Alors que sur ce blog, certaines femmes se battent pour pouvoir devenir maman au prix de longs parcours PMA, éreintants autant physiquement que mentalement, d’autres luttent pour avoir le droit de ne pas tomber enceinte, et ce de manière définitive. Mais trouver un·e médecin acceptant de pratiquer une ligature des trompes est parfois -voire même souvent- très compliqué… même en 2020 !
Stérilisation définitive : on en est où en France ?
C’est suite au témoignage de Lilou que les voix se sont élevées et ce n’était pas la première fois que j’en entendais parler : certain·es gynécologues refusent de pratiquer la ligature des trompes. Invoquant l’âge de la patiente (trop jeune ou trop vieille, selon les cas et surtout les praticien·nes) , le nombre d’enfants qu’elle a (ou pas) et allant même jusqu’à demander son avis au conjoint…
La Loi n° 2001-588 du 4 juillet 2001 a beau autoriser cet acte pour toute personne majeure et avec un délai de 4 mois de réflexion, la réalité est toute autre. « Et si votre enfant mourrait ? Ou si vous vous sépariez de votre mari ? » ose t’on dire aux femmes pour tenter de les faire changer d’avis…
Et votre conjoint, il en pense quoi ?
Françoise : « Pour la ligature, le médecin m’a demandé si mon mari était d’accord !!! Autant vous dire qu’on ne m’a pas demandé si j’étais ok quand on a rencontré plusieurs urologues pour la vasectomie… » me confie Laura en message privé.
Et elles sont nombreuses les femmes à qui on a posé cette question… en discuter pour que ce soit une décision de couple et être certaine que tout le monde soit d’accord, c’est normal, mais à aucun moment cela ne devrait être pris en compte dans le respect de la décision de la femme et de sa liberté à pouvoir disposer de son corps. Comme une IVG. La femme est libre d’avoir des enfants ou pas, personne d’autre ne doit lui dire quoi faire.
Forcées de reprendre la pilule ou de mettre un stérilet
Alors quand les médecins refusent la ligature des trompes et parfois même aussi la vasectomie (ou que le conjoint refuse cette dernière), il reste quoi comme possibilités aux femmes pour s’assurer de ne pas tomber enceinte ? L’abstinence ? Non, bien évidemment 🙂 On en revient aux méthodes de contraceptions classiques qu’il revient bizarrement toujours aux femmes de prendre en charge. Pilule, stérilet, implant. Bon… il y a bien quelques risques pour que l’un migre dans les poumons, que l’autre lui colle des règles hémorragiques ou qu’un autre lui refile un méningiome mais on n’est « que » des femmes, on endure déjà les règles chaque mois et on peut bien continuer à prendre une contraception nocive pour notre santé…
Mel : « C’est toujours une injustice, de ne pas disposer de son corps comme on le souhaite ! Je viens d’avoir mon deuxième enfant, je sais que nous ne voulons pas d’autre enfant, et quand j’ai eu l’audace de demander à ma gynéco, sa réponse a été « vous pourrez à 35 ans si vous avez trois enfants d’ici là sinon c’est 40 ans » Ah oui d’accord.
La vasectomie ? On en parle mais je ne choisis pas pour mon conjoint…
Donc je retourne à la pilule alors que j’étais sans contraception depuis 5 ans. Je n’ai pas envie d’avoir un corps étranger en moi, je sais que la pilule ce n’est pas le top mais tout le reste non plus 😳 «
Audrey : » Je suis tombée enceinte sous pilule il y a 11 ans. Ne voulant mon ami et moi qu un seul enfant j’ai fait le demande tous les ans à mon gynéco pour une ligature qu’il a toujours refusé même en lui présentant le texte de loi. Sous stérilet je ne suis jamais retombée enceinte mais j’ai du faire 30 tests de grossesse, en stress au moindre retard de règles, au moindre symptôme (nausées, fatigues etc…).
Je trouve aberrant que nous n’ayons aucun droit réel sur notre corps, on nous oblige à prendre des produits chimiques (sans grande efficacité comme constaté par moi-même et dans ce témoignage) ou d’avoir des corps étrangers en nous pendant des années, et tout ça avec tous les effets secondaires que l’on connait et qui sont reconnus.
Notre corps nous appartient !«
Julie : » Aucun moyen de contraception non définitif n’est réellement bon pour nous, produits chimiques, corps étrangers …. après ma grossesse j’ai été ravie de ne plus subir la dictature de la pilule grâce au stérilet en cuivre, le plus « naturel ». Cela fait 11 as bientôt que j’en porte car on m’a refusé la ligature. Donc oui plus « naturel », mais 11 ans d’effets secondaires plus ou moins agréables. Sans compter tous les 5 ans les douleurs quand il faut le changer. J’ai l’impression d’être une voiture qui fait sa révision avec changement de courroie de distribution ! Chaque fait comme elle le sent. OUI au droit de ne plus être mère «
Les femmes s’organisent
Face à ce problème, les femmes s’organisent. Sur la toile, via certains groupe Facebook ou Forums, des listes de gynéco acceptant de réaliser des ligatures des trompes se passent « sous le manteau ». Celui · Celle- ci veut bien si tu as déjà des enfants, ou si tu as plus de 35 ans… Cet·te autre pratique la ligature des trompes sans restrictions…
Finalement, on se rend compte que la stérilisation définitive c’est comme l’IVG : les femmes ont le droit, sur le papier de faire ce qu’elles veulent de leur corps, mais quand il s’agit de trouver un·e médecin pour pratiquer l’intervention, la clause de conscience du code de déontologie des médecins qui stipule que « hors le cas d’urgence et celui où il manquerait à ses devoirs d’humanité, un médecin a le droit de refuser ses soins pour des raisons professionnelles ou personnelles. S’il se dégage de sa mission, il doit alors en avertir le patient et transmettre au médecin désigné par celui-ci les informations utiles à la poursuite des soins. » prend le dessus.
Alors, la femme n’est plus libre de choisir si elle veut encore devenir mère ou pas, elle doit demander l’autorisation avant, ou se débrouiller seule, au risque de mettre sa santé en danger.
Sandra : « Je trouve intolérable qu’on ne puisse toujours pas être maîtresses de nos corps, que les médecins nous traitent comme des enfants qui pourraient changer d’avis demain. Alors oui, certaines changent d’avis, mais écoutez, quand on fait un choix on l’assume. Là cette dame (ndlr : dans le témoignage de Lilou) n’a pas eu le choix et elle assume pour des médecins qui n’en ont rien à foutre de son état mental et physique. Ça me rappelle la bataille des femmes pour avoir accès à la pilule et à l’avortement, à une époque où une femme pouvait enchaîner 10 grossesses parce que monsieur revendiquait son droit conjugal. Ces femmes étaient à bout aussi, oui elles aimaient leurs enfants mais oui elles se sont battues pour avoir un droit de regard sur leur propre corps. Et aujourd’hui le combat n’est pas terminé. »
Au programme cette semaine sur blog
Côté mariage, demain je vous embarque pour découvrir un mariage à La Réunion trop CANON ! Jeudi, rendez-vous pour découvrir une application qui vous permettra de créer et personnaliser en ligne votre robe de mariée et enfin, samedi, vous pourrez lire le témoignage de Louanne dont les préparatifs de mariage ne sont pas du tout passés comme prévu.
Côté maternité, je vous invite à revenir vendredi sur le blog pour lire le témoignage RÉVOLTANT de Switiya… une grossesse extra-utérine rompue et des médecins qui lui soutenaient que c’était une gastro… Dimanche ce sera le coup de gueule de Lily sur le tabou de la fausse-couche : pourquoi tout le monde lui dit de passer à autre chose comme si c’était facile ?
Côté féminité, on parlera dès mercredi d’avortement, ou quand la grossesse rend tellement malade une femme qu’elle doit y mettre un terme.
Bonne semaine à toutes et à tous <3
Lee dit
Cet article m’effraie et m’énerve. J’ai 30 ans, j’ai arrêté la pilule à 24 ans parce que phlébites et saignements non stop. J’ai essayé le stérilet mais je ne l’ai pas supporté non plus. Depuis l’arrêt de la pilule j’ai des règles anarchiques: une fois je ne les ai pas eues en un an, des fois il y a 6 mois ou deux mois entre les règles et des SPM de trois semaines très douloureuses. On a en plus découvert que je souffre de SOPK…
Bref, je ne veux pas d’enfant parce que j’ai beaucoup de facteurs de risques. J’ai eu le malheur de tomber sur un « copain » qui ne voulait pas du préservatif parce que « la sensation n’est pas la même », et UNE médecin qui m’a refusé la ligature des trompes (une femme franchement, qui connait tous les problèmes que j’ai eus et qui m’a dit qu’à 30 ans, surtout sans enfant, c’était pas envisageable). Bien sûr le copain qui refuse la vasectomie et qui se plaint quand je ne suis pas disposée pour les rapports….
J’ai eu une réaction plutôt radicale, j’ai jarreté ET LE COPAIN ET LE MEDECIN qui ne tenaient en compte aucun de mes problèmes. J’ai trouvé une autre soignante qui m’écoute vraiment (et qui a découvert le SOPK qui selon elle est installé depuis longtemps) même si au final j’ai décidé de ne pas faire de ligature des trompes à cause de soucis médicaux toujours, et maintenant le premier homme qui refuse le préservatif et me conseille une pilule quelconque, s’il n’a pas de doctorat ni de règles lui-même, alors il déguerpit vitesse grand V!
C’est dingue quoi! On demande aux femmes d’assumer les enfants qu’on fait, d’être bienveillante, bonne mère, bonne ménagère toussatoussa, et on ne nous donne pas le choix de base de ne pas avoir à affronter tout ça!!!
Renaldo Solène dit
Bonjour
Je vis actuellement cette situation. J ai 30 ans j ai eu ma première grossesse sous préservatif et pillule du lendemain, ma deuxième sous pillule. Avec mon mari nous ne voulons pas de troisième enfant.
Malheureusement j ai déjà essayer le sterilet au cuivre mais je fais des hémorragies très importantes, j ai essayer plus de 10 pillules différentes mais elles ne me conviennent pas ( douleurs, hémorragies, ou elle ne fonctionne tout simplement pas).
Mon gyneco refuse depuis 1 an la ligature des trompes et me laisse comme seule choix le sterilet Mirena que je ne souhaite pas.
Mon mari ayant 29 ans la vasectomie lui a été aussi refusée.
Bref j ai la un nouveau sterilet au cuivre avec des hémorragies qui viennent de temps en temps donc je prends des cachets pour enrayer ça et c est la seule solution que l on me propose actuellement.
Valentine dit
A 29 ans j ai fait 4 gyneco pour une demande de ligature des trompes. marié 2 entans et 2 société dans notre couple on est bien occupé
C’est la 4 eme gyneco qui m a orienté vers un chirurgien qui a finalement accepté !!
A 29 ans et après un long parcours j ai eu droit a ma ligature
Mais c’est vrai qu’il faut vriament menacer le corp médical de « violence gyneco » pour être entendu….
C’est dommage
Mais maintenant je savoure mon rtt comme j aime le dire!!
Fanette dit
J’aimerais bien connaître ces fameux groupes facebbok où on donne des noms de praticien?J’ai 31 ans et on m’envoie bouler quand je parle de ligature….