A 18 ans, Sandrine a été violée par son ami, alors qu’elle venait pour le quitter. Mais qui la croirait ? C’était son copain de l’époque ! Heureusement aujourd’hui elle est mariée à un homme compréhensif et elle explique ce que devrait être la sexualité « normale » d’un couple. Voici son témoignage.
Le viol conjugal n’est pas anodin !
Bonjour,
Je me permets de vous envoyer mon témoignage concernant le viol conjugal. C’est un sujet qui hélas a du mal à se faire entendre. Cela existe et est malheureusement implicitement normalisé.
Bien entendu je souhaite rester anonyme, cela m’a tellement détruite à l’époque que je ne me sens pas d’en parler publiquement.
J’aborde le sujet avec des proches et je milite autour de moi pour sensibiliser mais je ne préfère pas le faire « officiellement ».
J’étais jeune, j’avais 18 ans. Mon premier copain et amour m’a laissé un trace indélébile en guise de représailles lorsque j’ai décidé de le quitter, en me violant.
Il m’a demandé tout du long d’y mettre du mien, parce que c’était « frustrant », FRUSTRANT putain.
Quelle horreur !
Et il m’a dit que de toute façon personne ne me croirait car j’étais sa copine et que personne ne penserait qu’il m’avait forcé la main.
Quand j’ai enfin osé en parler en pleurs à une amie de fac, elle m’a juste répondu « oh ça va ce n’est pas une agression on l’a toutes fait sans en voir envie réellement« . Ce qu’elle n’a pas compris c’est que je ne le voulais vraiment pas, ni plus avec lui, rien que d’y penser me donnait la nausée !
Faire l’amour doit être un plaisir partagé un moment d’abandon et non de contrainte et de souffrance ! Cela m’a totalement bloquée et très longtemps j’ai cru que c’était ma faute et que je n’étais pas une victime.
C’est très dur à gérer.
Et le travail à faire sur soi est long et douloureux, accepter que c’est arrivé que non ce n’est pas un tour de notre esprit que l’on n’a pas pu se débattre, hurler, rien et que les gens prennent ça avec déférence surtout des femmes …
Au moment où cela s’est passé mon cerveau s’est mis mode survie et j’ai subi en ayant l’impression de ne plus être dans mon corps. Je crois que le traumatisme est totalement minimisé car il s’agit de ton copain, ton conjoint donc il y a toujours cette idée archaïque et monstrueuse du devoir conjugal tapie dans l’ombre !
Mais un « non » reste un « non » et nous n’avons pas à nous forcer !
L’acte sexuel doit être lié à un respect et un consentement mutuel ! Mon mari connaît mon histoire et respecte la moindre de mes réactions, si il ne me sens pas prête à m’abandonner et être détendue et bien, pour lui l’acte est inconcevable !
Pour lui il est impossible d’imaginer que je ne puisse éprouver du plaisir, mon plaisir et le sien doivent être partagés et de me l’imposer est inconcevable !
Il me le dit clairement : pour lui c’est un viol, une agression et plus acte d’amour ou de plaisir pur. Je l’aime pour une multitude de ses facettes et infiniment de raisons et ce profond respect qu’il a de la femme et de moi, est pour moi une de ses qualité principale !
Il existe des hommes capables d’être dans cet état d’esprit alors je crois qu’ils sont tous éducables mais que cela commence petit !
Nous ne devons plus banaliser cet acte, le viol existe bel et bien entre conjoint et nous devons soutenir et faire comprendre que ce n’est ni anodin ni un mauvais moment à passer c’est juste un moment qui ne doit pas exister entre deux personnes !
Éducation, Écoute de l’autre et consentement mutuel car l’acte sexuel doit être et n’être qu’un plaisir partagé, faire plaisir à l’autre ne doit en aucun cas l’être au détriment de son propre plaisir, son intégrité corporelle ou mentale.
Le corps se soigne en apparence mais l’âme est difficile à panser.
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Virginie dit
Bon courage à vous, j’y suis « passé » Aussi, la notion de viol conjugal n’existant même pas à ce moment là. Je devais me soumettre à mon « devoir conjugal » Sinon Monsieur en souffrait physiquement (ce qui n’est pas vrai mais qu’en savais-je j’étais jeune) …
Je pouvais être fatiguée, malade ou juste pas avoir envie je n’avais pas le choix…
Tout ça est fini, avec mon conjoint ça n’a rien à voir, il n’y a même pas de « demande » Tout se fait naturellement et jamais il n’insiste si il voit que je ne partage pas l’envie.
Je n’oublie pas mais j’ai trouvé la paix et je fais en sorte que mes enfants, fille et garcons, ne vivent jamais ça et ne le fasse jamais vivre.
Camille dit
Salut Sandrine,
Merci pour ton courageux témoignage ! J’ai également été violée à 18 ans par mon petit ami de l’époque et je me souviens très bien de cette impression de ne plus être dans mon corps. Je suis désolée que la première personne à qui tu en aies parlé ai été aussi violente dans ses propos.
C’est merveilleux que tu aies trouvé un mari qui t’aime, te comprenne et te soutienne, et je te souhaites de parvenir, autant que c’est possible, à dépasser cette épreuve. Tu n’es pas toute seule.
Camille
Ju dit
Certains hommes sont des barbares. Heureusement ce n’est qu’une minorité, mais il faut absolument éduquer nos enfants pour que ce genre de chose ne se reproduise pas. Il faut parler du respect à nos enfants il n’y a que Comme ça que les choses pourront évoluer
Andy dit
Je suis triste pour vous Andy. Merci d’avoir eu le courage de raconter ce qui vous est arrivé, pour toutes les autres victimes
Lucie dit
Bon courage pour votre reconstruction Sandrine. Avoir vécu quelque chose d’aussi dur aussi jeune va demander des années pour pouvoir revivre normalement.
C’est important de savoir que tout cela existe beaucoup de femmes ne savent pas qu’elles peuvent porter plainte que le comportement de ce type d’homme n’est pas normal
Anne dit
Bonjour Sandrine,
Déjà merci pour votre témoignage qui je pense fera du bien à bcp de lectrices. C’est très courageux de votre part. Plus les victimes oseront parler moins le sujet sera tabou. Donc Bravooooo
Lorsque vous étiez en mode survie, vous étiez ce que l’on appelle en sidération. C’est à dire que vous ne pouviez absolument plus rien faire, plus bouger.
N’hésitez pas à en parler à des professionnels. Déjà votre mari est un soutien et c’est très important.
Bon courage pour votre reconstruction.