Estelle a fait une GEU (grossesse extra-utérine), mais comme si cela ne suffisait pas, les médecins n’arrivaient pas à trouver l’embryon. Pour l’évacuer elle a du faire plusieurs injections. Voici son témoignage.
{Témoignage} Grossesse extra-utérine : quand les médecins ne trouvent pas l’embryon
Bonjour à toutes les lectrices du blog,
Je m’appelle Estelle, j’ai 30 ans et je suis la maman d’un merveilleux petit garçon de 2 ans et demi.
Je souhaite partager ce que je vis en ce moment pour m’aider à avancer et faire part de mon expérience si d’autres femmes vivent cette situation. Avant d’être concernée, je ne savais rien sur la GEU et j’ai cherché des témoignages similaires avec la complexité de mon cas mais son succès donc je pense qu’il pourra être utile.
J’ai toujours voulu que mon fils connaisse le bonheur d’être grand frère. En février, je retire mon sterilet car ne le supporte plus et commence à penser à une nouvelle grossesse avec mon mari. Cependant, on fait « attention » car mon médecin m’a dit de me protéger idéalement 3 mois pour éviter une fausse-couche, ce qui me convient car je ne suis pas totalement prête au fond.
Fin avril, on oublie de faire « attention » une fois et quelques semaines plus tard, je ressens des symptômes qui me mettent la puce à l’oreille. Et là, à notre grande surprise et pour notre plus grand bonheur, le test est positif !
Je suis enceinte ! mais je sens que quelque chose ne va pas
On s’emballe, on se projette et on le dit même à nos proches très tôt convaincus que tout irait bien puisque tout s’était si bien passé la première fois. Mais au fond, je me sens très fatiguée et une petite voix me dit que quelque chose cloche…
Un samedi soir, je ressens des douleurs intenses au bas ventre qui deviennent atroces, bien plus qu’à mon accouchement. Direction les urgences…je n’ai pas de saignement ni malaise donc mon cas n’est pas jugé « grave » alors on me laisse seule dans la salle d’attente presque 3 heures où la douleur est insoutenable. Et enfin on m’examine. Sans trop m’expliquer, on me dit que mon taux d’hormones de grossesse est trop bas et que suite à l’examen, on m’hospitalise. La nuit est difficile car je souffre encore.
Le lendemain, on me dit que finalement c’est rassurant et que je peux rentrer. A aucun moment on ne m’explique que ma grossesse n’est pas viable mais je le comprends seule. C’est le jour de la fête des mères…
Une grossesse pas viable mais pas d’explication
Deux jours après, je retourne faire des examens. Le début d’une longue série. Cela dure plus de 3 semaines… encore et encore : un tas de piqûres et les bras recouverts de bleus, un taux qui n’augmente toujours mais pas assez, des échographies de « l’intérieur » douloureuses qu’on me refait passer parfois 3 fois car plusieurs médecins sont mobilisés sur mon cas « atypique ». Et toujours la même conclusion : on ne sait pas pourquoi mais ça ne va pas.
Ils ne voient rien à l’echo nulle part… je n’ai plus de douleur ni de saignement, donc je ne rentre dans aucune case. Fausse couche ? GEU ? Grossesse ?
La piste de la fausse-couche et de l’évacuation naturelle sont finalement écartées.
A un moment, on me fait espérer que finalement la grossesse pourrait être plus précoce que prévu et bien se développer. C’est l’ascenseur émotionnel, j’ai envie d’y croire mais au fond n’y crois pas.
Finalement, ils partent sur une grossesse extra-utérine sans en être convaincus car ne voient toujours aucune masse et aucune lésion de mes trompes.
On ne me dit jamais que je suis peut être en danger, je le déduis en les écoutant.
On me fait une biopsie de l’endomètre pour essayer de trouver la trace d’un embryon. Je tombe quasiment dans les pommes tellement je souffre… pourtant je suis habituée à gérer la douleur, mais là c’est trop. On ne me donnera jamais vraiment le résultat mais on me dira qu’il n’a servi à rien car n’apporte pas plus d’éléments.
Ils ne savent pas où est placé l’embryon
J’attends 2 jours et puis on m’appelle pour me dire que mon cas a été revu par plusieurs médecins et qu’il faut me faire une injection de Méthotrexate car il y a un risque hémorragique important. On nous demande si on est d’accord pour « éliminer » l’embryon par voie médicamenteuse. Mais avons-nous le choix?
On me fait la fameuse injection dans la fesse de ce produit utilisé en chimiothérapie. On me dit qu’il est très toxique et a des effets secondaires sur le court et parfois long terme car il peut être nocif pour le foie et les reins. Mais on m’explique que contrairement à une opération, il n’atténue pas les chances pour une future grossesse bien qu’il faille attendre 2 mois minimum, pour que le corps élimine tout le produit.
Je pleure car j’ai peur… A ce moment là, je me dis que j’aurais tellement voulu que ce soit une fausse-couche ! Je n’aurais jamais imaginé avoir de telles pensées un jour.
Je rentre à la maison pleine de doutes et dans un état second comme si j’étais droguée. Malgré la fatigue, je le tolère bien et reprends du poil de la bête car je pense que c’est enfin fini et que je vais pouvoir reprendre une vie normale. Je reprends soin de moi, profite enfin de bons moments avec mon fils que j’avais un peu délaissé par manque de force, je rigole de nouveau.
Je fais ensuite une prise de sang de contrôle à J+4, et c’est la claque, mon taux a augmenté. On me rassure et on me dit que ça arrive puis que ça baisse ensuite.
Je retourne donc à J+7 et mon taux a enfin baissé ! Je suis tellement soulagée. On me refait l’écho, ils ne voient toujours rien nulle part. On me laisse partir en me disant que c’est sur la bonne voie et qu’ils ne sont pas inquiets.
Le lendemain, alors que je passe une agréable journée avec mon fils, mon téléphone sonne et mon espoir s’écroule. Mon dossier a été réétudié le matin avec le chef du service et il a statué qu’il fallait que je refasse une deuxième injection. Il a conclu que j’étais toujours en danger car mon taux n’avait pas suffisamment baissé et que l’endroit où se trouve l’embryon était toujours inconnu car invisible.
Je vis très mal cette deuxième injection car je me suis documentée sur ce fameux produit toxique depuis et je suis consciente de ce qu’on fait subir à mon corps, déjà fragile suite à d’autres problèmes de santé. Et comme si mon pressentiment était fondé, je la tolère beaucoup moins bien que la première. Je suis à bout de force et arrive à peine à marcher 24h après…
Et j’ai peur, très peur…que je ne supporte pas le traitement, que cela ne fonctionne toujours pas et que je fasse une hémorragie qui conduise à une opération ou bien pire, qu’ils soient passé à côté de quelque chose depuis le début, que cela recommence lors d’une prochaine tentative de grossesse.
Je dois faire avec tous ces doutes et patienter une semaine encore.
Heureusement j’ai un mari en or à mes côtés, un petit garçon extraordinaire et des proches bienveillants pour m’épauler. Je me dis que je suis quand même chanceuse par rapport à d’autres femmes qui le découvrent trop tard et dont la trompe se rompt, cela me fait tenir. Mais quoi qu’il arrive, je ne serai plus jamais la même.
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M&T dit
Bonjour
Merci pour ce témoignage !
Je suis en train de vivre la même chose. J’ai peur et je me sens très seule, et peu épaulée par mon conjoint qui ne comprend ni la situation, ni mon mal être.
Je suis « rassurée » de vous lire. De partager cela avec d’autres personnes. Alors , merci !
J’espère que depuis, vous allez mieux et que votre famille s’est agrandie
Sid dit
Bonjour Estelle,
Je n’ai pas l’habitude de participer à une vie de blog et de laisser des commentaires mais je ne peux que vous remercier pour cet article. Je viens de vivre ce même épisode (Je pourrais presque dire série…) GEU (à l’exception de la 2ème injection) et je me retrouve parfaitement dans ces étapes, cette brutalité de l’annonce, ce tourbillon d’examens médicaux et de questions auxquelles on nous répond presque avec consternation et condescendance. Comme si cette évidence et cette habitude pour le corps médical était la votre .. au point de vous sentir presque mal à l’aise de poser des questions sur ce qui vous arrive et vous arrivera… Sur cet inconnu et cet inédit que vous n’aviez jamais même envisagé dans votre vie.
Je crois que votre témoignage mérite de s’étendre pour que chaque femme (et couple) confrontée à une telle situation puisse mettre des mots sur son vécu.
Je vous souhaite un excellent rétablissement et espère que tout cela ne vous laissera pas trop de traces conscientes ou non dans votre parcours. Affectueusement. NS
Emily dit
Bonjour Estelle, comme.toutes les lectrices du blog, je suis impatiente de connaître la fin de cet épisode de votre vie. Avez-vous retrouvé votre état de santé initial? Avez-vous pu vous relancer dans vos essais bébé?
En vous souhaitant le meilleur.