Alice était végétarienne bien avant de tomber enceinte. Alors, une fois enceinte, elle s’est demandée si elle devait ou pas changer quelque chose à son alimentation grossesse. Quelles pouvaient être les conséquences pour son futur bébé ? Et si finalement le seul soucis venait de la culpabilisation de son entourage ? Voici son témoignage.
{Témoignage} Vivre le végétarisme quand on est enceinte
Je ne mangeais plus du tout d’animaux depuis environ un an lorsque j’ai appris ma grossesse. Evidemment, j’étais certaine de mes convictions et j’étais assez renseignée pour savoir que mon alimentation m’apportait tout ce dont j’avais besoin pour être en pleine santé. C’était récent encore (et bien moins commun que maintenant), et j’avais cette fragilité des minorités qui se sentent souvent incomprises, pointées du doigts, moquées. Je n’étais pas du tout dans une démarche de revendication, et je n’avais pas envie de justifier mon choix, j’étais mal à l’aise lorsqu’en société on abordait ce sujet et me posant mille questions. J’avais envie que l’on me laisse tranquille. C’est dans ce contexte que j’ai vécu le bouleversement de cette nouvelle aventure, porter la vie. Avoir la responsabilité de créer un nouvel être a bizarrement quelque peu ébranlé mes certitudes pourtant bien fondées. Les aliments interdits pendant la grossesse sont pourtant assez nombreux mais je ne sais pas quoi faire.
Des carences pour mon futur bébé ?
J’ai commencé à douter, à craindre les fameuses carences dont tout le monde nous parle avec un ton mi accusateur, mi culpabilisant. J’avais essuyé l’expérience d’une fausse couche précoce un an et demi avant, je ne voulais pas que ma désinvolture habituelle risque de porter préjudice à ce nouvel être en devenir. Mon homme me faisant une confiance aveugle sur le plan alimentaire, j’ai eu une pression supplémentaire : celle de décider seule, en maintenant la barre de mes opinions souvent mal accueillies, et en m’assurant de faire au mieux. De nature, j’écoute mon corps et mes ressentis, c’est donc en toute logique que je me suis fixée cette règle rassurante mais qui m’a coûtée : je ne lutterai pas contre mes envies pendant ces 9 mois, en d’autres termes, si j’ai envie de chair animale, j’en mangerai exceptionnellement, car cela signifierait que mon bébé en a besoin.
C’est au cours du premier trimestre que j’ai assisté à une conférence au salon Veggie World, auquel j’accompagnais une amie très chère. L’intervenante était formidable, elle a balayé mes doutes en quelques phrases de bon sens. Elle a raconté son expérience de maman, a montré des photos de sa fille (visiblement très bien nourrie 😉 ). J’ai compris alors que ces valeurs avaient profondément du sens pour moi, et que je devais non seulement continuer à y adhérer mais aussi les transmettre à mon enfant. La société jugeante qui n’aime pas qu’on fasse les choses différemment devra s’en accommoder : être parent c’est donner nos références, c’est agir en notre âme et conscience pour le mieux de notre petit, c’est donner les clefs de l’avenir comme on l’espère pour lui.
Mon gynécologue en outre n’a même pas sourcillé lorsque que je lui ai dit que j’étais végétarienne.
Je le revois encore me dire “prenez les vitamines prénatales, y’a tout là dedans !” Il me faisait confiance. Et il faisait aussi confiance à ces petites gélules visiblement ! J’ai pensé à toutes ces futures mamans qui ne peuvent pas manger à leur faim, à toutes celles qui se nourrissent d’aliments toxiques, transformés, de malbouffe, celles qui fument à outrance ou pire se droguent, celles qui boivent de l’alcool… et je me suis dit que mon bébé avait de la chance d’être porté par une femme soucieuse de son bien-être, adepte d’une alimentation saine, amoureuse du respect de la vie.
Lorsque nous avons annoncé l’heureux évènement à venir, j’ai bien constaté que beaucoup de gens de notre entourage me prenaient pour une hippie immature et inconsciente. Je l’ai sûrement ressenti d’autant plus fort que mes hormones étaient en ébullition et que la force du Veggie Wolrd (ça fédère de passer une journée avec des personnes bienveillantes qui nous comprennent) me quittait aléatoirement. Mon conjoint, bien qu’en accord avec mes idées, ne s’était pas résolu à éliminer totalement la viande et le poisson de son alimentation, face aux autres il ne m’était pas d’un grand soutien. Je me souviens que ses parents nous avaient invités au restaurant spontanément le jour où nous leur avons dit que j’étais enceinte. Or, ils ont choisi un restaurant très traditionnel, et aucun plat sans chair animale n’était à la carte. Bêtement, je n’ai pas osé demander de modification au serveur… Moi qui suis si loquace habituellement ! Je crois que j’étais un peu intimidée par mes beaux parents qui sont bien plus vieux que mes propres parents, et qu’au fond je craignais qu’ils ne s’inquiètent et ne m’infligent un quelconque débat moralisateur. J’ai donc commandé du poisson, à contre cœur, et je n’ai mangé que les légumes.
Autant que je me souvienne, c’est la seule fois en 9 mois où j’ai eu un animal dans mon assiette.
Je n’ai finalement jamais eu d’envie dans ce sens, au contraire j’ai vite été écœurée des odeurs de viande : passer devant une boucherie était olfactivement insupportable, et les effluves de cuisson me donnaient des hauts le cœur. Ces sensations instinctives ont confirmé que j’étais dans le vrai : mon petit chou n’avait pas besoin de cela pour bien grandir.
J’ai poursuivi mon alimentation extrêmement diversifiée comme avant, je me suis encore plus documentée pour être certaine d’avoir tous les apports. J’avoue que les petites vitamines grossesse du médecin me rassuraient quelque part, notamment car elles contiennent de la B12 (bon ceci dit j’en prenais avant d’être enceinte). J’étais heureuse de créer la vie sans que cela implique la mort (ça m’aurait semblé tellement antagoniste !). Un détail vraiment chouette : les risques de contracter la listériose sont vraiment moindres lorsqu’on ne consomme pas de produits animaux, du coup c’est vraiment peu contraignant pour les végétariennes, encore moins pour les végétaliennes (alors que beaucoup de futures mamans omnivores voient cela comme un gros changement alimentaire restrictif et frustrant).
Les critiques diverses et remontrances extérieures n’ont pas toujours été faciles à gérer (merci les fluctuations hormonales), parfois je me sentais robuste et intouchable, d’autres fois j’étais hypersensible et me sentais profondément blessée d’être si mal considérée. C’est fou comme ceux qui blablatent sont souvent ceux qui n’y connaissent rien… Difficile d’en vouloir à tout le monde ; c’est par méconnaissance que les gens ont peur et s’accrochent à des croyances erronées. C’est le cas de mes beaux-parents qui aujourd’hui encore ont du mal à comprendre notre alimentation, même si cela fait son chemin. En revanche, j’ai eu de très belles surprises d’ouverture d’esprit, de soutien et de bienveillance de la part de personnes insoupçonnées.
Je pense que vivre cette grossesse végétarienne m’a ouvert les yeux sur beaucoup de gens.
Tous mes examens étaient ok, à part des petits maux classiques ma grossesse a été très agréable. J’ai toujours mangé en me faisant plaisir. J’ai donc vite chassé mon once d’inquiétude devant cette réalité : mon enfant allait parfaitement bien ! Il est né à terme, et a dépassé la courbe de poids et de taille pendant ses 10 premiers mois… a bientôt 3 ans, mon bébé veggie a une santé de fer !!!
N’abandonnez pas les valeurs qui vous animent, entourez-vous de personnes qui vous font du bien, protégez-vous pour ne pas vous laisser atteindre (on peut être très fragile émotionnellement lorsque l’on est enceinte). De nombreux ouvrages existent pour vous guider en cas de doute. Le végétarisme est loin d’être dangereux pour la santé : bien mené il est bénéfique à tous âges de la vie. Comme tant d’autres enfants issus d’une grossesse végétarienne, mon fils en est la preuve. Belle grossesse à vous, amies de la vie.
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Lily dit
A toutes celles qui ont réagi au côté moralisateur : je vous comprends et suis d’accord dans une certaine mesure, mais ce serait dommage de se limiter à ça 🙂
Même si c’est vrai, il y a des petites phrases qui peuvent passer pour de la morale. Mais perso, je ne me suis pas du tout sentie offensée, et je suis loin d’être végétarienne.
Ce qui me dérange un peu plus (mais c’est très subjectif, et on a tous notre façon d’être parent) c’est le côté « je transmets tout à mon enfant ». Façon de se nourrir, religion (pardon), convictions… Je pense que l’enfant doit choisir ces choses là pour lui-même, et ce que j’aurais plutôt envie de lui transmettre, c’est la capacité de discerner, de prendre ses décisions et faire ses propres choix… Comme vous l’avez fait d’ailleurs, et c’est pour moi l’héritage le plus précieux.
Mais en tout cas, c’est super d’avoir osé prendre sa décision pour soi. Pas simple d’aller à contre-courant, on doit faire le deuil d’un certain sens de l’appartenance à un groupe, ce qui est vital pour les humains. Et il faut savoir le retrouver ailleurs. Bref, décision courageuse que je salue.
Marie dit
Comme je me retrouve dans ce témoignage! La seule différence c’est que je n’ai jamais mangé de viande… ma famille a fini par s’y faire, mais comme eux en ont toujours mangé je n’ai jamais eu de supplémentation vitaminiques ou aliments particuliers pour moi. Donc aucune remarque de ce côté là. Pour ma belle famille ça a été autre chose… des l’annonce: tu vas être obligée de manger de la viande maintenant! Pendant ma grossesse je prenais très peu de poids, j’ai donc été surveillée mais le bébé prenait bien encore une fois aucune inquiétude de mon côté de la famille, il semblerait que cet avantage (que tout le monde m’envie!) soit héréditaire! Évidement pour mes beaux parents je ne nourrissais pas bien mon futur bébé, au final: bebe pesait 3,3 kg 3 semaines avant terme…
Pour l’allaitement même remarques… mais la j’ai juste une chose a ajouter je savais que je devais me suplementer en vitamine b12, tous les professionnels se l’accordaient sans que aucun ne soit capable de me dire la dose!
Et j’oubliais, malgres l’absence de viande et autre alimente spécifiques (je n’ai pris que les vitamines de grossesses) je n’ai pas été carencée en fer contrairement à bcp d’autres femmes…
C&A dit
Bonjour,
Je trouve votre témoignage très intéressant et en même temps, je vous trouve plutôt moralisatrice. Vous semblez n’avoir pas très bien vécu les réactions un peu « dépassés » de certaines personnes durant votre grossesse, mais vous vous permettez des réflexions tout aussi limitées sur les gens n’étant pas végétariens.
» et je me suis dit que mon bébé avait de la chance d’être porté par une femme soucieuse de son bien-être, adepte d’une alimentation saine, amoureuse du respect de la vie. » Oui parce qu’une femme qui se nourrit de malbouffe apporte forcément de la malchance à son enfant (surtout qu’il est possible qu’elle n’est pas le choix) et n’aime pas respecter la vie.
Je suis pour la variété et les idées diverses. Il n’y a pas UN chemin, il en y a pleins. Merci donc de ne pas brandir votre article comme un étendard PRO végétarisme (la seule et l’unique voie d’accomplissement) mais plutôt comme ce qu’il devrait être : un article de bon sens et de conseil à toutes les mamans désireuses d’en faire de même.
Chloé dit
La discours à tendance moralisatrice est effectivement présent chez la plupart des végétariens , et c’est bien dommage !
Paiu dit
Je me suis fait la même réflexion que vous. Pour une personne qui prône la tolérance et qui dit avoir essuyé des remarques, celles qu’on retrouve dans son discours sont très culpabilisantes et moralisatrices « à toutes celles qui se nourrissent d’aliments toxiques, transformés, de malbouffe ».
N’est-ce pas un jugement…