Dès les premiers symptômes, M set allée voir une psychologue qui a mis un nom sur son mal-être : la dépression post-partum. Nous sommes beaucoup de jeunes mamans à passer par là, mais le sujet est toujours aussi tabou malheureusement. Voici son témoignage.
{Témoignage} Dépression post-partum : la descente aux enfers
Bonjour à toutes les lectrices du blog,
Je m’appelle M., j’ai 30 ans et je suis maman de 2 petites filles, E. bientôt 3 ans et A. qui a 5 mois et demi.
Naissance de la dernière qui s’est bien passée, allaitement qui s’est mis en route nickel, les débuts sont chouettes, j’assure toutes les nuits (bah ouais si Papa avait des boob’s ça se saurait !!) et pas de fatigue, ma grande est top avec sa sœur, mon homme prépare une évolution profesionnelle et on gère ça plutôt bien malgré les deux louloutes energivores…
Bref, la vie a 4 se met en place facilement !
La reprise du travail approchant on commence une transition aux biberons pour A. en vue de la garde chez la nounou vers ses 2 mois et demi. Non sans mal, la miss ne veut pas du biberon, pleure… On persévère, on fini par y arriver avec patience et douceur avec mon lait d’abord puis du lait artificiel, à côté je continue d’allaiter matin, soir et nuit.
Je reprends le travail, le sport aussi, tout se passe bien, on continue d’assurer même si on cours parfois !
Et puis ma lactation commence à diminuer tout doux, on passe aux biberons la nuit, A. commence a dormir dans son lit et plus en cododo avec moi sur le canapé dans le salon, pour le coup je suis heureuse de retrouver mon lit et mon mari !
Début Avril, A. a 3 mois et demi, nous avons notre dernière tétée, moment de douceur, je la regarde s’endormir paisiblement sur mon sein, je profite de ce moment rien qu’à nous et je me dis qu’on a vécu une belle aventure même si elle a été écourtée par la force des choses. Et puis au pire au besoin on pourra toujours faire une tétée câlin les jours de grand besoin même si je n’ai plus que quelques gouttes de lait !
Semaine suivante : c’est la descente aux enfers.
Un matin je me lève et je me sens fatiguée, j’ai mal dormi… Bon ça arrive. Je me coucherai tôt ce soir.
Le lendemain rebelote, nuit presque blanche, je suis exténuée, je me traîne, il pleut, on ne peut pas aller se balader avec les louloutes… Bon ça doit être la pleine lune ou que sais-je encore…
Le surlendemain la même, sauf que ce matin j’ai pas le moral, mais alors vraiment pas. Mon homme est au boulot, je suis seule avec les filles.
Je me fais violence pour sortir du lit car ma grande m’appelle, petit dej, la deuxième se réveille, bib, on joue un peu, la flemme de s’habiller, on fait journée pyjama ça ira bien comme ça. De toute façon il pleut encore.
Et puis vers 9h30 A. chouine un peu car c’est l’heure de la sieste, et là je l’entends mais je ne suis pas là, ses pleurs ne m’atteignent pas. Je ne le fais pas car je n’ai pas le droit, mais je pourrais la laisser pleurer là, sur son tapis d’éveil, sans aucune émotion.
Je pars la coucher, E. me demande si on peut jouer aux « plakka » (kappla), on construit, elle casse ce qu’on vient de construire en rigolant, d’habitude ça m’amuse et on rigole mais là non, ça me saoule même.
J’ai qu’une envie c’est que ce soit l’heure de la sieste pour elle aussi, pour me retrouver seule. Et là je me rends compte que je n’ai pas décroché un sourire de la matinée…
A. se réveille, on se met en cuisine, E. veut m’aider comme à chaque fois, c’est notre moment la cuisine et on y prend plaisir mais aujourd’hui non, ça me gonfle. Comme toute enfant de bientôt 3 ans elle est parfois maladroite , elle renverse quelques morceaux de carottes à côté de la casserole, d’habitude on en rigole et c’est à celle qui attrapera le plus vite le morceau pour le croquer cru ! Mais là non, j’ai envie de lui hurler dessus. Je ne le fais pas, car je n’ai pas le droit…
A. s’agace dans son transat, je lui fais un câlin, la met dans le salon sur son tapis d’éveil pendant que je termine en cuisine.
E. la rejoint et s’amuse à lui faire des bisous sur le ventre et agite un mouton en peluche au dessus d’elle, A. tape des fous rires comme jamais.
Je me mets dans l’encadrure de la porte et je les regarde faire, avec autant d’émotions que si je regardais une vidéo sur Youtube.
Je ne ressens rien, strictement rien, je me demande même si je les aime encore
Et là j’ai peur, j’ai vraiment peur. Je suis devenue qui bordel ?
Je devrais être heureuse, j’ai tout pour être heureuse : une famille, une situation, une maison, des filles belles, en bonne santé et épanouies, un mari avec qui ça roule… Y’a des gens qui crèveraient d’envie d’être à ma place et moi je déteste ma vie à ce moment précis. Je voudrais être loin, seule et c’est tout.
Je pars m’effondrer dans la cuisine, E. m’entends, elle vient me faire un câlin sans rien dire. Je l’ignore, et je m’en veux encore.
Bref… on mange, j’ai pas faim, je me force.
Je les emmène à la sieste, je me pose et là j’ai qu’une envie : c’est qu’elles se réveillent car j’ai besoin de les avoir vers moi, c’est viscéral.
A. dort 45 min top chrono, je la lève, la câline un peu, elle ne me regarde pas. Et là j’ai juste envie qu’elle retourne dormir. Putain, mais c’est quoi le problème dans ma tête ?
J’appelle ma mère, je m’effondre, je pleure comme une gamine au téléphone. Elle me demande où sont les filles surtout, comment elles vont, et me dit d’appeler mon médecin, que j’ai besoin d’aide et essaye de me mettre un pied au cul pour me faire réagir.
Peine perdue, on raccroche et je m’effondre de nouveau.
E. se lève de la sieste et me demande si j’ai bobo quelque part. Je lui dit que j’ai mal dans ma tête et mon cœur, ça lui suffit comme réponse.
Mon homme rentre enfin du boulot, E. lui balance de suite « Maman eye a pleuré toute la yournée ! ». Bingo, refonte en larmes. On en parle, il me dit de prendre rendez-vous avec mon médecin lui aussi.
La journée se termine tant bien que mal, je suis amorphe. Je pars prendre une douche et je me regarde dans la miroir, je me dégoûte, mon corps est hideux, déformé par la grossesse et ces derniers kilos pas encore perdus, j’ai tellement honte de me voir comme ça… Je ne ressemble à rien, des cernes jusqu’aux oreilles, les yeux explosés, et j’en veux a mes filles, c’est à cause d’elles que je suis comme ça…
Mon homme essaye de me rassurer: il ne me voit pas comme moi je me vois et puis mes kilos je finirai bien par les perdre même si ça met du temps. Il m’a fallu 9 mois pour les prendre, ils ne vont pas s’envoler comme ça du jour au lendemain, sois patiente ! Mouais, s’il le dit… en attendant c’est moi qui vit dans ce corps et qui doit supporter ça…
Vivement que j’aille me coucher.
Dans la nuit E. se réveille en hurlant, elle a fait un cauchemar. Je me lève, la rassure, elle se rendort et je me remets au lit. Impossible de me rendormir, je tourne, j’ai envie de pleurer, je pleure en silence, je cogite, bref la nuit se termine sans me rendormir.
Les filles sont chez la nounou la journée suivante, ouf.
Je n’ai toujours pas le moral.
J’en profite pour aller au sport, mon échappatoire. Sur le moment ça me fait du bien, je donne tout, à en avoir envie de vomir. Je suis vidée. Je sors de la salle, j’ai de nouveau envie de pleurer.
Mon homme a posé sa journée, il en profite pour me décharger un peu et partir faire quelques courses.
J’ai pris un rendez-vous avec une psy, vue la description de la situation elle me propose une visio l’après-midi même.
On discute, elle ne mâche pas ses mots pour me faire réagir, elle me dit des choses qui me font mal, sur le moment je la déteste, et puis après réflexion c’est elle qui a raison. Elle essaye de me faire cheminer pour trouver des solutions à court et à long terme, ça me fait du bien de parler et de vider mon sac. Et puis le verdict tombe :
Je fais un p’tit début de dépression post-partum
Elle me propose de se revoir pour continuer à travailler tout ça.
Puis c’est le retour au boulot car j’étais en long week-end jusque là.
Je n’ai pas envie de sourire aux patients mais je me force… Je suis censée prendre soin d’eux et être agréable, il n’ont rien demandé non ?
J’ai quelques collègues qui voient que ça ne va pas. Après craquage j’arrive à expliquer ce qui m’arrive. Elles sont compréhensives et super présentes sans qu’on déblatère forcément sur le sujet, ça me fait du bien de sentir que je ne suis pas seule côté boulot aussi.
J’ai des exemples pour tous les jours mais j’ai déjà écrit un sacré roman…!
J’essaye depuis de remonter la pente, j’ai des jours avec et des jours sans.
Parfois je peux rire et deux heures après avoir envie de pleurer comme une enfant.
Tout est en dents de scie en permanence, je n’arrive pas à dormir la nuit alors que je suis exténuée. Je me sens débordée au moindre petit changement dans ma routine, je culpabilise de cet état car j’ai peur que ça impacte mes filles et leur bonheur / développement, j’ai l’impression d’avoir le cerveau qui tourne au ralenti etc.
La situation n’est pas une chose simple à gérer ni pour moi, ni pour mon mari. C’est incontrôlable et même si j’essaie de prendre sur moi pour éviter de trop impacter la vie de famille, je n’y arrive pas toujours.
Et puis de par mon caractère j’ai extrêmement de mal à en parler alors on ne comprend pas toujours pourquoi je réagis comme ça en ce moment.
On se dit toujours que ça n’arrive qu’aux autres et quand on plonge tête la première dedans ça fait mal car on se demande pourquoi, pourquoi moi, pourquoi maintenant ? Et on est incapable de se mettre un pied au cul pour repartir sur la bonne pente.
Je sais que je ne suis pas seule dans ce cas et que ce n’est pas ma faute en soi ; mais le plus dur c’est vraiment ce long chemin pour remonter la pente car on voudrait aller mieux et l’on y arrive pas.
Un jour, que je n’espère pas trop loin, je retrouverai cette petite étincelle…
On fait de notre mieux, alors courage à toutes ces mamans qui traversent une période difficile. Un jour on redeviendra notre « nous » d’avant !
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Justine dit
Moi je suis à fond dedans …
Ma fille a 1 mois et pleure souvent et veut toujours être dans les bras. C’est usant …
J’ai peur d’être avec elle la journée, je pleure à longueur de journée même quand elle dort. Quand elle fait du bruit mon ventre se noue car j’ai peur de ses pleures. Je ne suis plus moi-même j’ai envie de rien à part de partir loin de tout ça….
Je ne me reconnais pas !
garcia dit
Bonjour, j’ai vécu la même chose à l’arrêt de l’allaitement pour ma fille. On en parle peu mais à l’arrêt de la lactation, il y a une chute hormonale et un changement du climat hormonal qui entraine une sorte de dépression. Je vous rassure, cela ne vient pas d’un problème psychologique mais bien souvent un problème hormono-dépendant. Cette chute hormonale post allaitement est plus ou moins forte selon les femmes.
Bon courage, ça devrait aller mieux!
Leati dit
Coucou je me retrouve énormément dans ton témoignage et je pense avec le recul avoir une sorte de déprime post partum. Mon fils a maintenant 4 ans et je me sens « sortit d affaire ». Comme toi je me sentais différente et ca m a fait peur également. Pourtabt je suis puer et j ai bosse en pmi donc parlé de ca à pleins de femmes… mais ca concerne soit même on a parfois du mal à identifier la situation. Le cordonnier est souvent le plus mal chaussé 😄