Juno ne voyait pas nourrir son enfant autrement que par l’allaitement. Mais à cause de douleurs extrêmes, elle a du arrêter. Elle aurait pu bien le vivre si elle n’avait pas été culpabilisée par d’autres femmes allaitantes : « tu ne veux donc pas le meilleur pour ton enfant ? ». Voici son témoignage.
{Témoignage} Malgré beaucoup de motivation et d’efforts, un allaitement peut aussi s’arrêter
Bonjour La Mariée en Colère et toutes les lectrices du blog,
Je vous ai déjà raconté mon accouchement et mon post-partum. Je voudrais aussi témoigner sur un sujet un peu plus « touchy » comme disent les anglais : l’allaitement. C’est un sujet qui fait beaucoup de vagues, que l’on soit pour ou que l’on ne souhaite pas tenter l’expérience.
Personnellement, j’ai toujours su que je voulais allaiter. Je ne me suis même pas posée la question. J’avais d’ailleurs une sage-femme pro-allaitement très bien formée sur le sujet.
A la naissance de ma fille, la 1ère mise au sein se passe bien, elle se débrouille comme une chef et tète bien. Je prends petit à petit mes marques pour la mettre au sein seule, la positionner et comprendre son rythme. Je réalise qu’un bébé allaité prend vraiment BEAUCOUP le sein. Mais ça ne me pose aucun problème. Sauf que dès la fin du 2e jour, je me rends compte que c’est affreusement douloureux. J’essaie d’alterner le sein gauche et le sein droit pour les reposer, mais même comme ça, je souffre horriblement. Les sages-femmes passent plusieurs fois vérifier que la position est bonne : rien à dire, ma choupette se positionne très bien.
J’en parle à des amies, qui me disent que pour elles ça a été douloureux pendant 1 mois puis que c’est passé. Ok, je serre les dents, ça va donc passer.
A la sortie de la maternité, j’ai tellement mal que je redoute chaque tétée
Les sages-femmes me disent de tenter les bouts de sein en silicone, ne serait-ce qu’une tétée sur 2. Je n’en voulais pas, mais je capitule, je ne tiendrai pas le coup sinon…
Les bouts de sein sauvent mon allaitement : la douleur bien qu’encore forte est tout de même atténuée, j’arrive à allaiter ma fille normalement. Petit à petit, je me rends compte qu’il m’est impossible d’allaiter sans eux, la douleur prend le dessus. D’autant que ma fille passe parfois des soirées entières accrochée à mon sein. C’est un premier coup dur, mais quand je l’entends déglutir de grandes gorgées de mon lait je me remotive.
Chaque pesée est un succès, ma poupette prend bien du poids : l’allaitement est bien mis en place. Je souffre à chaque début de tétée, ou quand elles durent trop longtemps, mais je commence à prendre le rythme.
Mais au bout d’un mois, le fameux, celui où je ne devais plus avoir mal, les douleurs ne s’en vont pas. Ma fille tète très longtemps et ne semble pas rassasiée. Je me sens découragée. Je ne suis plus sûre d’arriver à l’allaiter 6 mois comme je le souhaitais à la base à ce rythme. Je fais donc appel à une 1ère consultante en lactation car on me le répète de tous les côtés : un allaitement ce n’est pas censé faire mal. Le rendez-vous avec elle est génial : très à l’écoute, elle observe ma fille téter, vérifie sa position, ses freins de langue et…rien. Tout est nickel. Elle me dit alors que les bouts de sein sont la cause de mon problème et qu’ils sont en train de me causer une baisse de lactation. Très motivée j’essaie alors de les supprimer : les douleurs reviennent de plus belle et ma fille hurle de faim toutes les demies heures. Je consulte une 2e consultante en lactation pour avoir un autre avis. Même combat, pas de problème de frein ni de position. On me dit que la douleur va passer et que ma fille fait certainement un « pic de croissance ». On me conseille d’essayer de tirer mon lait pour faire des réserves et relancer ma lactation.
Je tire un sein pendant que j’allaite ma fille de l’autre. C’est une catastrophe : je tire 20ml à peine en 20 minutes. Au bout de quelques jours sans changement j’abandonne, je suis trop fatiguée et ma fille a toujours faim.
Alors je cède, je donne un biberon de lait artificiel à ma fille, la mort dans l’âme
Et ENFIN, elle a l’air apaisée et repue après avoir bu, ce n’était pas arrivé depuis plusieurs semaines. Je me sens monstrueusement coupable d’avoir lâché, je culpabilise de ne plus lui donner le meilleur. Vraiment je m’en veux. Après 3 semaines d’allaitement mixte, elle ne prendra plus que le biberon.
Je suis très partagée entre la déception immense d’avoir arrêté d’allaiter et le soulagement d’enfin ne plus avoir mal et de la voir mieux.
Et c’est là, à ce moment précis que j’aurais aimé avoir un soutien différent (des professionnels ou non) autour de l’allaitement : on m’avait tellement dit que ça ne pouvait QUE marcher, qu’il y avait TOUJOURS des solutions pour allaiter que j’ai finalement eu le sentiment qu’on avait minimisé ma douleur. Ils ne savaient peut-être pas l’expliquer mais c’était une souffrance vraiment énorme qui a réussi à venir à bout d’une vraie conviction. Et même si ce n’était pas dit ouvertement, j’ai senti chez la plupart une sorte de « Ah dommage, elle n’a pas tenu, un bébé au biberon de plus… »
Alors moi j’aimerais vraiment dire aux femmes qui souhaitent allaiter que oui allaiter c’est merveilleux mais OUI ça peut ne pas marcher et ce n’est pas grave !! Si je n’avais pas senti autant de pression autour de moi sur l’importance de l’allaitement, je n’aurais peut-être pas insisté au point de me faire aussi mal et j’aurais sûrement moins culpabilisé à la fin, alors que tout le monde s’en portait mieux…je suis très fière d’avoir tenu mon allaitement 2 mois, et pourtant j’ai toujours ce pincement au cœur car j’aurais vraiment voulu que tout se passe bien. Et c’est très dur quand des mamans allaitantes viennent me voir en me disant : « ah mais tu avais très certainement un problème de ci ou ça… » ou « tu aurais dû faire ci ou ça… ». Elles ne se rendent pas compte à quel point j’ai tout essayé.
Alors s’il vous plaît, attention au message que vous véhiculez : je suis pro-allaitement et pourtant je me suis sentie délaissée voire rabaissée par certains messages de femmes allaitantes, sans que ce soit intentionnel bien sûr. Mais oui j’ai dû arrêter mon allaitement car la douleur était intenable et non il n’y avait pas forcément de solution. Oui j’étais extrêmement convaincue et motivée et non, ça n’a pas suffi.
Pour les futures mamans qui hésitent à se lancer dans l’aventure de l’allaitement je leur dirais : foncez, vraiment ça vaut le coup. On ne croirait pas comme ça mais j’ai aussi eu des moments de bonheur intense en allaitant ! Avec un peu de chance tout se passera très bien. Informez-vous (je ne recommanderai jamais assez le « Manuel très illustré de l’allaitement ») et entourez-vous des bonnes personnes. Prenez garde aux discours très « fermés » de certaines mamans pro-allaitement. Le principal est que vous vous sentiez bien : le meilleur pour vous sera aussi le meilleur pour votre bébé. L’allaitement oui, mais pas à tout prix.
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Anne dit
Les débuts ont aussi été super compliqué mais je suis tombée sur deux professionnels vraiment formés aux freins et j’ai été faire une rééducation chez une chiropractrice tout ça à sauver mon allaitement sinon ça aurait été un biberon de lait aussi mon bébé était mort de faim et j’avais des crevasses en sang…
Lara dit
Comme je vous comprend ! Tout comme pour vous, nos débuts étaient merveilleux, si bien qu’au bout de 2 jours ma puce avait dépassé son poids de naissance. Je me sentais heureuse et fière de réussir à accomplir ce que j’avais toujours souhaité: nourrir mon enfant avec mon propre lait. Cela me paraissait facile et ntaurel. Quelle ne fût pas ma désillusion une fois à la maison. Nous avons tout vécu, des coliques, aux engorgements, en passant par les crevasses. Je ne prenais aucun plaisir mais je me sentais « obligée » de m’acharner, pour être une bonne maman aux yeux de la société. Une grosse baisse de lactation m’a finalement amenée à tirer mon lait, puis à faire de l’allaitement mixte, puis à arrêter complètement. J’ai vécu cela comme un énorme échec. Et oui, moi aussi j’avais bien envie de faire bouffer mon fenouil à toutes les « pro-allaitantes-rigides » qui me faisaient plus culpabiliser qu’autre chose… car au fond de moi je savais que j’avais vraiment TOUT essayé. J’ai appris quelques mois plus tard que je souffrais d’une maladie auto-immune de la thyroide, qui pouvait causer le manque de lait. Pour le prochain bébé c’est sûr, je n’écouterai que mon instinct !
Julie dit
Comme je vous comprends et comme je me retrouve dans ce témoignage. Mon début d’allaitement a été une galère sans nom, j’avais mal en permanence et rien n’y faisait. Ça a commencé à la maternité où j’ai eu mal dès le premier jour, j’ai ensuite eu des crevasses et la peau à vif pendant des semaines et n’ai réussi à tenir que par entêtement (aujourd’hui je peux le dire), tout en appréhendant chaque tété (et heureusement avec beaucoup de soutien du papa qui faisait absolument tout à la maison car j’étais juste fatiguée de cette douleur permanente).
Le premier mois a été un cauchemar, et ensuite j’ai eu un peu moins mal mais j’avais la peau à vif et ne supportait ni le contact du tissu, ni celui de l’eau pendant ma douche, …. J’avais en permanence conscience d’avoir mal et j’étais gênée même pour les mouvements du quotidien.
Tout s’est terminé à 4 mois quand j’ai (enfin) été voir un ORL pour examiner le frein de langue de ma fille. Il faut préciser qu’avant cela j’ai vu : le pédiatre de la maternité, ma sage-femme en suites de couches, les sage-femme de la maternité, une première consultante en lactation, notre médecin traitant, un ostéopathe et une chiropractrice … qui m’ont tous affirmé qu’il n’y avait pas de frein restrictif, que la position était bonne, que ma fille tétait bien. L’ORL a quant à lui indiqué qu’il y avait bien un frein (postérieur), il l’a coupé, les douleurs étaient terminées. Depuis cela va mieux.
Tout cela pour dire qu’il est vraiment dommage que des mamans qui souhaitent allaiter soient obligées d’arrêter par manque de formation / information des professionnels et par manque de soutien. Au final, à refaire, j’aurais peut-être préféré donner le biberon pendant ces 4 premiers mois car j’en ai beaucoup de mauvais souvenirs (douleur, fatigue, énervement). Il faut déculpabiliser les mamans et les soutenir, le principal c’est de se sentir bien avec les choix qu’on fait !
Marie dit
Je pense que tu as tout à fait raison. Ce n’est jamais bon de se forcer à faire quelque chose qui nous rend malheureuse.
Etre maman c’est aussi apprendre que pour bien s’occuper de son enfant il faut aussi se sentir bien dans sa peau/dans sa tête. Et donc que des fois, il est nécessaire de se faire passer en premier.
Pour les commentaires culpabilisant ou juste parfois maladroits, je pense qu’on en a tous entendu. Et être parent c’est aussi apprendre à fermer ses oreilles ou envoyer paître les importuns.
J’essaye personnellement de séparer ceux qui veulent être bienveillants mais nous bombardent des commentaires/conseils non souhaités et ceux qui se pensent juste être de meilleurs parents que toi et là soit je coupe les ponts soit je les remets à leur place. C’est mon bébé, je fais ce que je veux !
J’ai décidé de ne pas allaiter. J’ai adoré donner le bib et encore plus voir mon mari, mes parents nourrir mon bébé.
J’ai donc donné peu de conseils à mes amies qui ont allaité leur bébé car clairement je ne m’y connais pas bien (à part celui de se faire aider par un pro bienveillant en cas de doute ou de problème). Mais je me suis retrouvée parfois bien démunie. Je me souviens encore d’une amie qui a eu des jumeaux et qui les a allaité exclusivement pendant 6 mois. Elle souffrait, redoutait les tétés, pleurait souvent de douleur ou de fatigue et stressait souvent car les jumeaux prenaient peu de poids. Comme pour toi, aucune conseillère, pédiatre, médecin ni tisane, plantes ou changement de position n’a pu aider.
J’avais envie de lui dire de passer au bib et de retrouver des rapports apaisés avec ses enfants. Mais ca n’était clairement pas ma place. La seule chose que j’ai pu faire pour la soulager c’est un peu de baby-sitting (mais bon ils mangeaient encore toutes les 1h30 à 6 mois donc elle ne pouvait jamais se reposer beaucoup) et l’écouter. Je me dis qu’il y a bien des moments où j’ai dû lui sortir des conseils / phrases bateaux qu’elle n’avait pas envie d’entendre. (C’est encore trop frais pour en reparler avec elle.)
Cette expérience pourra quand même t’aider pour un deuxième enfant (si tu en veux un), que tu l’allaites ou pas !
Adeline dit
Bonjour et merci pour votre témoignage !! J’ai vécu exactement la même chose que vous avec mon fils, en vous lisant je me suis rappelée cette atroce douleur de chaque tétée, et oui on appréhende ensuite à l’avance les suivantes… au final on ne saura jamais ce qui a clocher, peut-être trop de pression autour de nous… si j’ai un deuxième bébé je te tenterai l’expérience de nouveau, mais cette fois-ci sans pression, en espérant que ça se passe mieux !