Après son accouchement, Flore s’est rendue compte qu’elle avait de gros problèmes pour faire pipi. Elle était obligée de « pousser », ce qui n’est pas du tout normal. Mais comme personne n’en parle, elle n’a pas osé aborder le sujet, peut-être que ça passerai ? Heureusement elle s’est rendue compte à temps qu’il y avait un soucis et elle décide de briser le tabou pour que cela n’arrive pas à d’autres femmes. Voici son témoignage.
Témoignage : Des difficultés pour uriner après l’accouchement
Bonjour à toutes les lectrices du blog,
Après une grossesse idyllique, me voilà partie pour l’accouchement. Celui-ci a été un peu compliqué, mais comme ce n’est pas l’objet du témoignage je ne vous raconterai pas les détails…. mais ce qu’il faut retenir c’est que le travail a été long (plus de 48h), que l’on ne m’a pas posé de sonde urinaire, que j’ai eu une épisiotomie et que les effets de la péridurale se sont vite estompés une fois l’accouchement terminé.
Vers 19h30 me voilà donc maman, avec ma saucisse dans les bras (une merveilleuse fille de 2,9kg). Je passe les 2 heures du surveillance réglementaires dans la salle de travail avant d’être transférée dans ma chambre. Comme tout est nouveau pour moi, et comme toute jeune maman je me focalise sur ma saucisse et je ne fais pas attention à moi. Je prends quand même le temps de manger un peu et de m’hydrater avec environ 1L de coca…
Bébé pleure beaucoup la première nuit et j’étais épuisée. Vers les 5h du matin je finis par demander aux sages-femmes de prendre un peu le relais afin de pouvoir dormir un peu. Une fois bébé refilé je m’écroule comme une masse pour me réveiller 2h plus tard. C’est à ce moment-là que j’essaie d’aller aux wc mais que je n’arrive pas à faire pipi. Je le signale donc à la sage-femme quand je vais récupérer bébé.
C’est à partir de là que mon cauchemar va commencer…
La sage femme va me réaliser un bladder scan (comme un petit appareil d’échographie qu’on nous pose sur le ventre pour savoir combien notre vessie contient) et me dire que je suis en globe urinaire (ma vessie est beaucoup trop pleine et je n’arrive pas à la vider) et par conséquent il faut la vider (elle va me réaliser un sondage minute, c’est à dire insérer une sonde urinaire juste le temps de vider ma vessie). Une fois la vessie vide elle me demande de boire 3 ou 4 verres et d’essayer de faire pipi quand j’en sentirai le besoin mais surtout de les prévenir une fois que j’aurai réussi.
Après plus de 4 heures et plus de 2 litres avalés je n’ai toujours pas envie de faire pipi. Donc de nouveau bladder scan et sondage minute… et ainsi de suite toute la journée…
Au bout de 48H dans le service de la sage-femme décide de me poser une sonde vésicale à demeure (c’est à dire qu’on laisse en place avec un collecteur au bout pour les urines) afin que ma vessie se repose et retrouve un fonctionnement normal. Je garde cette sonde 2 jours et lors de son retrait on me demande de boire beaucoup et d’essayer de faire pipi, on me retire également mes points d’épisiotomie. Je bois +++ (je veux absolument faire pipi car sinon je ne peux pas rentrer chez moi..) et par miracle j’y arrive. On m’autorise enfin à rentrer chez moi ! ouf, je vais pouvoir me retrouver dans mon cocon.
Le temps passe et je ne fais toujours pas attention à moi, bébé pleure beaucoup et par conséquent je suis souvent coupée quand je vais aux toilettes. Puis je me reprends mon activité salariée et là je me rends compte que quelque chose ne va pas : quand j’essaie de faire pipi et bien je dois faire pipi une fois puis attendre quelques minutes et faire pipi une deuxième fois.
Comme à mon travail je suis toujours « sous tension » à me dépêcher et bien j’oblige ma vessie à se « vider d’un seul coup » en poussant pour aller plus rapidement. Je n’arrive à uriner qu’en faisant comme ça, c’est devenu une habitude et je n’arrive même pas à me souvenir comment je faisais avant mon accouchement. Et puis comme c’est un sujet tabou et bien je n’en parle pas à mes amies ni à ma famille…
Au bout de 2 ans, je reprends des études d’infirmière et j’ai un cours sur l’anatomie de la vessie et ses dysfonctionnements. Le médecin évoque qu’il ne faut surtout pas pousser pour uriner, que notre sphincter s’ouvre naturellement pour vidanger la vessie….
Je comprends donc enfin que j’ai un vrai problème !
A partir de là j’ai du consulter un urologue (et oui ce n’est pas réservé aux hommes et à leur prostate !), faire différents examens, essayer différents médicaments et même apprendre à m’auto sonder (vider moi-même ma vessie à l’aide d’une sonde urinaire en sondage minute)… pour essayer que ma vessie reprenne un fonctionnement normal. Mais en vain.
Il me reste une dernière option, selon mon médecin, qui consiste à me placer un neuro-stimulateur dans la moelle épinière (on stimule les nerfs avec décharges électriques et cela ouvre « naturellement » le sphincter vésical). Alors bon, comme il s’agi d’une intervention plutôt lourde je suis plutôt réticente et je préfère m’auto-sonder régulièrement….
A ce stade-là de la lecture, vous devez vous dire que cela ne doit pas être si grave que ça de devoir faire pipi en 2 temps à quelques minutes d’écart… c’est sûr, il y a bien plus grave ! (mis à part le fait que les personnes se demande pourquoi vous allez souvent aux wc et autant de temps!)
Alors je vais tenter de vous expliquer en quoi cela peut être désagréable voir même « dangereux ».
Le fait de ne vider que partiellement sa vessie peut conduire à avoir fréquemment des infections urinaires, à force d’en avoir et de les traiter on est susceptible de développer une résistance aux antibiotiques, voir même une infection des reins qui peuvent en souffrir jusqu’à ne plus être fonctionnels (avec tout ce que cela peut comporter : dialyse, infection généralisée…).
Mais tout cela peut être évité si on est prise en charge à temps !
Alors si j’ai un conseil pour les futures jeunes mamans (ou même pour n’importe quelle femme, voir même les hommes qui peuvent lire mon témoignage) c’est qu’il ne faut pas avoir de sujet tabou !! Quel qu’il soit !
Il ne faut pas avoir peur de parler de son « pipi » à ses copines
Et puis à sa famille et surtout aux professionnels de santé (bon ok, entre temps je suis devenue infirmière donc je fais un peu de la pub pour le milieu médical) car si on s’occupe de notre problème suffisamment tôt et bien on évite tout ce qui peut arriver par la suite ! (et là si ma copine me lit elle dirait qu’elle est d’accord car elle a vécu la même chose que moi après l’accouchement, mais s’est souvenue de mes péripéties et en a parlé de suite, aujourd’hui elle n’a aucun problème !)
Alors on peut parler de sa vessie, du fait de ne pas arriver à aller à la selle, de ne pas avoir le moral quelques jours après la naissance, de notre peur de ne pas arriver à être une bonne maman… car ce sont des choses naturelles qui peuvent arriver à toutes les femmes !
Et puis oui on vient de donner la vie, tout le monde a hâte de voir le bébé et se concentre sur lui mais il ne faut pas nous oublier et prendre soin de nous, car une maman en bonne santé est une maman disponible pour son enfant.
Bref, merci de m’avoir lu même si c’était un peu long…. mais pour moi il est temps de filer aux wc.
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Charlotte dit
Bonjour je souhaiterai rentrer en contact avec vous car je rencontre le même problème. Comment puis-je faire ? Belle journée
Agnès dit
Vous avez raison Flore, ce sujet est très tabou de manière générale pour les femmes. D’ailleurs j’ai lu votre histoire aux toilettes.
Personnellement, élevée au milieu de 3 frères et avec un peu de maturité (après 18 ans^^), j’ai décidé que ce sujet ne serait plus tabou. C’est l’époque où on part en vacances avec les copains (filles ou mecs) et il faut bien faire ses besoins. En étant honnête sur mes occupations aux toilettes, ces affaires se sont passées dans un contexte beaucoup plus détendu pour moi et du coup pour mes amis aussi XD
En discutant, j’ai pu voir que pas mal d’amies (et quelques amis), ne se sentant pas à l’aise pour faire la grosse commission hors de chez eux. Parfois c’est tout simplement parce qu’ils ne sont pas à l’aise et qu’ils ont peur d’être jugé. C’est très mauvais pour le système digestif de se retenir, c’est dommage.
Bref, je suis autant détendue pour en parler avec des amis que à des professionnels de santé. Après mon accouchement (péridurale et épisiotomie), la SF m’a dit qu’il fallait surveiller les selles et l’urine. Et je n’ai absolument pas hésiter à dire quand je pensais que ça n’allait pas. Je me suis fait sondée 2 fois pensant la nuit et il m’a fallu 2 jours pour aller à la selle (j’avais demandé en plus un laxatif car constipé depuis plusieurs mois et pour que ce ne soit pas trop douloureux). Oui le bébé pleurait, mais j’avais pris très au sérieux ce problème et je ne l’ai pas négligé. Ce qui compte ce n’est pas d’être disponible tout le temps pour bébé (on n’est pas à quelques minutes près) mais d’être disponible dans les meilleures conditions possibles.
C’est super que vous parliez de vos problèmes pour ne pas que vos amies négligent ce point. Plus on en parle et moins on se sent honteux à l’évoquer.