Justine fait le deuil de la maternité. A 36 ans, elle vient de découvrir qu’elle était ménopausée ce qui est pour elle un vrai drame. Elle qui rêvait d’un petit dernier. Elle a souhaité partager avec nous ressenti. Voici son témoignage.
{Témoignage} Ménopause précoce… à 36 ans !
Bonjour à toutes et à tous,
En essai bébé pour essayer d’avoir un quatrième enfant, j’ai appris (par email) que j’étais ménopausée ! Ménopausée à 36 ans… depuis des jours cette petite phrase tourne et retourne dans ma tête… un anachronisme difficile à intégrer.
Je n’avais jamais vraiment pensé à la ménopause, sauf quand une amie m’en avait parlé pour elle tout en me disant qu’elle pouvait encore espérer avoir des enfants naturellement (prémenopause, reserve ovarienne précoce…) mais cela me semblait abstrait et lointain.
Je l’écoutais mais j’entendais difficultés à concevoir, pas ménopause.
Je n’y avais jamais pensé et je pense que cela ne m’aurait fait ni chaud ni froid si elle était arrivée après 45 ans. Peut-être être même le soulagement de ne plus risquer une grossesse tardive (moi qui croyait tomber enceinte si facilement).
Je n’y pensais jamais et je me disais en riant que ma pilule me donnait des bouffées de chaleur et des suées noctures… ah ah ah ! c’est la ménopause qui arrive. Ah ah ah.
Je n’y pensais jamais et quand après le retrait de mon stérilet, mon cycle n’est jamais revenu, je me suis rassurée en lisant les témoignages qui racontaient qu’elles avaient mis plusieurs mois à retrouver un cycle normal.
Je n’y pensais pas et puis les mois passaient, j’enchaînais les tests de grossesse sans espoir mais pour vérifier au cas où, les bouffées de chaleur étaient toujours là, les prises de sang pour la thyroide ne montraient rien… une petite voix au fond de moi commençait à s’élever et à me chuchoter que c’était peut-être ça. Je commençais à y penser.
Je n’y croyais pas vraiment et je continuais à scruter le moindre signe de grossesse en attendant les résultats de la prise de sang.
Et puis ils sont arrivés, un mail et trois petits chiffres à décoder avec les valeurs de référence écrites en police 7, trois fois ce mot (maux) qui me saute à la figure.
Ménopausée… Ménopausée à 36 ans !
Trois petits chiffres qui signent la fin de mon projet de famille idéale, trois petits chiffres qui signent la fin de ma vie de femme pouvant procréer.
Ni moi, ni F. n’avions jamais envisagé avoir autre chose que 4 enfants…et la vie nous avait offert les trois premiers sur un plateau alors pourquoi pas le 4 ème ? Même si je suis consciente que nous avons déjà beaucoup de chance, je ressens une tristesse immense de voir partir ce projet dans la fumée de ces trois petits chiffres.
Je ne ressens pas de colère mais je me refais l’histoire et je me rends compte que je n’ai pas vu les signes… je ne ressens pas de colère mais je n’ai pas eu le temps de me préparer.
Une partie de mon cerveau se révolte : je n’ai pas eu des années de bouffées de chaleur ou autre effets annonciateurs (juste quelques mois, cachés par la pilule); on ne m’a pas dit que j’allais avoir du mal à concevoir (mon 3ème a deux ans et est arrivé aussi vite que les deux autres), mon gynéco même en me prescrivant la prise de sang ne semblait pas croire qu’elle ne me reverrait pas enceinte, la veille des résultats j’avais l’impression de voir des signes de grossesse qui expliqueraient cette aménorrhée… je ne ressens pas de colère mais une partie de mon cerveau se révolte de n’avoir pas eu le temps de se préparer.
Je sais que:
j’ai de la chance parce que j’ai déjà trois enfants en pleine santé
j’ai même encore plus de chance que cela car a priori le petit troisième est déjà un petit miracle de preménopause auquel de nombreuses femmes n’ont pas le droit une seule fois.
j’ai de la chance parce que l’incertitude n’aura duré que 6 mois, et que je préfère savoir que je dois trouver un autre projet plutôt qu’espérer en vain un miracle dont les chances s’amenuisent de jour en jour
j’ai de la chance parce que je n’ai pas attendu ce quatrième enfant pour prendre un congé parental
j’ai de la chance parce que mes symptômes n’auront pas été si terribles et j’ai donc « bien vécu ma ménopause ».. peut-être même que je serai soulagée dans 15 ans quand mes amies la vivront.
j’ai de la chance parce que je me sens encore plus en communion avec mon mari.
Je ne ressens pas de colère, je sais la chance que j’ai par ailleurs et pourtant je pleure, je pleure parce que jamais plus je n’allaiterai de bébé, jamais plus je ne connaîtrai l’adrénaline de l’accouchement, jamais plus je ne verrai le bonheur des aînés à l’annonce d’un petit frère, jamais plus je ne verrai deux petites barres sur un test de grossesse. Je pleure parce que jamais plus je ne pourrais m’identifier à ces mamans de 4 grands garçons dans lesquelles je me voyais dans 10 ans. Moi qui ne rêvait pas forcément d’une fille dans cette fratrie, je pleure parce que jamais plus je ne pourrai imaginer avoir 3 garçons et une fille, petite dernière, princesse aux trois grand frères. Je pleure mon rêve qui s’écroule.
Et dans cette tristesse, je n’arrive pas à partager :
avec mes proches qui ne savent pas ce que c’est de ne pas réussir à avoir un enfant ? je peux leur en parler et elles peuvent m’écouter mais elles ne comprennent pas…et pour avoir été de l’autre côté de la barrière je sais qu’elles ne savent pas, même si elles sont là pour moi.
avec mes amies qui attendent toujours leur premier ? mais moi j’ai déjà trois enfants, alors de quoi je me plains ? Même si l’une d’entre elle est incroyable de gentillesse, d’attention; je n’ai pas le droit de me plaindre trop longtemps.
Qui est ménopausée à 36 ans sans crier gare après avoir déjà eu des enfants ?
Qui va me dire, tu verras ça va passer ? qui va me dire tu es triste et tu n’oublieras pas mais ça va faire moins mal ? qui va me dire, ne t’inquiète pas on peut être jeune, ménopausée et normale ?
Alors je vais me relever, bien sûr que je vais me relever, mais je sens que la tristesse est beaucoup plus forte que je ne l’anticipais.
Alors je vais me relever à travers ces larmes qui coulent parfois dès le matin mais je me demande quand.
Alors je vais me relever en espérant que ce deuil qu’on m’annonce ne vas pas durer trop longtemps.
Alors je vais me relever et je vais continuer à vivre mais j’aimerais que le temps passe plus vite pour que la tristesse soit mon forte.
Alors je vais me relever et trouver un autre rêve qui me portera vers l’avenir comme ce projet-là me portait depuis 20 ans.
Alors je vais me relever mais je ne serai plus jamais la même.
Je suis ménopausée à 36 ans, si tôt, et je sens que je viens de sortir du conte de fées et me voilà dans le monde adulte, si tard.
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Phiephie dit
Bonsoir, j’aurais pu ecrire ce texte, il y a un an (j’avais 36 ans) nous voulons un petit dernier (nous avons déjà 4 filles) et j’arrête donc ma pilule.
De ce jour là ma vie à changé.
Pas de règles durant des mois.
Ayant déménagé je vois 1 gynécologue que je ne connais pas. Il me prescrira du duphaston qui ne changera rien.
C’est bizarre, je n’ai pas de bouffées de chaleurs, rien qui laisse pensé à une menopause. Je fais des tests de grossesse: négatif.
J’en parle à mon médecin traitant recemment qui « pour me faire plaisir me prescrit une prise de sang » (pas de ménopause précoce dans la famille).
Le verdict tombe, je vais voir un autre gynécologue avec mes examens, il me prescrit 1 traitement que je pense ne pas supporter.
Lizzy-plume dit
Bien que votre histoire n’est rien de semblable à la mienne ( sauf pour la chance d’avoir deux petits monstres), votre témoignage m’ beaucoup émue. Je tiens à vous envoyer du soutien et de la bienveillance pour ces moments compliqué. Vous avez le droit d’être triste et de vivre ce deuil à votre rythme. Vous avez conscience que vous êtes chanceuse pour tous ce que vous avez déjà, pour autant ça ne vous ôte pas le droit d’être déchiré face à ces beaux projets qui s’écroulent. Soyez bienveillante envers vous même et laisser vous gérer tout ça à votre manière et votre rythme. Je vous souhaite de beaux nouveaux projets quand ils se présenteront à vous.
Emily dit
Bonjour Justine,
Je vous comprends même si pour le moment mon parcours est différent du votre. Vous avez le droit d’être triste malgré la présence de vos enfants.
Mon mari a mis du temps à vouloir faire un petit nous. Et comme je sentais déjà que quelque chose n’irait pas, j’ai demandé un bilan de fertilité à ma gyneco. À 34 ans, je découvrais que mon âge ovarien était de 43 ans. La douche froide. Elle m’annonçait en catastrophe: « faut plus tarder, dans 2 ans, c’est terminé pour vous les enfants « .
Du coup, passée la tristesse de cette annonce, on se décide à se lancer. Je suis enceinte de 4 mois et ravie que cela ai pris si vite (2 cycles).
Dans 2 ans donc, la menaupose m’attend et le savoir avant aide beaucoup à accepter ce qui suivra. Le découvrir trop tard, enfant ou pas, c’est terrible. C’est une part de féminité qui s’en va.
Vous passerez au delà, dans quelques temps. Sachez que vous avez le droit de faire le deuil d’un enfant, que vous n’en ayez pas ou 15 derrière vous.
Bon courage.
J. dit
Bon courage à vous et surtout profitez bien de votre grossesse et de vos petits loups !