Alors qu’elle était enceinte de 41 semaines, prête à accoucher, Laetitia a appris que son bébé était décédé. Elle n’y pouvait rien, un noeud s’était formé sur le cordon ombilical, mais malgré cela, la jeune mamange s’est sentie coupable. Voici son témoignage.
{Témoignage} 41 semaines complètes, une naissance volée
Bonjour,
J’approche des 35 ans, je suis maman de trois enfants. Un petit garçon de bientôt 9 ans, une petite puce qui va sur ses 4 ans et notre dernière née sans vie il y a trois semaines.
Cette grossesse a été « longue » car par rapport aux deux premières, j’ai été arrêtée dès le quatrième mois à cause de contractions. Il fallait beaucoup de repos pour faire grossir notre bébé et également faire en sorte que le placenta se déporte un peu car il était bas inséré et non loin de mon col. Les mois se sont suivis, notre fille a pu prendre du poids régulièrement, la courbe, les fonctions vitales, tout était bon (quel bonheur). Les deux derniers mois se sont écoulés durant le confinement, j’avais l’impression que je menais une grossesse depuis déjà 10 mois, cette période déjà suffisamment anxiogène. J’en ai profité pour être auprès de mes deux premiers enfants, choyer notre petite puce, la garder au chaud car il était impensable d’accoucher avant le 11 Mai (les papas étaient réautorisés en confinement à la maternité). Mon terme était le 16 Mai, je voyais les jours passer, chaque dimanche nous faisions un WhatsApp en famille afin de se voir, en attendant impatiemment l’arrivée de la petite dernière dans la famille.
Le 14 Mai j’ai perdu le bouchon muqueux
Comme pour mes précédentes grossesses, ce qui annonçait l’arrivée de bébé souvent 48h après maximum. Le samedi 16 tôt le matin, j’ai eu les fameuses contractions rapprochées, nous nous sommes présentés mon conjoint et moi à la maternité, heureux, impatients de faire la rencontre de notre toute petite.
Examen gynécologique protocolaire, le col dilaté à 5, mise en place du monitoring.
Le cauchemar a commencé, il n’y avait aucune activité cardiaque…
Le petit coeur de notre fille ne battait plus.
J’ai accouché par voie naturelle en moins de 30 minutes, le travail s’est fait naturellement, quand notre fille est sortie, nous avons remarqué la présence d’un noeud sur le cordon ombilical, apparemment plus de liquide amniotique.
Je suis restée tétanisée, paralysée. Car sentir ma fille sortir de mon ventre alors que je savais que l’on n’entendrait pas ses petits pleurs, qu’on n’aurait pas la chance de la porter contre nous juste après la délivrance au moment du peau à peau, cette première rencontre magique où l’on découvre son bébé….
Nous avons pu la voir un peu mais elle a très vite quitté l’hôpital à cause de la pandémie de COVID toujours présente et malheureusement, notre bébé devait être transférée au centre funéraire au plus vite.
Le corps médical nous a expliqué qu’elle devait être décédée intra-utero depuis au moins 48h.
Mais comment ai-je pu ne pas m’en rendre compte ?!! Les bébés n’ont plus beaucoup de place à la fin, j’avais des contractions ces derniers deux jours avant l’accouchement.
On m’a expliqué que je n’y étais pour rien car nous n’aurions rien pu faire. Le nœud s’est délibérément serré d’un seul coup à cause du poids, très rapidement.
Mais rien n’y fait, je suis anéanti.
Je suis persuadée que je suis responsable
Que j’aurai dû m’apercevoir de quelque chose. Mais on m’a clairement dit que je n’aurai pas pu éviter ce drame (cas très rare).
Nous avons été confinés tous les deux dans un coin du bâtiment à l’opposé des chambres où les mamans avaient leurs bébés en vie, nous avons demandé une sortie précoce le lendemain avant midi car notre peine était inqualifiable.
Au lieu de sortir avec notre fille dans le cosy, nous devions organiser ses obsèques et affronter notre entourage qui avait tant attendu ce bébé.
Elle était parfaite physiquement, il ne manquait rien, j’avais réussi à lui faire prendre du poids et se dire que tout s’est arrêté si brutalement a été d’une extrême violence de part la rapidité ainsi que les conditions déplorables dans lesquelles cela s’est produit.
Les équipes de sages femmes et infirmières ont été formidables mais il n’y avait aucun psychologue sur place pour nous parler, pour nous aider à expliquer aux enfants lors de notre retour à la maison que nous serions sans leur petite sœur, et puis ces deux chefs gynécologiques maladroits, employant des termes froids et difficiles.
L’accompagnement du suivi physique des jours qui ont suivi : zéro !
Nous sommes plein de questions, il y a beaucoup de faux-pas dans l’organisation administrative également qui remuent le couteau dans la plaie.
Nous attendons les résultats des examens bien que le nœud semble être la cause unique du décès de notre petite merveille.
Nous sommes bien entourés par nos familles et amis mais nous sentons très seuls. Je suis suivie par une psychologue, mais rien n’enlèvera notre chagrin et le manque que l’on ressent.
Faire le deuil d’une grossesse et de son enfant est terrible
On se raccroche à nos deux premiers enfants pour surmonter cette épreuve mais l’amertume est là tout comme la colère de ne pas avoir été pris correctement en charge.
Aujourd’hui, il nous reste que quelques échographies, quelques photos prises à la maternité pour revoir son doux visage et les traces de la grossesse sur mon corps.
Nous aurions dû fêter les mamans à cinq et non pas sur la tombe de notre bébé.
Ce jour où tout a basculé nous avons compris que nous n’étions ni les premiers ni les derniers parents à vivre ce drame malheureusement.
J’ai espoir de pouvoir un jour échanger avec des mamans qui ont vécu la même chose et pouvoir aider peut être d’autres familles qui n’ont pas pu être entourées ou prises en charge comme il se devrait dans ce drame qu’est le deuil périnatal.
Vous souhaitez publier votre histoire sur le blog ? Déposez votre témoignage mariage ou témoignage maternité ici.
Galliot Héloïse dit
Bonjour,
Je suis maman de 3 enfants, enceinte de notre 4eme et j’ai eu tant d’émotions a vous lire. Mes 2 premières grossesses se sont très bien passées et nos 2 grands garçons sont nés a quasi terme en parfaite santé. La 3ème était encore plus merveilleuse et je me sentais bien. A 40 sa +4 les contractions sont arrivées et nous nous sommes rendus avec joie a la maternité… où nous avons comme vous appris la mort de notre petite Capucine. Elle est née en silence. Elle était parfaite, si belle, si grande. Nous avions fait une hemorragie materno foetale entre 24 et 48h avant environ mais on en saura jamais plus sur les dates, les causes etc… ça arrive. Comme vous en covid, comme vous nous avons demandés a partir plus tôt, rentrés vite seuls annoncés cette perte tragique a nos grands… si vous voulez échanger toutes les 2 ce serait avec joie, face au deuil perinatal on se sent si seule au monde. On a pu dire au revoir comme nous en avons eu le besoin a notre fille, l’accompagner le plus qui nous était permis, la faire vivre dans sa fratrie et se creer des « souvenirs ensemble » mais c’est dur et je suis quasiment de suite retombée enceinte mais cet enfant est notre futur, notre 4eme, notre espoir, il ne comblera jamais la perte de notre fille, nous serons toujours 1 de plus que ce qui est visible…
Bon courage a vous, comme vous le disiez vous n’êtes malheureusement pas seule et mes pensées vous accompagne j’espère que l’avenir s’est fait plus radieux.
Maman géniale dit
C’est avec beaucoup d’émotions que je lis votre témoignage. Je ne peux pas comprendre ce que vous avez vécu, mais je partage avec vous. Merci pour votre témoignage plein de courage et d’honnêteté. En espérant que la prise en charge dans nos hôpitaux et l’accompagnement des parents qui vivent de genre d’épreuves évoluent et s’améliorent. Malgré tout, je vous souhaite beaucoup de belles choses, beaucoup de courage.
MGRE dit
Bonjour Laeticia,
J’ai perdu également mes 2 premiers fils jumeaux en cours de grossesse (mort-in-utero sans cause réelle, un genre de mort subite du nourrisson mais dedans, un des 2 est mort et comme ils partageaient le même placenta, il a entraîné son frère avec lui… j’ai eu aussi cet énorme sentiment de culpabilité… un soir, je les ai senti s’agiter comme jamais, mais j’étais tellement fatiguée… je leur ai demandé de me laisser dormir… et je n’ai plus jamais senti leurs caresses ensuite… et si j’avais été a l’hôpital plutôt ?) J’ai participé alors a des groupes de paroles avec l’association Agapa, rencontré beaucoup de mamans super dont une qui a perdu son bébé le jour de son terme… discuter avec toutes ces personnes adorables m’a fait comprendre que personne ne méritait cela, que ce n’était pas une sorte de punition… Ça n’a pas été facile de se reconstruire après ça, la peur au ventre que le sort puisse encore vous enlever ce qui vous reste (on réalise tout a coup la fragilité de nos vies, qu’on oublie dans nos quotidiens si confortables)… certaines mamanges ont dit que c’etait plus facile avec les plus grands de ne pas sombrer totalement… il existe aussi beaucoup de groupe sur FB qui m’ont également beaucoup aidé… Et des livres très bien aussi (Les rêves envolés notamment)
Si vous souhaitez, vous pouvez me contacter, je vous donnerai les adresses. Cela fait 4 ans pour moi, j’en ai fait du chemin depuis… je considère aujourd’hui qu’en renonçant à leur vie, il m’ont fait renaître à moi-même… je n’étais qu’un passager sans âme, ils m’ont appris l’urgence de profiter de ce qui nous est précieux, de vivre pleinement, avant qu’il ne soit trop tard, j’ai osé des choses pour eux, que je n’aurais jamais eu le courage de faire avant, pour que leur départ ne soit pas vain… Trouver du sens a cette épreuve m’a permis de la surmonter, après avoir touché un fond plus profond que je n’aurai cru possible… Je vous souhaite beaucoup de courage et d’être bien entourée surtout, et si j’ose, je vous serre dans mes bras pour vous donner un peu de cette force qui m’a aidé a survivre.
corcor14 dit
Bonjour,
Je suis mam’ange également, depuis 3 ans.
Il existe un groupe sur Facebook : Mam’anges,Pap’anges~Affronter le deuil d’un enfant et garder espoir
https://www.facebook.com/groups/382357858788009
N’hésite pas à venir nous rejoindre. Il y a beaucoup de bienveillance et d’entraide sur le groupe.
Prenez du temps pour vous surtout, c’est primordial !
Emily dit
Bonjour Laetitia,
Je ne peux imaginer votre tristesse, votre colère, votre incompréhension.
Il y a quelques années, l’un de mes collègues de travail et sa femme ont accouchés d’un bébé mort-né. Nous nous sommes tous réunis (près de 100 collègues), qu’on l’apprécie ou qu’on le connaisse à peine. Nous lui avons offert un voyage pour lui et sa femme. C’était leur premier enfant. Nous avons tous fait le deuil de la joie que nous aurions aimé leur apporter pour cette naissance. Rien de ce que nous aurions pu dire ne les aurait aidé, ni soulagé. Nous ne l’avons jamais revu. Ils se sont isolés, ont changés de vie. Nous les avons soutenu dans ce choix.
Le temps a fait son œuvre. Aujourd’hui ils sont parents pour la 2ème fois, un bébé en pleine santé et une grossesse je n’en doute pas, ultra suivie.
Je sais qu’il existe des associations de paranges, dans lesquelles vous trouverez écho à votre histoire. Vous y trouverez des gens qui ont vécu ce qui est encore frais pour vous. Rapprochez-vous d’eux. Je vous souhaite du bonheur à venir à 4 et des souvenirs heureux à 5, avec le temps je vous le souhaité, ça viendra.
Bon courage à tous les 4…