Marion fait partie de celles pour qui la grossesse a rimé avec détresse. Atteinte d’hypérèmese Gravidique elle a du être hospitalisée car elle perdait trop de poids. Voici son témoignage.
{Témoignage} Grossesse & Hypérèmese Gravidique : 3 mois d’enfer
Bonjour à toutes les lectrices du blog
J’ai 33 ans cette année et quand je regarde dans le rétroviseur je me dis que mon arrivée dans le monde de la parentalité a été plus que compliquée. Un désir d’enfant contrarié par la nature, des années en PMA qui me conduiront à un divorce douloureux, je viens alors de trouver un CDD dans une grosse société et je suis retournée vivre chez mes parents après ma séparation.
Je rencontre mon compagnon et je tombe enceinte naturellement après quelques semaines de relation. Quelle surprise pour moi qui avait fait mon deuil de la maternité. Bien que contente d’être enceinte, je reste prudente ; j’ai déjà fait plusieurs fausses couches, on me l’a fait plus ! Je veux bien t’aimer bébé, mais ça attendra la 12ème semaine…
Les premières semaines de grossesse se déroulent plutôt bien
Puis au bout du premier mois voilà que je commence à me sentir mal, une nausée qui s’installe de manière permanente (j’entends par là jour & nuit) et l’estomac qui ne tolère plus rien. En 1 semaine je perds plusieurs kilos : je passe de 59KG à 55KG, puis c’est la chute libre quelques jours plus tard, je tombe à 50KG, je n’arrive même plus à avaler de l’eau. Je suis extrêmement fatiguée et surtout très déshydratée. Mon corps me lâche : je suis à l’enterrement de vie de de jeune fille de ma cousine et je suis en train de faire une pyélonéphrite avec 41 de fièvre. Direction les urgences où j’explique mon problème. Je suis traitée à grands renforts d’antibiotiques qui finiront d’achever mon appareil digestif en me déclenchant un clostridium difficile (je vous passe les détails glamour mais ce sont des symptômes franchement douloureux). Maladie qu’il a fallu traiter aussi mais vu que je ne gardais rien… c’était compliqué !
Résumons : je suis enceinte après des années d’attente et de galères émotionnelles, clouée au fond de mon lit d’hôpital alors que je suis censée démarrer mon CDD dans quelques jours et je me dis que je vais encore perdre mon bébé. Je ne comprends pas ce qu’il se passe…
Jusqu’à ce qu’une sage-femme me parle de…. Kate Middleton et de l’hypérèmese gravidique
Elle m’explique que les hormones jouent un rôle majeur dans cette pathologie. Plus elles grimpent et plus les symptômes seront forts. « Après le pic hormonal des 10/12 SA vous devriez vous sentir mieux, ou pas… ça dépend des femmes. Bébé ? Oh lui il va super bien, il ne s’en rend même pas compte ! Il prend ce qu’il a à prendre… ».
Une psy de l’hôpital vient me voir, elle m’explique aussi que le stress que je vis (divorce, nouveau chéri, changement de boulot, revenir chez mes parents…. et tomber enceinte sans que ce soit espéré !) est également responsable de ce qu’il se passe. On discute beaucoup, je me livre… Je suis soulagée et en même temps je comprends que je vais devoir mettre ma vie en stand-by, que ça ne sera pas une grossesse comme les autres. Je ne serai pas la femme enceinte d’instagram qui caresse son ventre gentiment… tant pis, on va se battre pour y arriver, après tout 9 mois dans une vie c’est rien et mon conjoint ainsi que mes parents sont de merveilleux supporters.
Je sors de l’hôpital et passe les semaines qui suivent avec ma bassine. Une jolie bassine de ménage, marron, qui me permet de m’arrêter pour vomir dans la rue, dans la voiture, chez le médecin, dans les toilettes. Ces vomissements sont violents, provoquent des bruits gutturaux et très sonores… peu importe, je dois tenir. Je fais de nombreux allers/retours à l’hôpital. Un jour, ma mère me retrouvant quasi inanimée sur mon lit doit appeler le SAMU qui m’emmène en urgence pour me réhydrater.
On me donne mille et une ordonnance. Aucun médicament ne fera effet sauf l’odensetron qui est donné à priori pour les patients en chimio… c’est vrai que ça me faisait du bien mais je ne pouvais pas en prendre beaucoup dans la journée car c’est assez fort et quelque part j’avais peur pour mon bébé. J’ai essayé de changer mon alimentation grossesse, rien n’y a fait.
Émotionnellement je suis fermée, je ne ressens plus rien, je ne dors plus beaucoup la nuit. Je compte littéralement les moutons pour occuper mon esprit afin qu’il n’aille pas rejoindre mon envie de vomir, sinon je sais que ca va redoubler d’intensité… Je suis passée en mode automatique. Je bois ? Je sais que je vais vomir.
Je réfléchis à ce que je mange pour savoir comment je vais le vomir…
Je commence mon CDD en mettant au courant mon employeuse de ma situation (qui a été super avec moi !), je suis un zombie, maigre et qui va vomir dans les toilettes toutes neuves de mon employeur toutes les 20 minutes. Je ne mange rien, je me force à boire et finis par tomber dans les pommes quelques jours après mon arrivée. Je suis arrêtée et je ne reprendrai pas le travail car s’ajoute à ça une Menace d’Accouchement Prématuré sévère : « madame, avec un col court comme ça, on ne se lève plus jusqu’à l’arrivée de votre bébé » !
Quelque part je reconnais que j’ai été soulagée. Jouer la comédie de la femme enceinte épanouie au boulot était difficile, je tenais à peine sur mes jambes et j’avais peur de la fausse couche : je l’aime moi ce bébé, nous sommes à 13SA, alors on tient bon.
Contrairement à ce que je lis, je n’ai jamais eu de remarque désagréable, des « fais un effort ce sont juste des nausées » etc…. mon entourage a compris immédiatement la gravité du sujet et je crois que les sons qui sortaient de ma gorge au moment de vomir étaient assez impressionnants pour que je me passe d’explication.
Puis voilà que les jours passants, je sens que mes symptômes diminuent. Déjà je n’ai plus cette espèce de boule de nausée dans la gorge, je me réhydrate tranquillement au fond de mon lit et mon père arrive à me faire manger du poisson pané et des pâtes (un de mes plats préféré !). Je ne le vomis pas. Je peux même reprendre le boulot de la maison en télétravail, alors ça m’occupe et les journées passent plus vite.
Mon amoureux passe tous les jours chez mes parents, il prend soin de moi, me console et me rappelle que cela ne va pas durer. Il a raison. à 14SA je n’ai quasi plus de symptômes de l’hypérémèse gravidique, j’ai « juste » ma menace d’accouchement prématuré à gérer mais j’ai l’impression de revenir de loin. Je respecte les aliments grossesse interdits et finalement, tout va bien.
Je suis chanceuse, l’hypérémèse gravidique n’aura duré que 3 mois
J’en suis d’autant plus consciente que pour mon deuxième enfant : rebelote ! Mais cette fois je sais gérer, je sais que ça ne dure pas et maintenant que ma vie est sur les rails, sans stress, je vis les choses beaucoup moins difficilement. Mon corps et moi on doit faire équipe. Pas marrant mais surmontable alors j’attends, j’endure je devrais dire plutôt et 3 mois après le début de ma seconde grossesse (encore une MAP !) je n’ai plus de symptôme. Je mange et je grossis même plutôt bien !
Mon conseil pour les mamans confrontées à ce genre de pathologie : être entourée par ses proches qui prennent le relais pour la partie logistique et émotionnelle est juste le truc le plus important. Savoir que cette pathologie est connue par les professionnels m’a rassurée aussi.
Le « truc » que je pourrais donner c’est dans les moments de grande détresse physique, trouver quelque chose qui permet à l’esprit de ne pas s’égarer. Un peu comme celles qui veulent accoucher sans péridurale on focus sur autre chose pour endurer…
Vous souhaitez publier votre histoire sur le blog ? Déposez votre témoignage mariage ou témoignage maternité ici.
Marine dit
Bonjour Marion,
Je me permets de vous contacter – je jette un pavé dans la mare comme votre témoignage date de juin 2021 – car je lis que vous avez eu un clostridium difficile enceinte. Je souhaiterais pouvoir échanger à ce sujet avec vous, savoir si cela a eu des conséquences sur votre bébé et comment se porte votre enfant aujourd’hui.
Merci beaucoup de votre retour,
Ar dit
Je suis sage-femme, je connaissais l’hyperemese gravidique. Mais avant de l’avoir vécu, je n’imaginais pas les conséquences sur la vie de tous les jours…
Petit bébé était voulu et attendu. Certes, on a connu meilleur timing : un mariage de prévu d’ici quelques mois et un 1er achat immobilier… Dès la découverte de la grossesse: on est super contents ! À partir de 7SA, les vomissements et les nausées apparaissent doucement. Puis de manière plus intenses: j’ai perdu l’appétit, j’ai des nausées constantes, des vomissements fréquents. Je ne mange quasiment rien et ce que je mange, je le vomis. Je fais mes repas en fonction de la sensation à vomir ces repas. J’ai des vomissements principalement l’après midi et le soir. Vomissements non stop entre 15h et jusqu’au moment où je m’écroule d’épuisement.
Je passais mes nuits à rêver de pouvoir manger tout en sachant que je ne pourrais quasi rien manger au réveil. J’ai testé les conseils diététiques, l’homéopathie, l’acupuncture, le primperan, le donormyl et le cariban.
L’association : cariban + une cure de 2 semaines uniquement de soupe+ une semaine de congés : ça va mieux. Avec la reprise du travail: rechute. Mais beaucoup trop fière, je n’arrive pas à demander un arrêt.
Je suis à 14SA, j’ai perdu 12kg en 1mois et demi, je ne vais pas mieux. J’essaye de rester positive, je sais que c’est pour le bonne cause et que ça va diminuer dans les prochaines semaines !
PS: si je peux me permettre, le choix de la photo est inapproprié, ça m’a donné envie de vomir, comme beaucoup de photos de nourriture…