L’accouchement d’Alix ne s’est pas du tout passé comme prévu. Code rouge, hémorragie interne, c’est allé tellement loin qu’elle est même en attente d’une greffe après avoir perdu sa fonction rénale. Les femmes sont vraiment des guerrières remplies de courage et d’amour, ce témoignage en est la preuve !
{Témoignage} Mon accouchement, ce traumatisme
Bonjour à toutes et à tous,
Je me présente je m’appelle Alix, j’ai 33 ans, et je suis maman de deux filles, Emy 5 ans et Anna 2 mois.
Ma première grossesse n’a pas été cauchemardesque, mais elle a été loin d’être parfaite (brûlure gastrique pendant toute la grossesse et déchirure à l’accouchement). J’espérais donc que cette deuxième grossesse soit différente, mais j’étais très loin de m’attendre à une grossesse faite de mauvaises nouvelles et à un accouchement où j’ai failli y perdre le bébé et ma vie par la même occasion.
J’ai eu envie d’écrire ce témoignage parce que je me suis rendue compte qu’on n’était pas toujours informée de certaines conséquences en matière de grossesse, d’accouchement ou même de césarienne. Je vais partager un peu mon histoire avec vous.
Même si heureusement le pire n’est pas toujours à prévoir. Je tiens également à mettre en avant les gens formidables qui ont été là pour moi.
Une grossesse qui commence mal
Tout a commencé le jour où j’ai su que j’étais enceinte.
J’ai appris que mon père était atteint d’une maladie rare d’origine génétique. Elle peut être transmise d’une génération à l’autre avec une tendance à l’aggravation au cours de cette transmission. J’avais donc 50% de chance de l’avoir et mes enfants également. Les informations sur le net n’étaient pas rassurantes (risques de fausses-couches, de naissance avant terme et d’accouchement difficile), également pour l’état de santé du bébé (forme grave néonatale). Après une prise de sang et deux longs mois d’attente stressants, les nouvelles sont bonnes et je ne suis pas atteinte par cette maladie.
On se dit que le pire est derrière.
Vient une deuxième mauvaise nouvelle.
Au cours du 4ème mois de grossesse, on nous apprend que le diagnostic prénatal de la trisomie du premier trimestre indique que le bébé à une chance sur 460 d’avoir une trisomie. Dans ma tête, j’entendais « le risque est ÉNORME ». Après une échographie supplémentaire plus poussée, rien d’anormal n’a été révélé, cependant le doute était là.
Finalement, jamais deux sans trois.
Puis à 6 mois de grossesse lors de deuxième échographie on m’a diagnostiqué un hydramnios, c’est-à-dire une quantité trop importante de liquide amniotique. Une échographie supplémentaire a été réalisée afin d’en trouver l’origine, et lors de l’examen on m’informe que le bébé a potentiellement une malformation de l’œsophage (atrésie). L’œsophage présente alors deux culs de sac séparés par un intervalle plus ou moins grand. De ce fait, les aliments avalés ne peuvent pas être transportés de la bouche à l’estomac. Ça expliquerait qu’il y a trop de liquide amniotique car le bébé ne peut pas l’avaler. Et la présence d’une trisomie peut également expliquer cette malformation. L’intervention chirurgicale est la seule solution et doit être effectuée en urgence dès la naissance afin de corriger la malformation. Après tout ça, j’ai cru que le monde s’écroulait autour de moi.
S’agissant maintenant d’une grossesse à risque, j’au dû changer de maternité pour une de niveau 3 et prendre rendez-vous pour une série d’examens (échographie, amniocentèse, IRM). Avec soulagement aucune trisomie n’a été diagnostiqué, pourtant la présence d’une malformation n’est pas exclue mais si le risque reste faible. Une césarienne devait donc être fixée pour prévoir l’intervention chirurgicale sur le bébé, mais finalement les médecins ont décidé de laisser les choses venir d’elles-mêmes et j’ai donc attendu avec angoisse le jour J.
Accouchement : lorsque le drame n’est pas loin
Le dernier mois m’a semblé interminable, j’avais un ventre énorme et on me demandait sans cesse si j’attendais des jumeaux. Et j’avais de constantes contractions très douloureuses sans pour autant que ce soit le bon moment.
Nous sommes allés à la maternité 10 jours avant le terme, à 3h du matin après une longue série de contractions douloureuses pendant la nuit. La péridurale a été posée et je me sentais bien, plus sereine qu’à ma première grossesse malgré toutes les mauvaises nouvelles que l’on avait eues.
La sage-femme passait nous voir régulièrement et 2h plus tard elle constate des anomalies dans le rythme cardiaque du bébé à chaque contraction, tout comme pendant ma première grossesse.
Elle m’administre un médicament pour faire baisser la puissance des contractions pour soulager le bébé mais de là tout s’enchaîne. Je commence à me sentir mal, la tête qui tourne et la nausée. Plusieurs personnes rentrent en salle d’accouchement et je sens que les choses s’agitent autour de moi. J’ai du mal à garder les yeux ouverts mais je reste consciente. J’entends que le bébé ne va pas bien du tout, il est en bradycardie depuis 9 minutes et puis j’entends crier « code ROUGE ! ».
Je suis transportée d’urgence au bloc opératoire sans que le papa puisse me suivre. En quelques secondes, je sens toutes mes forces partir. On me recouvre de champs stériles et d’un masque sur tout le visage. On me fait la césarienne et je sens que l’on fouille dans mon ventre, que ça tire avec force pour faire sortir le bébé. Je n’ai ressenti aucune douleur mais cette sensation « d’extraction » a été traumatisante.
Puis je sens comme un vide immense dans mon ventre, le bébé a été sorti mais je n’entends aucun bruit, pas de pleur. Le bébé est emmené ailleurs sans que j’ai pu le voir.
J’essaye de parler, de savoir s’il est en vie (je ne pense qu’aucun son ne sortait de ma bouche) mais on ne me dit rien. Je commence à perdre espoir, je suis en pleurs, je vois mes forces partir, je sens les gens qui s’agitent de plus en plus, avec des sensations de « pression » dans mon ventre. J’entends quelqu’un dire « il va surement falloir lui retirer l’utérus », et je suis envahie par le froid, je tremble et j’ai de constants spasmes de vomissement.
Je ne pense qu’à une chose, rester éveillée car sinon j’ai peur de ne jamais revenir, de ne pas revoir ma famille, mon conjoint, ma fille et mon bébé.
Je reste consciente jusqu’au bout et après un moment interminable, je suis emmenée dans une autre salle après l’opération.
On m’apprend que j’ai fait une grave hémorragie, perdant la moitié de mon volume sanguin.
Les médecins ont du mal à stabiliser mon état, mon utérus n’a pas été enlevé mais je continue à faire une hémorragie interne même après la suture des artères de l’utérus. On essaye de me transfuser et je subis une attaque de piqûre (bras, main, pieds, j’en ai compté plus de 20) mais mes veines sont introuvables. Et je finis par avoir la pose d’un cathéter au niveau du cou. Mon état est toujours critique et on m’informe que je dois quitter la maternité pour être hospitalisée au CHU afin d’avoir les soins appropriés. Avant mon transfert, mon conjoint vient me voir et me donne enfin des nouvelles du bébé. La petite Anna va bien et elle a été mise en néonat. Je ne pourrais donc pas la voir…
Mon hospitalisation
On me transfère via ambulance au CHU et je subis par la suite une série d’examens (scanner, embolisation pour stopper l’hémorragie) puis 12h après avoir accouché je finis cette journée au service de réanimation.
Les médecins m’annoncent que je ne suis pas passée loin et qu’en plus d’avoir fait une importante hémorragie, j’ai également perdu ma fonction rénale, mes deux reins sont nécrosés et ne fonctionnent plus.
C’est difficile de décrire ce que l’on peut ressentir après une telle nouvelle. Je suis restée 10 jours en réanimation, sous constante dialyse, branchée à une machine 24h sur 24, pompant mon sang pour le purifier et remplacer mes reins.
Grâce aux personnels hospitaliers, j’ai pu voir mon bébé 1 semaine plus tard. Ma fille de 5 ans a également pu me rendre visite malgré « tous les tuyaux qui sortaient de maman ». Et après une hospitalisation de 3 semaines, j’ai enfin pu rentrer chez moi. Maintenant un nouveau quotidien s’est mis en place pour notre famille, avec une « maman malade » pour les enfants, des séjours hebdomadaires à l’hôpital pour dialyser et puis l’objectif d’une greffe si possible (sans donneur vivant 5 ans d’attente en moyenne).
J’étais très loin de m’attendre à cela après un accouchement, cela a été traumatisme psychologique et physique.
Malgré mon état, je suis heureuse car la petite Anna se porte merveilleusement bien et notre famille a su tenir le choc.
Je tiens également à remercier et mettre en avant toutes les personnes qui m’ont soutenue : les sages-femmes qui se sont occupées du bébé en mon absence et soutenir mon conjoint ; aux infirmières, aides soignant(e)s et médecins qui m’ont sauvé la vie et qui été au petit soin avec moi (le personnel soignant du CHU de Grenoble est génial !) ; à la famille et aux ami(e)s qui ont toujours été présents ; et au papa qui a été formidable en faisant des aller-retour entre la maternité et le CHU pour s’occuper du bébé et de moi, qui est rentré seul avec le bébé à la maison et s’est occupé des enfants en mon absence tout en continuant à me rendez visite régulièrement à l’hôpital.
Les papas sont aussi indispensables pendant la grossesse. Je ne le remercierai jamais assez pour tout ce qu’il a fait.
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Elisabeth dit
Bravo pour votre témoignage, bravo au papa, bravo à vos filles, je vous souhaite tout le meilleur et beaucoup de bonheur !!!!
Ludi dit
Comme je suis triste de lire ce qui vous est arrivé. Je suis tellement désolée que votre accouchement se soit déroulé de la sorte.
Je vous envoie plein de courage pour la suite
Ludivine
Audrey dit
Un vrai drame en voulant juste donner la vie
Je te souhaite de pouvoir avoir rapidement une greffe et de profiter à fond de ta famille