Marion a fait une fausse-couche. C’est un drame qui arrive à de nombreuses femmes et chacune a une manière très personnelle de réagir face à une telle épreuve. Marion a décidé d’écrire, pour raconter sa douleur, sa peine, et surtout sa solitude. Voici son témoignage.
{Témoignage} Fausse-couche : je me sens si seule
Maman d’une enfant de 15 mois grâce à un parcours PMA plutôt réussi, voilà qu’avec mon conjoint, nous décidons qu’il est temps de tenter un deuxième bébé.
Malgré la non reprise de contraception après mon accouchement, aucun bébé à l’horizon 1 an après la naissance de notre merveille.
Direction la gynéco pour reprendre le parcours Pma
C’est le retour des injections, des visites tous les 3 jours chez le gyneco à la recherche du rare ovocyte, et d’un charabia pas toujours compris pour faire grossir cet unique ovocyte encore et encore bien que l’on soit déjà à 22 jours du cycle. Puis vient le jour de l’insémination mais la clinique est fermée car ils ont plusieurs cas de covid au labo « on ne fait que les FIV c’est le plus urgent ». Et la gyneco qui t’appelle et te dit faire l’amour entre 12h et 14h « on ne sait jamais« .
Alors voilà qu’on conclu un rendez-vous avec mon chéri pour avoir un rapport sexuel à cette heure précise pendant notre pause déjeuner… pas très glamour.
On n’y croit pas, mais deux semaines plus tard on fait un test de grossesse et miracle : ça a fonctionné ! Je suis enceinte ! Alors même s’il ne faut jamais s’emballer au début et bien je ne contrôle pas et je me projette… je t’imagine, je me projette dans ta future chambre même si je sais que c’est trop tôt pour y penser.
Nous voici de retour chez le gyneco, et une echo plus tard tu es bien là nichée dans mon utérus. Mais la gyneco réfléchi, n’est pas certaine et me redonne rendez-vous dans deux semaines.
Nous sommes trois semaines plus tard et c’est terminé, ma grossesse aurait du en être à 11 semaines.
Écrire pour oublier.
Voici ce que l’on me conseille pour aller mieux, moi qui aime écrire.
Mais ai-je seulement envie de t’oublier ? N’est-ce pas mieux d’écrire pour me souvenir ? Me souvenir de toi petit ange que je ne pourrai jamais serrer dans mes bras.
Je n’oublierai pas le visage masqué de la gyneco qui cherche ton cœur alors qu’elle venait de me dire que tu t’étais bien développée. Quand elle m’a annoncé qu’il s’était arrêté mais que « ce n’était pas grave parce que c’est la nature« .
Quand, alors que mes larmes coulaient, elle me disait de ne pas pleurer que cet essai de Pma montrait que je pouvais féconder. Et enfin quand elle me disait qu’on se revoyait 15 jours plus tard pour voir si je t’avais évacué naturellement ou si nous allions devoir parler des différentes options qui s’offraient à moi.
A moi seule, car en cette période de pandémie nous avions tout fait pour que ton père soit présent ou au moins en salle d’attente mais que ça nous avait été refusé et qu’il m’attendait au pied de l’immeuble.
Me voilà repartant du cabinet avec mes nouveaux rêves qui s’envolaient, seule, mais tellement seule.
Heureusement que ton père m’attendait en bas, les larmes aux yeux quand je lui dit que tu ne vivais plus.
Et voilà que je rentrais avec toi dans mon ventre, plein et vide à la fois.
La soirée a tellement été horrible, la nuit encore plus. Je rêvais que j’étais à un enterrement mais que j’étais le cercueil dans lequel il y avait ton petit corps sans vie. Je n’oublierai pas mes mails qui suppliaient la gyneco de me dire quoi faire pour en finir rapidement pour que je puisse te laisser partir et commencer mon deuil.
Mais elle avait raison et deux jours plus tard le sang est arrivé.
Les jours qui ont suivis étaient si difficiles ; les douleurs s’amplifiaient à chaque fois. Je cauchemarde encore du bruit que les masses qui tombaient de moi faisaient dans les toilettes.
Je me souviens avoir dit « mais n’est ce pas horrible que mon bébé finisse dans les toilettes ?« . Je ressens encore la douleur de voir toutes ces masses et ce sang qui pouvait sortir de moi.
Je me sens si seule dans ma douleur, que je cherche chaque nuit des témoignages et voilà qu’il faut qu’une célébrité fasse la Une sur les fausses couches.
Et pourtant j’ai tellement l’impression que personne ne comprend ma douleur.
Même mon homme vit cette peine différemment ; lui avait compris depuis le début qu’il y avait un problème. J’ai envie de crier au monde qu’aucune phrase que vous me direz ne me réconfortera car j’ai perdu mon bébé tant désiré.
Je lis partout qu’il faudra du temps pour que j’accepte. Moi-même je suis surprise de l’ampleur de ma douleur, de ma peine. Mon bébé est parti et pourtant j’ai fait une simple fausse-couche comme une femme sur 4 d’après ce que je lis.
Et pourtant je suis si seule malgré mon entourage très présent.
Seule face à ma douleur, seule à avoir envie de crier que oui c’est positif d’être tomber enceinte mais putain j’ai perdu mon bébé.
J’espère ne jamais t’oublier mon bébé même si nous avons partagé moins de 3 mois ensemble. Tu n’étais pas juste un essai manqué.
J’ai beau dire en permanence à ma fille qu’elle est une guerrière redoutable qui n’aura jamais besoin de personne pour se relever; je ne crois pas en mes mots en ce moment et je suis bien contente d’être bien entourée même si, paradoxalement, je me sens terriblement seule.
Je ne sais pas encore pourquoi tu m’as quitté mon bébé, mon rhésus négatif, le stress, mes ovaires pourris…. mais je sais que je ferai tout pour ne pas t’oublier mon ange, car une chose est sûre je t’aimais déjà.
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Inès dit
Bonjour Marion,
Je n’oublierai jamais ce moment irréel où la gynécologue des urgences m’annonce que le cœur de mon bébé s’est arrêté depuis une semaine et que mon corps est en train de l’évacuer. Je n’ai pas les mots pour exprimer ce que j’ai ressenti à ce moment-là. Mais les heures, les jours, les semaines qui ont suivi m’ont laissé une impression de vide incommensurable. Et de solitude. Personne n’avait les mots pour me réconforter. Personne ne semblait véritablement comprendre l’étendue de ma douleur. Je ne leur en veux pas, comment auraient-ils pu comprendre? Je suis persuadée que tant qu’on n’a pas vécu une expérience similaire, on ne peut pas véritablement mesurer l’étendue du deuil que vit la mère. Deuil de son bébé, deuil de son nouveau statut de maman, deuil de la nouvelle vie dans laquelle on se projette. Je suis retombée enceinte quelques mois après ma fausse couche et j’ai vécu neuf mois dans la peur. La peur panique de revivre le même cauchemar, d’être de nouveau séparée de ce petit être qui grandissait au fond de moi et que je me sentais incapable de protéger. Ma fille est née presqu’un an jour pour jour après la perte de mon premier bébé. La douleur de la perte s’estompe petit à petit, mais il faut du temps. De cette douleur, de cette tristesse, de ce vide, subsistent un surnom donné à ce bébé dont je ne saurai jamais s’il s’agissait d’un garçon ou d’une fille, et une photo qui me fait penser à lui, à elle.
Je pense que c’est la première fois que j’écris à ce sujet ou que j’en parle ouvertement, tout simplement. Je vous remercie, Marion, pour votre témoignage et je remercie également les femmes qui ont témoigné ci-dessous. Le récit de vos expériences aide, a posteriori, à se sentir moins seule.
L dit
Votre témoignage me ramène en arrière et de pas si longtemps. Plusieurs fausses couches précoces pendant 1an et demi, j’avais fini par ne plus être touchée. Et puis nouveau boulot donc arrêt des essais pour le moment. Je me sens libérée mais vous relire me rappelle notre désir d’avoir un enfant et nos projets futurs, ça me rend triste et anxieuse je l’avoue. Toutefois j’ai bon espoir pour vous et je vois souhaite sincèrement d’être heureuse 🙂
Dea dit
Je comprends exactement cette peine , je viens de perdre mon bébé a 14 semaines. Une semaine après l’échographie du 1er trimestre ou tout allait très bien. Puis la même perte dans les toilettes en pleine nuit après un col qui venait de racourcir on ne saura jamais pourquoi.. Un premier bébé attendu depuis 18 mois et enfin arrivé grâce à des inséminations qui était devenu mon petit bonheur a venir .
La vie est difficile est tout me paraît injuste maintenant mais je sais qu’il faudra un jour que je reprenne espoir et que la peur ne prenne pas le dessus pour essayer d’envisager sereinement une nouvelle grossesse car oui nous voulons toujours avoir un enfant !
Ambreb dit
Bonjour Marion,
J’ai également perdu mon premier bébé. J’ai cru mourir de chagrin, je le souhaitais presque, et pourtant, je suis là.
Il n’y aura que le temps pour apaiser dans un premier temps la souffrance encore fraîche… Puis, plus tard, cette brique que vous portez devient un petit caillou dans votre poche: la peine devient moins lourde.
Pour ma part, il m’a fallut une longue année, puis un second bébé.
Néanmoins, je n’oublie jamais celui que j’ai perdu, je le porte dans mon coeur chaque jour. Je chéris son souvenir, ce petit être que je serai la seule à avoir connu: je pense que c’est là le coeur de notre solitude. Nous pleurons un être qui n’a véritablement été connu que de nous seule…
Pour ma part, ce qui m’a aidé: beaucoup en parler avec mes amies proches et surtout une psychologue, écrire un journal dans lequel je m’adresse à lui, lui donner un prénom, planter une rose dans mon jardin pour lui. Chaque année, quand cette rose fleurit, elle me remplit de joie…
Autorisez vous à aller mal, vous en avez le droit, une fausse couche est un véritable deuil qui doit être traité et respecté comme tel.
Je pense à vous et je vous envoie de douces pensées…
Vous n’êtes pas seule ❤
Tendrement,
Ambre
Virginie dit
Bonjour, comme vous j’en ai perdu… 4 … Dans les toilettes, parfois même au travail mais si il y a quelque chose que j’ai pu comprendre c’est que Oui vous êtes seule. Et qu’il le faut. Seule car vous êtes la seule à comprendre ce que représentait ce petit être qui a tenté de se faire une place, qui a tenté de grandir et vous a montré qu’il était là mais qu’il n’a pas pu allez au bout. Peu importe la raison. Cette épreuve vous montrera à quel point vous êtes forte et a quel point vous l’ êtes pour votre fille qui est déjà là et pour votre combat a avoir un autre enfant, encore. Car Oui vous êtes forte et cette épreuve vous grandira. Il ne sera jamais loin dans vos pensées , peu importe le temps qui passe et votre expérience servira peut être a d’autres. Bon courage.
Julie dit
Je ne peux que comprendre votre vide. J’ai moi-même perdu mon bébé, il y a un peu plus d’un mois au même stade de la grossesse.
Ce que je peux vous dire, c’est que jamais vous ne l’oublierez, il fera toujours partie de vous et de votre histoire.
J’ai fait gravé un bracelet avec son petit surnom qu’on lui donnait tous les deux et la date où j’ai su que j’allais devenir maman.
Alors même si cette grossesse n’est pas arrivée à terme. Je serai toujours sa maman. Et quand bien même, je ne peux pas dire que je suis maman pour de vrai parce que je ne le porte pas dans mes bras, le réconfort que je trouve, c’est de savoir que lui et moi, on sait qu’il était là ❤️
Je lui ai aussi écrit une lettre avec tout ce que j’ai sur le cœur, tout ce que je ressens pour lui, tout mon amour.
Alors je ne vais pas vous dire que c’est facile, je n’en suis pas encore au stade où je ne pleure plus chaque jour. J’en suis encore à penser à cette vie parallèle que j’aurai dû avoir si tout c’était bien passé. Mais je crois fort que ce sont des petites étoiles qui veillent sur nous pour nous soutenir quand on va mal.
Il y a aussi des associations d’entraide qui peuvent vous aider parce que c’est un deuil, celui du bébé avec lequel vous vous étiez projeté. Ne restez pas seule et en parler à une personne extérieure (qui est moins dans l’émotionnel que les proches) peut vraiment aider à cheminer.
Alors oui, ça arrive à beaucoup de femmes, mais vous n’êtes pas une statistique. Vous êtes une personne avec des sentiments et vous avez le droit de vous faire épauler. Il y a aussi des comptes Instagram : celui de @mespresquesriens m’a beaucoup aidé par exemple.
Je vous souhaite pleins de bonheur pour la suite ✨
Laura dit
Bonjour.
Je comprends votre peine moi aussi j’ai été très surprise de l’ampleur qu’elle a pris dans mon cœur et dans ma tête.
Je pensais comme vous que les femmes qui faisait une fausse couche était simplement une fausse couche alors que ça a été beaucoup plus que ça finalement.
3 mois c’est long c’est 90 jour ou vous avez cru que vous seriez à nouveau maman c’est un tiers du chemin parcouru.
La douleur se passe mais vous ne l’oublierai jamais.
bon courage.
Alexandra dit
Bonjour comme je peu que vous comprendre j ai vécu la perte d’un petit être qui est rester que 8 petite semaine dans mon ventre mais que j attendais tant. J ai eu ma fille y a 12 ans maintenant et a c est trois ans on c est décider avec mon chéri a faire un petit frère et petite soeur a notre louloute. Et puis au bout de plus d un an rien donc on commence les examens de mon côté et on me révèle que j’ ai eu un clamedya qui m’a tuer une trompe et que la deuxième n est pas en grande forme. Je me fait opérer on m enlève la trompe morte au réveille le Gygy qui m’a opéré me dit telle quel que je suis une cause perdu que je ni arriverai pas sans passer par un PMA. Je m en veux je me sens seule je me met des coups de points dans le ventre mon mari ne comprends pas mon mal être et puis au bout de 2 ans un petit plus s affiché sur ma prise de sang trop contente je me dit que c est super et que le gynécologue n était qu un abrutis. Donc c était le mercredi sa J était la plus heureuse mais je sentais aussi qu’il y avait quelques chose de bizarre mais quoi ????
Le dimanche nous partons nous promener et la de grosse douleurs au ventre et perte de sang on est a 15 jours de notre mariage, mon mari m amène au urgence et la une jeune Gygy me dit je suis désolé madame mais vous êtes entrain de faire une fausse couche rebelote je suis dans tous mes états mon mari ne sais pas comment faire il n’a pas de mot pour me soulager. Nous nous sommes marié mais ce jour là il manquait quelques choses on devait l annoncer le jour j tellement déçu, mal, je me sens seule aussi. Au bout de 2 ans on a fini par faire un parcours PMA et on a eu un joli plus plus au première essai qui c est bien accrocher. Cela fait 5 ans que mon petit ange est parti je l oubli pas mais je me rassure en me disant que ma grossesse aurait pu aller plus loin et j aurai pu accoucher d un bébé sans vie et sa je l aurai très très mal vécu. Je me dit que si il ne c est pas accrocher c est au il était malade et n aurait sûrement pas survécu plus. Mais il sera toujours dans mon coeur et je l oublierai jamais. Après en avoir parler avec mon mari il m’a expliqué que si lui n avait pas eu de réaction c était pour me protéger moi il ce devait d être fort pour moi. Les hommes ne vivent pas les choses comme nous . Nous nous avons ce petit être dans notre ventre et notre devoir est de le protéger et quand nos grossesse ne vont pas a terme on ce dit qu on a échouer mais ce n est pas vrai si ses petit êtres partent c est qu ils y avait quelques choses en eux qui fesait que sa ne pouvait pas durer. Bon courage a vous vous l aurait votre joli +++
Mélanie dit
Bonjour Marion,
Je viens de lire votre témoignage très touchant et qui fait écho en moi. La solitude… j’ai fait 2 fausses couches en 2020. Une à 4SA et la seconde à 8SA. Aujourd’hui je suis de nouveau enceinte de 17SA et malgré tout je porte le deuil de mes 2 bébés perdus (un naturellement, le second avec médicaments puis curetage). La seule solution que j’ai pu trouver pour alléger un peu ma peine, c’est de me faire entourer de professionnels de santé qui sont à l’écoute de ma détresse, Gynécologue, sophrologue et psychologue. Même si les proches sont là pour nous dire que ça va bien se passer, le personnel medical est le seul à m’aider un peu. C’est un réel traumatisme que l’on ne doit pas traverser seul. Je ne pensais pas que devenir mère était si difficile mais pourtant nous avons chacune notre parcours. Courage à vous dans cette épreuve.