Pour la naissance de son second enfant, Molly a souhaité un accouchement à domicile. Elle nous raconte ce moment intime, et nous embarque grâce à son récit incroyable dans l’intensité de cet instant hors du temps. Voici son témoignage.
{Témoignage} Mon merveilleux accouchement, à la maison
Il est 4h du matin lorsque je sens le travail se mettre en place.
Je réveille mon mari. Il en pleurait presque de joie. Il me met une série qu’on regarde en amoureux et se tient présent. Nous étions déjà dans l’effervescence. Quand je ne peux plus tenir couchée, que je commence à émettre des sons pour canaliser ces vagues que je ressens, il se propose de mettre en place la chambre avec les bâches, le ballon, de la musique.
Il reste présent tout en me laissant dans ma bulle, définitivement aux petits soins. Après l’appel à la sage-femme, de 6h, il me propose d’aller m’acheter ce qui me fait plaisir à boire et manger. Il est 6h30 et part à la boulangerie. En l’absence de Jérémy, deux contractions m’ont indiqué que l’intensité était encore montée d’un cran. À son retour, il me masse le dos, m’étire, chronomètre… Puis, à 7h il me propose un bain. 7h20 je suis dedans, soulagée par la chaleur, mais commençant à avoir besoin d’une présence plus soutenue.
La sage-femme appelle, elle doit amener la fille de sa collègue à ses épreuves du brevet pour 8h. Elle avait prévu un plan B mais comme nous lui avions dit que pour l’instant, c’était tranquille, elle nous a fait confiance et n’a pas changé ses plans… Mes râles se font de plus en plus bruyants et réveillent Méryl, ma fille de 5 ans, qui se lève vers 7h30. Jérémy s’en occupe pour le petit dejeuner et se rase pour être doux à l’arrivée de bébé. Je commence à me déconnecter de la réalité, l’intensité m’empêche de trouver une position adéquate dans le bain malgré que la chaleur dans le dos me soulage les reins.
Je sens les contractions dans les reins et sur le col.
Mes râles s’intensifient au fil des contractions, j’extériorise la puissance manifestée dans mon corps. J’arrive encore à gérer mais je commence à m’agacer des détails qui me perturbent. Je veux éteindre la lumière et je veux le silence ! Je ne suis bien que dans le noir complet, je demande à mon mari de m’aider à sortir du bain pour retrouver une position allongée qui me soulageait hors du bain, donc il s’exécute et assombrit la chambre, me vire la musique, me sèche, et m’installe sur notre lit.
Je lui dis d’écrire à Sylvie, notre sage-femme, je commence à perdre pied, j’ai besoin de soutien, je sens que je gère de moins en moins. Une contraction est si intense que mon corps entier tremble, j’ai envie de vomir. Hyper réactif, mon super mari apporte un saladier. Il se fait discret mais présent. D’une présence indispensable. Il ne perturbe pas ma bulle. Intérieurement, je commence à me demander comment gérer les contractions en vomissant.
Mon corps tout entier tremble !
Mon bébé arrive et c’est très intense.
Mais rapidement soulagée, je rentre en phase de quiétude.
Complètement droguée à l’ocytocine, je plane.
Je suis bien. Comme endormie, je savoure mon bien être. Je suis hors du temps, déconnectée de la réalité, je suis en phase avec ce qui se passe dans mon corps. Parfaitement détendue, ma paix et ma plénitude m’apportent un réel repos. Subitement les contractions reviennent, la première me fait quasiment hurler, je sens une pression sur mon col et bébé s’engager rapidement.
Je crie « elle est là !!! »
Jérémy et Méryl rappliquent. Ils étaient dans le salon à ranger le petit déjeuner me laissant profiter de ma quiétude sans douter de la phase dans laquelle j’étais. Passée la contraction, j’embrasse Méryl, tente d’expliquer à Jérémy, qui ne voit rien, que bébé est bel et bien là. Je ne sais plus ce qui se passe mais une seconde vague arrive et je hurle aussi. Je ne sens pas d’envie de pousser mais d’accompagner la descente de bébé. La tête est au bord, ça brûle, ça soulage mais je sens que je vais au-devant d’une nouvelle douleur.
Je commence à avoir peur, peur de ne pas y arriver, j’ai atteint ma limite, je n’arrive plus à contenir les contractions, c’est trop puissant, je suis submergée. Jérémy s’installe et instinctivement à mes côtés sur le lit, je pose ma jambe droite sur son épaule, je suis allongée sur le côté gauche. Il me demande de quoi j’ai besoin, je t’en supplie, ne m’abandonne pas mon mari.
Je ne sais plus ce que je veux, mais je sais que je ne veux pas que tu bouges, ta présence et ton toucher me font du bien. Une troisième vague arrive, je hurle mais je persévère à accompagner la descente en soufflant et râlant : la tête sort entièrement. Jérémy me demande quoi faire, je ne réponds pas, la contraction est toujours là et j’ai besoin de la gérer.
Ne fait rien papa, je sens que je dois me concentrer sur la fin de cette contraction et m’apprêter à accueillir la prochaine. Je reprends mes esprits, ok, touche à rien. Regarde si le cordon est autour du cou et attends. Elle va sortir à la prochaine, c’est sûr. Et bingo, dans une dernière vague et un dernier cri, les épaules sortent d’un coup, papa réceptionne. Le son de sa voix se fait entendre, et l’intensité de ce moment est transcendante.
Nous sommes là, tous les 4, dans notre nid d’amour. Je me relève pour qu’il me donne bébé, j’ai BESOIN de la poser contre moi, ça y est, elle est là ! Vite, l’heure !
8h18. Bienvenue au monde, Ezer !
Bienvenue chez toi. Je pose le regard sur ma fille et remarque que quelques glaires la gênent. Je tâche de trouver une position adéquate pour la soulager mais mon inquiétude et mon expressivité ôtent la paix de mon mari, qui appelle notre sage-femme sur le champ. Sur la route, elle nous conseille, nous guide, nous rassure. Et se prend un sanglier. (Oui, c’est le détail le plus hilarant de notre aventure, et nous en rions encore aujourd’hui.) Tout va bien.
Bébé est en parfaite santé. Notre sage-femme arrivera une demie heure après la naissance, toute en joie et remplie de félicitations à notre égard. Sa joie et son authenticité ont fait perdurer l’émotion de ce moment déjà merveilleux et magique.
C’était un accouchement de rêve, littéralement divin, où dans la plus grande intimité, nous avons accueilli notre bébé arc-en-ciel. Sur ce même lit où elle a été conçue, elle est venue au monde. Elle aura pris son premier souffle dans une atmosphère d’amour, de paix et dans le secret, entourée de sa famille, remplie de joie à l’idée de l’accueillir et émerveillée d’être présent lors de ce moment unique.
Conseil pour les futures ou jeunes mamans qui vous lisent : Aidez-nous à nous battre pour que l’accouchement à domicile soit enfin reconnu et puisse être un choix en France. Les dernières études ont révélés qu’il était plus sécure d’accoucher à la maison qu’à l’hôpital pour les grossesses à bas risques. L’association de l’APAAD fait d’ailleurs un travail formidable en ce sens, afin que de meilleures conditions d’accouchement et de naissance puissent être répandues. Une naissance à la maison est d’une toute autre profondeur, osez !
Il y a autre chose à vivre…
MariaGo dit
Oh comme votre récit me fait rêver…
J’ai accouché pour la 2ème fois au début de cette année.
Après une première fois plutôt déroutante (un accouchement rapide, sans péridurale car l’anesthesiste a estimé que comme il s’agissait d’un 1er accouchement il repasserai le lendemain matin et retournait dormir..), je n’y étais pas préparée et me suis sentie complètement abandonnée sans que personne ne prenne le temps de m’expliquer ce qui m’arrivait. Il existe à mon sens un tel décalage entre la préparation (surtout pour un 1er semblerait-il) et la réalité. Si on m’avait parlé du cercle de feu, j’aurais certainement été moins terrifiée!
J’avais cru prendre les bonnes options pour le 2nd: établissement privé, jolie plaquette avec salle nature pour un accouchement physiologique, cours de sophrologie… Au final j’y ai été encore plus malmenée. On ne m’a jamais cru et j’ai dû supplier qu’on m’examine 24h après rupture des membranes car j’accouchais seule dans ma chambre (oui le chef a dit pas d’examen à cause du risque infectieux…). J’ai accouché sans péri à nouveau, dans l’adversité presque (les sages femmes étaient dépassées et pas très fières car leurs collègues étaient passées à côté du début du travail), infantilisée, passant de mains en mains, sans que le projet de naissance que j’avais préparé n’intéresse personne. Presque honte de gémir, l’impression déranger. De tres mauvaises sensations qui me poursuivent encore…
Alors définitivement OUI maison de naissance ou accouchement à domicile si je dois accoucher encore (je croyais que faute d’assurance cela ne se pratiquait pas en France). Je veux posséder ce moment, pas qu’on me l’entrave, pas qu’on me le vole encore une fois. Il y a statistiquement beaucoup moins de soucis, hémorragies etc lorsqu’ils n’interviennent pas avec leurs fausse hormones et leurs protocoles qui ne sont qu’une côté mal taillée. Et si quelqu’un m’accompagne c’est qu’on aura pris le temps de se connaître et pour m’aider, laisser la naissance s’accouplir, et pas juste faire sa journée de travail en soupirant (je n’ai rien contre les sages femmes et imagine que c’est une vraie passion qui les anime lorsqu’elles choisisse ce métier. Mais je crois surtout après mes 2 expériences qu’il y a un très gros problème au sein des services! Je n’envie pas leurs conditions de travail, mais il faut urgemment se rendre compte qu’elles sont pour la plupart maltraitantes)
Sereno dit
Ton récit me glace d’angoisse
non décidément jamais jamais au grand jamais je ne pourrai accoucher a domicile. et puis alors accoucher devant l’ainé de 5 ans…
Je me demande si ton mari étais aussi serin que toi, moi je ne suis pas sur; même toi, tu dit qu’a des moment tu a ressenti le besoin d’avoir quelqu’un mais que tu a du faire sans.
Même dans un accouchement a bas risque il peux y avoir des complications et jamais je ne pourrai faire porter le poids de la responsabilité d’un incident a mon époux, a moi-même, ou a un enfant
un cocon d’amour, de sérénité tu peux aussi le créer ailleurs que dans l’intimité et ce afin d’assurer la sécurité. ceci dit chacun place son curseur ou il le souhaite, aujourd’hui on ouvre de pls en plus de maison de naissance mais si j’avais du être a ta place et devoir accoucher chez moi, bébé serai surtout né dans une cocon d’angoisse
Enfin, je me permet d’aller a un total contre courant avec ton récit a cause de ton dernier paragraphe sinon je n’aurai pas commenter.Le choix tu l’a eu puisque tu l’a fait. Mais au rythme ou on ferme les maternités, un jour celle qui voudront accoucher en sécurité n’auront plus le choix, on leur répondra « d’autres accouchent a domicile faites pareil ».