Le témoignage de Cerise est vraiment révoltant. Je ne comprends pas que des médecin puissent aller aussi loin dans la maltraitance médicale. Avoir recours à l’interruption Volontaire de Grossesse, est quelque chose d’extrêmement pénible psychologiquement (et physiquement !) pour la femme, alors pourquoi la faire attendre 2 mois pour pouvoir avorter ? Cette histoire s’est passée il y a 9 ans, mais je comprends pourquoi tant d’années après le sujet est toujours aussi douloureux pour Cerise. Voici son témoignage.
{Témoignage} J’ai dû attendre 2 mois pour faire l’IVG
Bonjour à tous,
Je me suis inscrite sur cette page à l’occasion des préparatifs de notre mariage qui s’est merveilleusement bien déroulé il y a quelques mois. Mais aujourd’hui je vous écris pour un tout autre sujet, et revenir sur une étape de ma vie moins joyeuse, et vous parler de l’IVG.
J’ai 32 ans. Vous l’avez donc compris, je suis fraîchement mariée 🙂 et également maman d’un super petit garçon de 9 ans.
Je parle très rarement de l’IVG mais en voyant cet appel à témoignage, étrangement sur les réseaux, je n’ai pas hésité une seconde. Je me suis dis que 9 ans après, c’était peut-être le moment d’en parler. En espérant que cela me soit bénéfique mais surtout puisse servir à d’autres personnes.
Je vous emmène donc avec moi, 9 ans en arrière
Nous sommes début 2010, j’ai 22 ans, je suis en formation afin de travailler dans le social, et je viens d’accoucher d’un magnifique petit garçon (inutile de vous expliquez la joie ressentie !). Je n’imaginais pas qu’il était possible d’aimer autant ! Je ne choquerais personne, si je vous dis que dans les semaines suivant l’accouchement, l’activité sexuelle est plutôt au ralenti voir inexistante.. 🙂 Il est pourtant nécessaire de repenser à un moyen de contraception. Ce sera pour moi, la pilule.
4 mois après l’accouchement, je prends la pilule, je continue à avoir mes règles mais de manière inhabituelle, puis quelques symptômes pouvant faire penser à une éventuelle grossesse apparaissent. Je décide d’acheter un test de grossesse, et de le faire au plus vite, pour éloigner cette possibilité.
En effet, je venais d’être maman, (ce que je souhaitais par dessous tout), j’avais encore 2 ans de formation à faire avant de passer mon diplôme, et un second bébé n’était pas du tout au programme avant quelques années.
Les deux traits du test qui m’ont fait pleurer de joie la première fois, me font m’effondrer cette fois ci. Cette confusion de sentiments pour un même événement à quelques mois d’intervalle est très perturbant. J’étais à nouveau enceinte…
IVG ou non ?
La question ne s’est même pas vraiment posée, notre décision était très claire, il était impossible pour de nombreuses raisons, d’avoir un deuxième enfant maintenant. J’ai pu compter sur le soutien indispensable de ma meilleure amie, ainsi que de ma maman. Et avec ce soutien, les premiers conseils (ex : Parler de cette grossesse au moins de monde possible, ne pas en parler à la famille). Des conseils, qui avec le recul, n’étaient peut être pas judicieux. Mais impossible de jeter la pierre sur qui que ce soit, il n’y a pas de mode d’emploi pour gérer convenablement un avortement.
Premier rendez-vous pour avorter
Je prends donc rendez-vous au service de l’hôpital gérant les interruptions de grossesse. Lors de cette entretien, le médecin m’explique le déroulé et les possibilités, il s’assure de ma « motivation » et se permet de me faire la morale. Eh oui ! Il ne savait pas encore que je venais d’être maman, et voyant une petite jeune de maintenant 23 ans dans son cabinet, il pensait certainement à une négligence contraceptive de ma part. J’ai cru naïvement qu’en me rendant dans ce genre de service, que les médecins se passeraient de jugements, je suis visiblement tombée sur les mauvaises personnes. (C’est mon expérience, j’imagine qu’ils ne sont pas tous comme cela et heureusement).
Ceci dit en fin de consultation, il me précise qu’au vue de mon accouchement compliquée qui a fini en césarienne d’urgence sous anesthésie générale il y a 4 mois, avoir une seconde grossesse si rapprochée est fortement déconseillée.
Second rendez-vous
Après le délai de réflexion (qui était obligatoire à l’époque), un second rendez-vous. Une échographie est pratiquée, et le médecin me demande si je souhaite entendre le coeur ? Je refuse, et me décompose encore un peu plus. Je me demande s’il a bien saisi le but de la visite.. Etre certaine de vouloir l’IVG, ne veut pas pour autant dire que cela rend la chose facile à vivre, loin de là, pensant être déjà au plus bas, il juge nécessaire ensuite de me préciser que l’embryon se développe bien..
La procédure totale a été très longue (trop longue), bien plus que ce que j’imaginais. Ma demande a été faite très rapidement, j’étais enceinte de 2 ou 3 semaines pas plus. Et la date de l’IVG a été fixé presque 2 mois après. Ce qui m’a obligé à avoir recours à une IVG par aspiration, et non une IVG médicamenteuse. Cela peut paraître horrible, mais je me souviens avoir espérer une fausse-couche pour éviter cette intervention VOLONTAIRE.
Durant ce temps, il a fallu mener une vie « normale », avec les symptômes de la grossesse, avec cet embryon qui continuait de se développer en moi (que je ne détestais pas loin de là). Je suis partie en vacances dans la famille, à devoir souffrir en silence pendant de longues randonnées sous le soleil car je ne devais pas dire que j’étais enceinte.
Puis vient le RDV, le médecin vous donne un cachet qu’il faut prendre 48H avant l’intervention. Ma meilleure amie passe la journée à mes côtés pour essayer de me changer les idées. Le soir même, je me retrouve aux urgences, ils m’expliqueront que ce n’est pas souvent que cela arrive, mais que je tolère très mal ce médicament, et que je cumule quasiment la totalité des effets indésirables.
Le jour de l’avortement
Nous voila 48H plus tard, j’arrive le matin au centre, on m’installe dans une chambre, et on me donne un petit cachet pour me détendre. Je suis allongée dans mon lit, je patiente, j’attends mon tour…
Puis, on vient me chercher pour m’emmener au « bloc », l’IVG se déroule sous anesthésie locale, je ne me rappelle plus de la douleur physique ressentie tant la douleur mentale prenait le dessus. J’étais accompagnée d’une infirmière formidable, qui avait les mots justes. Elle m’a tenu la main tout au long de l’intervention. (Des petits gestes qui comptent énormément dans ces moments, merci à elle !!) Quant aux personnes pratiquant l’intervention, ils n’étaient pas tant dans la prévenance et la délicatesse, et me demandent de me rassoir. Se trouve alors face à moi, une table avec un récipient et le contenu de l’aspiration que je ne peux bien sur pas identifier clairement.
Je reste ensuite quelques heures sous surveillance, puis rentre chez moi.
9 ans après cette IVG
J’y pense encore très souvent, et cela me rend à chaque fois aussi triste, je n’en parle pas. Beaucoup ne le savent même pas.
Et si je pouvais revenir en arrière ? Malgré cela, je pense qu’à l’époque c’était le choix le plus judicieux, je ne suis sans doute pas tombée sur les bonnes personnes, mais je ne remets pas en question ce choix qui me fait pourtant souffrir. je sais cela peut paraître paradoxal.
Et si je devais refaire une IVG ? Pour ma part plus jamais ! L’IVG est un droit, je pense que c’est réellement une bonne chose pour de nombreuses raisons, pour de nombreuses situations. Mais quand on est amené à le subir cela n’est jamais sans conséquences.
Aujourd’hui je suis entourée de mon fils, de mon mari, nous avons eu un mariage formidable, et nous avons tous les 3 plein de projets. Merci à La mariée en colère de m’avoir permis d’en parler. Courage à celles qui ont subi un IVG ou qui seront amenées à traverser cette épreuve.
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