Lors de la grossesse, les médecins ont annoncé à S. que son bébé n’allait pas bien. Il lui ont parlé d’amniocentèse, et même d’IMG. Mais la future maman a refusé, préférant faire confiance à la vie. Et, après la naissance de sa fille (en bonne santé), un syndrome de stress post-traumatique s’est déclenché. Voici son témoignage.
{Témoignage} Le syndrome de stress post-traumatique obstétrical
Bonjour à toutes,
Je suis la maman d’une petite fille de 3 ans.
Et je souffre d’un syndrome de stress post traumatique obstétrical.
J’ai été diagnostiquée lorsque ma fille avait 3 mois par le pédopsychiatre de la maternité.
Dissociation péri-traumatique pendant l’accouchement suivi d’un syndrome de stress post-traumatique.
Lorsque le diagnostic a été posé, cela a été comme si quelqu’un enfin me prenait par la main et me disait « je te comprends, je vais t’aider, ça va aller ». Le premier pas vers la sortie du puit dans lequel ma fille et moi étions tombées.
Ma grossesse a été extrêmement surveillée
PAG, RCIU extrême, monitoring, dopplers, échographies de croissance. Voici les termes qui ont émaillés cette grossesse à partir de l’échographie du 2ème trimestre.
Premier choc, notre bébé est trop petit donc toutes les hypothèses les plus catastrophiques ont été évoquées. Et tout bas, la possibilité que cela soit constitutionnel.
Tous les examens sont faits, rien, elle va bien.
Puis le choc, à 32 semaines, le médecin après une échographie de contrôle de croissance nous parle d’amniocentèse et d’IMG.
Mon mari déjà peu investi dans cette grossesse se met complètement en retrait.
Malgré tout, nous refusons les examens. Pour moi, ce bébé est là, je l’aime déjà profondément et inconditionnellement, je refuse qu’une aiguille vienne percer sa bulle protectrice. Le seul endroit où il est bien, en sécurité.
Où il est désiré et attendu.
Accepté tel qu’il est.
A 37 semaines, la décision est prise de déclencher l’accouchement
Bébé ne grossit pas. Je ne veux pas de ce déclenchement. J’ai peur pour mon bébé. Une peur panique qu’à peine sortie de mon ventre, on lui fasse du mal. Peur que les médecins aient raison et qu’elle n’aille pas bien.
Tout mon corps hurle qu’il ne veut pas de cet accouchement déclenché mais ma tête se résout à écouter les médecins et à l’accepter car « mon bébé sera mieux dehors que dedans » me dit-on.
32 heures de souffrance, dont 15 sans péridurale.
Les salles de naissance sont pleines, le personnel pas assez nombreux.
Je suis seule dans ma salle de pré-travail avec mes douleurs.
Les sage-femme ont envoyé mon mari se reposer dans ma chambre en suite de couches « Reposez vous monsieur, cela peut être long encore ».
Au milieu de la nuit, je craque.
J’ai oublié où je suis et pourquoi je suis là.
Je suis au milieu de rien. Au milieu du gris.
Mon mari me dira plus tard que je lui ai envoyé un sms en lui disant « je prends un taxi, je rentre à la maison ».
Il descend en courant et m’empêche de retirer ma perfusion.
Je ne me rappelle de rien.
Les sages-femmes passent mais ne font rien.
J’ai l’impression de hurler. Mais apparemment je ne fais aucun bruit.
On me transporte dans une salle de naissance et on me pose la péridurale.
Tout me revient, je suis là pour accoucher.
Et tout de suite la culpabilité : j’ai oublié mon bébé pendant mon absence.
Je l’ai laissée tomber alors qu’elle souffrait elle aussi.
Enfin mon bébé est là, et est contre toute attente en pleine forme.
Je suis épuisée et pourtant je suis incapable de me reposer. Incapable de me réjouir. Incapable de manger.
Sidérée, hébétée et en même temps hyper vigilante.
Le moindre bruit me fait sursauter. La tombée de la nuit me met dans des états de paniques intenses.
Mon bébé a des coliques violentes et hurle de douleur des heures entières.
Ni elle, ni moi ne supportons aucun bruit.
Je me sens seule, dépassée.
Mon mari se plonge dans le travail et nous met à distance.
Ne se connecte pas à sa fille.
L’idée de sortir de chez moi me terrifie. Le monde extérieur me semble être une jungle pleine de dangers pour ma fille.
Aller au bout de la rue me demande des efforts surhumains.
Mon entourage me secoue
« Mais pourquoi tu reviens là-dessus ? Elle va bien ta fille ! Elle n’est pas si petite finalement !
Elle grossit bien ! Tout va bien ! Passe à autre chose ! »
Non tout ne va pas bien.
Non je ne peux pas passer à autre chose.
On m’a promis une catastrophe pendant des mois.
Je l’attends cette catastrophe !! Je n’en dors pas, je guette le danger à chaque coin de rue.
Je fais des cauchemars. J’ai des flash-backs de la nuit de mon accouchement dès que je ferme les yeux.
La vue de femmes enceintes m’angoisse. Je suis incapable de passer devant la maternité et fait des détours pour l’éviter.
J’ai l’impression que la vie de mon bébé ne tient qu’à un fil. Et que le monde entier est contre elle.
Je m’épuise. Je perds du poids. Je ne suis plus que l’ombre de moi-même.
3 mois plus tard, des mains se tendent enfin. On pose un diagnostic, un nom est mis sur mes souffrances.
Un nœud se desserre enfin.
La première marche vers la sortie du puits.
Un suivi psychologique se met en place.
Aujourd’hui je vais mieux.
Je suis fragile.
Je ne dors toujours pas bien. Je ne peux pas laisser ma fille dans le noir sans veilleuse. Mais je peux sortir avec elle sans paniquer.
Cette blessure psychique appelé psycho-traumatisme sera toujours là mais j’apprends à vivre avec et à la « désactiver ». Petit à petit je progresse et je reprends confiance. Cela arrive, et le seul moyen pour s’en sortir est d’accepter de se faire aider.
Vous souhaitez publier votre histoire sur le blog ? Déposez votre témoignage mariage ou témoignage maternité ici.
Eléonore dit
Bonjour,
Comme je comprends!
Pour moi aussi petit bébé avec toutes les peurs que les examens que l’on vous rajoute peuvent engendrer. C’est mon premier bébé aussi mais heureusement le papa a pris les choses avec philosophie et j’ai eu une sage-femme libérale vraiment top qui me rassurait et comprenais que l’on refusent certains examens.
J’ai moi-aussi été déclenchée mais parce que terme dépassé et bébé trop petit donc pas normal pour eux. J’avais peur du déclenchement et n’en voulais pas mais comme vous j’ai écouté. Contrairement à votre accouchement, le mien a été ultra rapide, ils n’avaient jamais vu ça! Pas de péridurale, une douleur atroce et code rouge. J’ai été en état de choc et mon bébé en néonat car il a souffert. J’ai vécu mon accouchement comme un traumatisme. Heureusement à la clinique, la psychologue est venue me voir sur demande de la sage-femme.
Je pleurais dès qu’il fallait passer devant les salles d’accouchements pour aller allaiter mon fils en néonat.
Le plus dur était les réflexions de l’entourage disant: « ah bah t’as accouché à l’ancienne c’est tout, ton bébé va bien maintenant donc n’y penses plus et puis tu verras tu vas oublier! »
Eh bien non!! On n’oublie pas!
Aujourd’hui je vais bien parce que ma Gynecologue et ma sage-femme ont reconnu ma souffrance et ne l’ont pas minimisé.
Je vous souhaite beaucoup de courage!
Lucie dit
Bonjour à vous. Je suis interpellée par le comportement de votre médecin, par celui des sages femmes. Un premier accouchement déclenché est toujours difficile alors dans votre situation, avec le stress en amont, c’est bien compréhensible que vous ne l’avez pas bien vécu. Le post partum pour un premier est aussi très rude. Même si c’est merveilleux quand bébé est bien, devenir une jeune maman prend du temps et on se retrouve souvent dans des moments de grande solitude. Ne vous en voulez de rien. Vous avez fait tout ce que vous pouviez compte tenu de la situation. C’est une bonne chose que vous soyez suivie (on le serait pour moins). Il faut du temps, c’est normal. Félicitez vous d’avoir passé à travers les difficultés, essayez de vous distraire aussi quand les angoisses resurgissent, trouvez un sport qui vous vide la tête et vous réancre dans votre corps. Et encore bravo pour votre enfant, votre famille. Je vous souhaite tout le bonheur du monde.
Sandrine Passa dit
Bonjour je comprends que votre mari n’est pas, vous voit pas et je sens que vous commencé allez mieux bon courage