Pour son premier accouchement, C. a eu une césarienne d’urgence mais sans aucune explication de la part du médecin qui l’a pratiqué. Cela lui a laissé un traumatisme dont elle n’avait jamais osé parler. Jusqu’à ce qu’elle retombe enceinte et que toutes ses peurs refassent surface. Voici son témoignage.
Le traumatisme de mon premier accouchement
Bonjour à toutes les lectrices du blog,
Je viens aujourd’hui vous raconter mon histoire, notre histoire, celle de mon accouchement.
Quand nous avons appris ma grossesse nous étions heureux.
Grossesse qui s’est plutôt bien passée jusqu’au 6ème mois où ma glycémie me jouait des tours. 7 mois je me retrouve alitée car ma gygy sentait la tête de bébé et beaucoup de contractions. Premier coup dur. Mais bon c’est pour bébé alors on prend sur soi !
Arrive le fameux jour, celui de l’accouchement
Après 3 alertes qui n’étaient en fait que du faux travail, les contractions se font régulières et dures.
Le samedi matin nous arrivons à 11h à la maternité. Après vérification, la poche des eaux est fissurée. Sans trop me demander mon avis on la perce. C’est le début d’un long travail plutôt dur pour un premier.
26H en tout pendant lesquelles la péridurale ne fera effet que 2 heures.
Je ne m’attendais pas à être dans une bulle de bonheur, mais pas à ça non plus. 22h00 le col est bloqué à 6. Une échographie montre que bébé s’est retourné menton vers le haut. Jusqu’à minuit on fait des tentatives pour le remettre. Première visite du médecin de garde. On le sent pas très motivé.
On pose des questions on nous répond que tout va bien mais le monito s’affole un peu trop souvent et moi je fatigue +++. Je tremble sans pouvoir contrôler. 1h, deuxième visite, on pose la question de savoir s’ils envisagent une césarienne ou autre chose. On nous répond que non pas du tout. On reste encore 1h dans cette ambiance là.. à 2h, le médecin rentre avec son équipe, dans mon vague souvenir (je commençais à être franchement dans les vapes) je revois le visage de mon homme paniqué ne comprenant rien et moi non plus et le médecin ne parlant toujours pas.
On m’emmène en urgence au bloc pour faire une césarienne
Au bloc c’est terrible, avec l’adrénaline je retrouve un petit peu mes esprits et explique à l’anesthésiste que je ne suis vraiment pas bien, je lui vomis dessus. Le médecin est dans son monde et ne m’écoutera pas quand je lui dirai que j’ai MAL quand il incise.
Oui je ressens tout de A à Z.
Mon bébé naît sans cri, il est emmené de suite et sans qu’on ne me dise quoique ce soit on m’endort. Au réveil je ne savais pas si mon fils était vivant ou non. L’anesthésiste vient me rassurer. Bébé a du être placé sous oxygène et dans une bulle mais il va bien. Il est né à 2h26, mais je ne le verrai pour la première fois qu’à 7h30 le dimanche matin.
Papa est avec lui.
Je n’ai jamais revu ce médecin et je n’ai jamais compris ce qu’il venait de se passer . Je n’ai pas parlé tout de suite de ce qu’il s’était passé au bloc. J’ai tout gardé pour moi. Bébé était là c’était ça. Pas le temps de faire de baby blues, bébé avec un RGO, papa avait repris le travail de suite (dans la restauration) donc j’étais toute seule les soirs à la maison.
Septembre 2018, 8 mois après on apprend que bébé 2 s’est installé sous pilule. Je n’en voulais pas, mais papa est heureux alors je me dis « allé, pourquoi pas ». On le garde. Dès la première écho je fonds en larmes. Et je raconte à ma gygy ce qui s’est passé pour mon premier accouchement. Elle est choquée.
Et elle prendra la meilleure des décision pour moi : elle me confie à une psychologue spécialisée dans la maternité. Jamais je ne la remercierai assez car je prends alors conscience que rien n’est digéré et que j’ai peur de ne pas vouloir de ce deuxième bébé à cause du traumatisme de mon premier accouchement. Elle m’explique que non ce que j’ai vécu au bloc n’était pas normal, que j’aurais du en parler avant, qu’être médecin ne lui donnait pas tous les droits et qu’il aurait du revenir après en chambre me voir et m’expliquer ce qu’il s’était passé.
On ne saura jamais ce qu’il s’est passé et pourquoi ce médecin a pris ces décisions. Il a quitté la clinique peu de temps après. Mon dossier n’a rien révélé, certains détails ayant été même omis. Pour bébé 2, j’ai eu une césarienne programmée car beaucoup de contractions à partir de 5 mois et des douleurs au niveau de la cicatrice de ma première césarienne.
Décision prise à 37 sa. 37sa+5 ma petite fille naît.
Elle fera 15 jours de néonat, mais la césarienne se passe bien. Mon gygy expliquera à mon mari à la sortie du bloc qu’il comprend ce qui s’est passé lors de mon premier accouchement : la cicatrice avait été bâclée et j’étais à 2 doigts de la rupture utérine. non, cela n’aurait jamais dû arriver.
Il ne faut jamais négliger ce qu’on ressent.
Pendant 1 an j’ai pensé que mon ressenti avait peut être été exagéré par le stress et la fatigue et que surtout, tant que bébé allait bien tout allait bien mais non.
Ce que j’ai vécu était bien réel et l’entendre soulage.
Mon gygy m’a réconforté dans mon rôle de maman et de femme que je m’étais senti dépossédé pour mon premier. J’ai entendu des phrases comme « ha mais tu as pas pu accoucher alors ? » Ou « solution facile la césarienne« .
Aujourd’hui je peux répondre que oui mes deux enfants sont là et vont bien, presque sans amertume, sans pincement au cœur et surtout je suis dingue de mes bébés ❤
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Ju dit
En vous lisant j’ai un peu l’impression de revivre mon premier accouchement. Pre eclampsie deux déclenchements perte des eaux deux péridurales 17h de travail bebe de travers avec deux tours de cordons césarienne d’urgence avec toutes les sensations mais pas les douleurs (vraiment horrible aussi). Avec ma fille nous nous sommes rejetées mutuellement pendant 24h. Quand le lundi mati ils me l’ont ramené en m’informant qu’elle s’était étouffée à cause d’une fausse route jai tout oublié et juré de toujours m’occuper d’elle a la place des autres. Aujourd’hui 2 ans et demi après je suis a 23SA bébé est en position siège mon gynéco m’a dit de déjà penser a une césarienne déjà par la position du bébé mais aussi pck pense que mon bassin est trop étroit. Cela m’angoisse bcp moins et je me dis que je serais quand même une vraie maman malgré que je n’aurais pas accouchée naturellement. C’est pour moi-même plus compliqué une césarienne car il faut se remettre vite sur pied pour s’occuper de bébé tout en évitant de trop tirer sur la cicatrice.
En tt cas je suis de tt cœur avec vous.
Marie dit
Bonjour
Tout d’abord, un grand bravo à toi d’oser raconter une expérience aussi traumatisante.
Je trouve que ton témoignage montre parfaitement la réalité actuelle : des personnels médicaux très humains et à l’écoute, et d’autres qui visiblement n’ont aucune passion pour leur travail et se fichent royalement des patientes et de leurs bébés.
Les médecins, infirmiers/ères et aides-soignants/tes sont comme nous : il y a les bons et le moins bons. Le souci, et tu le montres bien, c’est qu’un mauvais médecin aura des conséquences horribles sur les patients qu’il traite.
Le meilleur moyen pour que ces mauvais praticiens cessent d’agir comme ils le font, c’est exactement ce que tu as fait : en parler aux autres personnels médicaux qui, non seulement te permettront de remonter la pente en te conseillant des remèdes (suivi psychologique, 2ème accouchement avec un personnel différent), mais en plus feront remonter l’information. Vu ce que tu racontes sur le départ du 1er accoucheur, ça m’étonnerait beaucoup que le conseil de l’ordre n’ait pas été mis au courant de ses agissements (du moins, je l’espère).
Continuez avec vos témoignages les filles, il n’y a que comme ça que le personnel médical mauvais et dangereux perdra son influence, et que le bon personnel médical pourra prendre plus de pouvoir face à eux ! 🙂
et toutes mes félicitations pour tes petits bouts de chou
Anne dit
Comme ton témoignage me touche! J’en ai les larmes aux yeux.
J’ai le même parcours que toi, césarienne d’urgence pour le premier et programmée pour le second, car peu d’écart entre les grossesse, gros bébé et risque de rupture utérine.
Toutefois je me rends compte de la chance que j’ai eue pour le premier. Mon fils avait aussi le menton vers le haut et au bout de 10 heures le gynéco a envisagé la césarienne. Je l’ai supplié d’attendre, je ne voulais pas de cette naissance, je voulais un accouchement naturel… Mais à 13h00 pas le choix, je suis partie en urgence, mon mari ne pouvait même pas venir avec moi, et je pleurais, pleurais… Le gynéco a été hyper bienveillant, me caressait la joue, me rassurait… J’ai appris plus tard qu’il avait une fille de mon âge. L’équipe a été géniale, absolument, et l’anesthésiste était assis à côté de moi et me faisait la causette… j’avais fait de l’haptonomie et j’avais été hyper bien préparée par la sage-femme, du coup j’ai demandé à ce qu’on me dise quand mon fils sortait pour « l’accompagner », et à ce qu’on me le pose qqs minutes. Tout a été fait selon mes souhaits.
Toutefois, même encore là en le racontant, j’ai toujours du mal à parler de cet accouchement.
Je ne peux que comprendre ta douleur et je suis super contente pour toi que tu aies été bien prise en charge pour ta seconde grossesse, que tu aies pu parler de tout ça…
<3