Lucie est pourtant malheureusement « habituée » aux fausse-couches. Elle en avait déjà fait 4 auparavant, mais lors de la cinquième, quand tout ne s’est pas déroulé « naturellement » et qu’elle a dû se faire aider du corps médical, elle s’est rendue compte du mauvais accompagnement que subissaient les femmes lors d’une telle épreuve. Voici son témoignage.
{Témoignage} Faire une fausse-couche en 2020.
Bonjour à toutes et à tous,
Je viens écrire ici sur le blog de La Mariée en Colère parce que j’ai besoin de laisser une trace quelque part de mon aventure en tant que femme qui fait une 5ème fausse-couche en 2020. Je précise l’année car j’ai eu le sentiment d’avoir fait un bon dans le passé. A l’heure où on prône la bienveillance, l’écoute du patient, la psychologie… Personnellement je n’ai eu le droit à rien de tout cela.
Pour vous faire un bref résumé de notre aventure, lorsque j’avais 20 ans on m’a diagnostiqué un syndrome d’OPK, une fois le désir d’enfant présent je suis rentrée en PMA, après 5 longues années avec différents protocoles je tombe enceinte pour la première fois lors d’une pause de traitement ! Miracle ! Cette joie fût de courte durée puisque vient la première fausse-couche, s’en suivront à la suite 3… Toutes de façon spontanée et assez précoce.
Et puis vient mon petit Miracle qui a aujourd’hui 5 ans
À la suite je vais vivre à nouveau une 4 ème fausse-couche celle-ci plus tardive mais toujours spontanée. Je précise spontanée car au final mon corps a fait le « boulot » tout seul donc pas besoin que l’équipe médicale intervienne. Je le précise car c’est aujourd’hui que je réalise à quel point j’ai été « chanceuse ».
3 ans plus tard, on reprend les essais bébé, retour en PMA, tous les examens sont nickels, quasi plus de trace du syndrome OPK. 1er essai positif !!! Joie, bonheur, sont au rendez-vous, je suis sous traitement pour limiter les risques de fausse-couche le même que pour mon Miracle donc on positive et tout va bien se passer.
1ère prise de sang, le taux est bon, 48h plus tard il n’a pas doublé….. Passé de 61 à 63 en 48 heures j’ai de suite compris la douloureuse nouvelle.
J’attends donc les saignements, l’histoire se répète encore…
Sauf que cette fois-ci les choses ne vont pas se dérouler aussi « aisément » que lors des mes précédentes fausses-couches. Les Saignements n’arrivant pas, nouvelle prise de sang une semaine plus tard avec un taux à 360, suspicion de GEU (grossesse extra-utérine) par l’équipe médical…
et c’est là que débute mon calvaire…
Je vais enchaîner les prises de sang et échos toutes les 48h, mon corps ne m’appartient plus. J’ai la sensation d’avoir une épée de Damoclès au-dessus de la tête… Car oui une GEU ça fait peur, on entend toujours parler de trompe qui éclate, d’hémorragie…
Je sais au fond de moi depuis cette deuxième prise de sang que cette grossesse est perdue, mais l’équipe qui me prend en charge n’est pas du même avis. Je vais enchaîner les rendez-vous médicaux aux urgences, mon gynécologue étant en congés. La GEU va être écartée assez rapidement puisque mon taux continue de grimper et on va pouvoir découvrir à l’écran non pas une poche dans l’utérus mais deux … A partir de ce moment, on commence à me parler de mes « futurs bébés » avec ces termes, que je me suis inquiétée trop rapidement … Qu’un taux de béta HCG ne veut au final pas dire grand-chose . Je sais pertinemment au fond de moi que je n’aurai jamais ces deux « bébés « dans les bras. Je lutte même pour qu’on ne les nomme pas ainsi.
A ce stade, ce ne sont pas des bébés. Et il n’y aura jamais de bébés.
Je suis fatiguée, épuisée autant physiquement que moralement, j’attends avec impatience que la fausse-couche se déclenche naturellement, mon corps a toujours su le faire alors pourquoi pas cette fois-ci ? Même si je sais au fond de moi depuis le départ qu’il n’en sera rien… Mon instinct ne s’étant pas trompé lors de la nouvelle écho aucun rythme cardiaque pour l’un, poche vide pour l’autre… Je me sens soulagée, le verdict est tombé. Mon instinct était fondé depuis le départ, et je n’étais pas trop pessimiste comme on me l’a gentiment fait comprendre. Ou bien encore je n’ai pas « stressé » mes bébés… Cela aussi m’a été dit. Mais pour autant, une fois de plus l’équipe va décider d’attendre encore une semaine je suis à 10SA. C’est de la torture ni plus ni moins
La semaine est passée, j’interroge donc l’équipe médicale quant à la suite des événements, on me prescrit du Cytotec. Je suis la posologie. Et il ne se passe rien… Aucun saignement ni même de douleur.
Une semaine va s’écouler et toujours rien. Je pleure, j’en veux à la terre entière mais surtout à moi, mon corps qui cette fois-ci me lâche. J’ai le sentiment de porter la mort depuis des semaines. Je veux que tout cela s’arrête. Qu’on me les enlève… J’ai bien évidemment toujours les nausées et tous les signes qui indiquent une grossesse… J’ai repris le travail, je ne supporte plus être seule à la maison, et mon corps va décider d’expulser les embryons sans aucun signe avant coureur.
Ma fausse-couche va donc se produire au travail pour la première poche du moins… la seconde sera à la maison.
A ce moment précis, deux sentiments s’entre mêlent, le soulagement et la douleur de la perte de cette grossesse si chère.
Cela fait 6 mois, et il n’y a pas une journée ou je n’y pense pas. J’ai la sensation encore aujourd’hui d’avoir été incomprise, à aucun moment on a écouté ce que j’avais à dire, ce que je ressentais. On m’a jugée, on m’a même demandé si je souhaitais réellement cette grossesse…
La fausse-couche est terrible mais ce qui m’a achevé est bel et bien son accompagnement. Je l’ai vécu comme une véritable torture, je suppliais qu’on arrête cette souffrance mais ils n’en avaient pas décidé ainsi… Parce que même si s’était mon corps, ma grossesse j’ai vite compris que je n’étais plus maître du déroulement.
Je ne pensais pas qu’il serait si difficile de vivre une fausse-couche en France en 2020…
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