Papillon avait un poste qu’elle adorait. Mais lorsqu’elle est tombée enceinte, ses patrons ont commencé à la harceler moralement. Cela a duré pendant tout son congés maternité, jusqu’à ce qu’elle décide de mes envoyer aux prud’hommes. Voici son témoignage sur la grossesse au travail.
{Témoignage} Le harcèlement moral au travail quand on est enceinte
Bonjour La Mariée en Colère, aux lectrices et aux lecteurs,
Je m’appelle Papillon, j’ai 28 ans, et je viens d’être maman pour la deuxième fois d’un petit bout de chou, qui nous remplit le cœur.
Néanmoins, même si j’ai essayé de profiter de cette deuxième grossesse au maximum comme si c’était la dernière, j’ai été victime de la part de mes patrons, d’harcèlement moral dès l’annonce de ma grossesse jusqu’à aujourd’hui, date à laquelle mon congé maternité s’est arrêté.
Je voulais partager cela avec vous, afin d’aider toutes les futures mamans et mamans, qui traversent la même chose que moi pour leur dire tout simplement qu’elles ne sont pas seules !
Octobre 2017, j’ai été embauchée en tant que commerciale dans un lieu de réception haut de gamme pour vendre aux CE, aux entreprises et aux groupes, des repas de fin d’année, des arbres de Noël pour les enfants, des séminaires, des team-building ainsi que des repas au bord de la piscine l’été. Le travail en lui même était super, les journées passaient à une vitesse phénoménale, une confiance s’installait entre mes dirigeants et moi-même…
Mais… car oui il y a un MAIS ! J’ai été témoin de plusieurs altercations virulentes entre les dirigeants et les salariés qui me faisaient penser à du harcèlement moral / de la discrimination / de l’humiliation. Beaucoup partaient car leurs comportements dépassaient les limites. Avec moi tout se passait bien car j’étais irréprochable, à l’heure, j’essayais d’être rentable au maximum et de répondre à leurs besoins, toujours disponible pour eux même avec le fait que j’avais 3h de route aller/retour de mon domicile par jour avec un enfant à charge…
Jusqu’au jour où je décide d’avoir un autre enfant
Très rapidement je tombe enceinte, nous sommes tellement heureux !
Sauf que… il y a quelque chose qui m’angoisse : l’annonce à mes patrons, j’angoissais de leur dire car je savais, étant donné que j’avais vu d’autres collègues se faire enchaîner par eux car ils demandaient leurs congés payés, qu’ils allaient me faire culpabiliser !
Cela faisait 3 semaines que j’avais eu mon attestation de grossesse, mon ventre s’arrondissait, quelques collègues commençaient à y mettre des soupçons. Avec beaucoup de courages et aussi de stress, je décide d’aller les voir dans leurs bureaux. « J’ai quelque chose à vous dire…. je suis enceinte« .
Et là, la douche froide, grand silence et puis l’horreur : « QUOI?! De combien ? » ; « Tu le voulais ? » ; « Je te dirai pas félicitations mais c’est le risque à force de trop niquer » ; « On aurait embaucher un homosexuel on aurait été moins emmerdé » ; « Tu aurais mieux fais d’aval… » Ouai ouai tout ça, tout ça, je suis sortie de là, en me disant que j’avais eu la médaille d’or de la pire réaction qu’un patron puisse avoir lors d’une annonce de grossesse d’une de ses salariés.
La suite ? Je vais être franche, je suis allée jusqu’au bout de ma grossesse, jusqu’à mon congés pathologique, en subissant la looooongue route mais surtout en supportant les propos de mes patrons, je ne sais pas comment j’ai fait, je voulais à tout prix leur montrer qu’être enceinte ne fait pas de moi quelqu’un de moins productif car j’aimais par-dessus tout ce que je vendais et la clientèle.
Néanmoins malgré l’acharnement j’ai morflé.
Mes patrons m’ont reproché ouvertement ma grossesse
Des irrégularités de versements de salaires volontaires (janvier payé le 31 janvier, février payé le 20 mars), devant les clients « Regardez comme elle profite du système français » (enceinte de 7 mois prête à rouler mais toujours présente à mon lieu de travail) et lors des entretiens d’embauches pour me trouver un(e) remplaçant(e) les dirigeants me présentaient comme l’accident ou le problème pour expliquer la situation du recrutement aux demandeurs d’emplois.
Quand j’ai voulu prendre des congés payés (j’en avais 17 à prendre) ils m’ont dit que j’en avais assez avec mon futur congés maternité et qu’ils me les refusaient.
Le pire a été le dernier jour de travail avant mon congés maternité, à la fin de mes heures de travail ils m’ont convoqué 2h dans leur bureau pour me dire que je les mettais dans la m…., que si je pouvais venir 2 à 3 fois par mois travailler durant mon congés maternité ça les arrangerait… Je suis sortie de là très contrariés, tremblante, ma collègue voulait me ramener tellement j’étais abasourdie par ce manque d’humanité et ce manque de reconnaissance face au travail fourni.
Je profite de mon congé maternité puis j’accouche d’un merveilleux petit garçon, je suis aux anges, il est très calme on trouve avec mon mari par rapport au stress que j’ai vécu durant ma grossesse, mais tant mieux, c’est déjà ça de gagné, ça n’a pas atteint la santé de notre enfant.
Deux semaines après accouchement le harcèlement de mes patrons continue
Ils m’appellent toutes les deux semaines pour savoir si je peux venir travailler durant mon congés mat’ (je refuse), si j’ai maigri pour pouvoir mieux vendre car le physique est important (euh???), que je vais avoir des surprises à mon retour.
Je raconte tout cela à mon gynécologue, il décide de m’arrêter deux semaines après le congés maternité. Quand j’annonce mon arrêt de travail, on m’hurle dessus au téléphone, qu’ils pensent qu’on ne se reverra plus (en espérant que je démissionne ou que je fasse un abandon de poste comme mes anciens collègues), ils me souhaitent une bonne continuation.
J’envoie mon arrêt par lettre A/R, j’apprends à la fin de mon arrêt qu’ils n’ont pas transmis mon arrêt, du coup je ne peux pas être indemnisée par la sécurité sociale.
Je décide à la fin de mon arrêt d’y retourner pour mettre les choses à plat, ce n’est pas à moi de démissionner ou d’abandonner mon poste alors que j’ai été droite dans mes baskets.
J’arrive au lieu : « Oh une revenante, monte au bureau« . Comme si de rien n’était on ne parle pas de mon retour, on me donne des tâches à faire pour la journée. Le tension est au maximum, je boue et j’éclate :
« AVANT DE ME DIRE CE QUE JE DOIS FAIRE, DÉCLAREZ-MOI AUPRÈS DE LA SECU C’EST LA PRIORITÉ DE LA JOURNÉE ! ».
On me répond « Tu te débrouilles avec la sécu car nous on ne trouve pas ça normal un arrêt après un congés maternité, on ne te déclarera pas ! Et tu es venue faire quoi aujourd’hui ?«
Je réponds « Négocier une rupture conventionnelle »
Au tour des patrons de me dire ‘Tu rêves, on te poussera à bout pour que tu démissionnes«
Je les menace de prud’hommes, ils me répondent qu’ils feront des faux témoignages contre moi car j’ai le badge et j’aurai pu les voler étant donné que j’ai les clefs. J’en ai assez, je pars, je ne veux plus travailler là-bas. Je prends rendez-vous avec mon médecin traitant, elle décide de m’arrêter 14 jours.
Durant ces 14 jours, j’ai décidé de prendre cette affaire au sérieux. Je me suis procurée 8 attestations sur l’honneur d’anciens collègues qui ont été victimes eux aussi de harcèlement moral.
J’ai vu la médecine du travail, j’ai raconté cette histoire en pleurant car bon dieu, je suis une bosseuse et je trouve ça tellement injuste, j’ai montré au médecin les attestations.
Abasourdi, il m’a dit de ne pas m’en faire et qu’il allait me soutenir et qu’il ferait TOUT pour que je n’y retourne pas en me déclarant inapte au poste… Merci à ce médecin qui m’a sauvé de peut-être une future dépression alors que tout roule dans ma vie mis à part ce problème !
Pour conclure , je vais continuer ma bataille auprès d’associations pour le sexisme au travail avec les femmes, je vais saisir les prud’hommes afin de penser aux futur·e·s salarié·e·s qui auront affaires à eux et j’espère qu’un jour justice sera faite !
Je vous remercie de m’avoir lu, ça fait tellement du bien d’évacuer cette injustice que j’ai sur le cœur ! Cependant je relativise en me disant que malgré cette longue période d’acharnement, je suis arrivée à concevoir bien au chaud, l’une des plus merveilleuses choses de toute ma vie <3
Affectueusement, Papillon.
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missnounours dit
En lisant ton témoignage Papillon, je constate que tu as décroché le pompon avec tes employeurs. Je sais que les gros cons machos il y en a une sacrée tripotée (j’ai connu ça durant ma grossesse) mais eux, ils sont champions. Je trouve ça dingue que de nos jours, certains employeurs peuvent être si horribles avec leurs salariés jusqu’à les poussés à leurs départs notamment pour les femmes. Lorsqu’on engage une jeune femme, on sait pertinemment qu’il y a des risques qu’elle puisse tombée enceinte mais je déplore que beaucoup d’employeurs ne pensent pas à ça et surtout qu’ils fassent vivre un enfer à leurs salariées. J’espère que depuis la parution de ton témoignage tu as pu obtenir gain de cause et surtout que tu as pu retrouvé un autre emploi avec des patrons humains.
Sarah dit
Punaise, autant de cynisme et de méchanceté, c’est juste hallucinant. Rien qu’avec ce qu’ils t’ont sorti quand tu as annoncé ta grossesse, tu aurais largement eu de quoi porter plainte. J’espère qu’ils vont prendre très cher aux prudhommes et que leur réputation va en prendre un bon coup. Le seul moyen de toucher ces gens-là, c’est au portefeuille.
Lisa dit
Les balancer à l’inspection du travail, leur coller les impôts aux fesses, prendre un avocat, engager une procédure pour harcèlement moral BREF : ne pas les laisser respirer car c’est tout simplement INADMISSIBLE !
Une poule sur le mur dit
Bonjour
Malheureusement votre situation n’est pas isolée, ce genre de comportement perdure. Même si dans votre cas, la violence est inouïe.
J’espère que vos actions porteront leurs fruits et que vos employeurs payeront pour leurs actes.
J’ai moi-même était licenciée suite à ma quatrième grossesse (déjà à la troisième, j’ai bien sentie que tout cela n’était pas bienvenu).
A mon retour de congé maternité, j’ai d’abord était mise au placard, on m’a déplacé dans une autre filiale, mes tâches tenaient de moins en moins d’importance dans la société et surtout étaient de moins en moins en lien avec les qualifications et le peu de considération accordé diminué de jour en jour, je devais même m’estimer heureuse d’être payée selon les RH.
5 mois à peine après mon retour j’ai été licencié pour faute grave, suite à une absence pour enfant malade (ma hiérarchie a été prévenu la veille de mon absence).
Aujourd’hui l’affaire est en cours aux prud’hommes. Il était hors de question de les laisser faire.
Après plusieurs mois de déprime, je vais mieux, je suis même nettement soulagée de ne plus faire partie d’une société si peu humaine et remplie de brebis galeuses.
Je reste persuadée que toute action sera punie à la hauteur de sa gravité, un jour ou l’autre.
Je vous souhaite de belles choses en famille et dans votre vie professionnelle.
LAETI dit
😨😨😨 je suis choquée. Comment on peut avoir aussi peu d’empathie et d’humanité. En tout cas vous avez eu beaucoup de courage pour affronter la situation. .
Pilipili dit
Incroyable à quel point l’être humain peut être odieux….
En tout cas, vraiment bravo à vous, vous êtes vraiment fantastique de vous battre jusqu’au bout pour les prochains. C’est vraiment pas facile d’aller aux prud’hommes et de se faire juger face à des mensonges, beaucoup auraient laissé filer. Bravo, vous êtes une WonderWoman !
Madame Mi dit
Et oui les beaux discours sur la parité tout ça tout ça disparaissent très vites dès que la grossesse se profile. Il semble que vous soyez tombé sur des personnes particulièrement cyniques ! Bravo d’avoir tenu jusqu’au bout ! Malheureusement quand on est une femme on s’oblige à être irréprochable pour être apprécier au même titre que les hommes au travail… Mais l’entreprise oublie tout ça très vite à la moindre contrariété (le congé maternité en est une ÉNORME) . Nous sommes en 2020… À quand la fin de ces attitudes ?
Mylène dit
Je suis abasourdi par votrvotre témoignage ! Comment peut on se comporter de la sorte et être aussi inhumain ??! Vous avez donné tout ce que vous pouviez, et en échange de quoi ?! J’espère que vos démarches auprès des prud’hommes vont payés et qu’ils comprennent enfin que leur comportement est clairement déplacé et inapproprié. C’est honteux d’agir de la sorte.
Je vous souhaite bon courage pour ces démarches, et pleins de bonheur en famille.
Bloppy dit
Woooo ! Mais ça existe encore ce type de comportement ?! Cest juste pas croyable !
Je suis dans mon 4eme mois de grossesse er je trouvais déjà que le comportement de mon équipe (collègues et direction) était du harcèlement mais alors là !
Pour faire bref, j’ai une maladie aux jambes et tout le monde était au courant que lors d’une grossesse il faudrait probablement y aller molo sur les déplacement à l’autre bout de la France avec moi. Tout le monde était donc au courant que nous étions en essai, et lorsque je suis tombée enceinte, j’ai prévenue tout de suite mes collègues en lien direct avec mon travail pour qu’on s’arrange. Les douleurs étaient en effet de retour très vite…
Je me suis retrouvée avec des « tu nous fous dans la merde » « dans cet état t’iras jamais a terme » « pourquoi tu voulais un gamin au final si c’est pour être comme ça ? » Et le coup de massue « Non on arrangera rien, tu feras tout tes déplacements ».
Résultats, je suis en arrêt de travail dès 6SA… J’ai été voir la médecine du travail qui a été très compréhensive et m’a aussi déclarée inapte.
Entre temps, la direction a été prévenue. Et ils ont trouvé une excuse parfaite pour ne pas renouveler mon contrat en me proposant de me garder uniquement en me retrogradant. Ce que j’ai bien évidemment refusé clairement. Je serais donc au chômage dans 1 mois et je retournerai pas dans cette équipe.
Petite précision, ce ne sont que des femmes dans l’équipe et à la direction, et la majorité ont des enfants… dingue…
Julie dit
Quand je suis tombée enceinte de mon fils je travaillais dans une entreprise dans laquelle je faisais beaucoup de manutention,port de charges lourdes. J’ai annoncé de ce fait ma grossesse assez tôt en espérant qu’on allège un peu mon poste… Ça a été le contraire. Je portais des caisses de 20kg, des palettes… J’ai fait une hémorragie et failli perdre mon fils. Mes supérieurs n’ont rien voulu savoir…
Heureusement j’avais un médecin génial qui m’a soutenu. J’ai quitté ce boulot quelques années plus tard sans aucun regret.
Adèle dit
Comme Audrey et Agnès, je suis également choquée par ce que je lis, écœurée pour toi. Ce comportement est tellement froid et inhumain ! Crétins sans cœur…et sans cerveau !
Je t’envoie tout mon soutien pour les futures démarches ainsi que pour garder l’énergie de les faire 🙂
Courage à toi !!
Audrey dit
Je suis vraiment super choquée ! C’est quoi ce comportement ? Il faudrait presque porter plainte a ce stade, se permettre de tels propos, de tels familiarité c’est inadmissible. Même entre proches c’est impensable de dire de telles horreurs. J’espère qu’ils le payeront très cher ! Et que leur société va en prendre également un coup . Bon courage à vous dans cette bataille !
Une poule sur le mur dit
Bonjour
Malheureusement votre situation n’est pas isolée, ce genre de comportement perdure. Même si dans votre cas, la violence est inouïe.
J’espère que vos actions porteront leurs fruits et que vos employeurs payeront pour leurs actes.
J’ai moi-même était licenciée suite à ma quatrième grossesse (déjà à la troisième, j’ai bien sentie que tout cela n’était pas bienvenu).
A mon retour de congé maternité, j’ai d’abord était mise au placard, on m’a déplacé dans une autre filiale, mes tâches tenaient de moins en moins d’importance dans la société et surtout étaient de moins en moins en lien avec les qualifications et le peu de considération accordé diminué de jour en jour, je devais même m’estimer heureuse d’être payée selon les RH.
5 mois à peine après mon retour j’ai été licencié pour faute grave, suite à une absence pour enfant malade (ma hiérarchie a été prévenu la veille de mon absence).
Aujourd’hui l’affaire est en cours aux prud’hommes. Il était hors de question de les laisser faire.
Après plusieurs mois de déprime, je vais mieux, je suis même nettement soulagée de ne plus faire partie d’une société si peu humaine et remplie de brebis galeuses.
Je reste persuadée que toute action sera punie à la hauteur de sa gravité, un jour ou l’autre.
Je vous souhaite de belles choses en famille et dans votre vie professionnelle.
Agnès dit
C’est dingue je suis vraiment choquée ! C’est fou que tu aies réussi à gérer ça aussi longtemps . Ça a dû être vraiment difficile certains jours.
J’espère qu’ils vont en prendre pour leur grade !! Courage !