Les médecins ne se sont pas tout de suite rendus compte que Débora faisait une grossesse extra utérine (GEU). Entre erreurs et maltraitances médicales, le récit de cette jeune femme est édifiant. Voici son témoignage.
{Témoignage} Grossesse extra-utérine et maltraitances médicales
Bonjour les filles !
Je me suis aussi lancée dans l’aventure, ça y est, j’ai décidé de tout vous raconter de mon histoire.
Je m’appelle Débora et j’ai 25 ans. Cela fait 7 ans que je suis avec un homme extraordinaire et avec lequel je suis fiancée et comblée de bonheur.
Il y a quelques mois de cela, j’ai ressenti des choses que seules les femmes enceintes peuvent ressentir je pense. Oui oui vous voyez très bien de quoi je parle : nausées, sens de l’odorat accentué etc… enfin je savais qu’il se passait quelque chose dans mon corps : le verdict est sans appel au bout de 4 tests urinaires et un test sanguin (histoire d’être vraiment sûre)…
Enceinte ! Youpiiiiii
J’annonce toute contente à mon fiancé qu’il va être papa. Monsieur est tellement heureux qu’il se lève d’un bond et saute de joie : je suis au comble du bonheur !
Les jours passent, et j’ai rendez-vous chez mon gygy pour la première fois (la frousse !), je lui annonce que je suis enceinte, que je ne sais rien de tout ça et que j’aimerai qu’on me guide : qu’est ce que j’ai les droit de manger ? etc.. vous savez le stress du « je sais pas et je ne peux en parler à personne pour le moment… ».
Avec mon chéri nous sommes tellement heureux de cette nouvelle que nous décidons de prévenir seulement nos parents et de garder le secret pour les autres. Mais à ce moment-là, rien mais vraiment RIEN n’aurait pu m’avertir de la chute qui m’attendait.
Un jour, je suis chez ma meilleure amie et j’ai la sensation d’avoir de grosses crampes sur le coté gauche de mon ventre mais je préfère me dire que ce n’est rien, je ne m’inquiète pas, mon corps fabrique un être humain, ça doit être normal d’avoir un peu mal..
Je rentre à la maison et en allant aux toilettes et je m’aperçois que je saigne : il y a un problème ! Je commence à vraiment stresser (monsieur aussi courait dans tous les sens !) et en appelant les urgences ils nous disent d’aller voir en urgence un gynécologue à l’hôpital. Donc je me rends très vite à l’hôpital avec monsieur et période coronavirus : monsieur ne peut pas m’accompagner..bon.. J’attends 1h30 pour qu’on me demande mes coordonnées et la raison de ma venue.
Le début du cauchemar
Un interne m’accueille très mal. En réalité pour tout vous dire j’avais coupé ce cher monsieur pendant son repas du soir. Désolée je n’avais pas prévu cela non plus… je vous laisse imaginer mon incompréhension quand il m’a fait comprendre que je l’avais empêché de finir son repas… Je lui explique que c’est tout simplement une première grossesse et que je saigne et je suis très inquiète. Mais pas de chance, le gygy a un accent de dingue qui fait que je ne comprends rien à ce qu’il me dit.
J’essaie de rester cool, il m’ausculte en me faisant un mal de chien donc je lui explique que j’ai très mal, je pleure et mes jambes tremblent et lui demande d’arrêter « deux petites secondes ». Je n’y arrive pas, je suis en panique et là il me dit en hurlant : « soit vous arrêtez de bouger soit je vous laisse comme ça et vous rentrez chez vous ! » J’ai carrément eu l’impression de me faire engueuler parce que j’avais mal ! drôle de spécimen.
Enfin, il continue de l’ausculter, puis il me regarde brièvement et me dit : « bah on voit rien sur l’échographie » puis il me dit d’un seul coup : « je pense que vous faite une fausse-couche« . Je chute pour la première fois, je pleure.
Je m’étais attachée à l’idée de devenir maman
Lui me dit : « pleurez pas ça arrive c’est bon ! » et ajoute : « pourquoi vous pleurez ? valait mieux ça plutôt qu’un enfant handicapé !« . J’en ai la certitude : ce mec n’est pas DU TOUT fait pour ce métier.
Autant vous dire que j’ai failli quitter la pièce en mode furie mais apprendre que je faisais une fausse couche m’avait complètement mise à plat. En sortant de l’hôpital, je vois mon fiancé, il a tout de suite compris que mes yeux rouges n’apportaient pas de bonne nouvelle. Lui a fait son deuil à ce moment-là mais moi je n’étais pas prête à laisser partir ce petit « mini-nous ».
Les jours passent et se faire à l’idée que l’on perd son bébé est très dur. Je fais peut-être partie de ces filles qui se sont trop emballées en cherchant déjà les prénoms etc.. Je prends rdv chez mon gygy habituel, il m’explique qu’il n’y a rien dans l’utérus et que je fais sûrement une fausse-couche biochimique et que ce « mini-nous » s’en ira « tout seul ». A ce moment-là, j’avais peur d’avoir mal, l’obsession de regarder à chaque fois que j’allais aux toilettes s’il avait été évacué.
C’est un lundi, nous fêtons l’anniversaire de ma belle-mère ce soir-là et je suis heureuse d’être-là. Un petit repas sympathique en famille, cette bouffée d’air dont j’avais besoin ! Mais entre deux rires, une énorme douleur apparaît au niveau de mon ventre et je me mets à vomir toutes les tripes de mon corps.. Je ne le savais pas mais j’étais en train de faire une hémorragie interne.. Je prends un doliprane, je rentre chez moi et je me mets en boule jusqu’au lendemain.
Le lendemain, je vais travailler comme d’habitude et la douleur resurgit comme un poignard ! Impossible de marcher, j’étais voûtée limite à 4 pattes dans ma boulangerie et je vomis. Durant au moins 1 h et finalement je pars à l’hôpital. Je sentais que c’était important mais avec l’épisode de l’interne méchant j’avais tellement été traumatisée que j’avais peur à nouveau de retourner dans un hôpital.
J’ai attendu 1h30 dans la salle d’attente et j’ai fini par m’endormir. Puis ça a été mon tour. J’explique à la dame ce « petit » traumatisme vécu lors de ma dernière venue et qu’elle devra être la plus douce possible. Mais elle me fait très mal donc on y retourne : je pleure. Je regarde le plafond en me disant : on m’en veut ?! »
J’entends ces deux mots : épanchement / bloc.
D’un seul coup le chirurgien arrive et dit « wooaaaw ! qu’est ce qui se passe ?! » J’étais tellement sonnée et épuisée psychologiquement que je ne savais plus où regarder. On m’annonce que je pars au bloc et évidement, je n’ai eu le temps de prévenir personne. Plusieurs heures après, je me retrouve dans une grande chambre avec deux / trois infirmières dont une qui me tient la main (sachez que cette simple chose : m’avoir tenu la main a été la chose la plus touchante de cette histoire : à ce moment-là j’ai senti comme une vague qui voulait sortir de moi, cette sensation d’impuissance, j’avais envie de lâcher prise et de crier mon injustice au monde entier ! Pourquoi moi ?! c’est comme ça.. ).
J’apprends que l’on m’a retiré une trompe trop abîmée, ils n’ont pas eu le choix. Je ne leur en veux absolument pas mais je ne peux m’empêcher de m’en vouloir. Mon cerveau ne veut plus accepter les recommandations des médecins.
Mercredi, le surlendemain, j’ai mal et je ne comprends pas. Ce n’était pas censé être la fin ? Mais non, ce n’est pas fini, vient le temps des complications, une deuxième opération et 2 cœlioscopies que je ne risque pas d’oublier…
J’ai été hospitalisée un peu moins d’une semaine et j’ai eu la chance de sortir le jour de mon anniversaire (quelle chance !).
J’ai eu de la chance d’avoir de vrai·e·s ami·e·s près de moi et une famille merveilleuse pour m’aider à avancer sans parler de mon fiancé, qui a su me donner la force de continuer et regarder droit devant moi.
Alors oui ça a été dur, mais à chaque jours suffit sa peine et nous retrouvons des moments bien plus beaux ! Ce sont les expériences de la vie ! Bon courage a toutes ! Gardez espoir !
Vous souhaitez publier votre histoire sur le blog ? Déposez votre témoignage mariage ou témoignage maternité ici.
Josepha Bonmartin dit
Bonjour, votre témoignage m’a profondément touché. La maltraitance médicale prend plusieurs formes et je suis particulièrement triste de lire que pour vous elle a été physique et psychologique. J’ai vécu une fausse couche et le manque de communication, de transparence et de délicatesse aux examens m’ont largement touchés.
Merci à vous pour votre conclusion positive! Quel témoignage plein de force!
Je vous souhaite de tout coeur de très bons moments à venir. Bon courage.
Agnès dit
Cet interne me fait vomir. Quelle horreur de traiter une femme en souffrance de cette façon quand son métier consiste à accompagner la vie.
Je vous souhaite de vous relever de cette épreuve encore plus forte.
Si cela peut vous faire du bien, une amie a eu aussi une GEu il y a quelques années et a perdu sa trompe aussi (avec moins de souffrances que vous car ça a été décelé plus tôt). Elle avait très peur que ça diminue beaucoup ses chances de concevoir mais elle est tombée enceinte quelques mois plus tard et a une magnifique petite fille de 3 ans. Quand vous vous sentirez à nouveau prête, ne partez pas défaitiste =)
RAMY dit
Après une GEU il y a 10 jours, ton témoignage me touche tellement. Ma prise en charge a pourtant été plus bienveillante que la tienne. Mais la douleur de perdre ce mini nous… Même si tôt est la même. La peur aussi, à posteriori, d’avoir failli mourir en voulant donner la vie… Comment imaginer cela. Comment vivre cela sans s’en rendre compte ? Et la crainte aussi de l’avenir (« je n’ai plus qu’une trompe…soit une chance de refaire une GEu »…).
C’est tellement dur. Mais sans doute que nous avons de jolis jours devant nous… Avec une petite famille… Une bonheur pas si simple à avoir pour nous !