, encore.
Je me réveillerai à 5h du matin. Toujours la même salle de réveil. Le médecin n’a pas trouvé l’origine du saignement, on m’a installé un tuyau pour évacuer le sang dans mon ventre. Je le garderai 3 jours. A 10h, je retourne dans ma chambre. Je retrouve mon mari et mon fils, enfin. Je suis épuisée. Deux anesthésies générales, une péridurale, une nuit blanche. Psychologiquement c’est atroce, je fonds en larmes.
Lors de ce séjour à la maternité, je reprendrai peu à peu des forces. Je découvre mon fils, rattrape le temps perdu. Mon état s’améliore très lentement. Je suis effondrée de douleurs physiques et psychologiques.
Je serai suivie quotidiennement par une infirmière pendant 6 semaines.
Aujourd’hui, mon fils a 9 mois. Je suis toujours suivie par une psychologue.
Cet accouchement a été traumatisant pour moi
Comment cette grossesse si parfaite a pu conduire à un accouchement aussi catastrophique ? J’ai failli perdre mon fils, puis j’ai failli mourir moi-même. Je me suis sentie partir. Je n’oublierai jamais cette journée, qui est très loin d’être la plus belle de ma vie.
J’ai mis beaucoup de temps à réaliser que mon fils était le mien. J’avais l’impression qu’on me donnait un bébé dont je devais m’occuper. On m’a présenté un bébé tout habillé. Tout propre. Je ne l’ai vu nu que 4 jours après sa naissance, quand j’ai réussi à me lever pour voir le change.
La césarienne, et d’autant plus sous anesthésie générale, a été un vrai frein à l’attachement maternel pour moi. Aujourd’hui, je commence enfin, doucement, ne plus pleurer chaque 16 du mois.
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Axelle dit
Quel traumatisme, tu as bien le droit d’être traumatisée même si « tout va bien au final ».
Je me demande juste dans quelle mesure les déclenchements à outrance provoquent des complications sur des grossesses qui étaient à la base non pathologiques.
Je suis pro nature et j’ai eu deux très beaux accouchements physiologiques donc je ne juge pas…pour moi ca a été « facile » et rapide… mais je me suis énormément documentée pour mon 2e accouchement prévu à la maison. Et très souvent quand la physiologie est respectée, sur une grossesse qui va bien, l’accouchement se passe bien. Plus on intervient médicalement parlant plus on a des risques de complications ou des cascades d’interventions médicales.
Ce n’est bien sûr pas de la faute des mamans mais il faudrait quand meme qu’on laisse plis que 5 jours post terme.pour un déclenchement et qu on fasse.confiance aux bébés et au corps pour que cela se lance tout seul…enfin je ne referai pas le.monde mais j’espère que les femmes vont oser s’affirmer face à ces injonctions médicales de provoquer à tout prix…courage à vous mesdames.
Sophie dit
Si ça peut vous consoler un peu, j’ai fait tous les accouchements catastrophiques imaginables :
– fausse couche suite à une pneumonie au milieu de la nuit avec un infirmier qui ne pouvait rien me donner et le médecin de garde était ailleurs
– accouchement par déclenchement d’un bébé mort in utéro sans péridurale (demandée trop tard) avec un déclenchement qui n’arrivait pas et un col très long (donc déclenchement extrêmement douloureux)
– accouchement déclenché avec un placenta praevia partiellement recouvrant. Encore une fois hyper douloureux car col trop long mais en plus j’ai perdu tout mon sang
– accouchement non declenché… je suis allée à l’hôpital pour des contractions non douloureuses mais rapprochées. La sage femme m’a dit que ce n’était rien et que ce n’était pas pour aujourd’hui. Quelques heures plus tard, j’avais tellement mal qu’on appelle la maternité qui nous dit de revenir. A l’arrivée mon mari me met sur une chaise roulant me car je ne tiens plus debout. Entrée par les urgences car c’est la nuit. La fille des urgences refuse de me donner accès à la maternité. C’est la première fois. Elle me met en salle d’attente. Après 15 minutes à hurler, supplier qu’on m’aide, ASSISE, on daigne me voir. Je hurle, mais il faut absolument qu’on prenne mes paramètres. Quand on me prend finalement aux consultations de la maternité, je commence à avoir besoin de pousser…. on me force à me lever du fauteuil roulant pour aller sur la table d’auscultation…. la poche des eaux s’est rompt et la tête de bébé est là. Deux minutes après bébé est né…
Au final, le pire des accouchements a été le dernier. Être seule, en position assise… dans un hôpital à supplier et à hurler sans personne pour s’en soucier…
Lili dit
Comme je te comprends et je suis tellement triste pour toi…
J’ai vécu un peu la même histoire. Je suis tombée enceinte très rapidement. J’ai vécu une grossesse assez tranquille et j’étais en pleine forme tout le long. Je n’ai jamais eu de « vraies » contractions.
On m’a déclenché à j+5 du terme avec tampon….ce qui n’a rien donné au bout de 20h.. J’étais à 1…Donc perfusion d’ocytocine… La ce fut extrêmement douloureux… La péridurale a été posé super tard par manque d’anesthesiste disponible. Du coup quand ça a été fait j’étais épuisée après presque 48h d’accouchement et puis d’un coup tout à basculé… Tout s’est mis à bipper, des soignants couraient partout.. On ne m’a rien expliqué, j’ai été séparé de mon mari sans un mot et je suis partie pour une césarienne d’urgence car le bébé avait plusieurs tours de cordons autour du cou et s’étouffait à chaque contraction…
J’ai fait une réaction allergique pendant l’anesthésie et je suis tombée dans le coma quelques minutes… et à mon réveil j’étais seule sans nouvelles du bébé et de mon mari.. J’ai cru que tout était fini.
Quelques heures après ils me l’ont amené mais comme tu dis déjà toute nettoyée et habillée. Et le contact ne s’est pas fait… En plus je n’arrivais même pas à m’ assoire tellement c’était douloureux…. j’ai très viré senti qu’il y avait quelque chose d’anormal… Ils avaient mal refermé à l’intérieur et je perdais du sang donc retour en salle d’opération…
Je suis restée près de 10 jours à la maternité dans un état physique et psychologique catastrophique… Je n’arrivais même pas à m’ assoupir de peur de mourir et autant te dire que le lien avec ma fille ne s’est pas fait du tout à ce moment là…
A mon retour à la maison mon mari a vécu un vrai parcours du combattant pour assumer le quotidien, notre fille, et pour m’aider car aucune aide ne t’ai accordé à ton retour quand tu es encore allité et que tu ne peux même pas te rendre seule au WC…
Et surtout pendant près de deux ans ce fut un combat quotidien pour sortir la tête de l’eau et me reconstruire physiquement et psychologiquement grâce à une psychologue formidable et l’aide de plein de praticiens différents: acupuncteur, ostéopathe, kinésithérapeute, reflexologue, hypnotherapeuthe…
Et le lien avec ma fille s’est créé au fur et à mesure que je me suis reconstruite et aujourd’hui presque 5 ans plus tard on est très complices et inséparables. Je lui ai toujours raconté son histoire et aujourd’hui je tente de répondre à ses questions, quand elle en a, sur la façon dont s’est passé son arrivée et sur le pourquoi on a peu de photos ensemble lors de ses premières jours… Et je me suis aperçue que ça me faisait du bien d’en parler avec elle mais que ça lui faisait aussi beaucoup de bien à elle..
Comme disait une jeune femme tout à l’heure, il faut relativiser car toi ou ton bébé aurait pu y rester mais moi même si j’avais conscience de ça, cela ne m’a pas permis d’avancer et de m’en sortir pour autant.
Mon moteur à moi fut de me dire que je devais me remettre sur pied et redevenir la femme forte que j’étais avant cette épisode si douloureux afin qu’elle ait une maman au top… Ou en tout cas le plus au top possible et également pour mon mari qui a aussi tant souffert de cette situation 😉
Avec le recul ça me donne encore plus l’envie de croquer la vie a pleine dent !!!
Mais malheureusement aujourd’hui à chacun de ses anniversaires ma première pensée, avant de me réjouir de lui fêter son anniversaire, est que cela fait tant d’années que ce jour catastrophique est arrivé. j’espère qu’avec le temps la douleur s’estompera…
Alors sache que tu n’es pas la seule à avoir ce genre de blessures mais ne culpabilises pas tu n’y es pour rien.
Prends soin de toi, fais toi aider par des professionnels compétents, entoures toi de gens aimants et bienveillants et profites à fond de ton bout de chou qui aujourd’hui va bien 😘
Bonne continuation !
Flo dit
Chère Romane,
Votre accouchement a été très dur, je retrouve un peu de mon histoire avec la grossesse parfaite et l’accouchement catastrophe avec la procidence du cordon et la césarienne d’urgence qui représente aussi un traumatisme.
En revanche, je ne sais pas si cela pourra vous aider, mais le fait de relativiser peut parfois changer notre vision sur les choses, et votre bébé est en bonne santé et c’est là l’essentiel.
En ce qui me concerne, cet accouchement catastrophique a causé des lésions irréversibles à mon fils qui est décédé quelques jours plus tard…
Alors si le votre est en vie, profitez en pleinement car cela n’a pas de prix. L’idée n’est surtout pas de vous culpabiliser car il faut en effet travailler et être suivie pour dépasser ce traumatisme, mais se dire aussi que ça aurait pu être pire, vous ou votre fils auriez pu ne pas vous en sortir !
Comme le dit Kenzaya, on ne parle malheureusement pas assez de la gravité associée à la grossesse et l’accouchement, et la chute est d’autant plus vertigineuse lorsque cela se passe mal…et ça on l’apprend souvent à ses dépens 🙁
Bravo pour votre démarche d’oser raconter aussi les choses quand elles tournent mal, car les évènements dramatiques n’arrivent pas toujours qu’aux autres, comme on peut souvent le penser, surement pour se rassurer aussi…
kenzaya dit
Bonjour Romane,
Je suis vraiment désolée pour vous, pour cet événement traumatisant que vous avez subi. Malheureusement, on entend toujours dire « les femmes donnent la vie depuis la nuit des temps et l’humanité se porte bien; c’est naturel; et blablabla » mais on oublie de parler de tous ces accouchements catastrophe, dont l’issue peut être fatale. On nous vend des accouchement de rêves, retour aux sources, plan d’accouchement et compagnie, je dis pas que c’est mal, mais je ne trouve pas ça bien non plus. Pcq en cas de problèmes, comme cela vous est arrivé, le choc est encore plus violent. Accoucher n’est pas un acte banal, encore moins sans danger. On peut baliser, mais on ne peut pas contrôler, ni prévoir ou anticiper. On ne nous dit pas qu’en cas de problème, la priorité c’est de sauver la mère. Quand le corps médical se retrouve confronter à une situation d’urgence, ils agissent, et bien souvent au détriments du patient, sans donner d’explication à l’instant T. Et en fait, ce n’est pas leur faute. Ils doivent agir vite, prendre des décisions, limiter les dégâts, ils ne peuvent pas en plus prendre le temps d’expliquer et de devoir potentiellement gérer une crise d’angoisse ou perte de conscience du patient. Alors oui c’est frustrant, oui cela peut sembler dur, inhumain. Mais quand il faut faire des choix pour sauver une/des vies, il y a des conséquences. Attention je ne dis pas que ce qui vous arrive est normal ou autre, pas du tout. Je tente juste de vous faire voir la situation (horrible) que vous avez vécu d’un autre point de vue. Pour ma part, j’ai compris sur la table d’accouchement que quelquechose n’allait pas, la tension, les regards, la durée interminable… Et finalement, la gynécologue m’a expliqué et a répondu à mes questions quasiment 48h après la naissance de mon fils. Elle a justifier en disant qu’elle devait s’assurer que je ne risquai plus rien, pour ne pas m’alarmer et potentiellement d »clenche un autre phénomène. Je m’en suis bcp voulu, et après des discussions interminable avec mon mari, j’ai compris que c’était peut être pas plus mal (surtout au vu de ma nature angoissée par anticipation).
Vous avez été traumatiser, cela se comprend, mais vous êtes suivi, et ce dès la maternité, vous êtes soutenue, et ça, ce n’est vraiment pas donner à tout le monde. Vous n’oublierez pas, c’est malheureux mais c’est comme ça. En revanche vous avez le choix de décider de vivre et profiter pleinement de votre bébé, de votre mari, de votre nouvelle vie de famille. De voir cette très mauvaise expérience sous un autre angle de vue, de tenter de trouver le « positif » (si on peut dire ça comme ça) vous êtes là aujourd’hui, avec votre petite famille, et dans ce moment très dur, votre mari ne vous a pas lâché. A chaque fois que vous avez ouvert les yeux, il était là. C’est plus facile à dire qu’à faire, mais ça ira mieux.