Ambre a accouché pendant la pandémie d’une petite fille à terme, mais décédée malheureusement quelques heures avant que tout ne s’enclenche. Un témoignage de mamange bouleversant, quelle force <3 Merci de partager vos histoires aussi émouvantes avec nous <3
{Témoignage} « Si je dois souffrir je veux donner la vie à ma fille le plus naturellement possible »
Bonjour La Mariée en Colère,
Je me permets de t’écrire car j’en ressens le besoin aujourd’hui et si mon témoignage est publié cela me fera une trace écrite du plus beau et plus dur jour de ma vie.
Je m’appelle Ambre, j’ai 23 ans et j’ai connu mon mari très jeune à 17 ans. En 2015, nous avons notre premier enfant un garçon, en parfaite santé. Puis les difficultés de la maternité sont arrivés et j’ai retardé les essais pour avoir un deuxième enfant. En 2019, on se décide enfin ! Je ne prends plus aucune protection et en quelques mois je tombe à nouveau enceinte. Mes plus grands souhaits pour cette grossesse étaient d’une part d’avoir un bébé en pleine santé et d’autre part, mon rêve : une petite fille. La grossesse fut très difficile entre la fatigue, les troubles intestinaux, les vomissements et nausées qui m’ont fait perdre 13kg en début de grossesse. Mais le deuxième trimestre quasiment fini, tout s’est mis à peut prêt dans l’ordre. Une princesse annoncée petite comme son frère à la naissance, mais très active et joyeuse dans mon ventre.
La poche des eaux se fissure : le début des complications
Le samedi 4 avril je commence à fissurer la poche des eaux ce qui m’a valut une hospitalisation à partir du lundi suivant et un déclenchement programmé le jeudi (car je serai à 37 SA). Tout se déroule bien, bébé continue de gigoter, son petit cœur va bien et le travail se lance tout de même petit à petit.
Puis finalement la chute libre. Le mercredi après-midi, aux environs de 15 h j’effectue un des monitoring que je dois faire quotidiennement. « Tout va bien, super, on refait un monitoring vers 19h ». La sage-femme revient donc à l’heure dite puis se met à chercher… chercher… plus rien. Aucun cœur qui bat, bébé ne bouge pas depuis environ 1-2h mais rien d’interpellant ça lui arrive de dormir et de ne plus bouger. Très rapidement je suis transférée en salle d’urgence. 1 avis, un second puis un troisième…
« madame il y a une absence d’activité cardiaque je suis désolée on a cherché son cœur ne bat plus ».
Son cœur s’est arrêté de battre
Je suis sous le choc. Ma fille que j’avais tant désirée, tout était prêt pour l’accueillir. Son grand frère se faisait une joie immense de la voir et la protéger. je pense que c’est terminé… mais en fait non « madame on ne peut pas faire de césarienne sauf si c’est une urgence médicale. Le mieux c’est d’attendre. Si le travail se lance seul c’est bon, sinon on vous déclenchera demain à 8h30 ».
Là dans ma tête c’est clair et net : si je dois souffrir je veux donner la vie à ma fille le plus naturellement possible comme mon instinct le voudra. Avec le papa on est d’accord et malgré les mesures de confinement actuelles (nous sommes pendant la pandémie du COVID-19) il a le droit d’être à mes côtés. Il me soutient à 100% m’encourage et me rappelle toujours pourquoi je ne veux pas de péridurale, que je sais gérer, que j’ai déjà fait ça pour mon premier que j’y arriverai une seconde fois. Le travail se met en place naturellement, Dieu merci. À 1h du matin les contractions deviennent régulières et douloureuses je souffle, je chouine, je prends une douche, me tords de tous les côtés. La douleur devient de plus en plus forte je sens que le corps de mon bébé est prêt à sortir mais j’ai tellement mal. Elle ne peut plus m’aider je dois tout faire seule. Au environ de 3-4h j’ai droit à un calmant en intraveineuse qui me permet de mieux gérer le travail. Je ne souffre plus entre les contractions c’est déjà ça.
Puis vers 6h30 c’est reparti je ne gère plus. Je pleure de tristesse et de fatigue. La sage-femme décide de me transférer en salle d’accouchement et de me donner un gaz à inhaler quand les contractions arrivent. « Toujours pas de péridurale sauf si c’est une nécessité on essai déjà ça ». Et la nature à joué son rôle. Mon époux et moi devenons une équipe de choc. Il m’aide à gérer les contractions en repérant les pics de contractions pour que je prenne des bouffées de gaz et gère les contractions. Petit à petit je sens ma princesse suivre son chemin et trouver la sortie. La sage-femme est épatée. Elle en parle au bureau et nous dit qu’on gère vraiment tout : elle nous laisse au maximum à 2 gérer notre accouchement en famille.
Le moment arrive rapidement, celui où je ressens le besoin naturel de pousser pour bien positionner son corps vers la sortie. La sage-femme est dans un coin de la pièce mais reste silencieuse elle intervient que si c’est nécessaire. Aux environs de 9h je mets les doigts et sens que c’est bon : la tête est là, le col totalement effacé. Je dis à mon mari « on va y arriver c’est bon elle arrive encore quelques minutes ». Quelques poussés plus tard je sors ma petite princesse assistée par mon mari. « On a réussi t’as vu, on l’a fait, on l’a fait notre accouchement ! ». Ma fille est magnifique elle a l’air de dormir paisiblement je ne réalise pas tout de suite qu’on va devoir se dire au revoir donc j’en profite.
Mon époux verse quelques larmes, lui qui montre peu ses sentiments habituellement, il craque devant le corps de notre petite fille. Sinaï ❤️
Je ne suis qu’à quelques heures post-accouchement mais je tiens à écrire ces lignes pendant que tout est frais, je ne veux jamais oublier cette aventure, cette épreuve, ce bout de moi.
Je remercie du plus profond de mon cœur toute l’équipe médicale qui a su respecter mes choix et m’accompagner dans cette aventure. Et je souhaite énormément de courage aux mamans qui ont vécu la même épreuve. Si vous me lisez et que vous vous sentez concernée par cette épreuve je souhaite beaucoup de bonheur et de rétablissement. Et si j’ai un conseil à donner c’est de lâcher prise, accepter la situation pour pouvoir apporter une libération et une mise au monde digne de ce nom à nos bébés.
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Asma dit
Bonsoir, j’ai lu votre témoignage et j’ai pleuré, j’ai aussi perdu ma fille à 36 sa, alors que tout se passait normalement, la chose la plus difficile que je devais faire c’était de l’annoncer a ma première fille, elle qui voulait tellement avoir une petite soeur 🙁 et qui elle l’a tellement mal vécu même plusieurs mois après, elle demande toujours aupres d’elle .. 🙁
Laetitia dit
Votre temoignage m a mis une claque… quel courage et force vous avez tous les deux
Greg dit
Bonjour,
Votre témoignage est vraiment fort et émouvant.
Je suis suis époustouflé par votre courage car je ne suis pas sûr que j’aurai pu être aussi fort.
Je vous souhaite tout le bonheur du monde.
Mary Zou dit
Je vous félicite, la vie vous a mis face à l’épreuve la plus difficile qui soit et vous avez trouvé la sagesse d’en tirer le meilleur malgré tout…
je suis sure que vous vivrez une vie magnifique et pleine de bonheur, car cette force et cette sagesse sont déjà en vous, faites vous confiance comme vous l’avez fait pour cette épreuve et il n’y aura jamais de choses insurmontables.
Votre petit ange vous accompagnera toujours ❤️
GuéroBo dit
J’ai vécu à peu près la même douleur, à 8 mois de grossesse. Inquiète que ma pucette ne bouge plus, nous nous rendons aux urgences de la maternité mais c’était déjà trop tard… Ils m’ont déclenché le lendemain et j’ai demandé la péridurale. Cela fait 1 mois 1/2 que mon bébé est décédé, toujours aussi douloureux bien qu’on soit très bien entouré.
Bon courage.
Emily dit
Quel courage à tous les 2. Profitez bien de votre petit garçon à qui vous avez dû expliquer pourquoi vous n’étiez pas rentré avec sa petite sœur. Je vous souhaite une vie remplie de bonheur après l’expérience la plus douloureuse de votre vie.