Marinette n’a pas une grossesse de tout repos. Son bonheur de porter la vie est assombri par le décès de son père et le harcèlement dont elle faest victime à son travail… le tout lui provoquant des crises d’épilepsie inexpliquées. Voici son témoignage.
{Témoignage} Grossesse, harcèlement au travail, décès… et épilepsie !
Bonjour à toutes et à tous,
Je ne sais comment démarrer cet écrit… n’y voyez pas ici l’amorce d’une éventuelle thérapie que je suis déjà depuis plusieurs mois. Ce que j’ai en moi aujourd’hui me pèse lourdement et a des conséquences importantes sur ma santé et peut être celle du bébé que je porte…
J’ai actuellement 32 ans et j’avais l’envie depuis plusieurs années de maternité. J’avais rencontré une belle personne et la possibilité de fonder une famille avec elle me tardait… Parallèlement à ça j’occupais un poste à responsabilité qui me prenait beaucoup de temps mais me satisfaisait professionnellement.
En janvier 2020, mes règles n’arrivent pas : test de grossesse positif confirmé par une prise de sang.
Grossesse et décès
J’appelle ma mère « j’attends un bébé c’est sûr ! » ravie de lui faire cette annonce. Ma mère me répond en pleurs « et ton père va mourir… ». Mon père se soignait déjà depuis plusieurs mois et tentait de vaincre ce foutu cancer du rectum qu’il avait pris trop tard.
J’ai besoin de l’écrire aujourd’hui : pendant les trois premiers mois de ma grossesse j’ai espéré perdre mon bébé. Cette idée farfelue que la mort de ce bébé pourrait redonner de la vie à mon père.
Au second mois de ma grossesse ma mère nous a demandé à mon frère et moi de revenir auprès d’eux car c’était la fin… J’ai vu mon père dans un tel état… Mon médecin m’a mise en arrêt pendant 10 jours.
Aux termes de ces 10 jours j’ai demandé à ma présidente de pouvoir poser deux semaines deux congés. Travailler me semblait impossible. Ma responsable ne comprenait pas pourquoi j’avais besoin de m’arrêter… période de covid oblige, elle avait besoin de moi pour gérer les effectifs.
Mon père est mort le lendemain…. mon père est mort pour mes 32 ans, mon père est mort à bout de souffle… mon père est mort sans jamais m’avoir dit qu’il m’aimait…
J’ai pu prendre mes deux semaines de congés et mes jours de congés pour décès d’un parent. Durant ces deux semaines j’ai été harcelée par mon employeur, harcelée d’appels et de messages… j’ai même eu droit à plusieurs reprises « bon ok c’est pas sympa ce que tu vis mais moi ce que je vis c’est pire que toi ». Qui a-t-il de pire que la perte d’un être proche et tant aimé ? Que l’on a vu rongé par la maladie ?
J’ai vite repris le travail car je ne voulais pas que d’autres reproches me soient faits !
Le bébé lui se développait normalement… c’était l’essentiel.
Grossesse et harcèlement au travail
La reprise fut compliquée et bien des choses me furent reprochées : mon absence avait donné du travail à ma chef et elle ne pouvait pas l’encaisser…
En mon absence elle avait eu la bonne idée de vouloir changer certains process de l’entreprise. Enfin l’idée seulement car c’était à moi de tout changer avant mon départ. J’étais dans mon 5 ème mois de grossesse déjà…
Elle me demandait de gérer ça mais aussi de gérer une action injuste et immorale envers une collègue de travail.
Puis une nuit, dans mon 6e mois, je me suis réveillée à terre dans ma chambre entourée de pompiers. Je venais de faire une crise d’épilepsie !
La première de ma vie ! A 32 ans !
Hospitalisée d’urgence j’ai eu le droit à toutes sortes d’examens médicaux notamment un electro encéphalogramme et un IRM.
Mes examens sanguins étaient bons, l’Irm aussi et l’EEG présentait quelques résidus de crise…
Compte rendu du neurologue : « vous êtes certainement très fatiguée ! Cela peut arriver de faire des crises sans être épileptique ».
Le bébé lui allait bien et se développait normalement.
J’ai été arrêtée.
Les semaines qui ont suivi, je me suis reposée mais le stress d’une nouvelle crise était présent !
Quelques semaines plus tard, il était convenu que je parcours 1000 kms en train pour assister aux obsèques de mon père qui n’avaient pas pu avoir lieu à cause du covid… L’idée de me rendre loin de mon conjoint pour revivre des émotions compliquées m’angoissaient énormément.
Ça n’a pas loupé ! La première nuit loin de chez moi, j’ai refait une d’épilepsie.
Hospitalisée de nouveau ! Nouvel EEG !
Rien, aucune trace de quoi que ce soit !
Grossesse et crises d’épilepsie
Mais alors pourquoi ?
Personne n’est capable d’expliquer ces crises !
Personne n’est capable de me dire si cela va revenir !
Je suis désormais sous traitement !
La neurologue a maintenu que j’étais certainement très fatiguée et qu’il fallait attendre la fin de la grossesse pour refaire des examens.
Disjoncté ! Il semblerait que mon cerveau ne supporte plus toutes ces émotions !
La perte d’un parent, une grossesse, le harcèlement d’un patron et maintenant de l’épilepsie !
Aujourd’hui si je vous écris c’est parce que je me sens seule !
J’ai ma meilleure amie qui est elle aussi enceinte et tout va bien…
je me sens seule et les médecins ne savent pas expliquer ces crises qui me bouffent le cerveau.
On me demande de prendre sur moi car j’attends un bébé et que je dois le préserver…. et moi dans tout ça ?
Merci pour votre lecture et votre partage d’expérience !
Bien à vous
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Marie dit
Bonjour Marinette, j’ai aussi perdu mon père a 32 ans alors que j’étais enceinte de 6 mois d’un cancer foudroyant. C’était très difficile j’ai du être aussi alité à 7 mois car j’avais un risque de prématurité et Je suis sure que c’est lié au choc. Votre corps répond des émotions contradictoires à supporter, vous êtes très courageuse. Tout ce que je peux veut dire c’est que 5 ans plus tard je vais bien et j’en ai eu un deuxième avec une grossesse très différente. Laisser vous le temps de digérer ce que vous avez vécu et parler à votre enfant pour lui expliquer maintenant et quand il sera né il faut mettre des mots sur ce que lui est en train de vivre. Il vous aide à avancer. Je ne comprend pas la réaction de vos employeurs c’est inadmissible, pensez à votre famille avant tout et dénoncer le harcèlement auprès de la hiérarchie. Votre père veille sur vous. Je vous souhaite plein de courage, vous aurez des jours meilleurs.
Agnès dit
Ça fait beaucoup de choses à gérer émotionnellement ! Je suis vraiment désolée qu’autant d’événements aussi tristes vous soient arrivés.
Je fais assez facilement de la tétanie, ce n’est pas le même type de symptômes, c’est moins grave mais c’est particulièrement désagréable également . Ça m’arrive toujours dans des situations de grands stress (et j’avais très peur de subir ça pendant ma grossesse, ouf ça n’est pas arrivé ).
J’ai fait une crise très brutale, la première, je ne savais pas quoi faire et je paniquais en sentant mes muscles se contracter un par un, d’abord les doigts qui se coincent, puis les poignets et les bras qui se plient et on ne peut rien faire. Ensuite les orteils et les jambes qui s’arquent on ne contrôle plus rien. J’avais 19 ans et personne pour m’aider et j’ai eu extrêmement peur. Et quand ça se décoince, tous les muscles font un mal de chien pendant plusieurs jours. Pas de médicament, c’était juste une grosse grosse crise de stress. J’ai vu un psy et ce n’est pas revenu pendant quelques années.
Les fois suivantes, j’ai ressenti les doigts se crisper et j’ai réussi à arrêter la propagation en me forçant à ne pas paniquer, m’isoler pour que les gens ne me stresse pas en me voyant, respirer fortement, etc. C’était vraiment les nerfs qui me mettaient en garde dans des situations difficiles, physiques ou morales.
Dans votre histoire il y a des choses pour lesquels vous ne pouvez rien faire : gérer votre grossesse et gérer votre deuil particulièrement douloureux. Votre boulot, vous pouvez vous en détacher. La boîte va tourner sans vous même si ça ne plait pas à votre chef. Demandez un arrêt, bloquez votre boulot car ils ne sont pas censés vous contacter pendant un arrêt. On ne se rend jamais assez compte de combien on a besoin de repos tant qu’on ne se repose pas !
Perso je me suis évanouie au volant de ma voiture à 7 mois de grossesse (dans les embouteillages à 10 km/h ou moins, seule ma voiture a eu des dégâts ). Ça m’a vraiment montré qu’il fallait lâcher tout et me concentrer sur mes besoins. Le reste est marginal, le monde tourne sans nous mais notre bébé a fondamentalement besoin de nous et de nos forces !
Sandrine dit
Bonjour Marinette, ce que je vois surtout dans votre témoignage c’est que vous êtes très courageuse ! Beaucoup de personnes n’auraient pas endurer un dixième de ce que vous avez vécu depuis le début de l’année et aurait été en arrêt depuis longtemps.
Votre patronne est qqn d’inhumains c’est certain et elle ne pense qu’à elle… alors faites pareil maintenant ! Pensez à vous, je pense que vos médecins aux vues des derniers moi n’hésiteront pas à accepter de vous arrêter. Vous devez vous reposer, et prendre soin de bébé.
Déjà juste le décès de votre père à ce moment si particulier d’un grossesse c’est déjà énorme à encaisser. Alors si on y ajoute tout le reste… vous êtes déjà une super maman, une warrior !
Mais tout le monde a des limites… alors maintenant il faut penser à vous.
Je vous souhaite en tous cas pleins de bonnes choses pour l’avenir, vous le méritez.
Moi j’aime pensez que mon papa me surveille de tout la haut et me protège.
Sereno dit
Bonjour,
On a du vous le dire mais la grossesse chamboule beaucoup de choses, et surtout nous ne sommes pas égale devant la nature.
Certaines vont travailler jusqu’à la fin, voir plus et d’autres devront être arrêtée des le départ.
Il y a les aléas classique de certaines grossesses: diabète, hypertension et puis il y a des personnes qui ont des pathologies plus rare, une amie fait des migraines ophtalmiques pendant ses grossesses (alors que de base elle n’est même pas migraineuses)
Ensuite, il y a ce que vous vivez, un deuil très brutal et surtout très perturbé (déjà l’annonce en miroir de celle de votre grossesse (je trouve cela très violent ) + la covid ) + harcèlement au travail
j’ai rencontre des gens qui ont développer certaines maladie suite au décès d’un proche et d’autre suite a des problèmes au travail, le stress est le pire facteur déclenchant de tout a un tas de choses
Alors est ce la grossesse? le deuil? le harcèlement ,? le combo des trois? qui sont a l’origine de votre état actuel? difficile a dire mais ne minimisez pas ce qui vous arrive en vous comparant a d’autres (votre meilleur amie) , il y a en ce moment dans votre vie de quoi exploser sans même prendre en compte la grossesse. d’ailleurs, vous avez fait la première crise après une situation difficile a au travail et la seconde pour l’enterrement…)
celui qui vous a dit de « prendre sur vous » pour préserver votre bébé est un imbécile. Au contraire, il ne faut pas garder pour vous ce qui vous ronge parce que sinon ça va finir de vous ronger de l’intérieur. mais par contre vous êtes la seule a savoir ce dont vous avez besoin aujourd’hui
je vous envoi virtuellement du soutien et du courage