L’accouchement de Cha ne s’est pas passé comme elle l’aurait souhaité. Pourtant elle travaille dans le médical et pensait que tout serait à l’image de sa grossesse : idyllique. Entre restrictions covid et hémorragie de la délivrance, la jeune maman sait qu’elle devra mieux se préparer si elle doit un jour donner naissance à une second enfant. VOici son témoignage.
{Témoignage} Mon premier accouchement raté
Bonjour à toutes les lectrices du blog
Moi c’est Cha, et voici mon histoire. Je suis tombée enceinte en juillet 2019, à 32 ans. Je me préparais à accueillir mon premier enfant en plein printemps, entourée de tous mes proches. Ma grossesse a été idyllique, je me sentais complète, invulnérable, à l’aise avec mon gros ventre. Et, étant médecin, je ne me souciais pas trop de l’accouchement, je pensais avoir tout vu en salle de naissance pendant mes stages.
Mais, comme pour tout le monde, le ciel nous est tombé sur la tête et 3 jours après mon congé maternité le verdict est tombé : covid, confinement.
Et c’est le début des galères.
Je devais accoucher dans la très grosse maternité du 92, centre de référence covid.
Ils ont pris la décision dès le début d’interdire les papas en salle de naissance, et de réserver un accueil plus que glacial aux femmes enceintes. Entre l’infirmière qui m’a obligée a respirer par la fenêtre pendant une visite post-natale, l’anesthésiste qui m’a évoqué l’absence possible de péridurale le jour de l’accouchement et la sage femme qui m’a dit qu’elle en avait marre de faire pleurer les femmes, que ce n’était pas grave d’accoucher seule car les femmes sont fortes et qui m’a promis un accouchement sans complications pour ne pas avoir à répondre sur une éventuelle césarienne et abandon de mon bébé les 2 premières heures de sa vie… J’ai vraiment perdu confiance en eux.
Je n’avais plus du tout envie d’accoucher.
S’en est suivie une semaine de pleurs constants et de sidération dépressive (autodiagnostic). Ma chance dans cette galère a été une amie, qui m’a poussée à changer de maternité et m’a trouvé des contacts. En 24h : nouvel endroit et regain d’énergie.
Ça ne sera pas génial (toujours à cause de la situation Covid), mais je ne serais pas seule.
4 jours après, les contractions arrivent, peu douloureuses.
Nous allons à la maternité où je m’entends encore dire à la sage femme « je suis peut-être une douillette, mais ce n’est pas agréable« , je suis a 6 cm. On est bien parti. Mais même si tout le monde est sympa, j’ai l’impression d’être de trop dans une maternité déjà chargée, je culpabilise de squatter chez eux. J’entends que l’anesthésiste part se coucher… Je n’ose pas tenter un accouchement sans péridurale, je ne veux pas le déranger quand il dormira, je suis seule pour décider…
Du coup, j’accepte la péridurale.
L’anesthésiste n’est pas content car j’ai changé de maternité, tant pis. Techniquement, c’est parfait, la péridurale est bien posée, 0 douleur. Mais d’un coup, on passe de 3 contractions par 10 min à 0. Et je sens que tout m’échappe. Ocytocine en seringue électrique, travail qui s’arrête, sage-femme qui passe toutes les 3 heures. Jusqu’à arriver enfin à 9 cm. Elle attend encore 2 heures pour essayer de me faire pousser, rien n’avance, elle appelle le gynéco. Ma fille regarde en l’air, montre son front : non guidée par mon périnée totalement relâché à cause de la péridurale elle est à l’envers et est bloquée par mon coccyx.
Ventouse une fois, ventouse deux fois, ventouse trois fois, l’obstétricien qui est drôle et rassurant réussi à l’expulser. Elle a une énorme bosse sur la tête mais elle est sur mon ventre, en bonne santé, et magnifique.
Temps suspendu de 30 secondes de bonheur. Mais je remarque le regard inquiet du gynéco, très calme qui fait appeler l’anesthésiste. On m’arrache ma fille, qui part avec Monsieur.
Et je me retrouve à 5 de tension, 15 personnes dans la salle d’accouchement…
Le gynéco passe son temps à me demander si je suis bien anesthésiée. Je fais une grosse hémorragie de la délivrance, ça tourne autour de moi, je vois les scopes s’agiter. Je peux juste me dire que je vais mourir.
Une auxiliaire vient me voir pour me dire le poids de la fille, je suis sous le choc, je ne lui répond pas, ce qui semble la choquer.
En fin de compte, tout s’arrête. ils ont réussi à arrêté le saignement et tout le monde se barre de la salle, me laissant seule jusqu’au retour de ma famille.
Trop tard pour le peau à peau, ma fille est emmitouflée, lavée… J’ai 2 cathlons, une sonde urinaire.
Rien ne sera naturel dans notre rencontre. Je suis quand même restée émerveillée de cette rencontre. J’ai adoré porter ma fille pour la première fois, la première tétée. Je garde un bon souvenir des équipes (en général).
Mais 5 mois après cet accouchement, j’ai eu un contre coup, une énorme impression d’avoir tout raté, de ne pas avoir accompagné et accueilli ma fille comme elle l’aurait mérité.
Rien de grave, selon tout le monde autour de moi, mais je regrette énormément mes choix, j’ai l’impression d’avoir été trahie par mon corps et par ce que je pensais être bon (l’accouchement hospitalier, sécurisé qu’on m’a appris pendant mes études).
Maintenant, je sais qu’il faudra oser dire ce qui est important pour moi et oser sortir des clous si je dois revivre un autre accouchement, pour qu’il se passe cette fois-ci dans des conditions optimales.
Vous souhaitez publier votre histoire sur le blog ? Déposez votre témoignage mariage ou témoignage maternité ici.
Marina dit
Tu as eu un accouchement très compliqué, dans une situation horrible !
Tu as le droit d’être triste ou déçue de ce qui s’est passé et de rêver d’autre chose pour un deuxième accouchement ! Et tu as le droit de dire à ta famille et à tes amis de se taire, de garder leur jugement et de juste t’écouter. C’est ta version, ta vision et celle de ton mari qui comptent ! C’est votre histoire. Je sais qu’on aime bien rassurer les gens qu’on aime quand ils partagent une épreuve mais ce n’est pas toujours ce qu’on veut ! (Et oui, vous êtes toutes les 2 vivantes et en bonne santé, c’est ce qui compte le plus, mais en 2021 ne peut on pas attendre mieux d’un accouchement??!!)
Après, je te dirai juste d’essayer de ne pas t’auto-critiquer et de te dire que tu (avec ton mari probablement) as fait au mieux selon tes connaissances, tes possibilités et la situation que tu connaissais.
La seule chose qui me parait un poil reconsidérable dans ton histoire c’est ta peur de déranger l’anesthésiste en pleine nuit ! C’est son boulot et il est payé pour être au service des patients.
Pour le reste, tu ne peux pas savoir ce qui aurait pu se passer, comment ton corps et ton bébé auraient réagit. Donc si tu peux regretter ce qui s’est passé, je trouve dommage de s’en vouloir.
Tu as bravé des conditions très peu favorables et sereines pour mettre au monde ta fille. Tu es une guerrière, une femme forte et vu que tu t’en veux déjà, une maman attentionnée !
N’hésite pas à recontacter la SF ou le gynéco qui a suivi ta grossesse, ou même la maternité où tu as accouché pour revenir sur ton accouchement, en reparler et avoir leur opinion sur ce qui s’est passé. (Genre, est ce forcément la péri qui a stoppé ton travail ou juste ton utérus qui avait énormément travaillé en très peu de temps et qui s’est épuisé? Ont-ils réagit comme il faut à toutes les étapes? Est ce que l’hémorragie risque de se reproduire pour un deuxième accouchement?)
Perso,arrivée à la mater à 3cm, j’a fait le choix de ne pas demander la péri de suite malgré ma souffrance, en essayant de gérer avec mon mari et les quelques conseils des sages-femmes. En 24h d’attente, j’ai gagné un cm. A partir du moment où j’ai eu la péri, j’étais à 10 en 2h. J’ai eu la ventouse pour d’autres problèmes mais pas d’hémorragie. Je n’ai quand même pas pu garder ma fille en peau à peau car j’ai eu de violentes nausées après l’accouchement mais j’ai pris du plaisir à voir son papa le faire à ma place.
Je n’ai clairement pas non plus eu l’accouchement que je souhaitais (encore moins celui dont je rêvais). et je sais que je suis plus armée pour un deuxième accouchement pour écouter mon corps, parler aux soignants… Je ferai probablement d’autres choix que pour celui là. Mais je garde aussi en tête qu’on ne peut pas réécrire son accouchement, qu’on ne sait jamais ce qui va se passer ni si son corps réagira 2 fois de la même façon.
Courage à toi !