{Témoignage} Placenta praevia et accouchement catastrophe

Pendant la grossesse, le gynécologue d’Emy avait détecté un placenta praevia, mais qui était « remonté ». L’équipe qui l’a accouché n’a pas lu son dossier médical et le jour de l’accouchement elle s’est mise à perdre énormément de sang. Voici son témoignage.

Le danger du placenta praevia lors de l’accouchement

Bonjour,

Je m’appelle Emy.

Mon témoignage sera long mais j’espère qu’il pourra vous aider. Je souhaite simplement qu’aucun couple ne vive le cauchemar que nous avons vécu avec mon mari. 
J’espère et je souhaite qu’aucun couple ne subisse cette situation atroce, ce sentiment où mon mari me voyait me vider de mon sang sans que personne ne réagisse, cette sensation de souffrir tellement que notre corps ne nous appartient plus. Aucune personne ne devrait souffrir autant. Je suis du milieu médical pourtant et je n’ai jamais laissé un patient souffrir, je ne comprends toujours pas ce dysfonctionnement qui a eu lieu le jour de mon accouchement.

J’ai accouché il y a 3 ans et demi d’une merveilleuse petite fille. J’ai été déclenché pour oligoamnios (peu de liquide amniotique). J’ai eu un accouchement de rêve.
En juin 2018 je deviens officiellement madame et en juillet j’apprends que nous serons de nouveaux parents. Nous sommes aux anges. 
En août, je perds du sang, nous finissons aux urgences on nous explique que c’est normal. 2 semaines plus tard je perds de nouveau du sang, on nous explique que j’ai un léger décollement du placenta mais rien d’alarmant. 1 mois et demi plus tard, je suis enceinte de 4 mois et je perds de nouveau beaucoup de sang. On nous annonce un décollement du placenta très important, ils nous ont préparé à faire une « fausse couche tardive », le choc.

Je décide d’aller voir mon gynécologue qui me suit depuis le début de ma grossesse, il confirmera le décollement du placenta et m’annoncera que j’ai aussi un placenta praevia, il fera tout son possible pour que j’aille le plus loin dans ma grossesse.

Le danger du placenta praevia

J’ai donc été alitée jusqu’à 8 mois de grossesse, des infirmières venaient à mon domicile me faire des injections de progestérone.
A 6 mois je n’ai plus de décollement et à 8 mois de grossesse on m’annonce que mon placenta est remonté, je peux prétendre à un accouchement par voie basse sans risque d’hémorragie mais à surveiller tout de même. Soulagement. 
Je suis à 37 +8SA je me rends au urgence car je ne sens plus mon bébé bouger depuis une dizaine d’heures. Après monitoring et échographie, bébé va bien, le gynécologue de garde m’annonce que je vais devoir être déclenchée pour oligoamnios (de nouveau !). Avec mon mari nous sommes heureux car le déclenchement s’était très bien passé pour la première. Nous sommes confiants. 
Nous voilà 2 jours plus tard à 8h30 aux urgences maternité de la clinique. A 9h on me pose le premier gel (mon col est à 1), les contractions arrivent très vite… Je fais tout pour accélérer le travail, nous marchons avec mon mari, nous montons les escaliers, je fais du ballon… À 15h30 je suis toujours à 1, pose du deuxième gel. Les contractions sont toujours autant douloureuses et rapprochées mais je sais que bientôt notre fille sera là. À 18h00, je suis toujours à 1, je remonte en chambre épuisée de toutes ses contractions qui ne font rien sur mon col. A 19h je me lève de mon lit et je perds du sang, je demande à mon mari d’aller chercher la sage femme, elle arrive rapidement et me dit que c’est normal, cela signifie que mon col se modifie. OK. Elle me pose un monitoring, j’entends le cœur de ma fille, cela me rassure .

A 19h15 les contractions sont ultra douloureuses je n’arrive même plus à reprendre mon souffle elles sont toutes les 30 secondes, je sonne. Une sage femme arrive sans même me regarder, je pleure j’ai l’impression qu’on me déchire de l’intérieur, je lui dis que je sens que je perds beaucoup de sang à chaque contractions. Mon mari lui dit que je suis brûlante, je frissonne, j’ai froid. Elle me dit qu’elle revient dans 5 minutes.. 25 minutes ont passées avant de la revoir. Je crie, je supplie mon mari de m’aider. La sage femme arrive, ne me regarde pas, souffle, elle me dit  » oui bon vous avez des contractions très rapprochées » je lui dis que je perds beaucoup de sang que j’ai vraiment très mal. 

Elle fini enfin par m’ausculter quand j’entends mon mari lui dire « et ça c’est normal ? » la sage femme me dit « mais pourquoi vous m’avez pas dit que vous perdiez autant de sang ? j’appelle tout de suite le médecin« . En revenant elle me dit  « on va tout de suite en salle« , elle m’embarque debout dans ma superbe culotte filet. Je lui dis que je veux mettre un pantalon elle me répond qu’on a pas le temps, je traverse la maternité, l’ascenseur, le couloir des urgences avec un simple gilet que j’ai tant bien que mal noué autour de ma taille. Je m’arrête toute les 30 secondes, je crie, j’agrippe la rambarde du couloir, j’ai tellement mal mais surtout j’ai tellement froid.

Elle dit à mon mari de me préparer pendant qu’elle part appeler l’anesthésiste. Mon mari m’aide tant bien que mal à me déshabiller.
L’anesthésiste arrive, l’auxiliaire de puériculture dit à mon mari de me tenir pour la pose de la péridurale et de m’aider à faire le dos rond. J’ai tellement mal je souffre, je supplie l’anesthésiste de me soulager, mon mari essaye de m’aider mais impossible pour lui d’appuyer sur mes épaules pour faire le dos rond.

La pose de la péridurale est un véritable calvaire

L’anesthésiste me rassure, me dit que bientôt tout sera fini, que je serais soulagée. Le gynécologue de garde arrive pendant que l’anesthésiste finit de me poser cette fameuse péridurale mais je leur dis qu’il est trop tard que je sens que ma fille est là . En 3 poussées ma fille est sortie mais malheureusement la péridurale n’aura pas eu le temps de faire effet. Soulagement je n’ai plus mal mais je ne réalise pas que ma fille est posée sur mon ventre, j’atterris tout juste, lorsque je la regarde elle a du sang qui sort de sa bouche et de son nez, elle ne respire pas.. On l’emmène pour l’aspirer. Premier cri, enfin. On me l’a ramène je la regarde mais toujours autant de sang sort de sa bouche et de son nez on repart l’aspirer de nouveau.

Ma fille est née, ma souffrance est terminée

On ne m’a pas écoutée, on n’a pas pris en compte ma souffrance, ma douleur, mes paroles. On m’a volé ce qui devait être l’un des plus beau jour de ma vie, la naissance de ma seconde fille. 
J’apprendrais bien plus tard les causes de tous mes maux. Lors du deuxième pose de gel mon placenta qui était remonté mais fragile s’est décollé dû aux contractions, mes pertes de sang étaient donc des morceaux de placenta, je comprends mieux l’urgence de la situation. J’ai ainsi fait de la température et de la tension. On ne me dira pas non plus que ma fille a eu de la température à la naissance.. Ma fille s’est « noyée » dans mon sang, d’où tous ce sang qui sortait de ses orifices.

Mes douleurs atroces étaient dues à mon col qui est passé de 1 à 10 en moins de 1h avec bien sûr le décollement du placenta. Le personnel n’a donc pas lu mon dossier avec mes antécédents et les risques que nous encourrions ma fille et moi-même lors de cet accouchement.

J’ai souhaité témoigner pour qu’aucune autre femme n’ait à subir cette négligence. Même si vous souffrez, même si vous hurlez de douleur sachez que la souffrance est propre à chacun, je souhaite que vous n’ayez pas peur d’appuyer sur cette sonnette car vous savez que quelque chose ne va pas.

Je ne souhaite à aucune autre femme d’ avoir ce sentiment de culpabilité que son enfant soit ne dans ces conditions. L’auxiliaire de puériculture m’a dit « vous avez réussi, vous êtes une warrior« .

Je retiendrais que nous sommes toutes des warriors !