Les dons de gamètes, que ce soit d’ovocytes ou de spermatozoïdes, sont encore trop rares en France. Sabine fait partie de ces heureuses mamans qui ont pu connaître les joies de la maternité grâce à une donneuse. Elle nous raconte son parcours dans ce magnifique témoignage. Si vous souhaitez vous aussi donner à des milliers de femmes et de couples infertiles un espoir de devenir parents en faisant don de vos ovocytes ou de vos spermatozoïdes, je vous invite à aller vous renseigner sur dondovocytes.fr et dondespermatozoides.fr. En 2019, 836 femmes ont fait don de leurs ovocytes et 409 bébés ont pu naître grâce à elles… Maintenant il n’est plus nécessaire d’être déjà maman pour pouvoir le faire, alors pourquoi pas vous ?
{Témoignage} Don d’ovocytes : Une inconnue m’a fait le plus beau des cadeaux
Bonjour à toutes les lectrices du blog,
Je m’appelle Sabine, j’ai 36 ans. Je suis Maman d’un merveilleux (en toute objectivité !) petit garçon de 4 ans, né grâce à un don d’ovocytes.
Mais avant d’en arriver là, le parcours a été long, je dois l‘avouer.
J’ai rencontré mon mari en 2006 et un an après nous nous lancions dans les essais bébé.
1 an… pas de bébé. Le temps semblait déjà long.
Ma gynécologue finit par nous orienter vers un centre spécialisé dans la PMA, un CECOS ! (Centre d’Etude et de Conservation des Œufs et du Sperme Humain). Nous y allons plein d’espoir, avec la certitude que ça va marcher ! On pense que tout va aller très vite, on se dit « un petit coup de pouce et l’année prochaine on aura notre bébé »
Mais nous sommes vite retombés de notre nuage : le parcours allait être plus long que prévu. Il faut savoir que je suis en surpoids, ce qui est considéré comme un facteur de risques. Aux rendez-vous, les médecins sont très clairs : je dois perdre du poids si je veux pouvoir mener un parcours de PMA.
Début 2010, mon mari me demande en mariage et nous commençons à faire construire notre maison. En se disant « on va moins y penser, ça va marcher »
Cela fait 3 ans maintenant, plein de bébés sont nés autour de nous et ça commence à être difficile de retenir mes larmes à chaque annonce de grossesse. Je deviens envieuse malgré moi, et je culpabilise pour mon mari qui lui rêve de devenir papa !
On reprend le chemin de la PMA dans un nouveau centre.
Après une panoplie d’examens le verdict tombe : mauvaise qualité des spermatozoïdes ET des ovules (autant dire que les 2 réunis minimisent nos chances d’avoir un enfant naturellement)
On nous dirige donc vers des FIV.
Avril 2011, 1ère tentative : on y croit énormément !! Enfin ça va être notre tour ! Piqûres, contrôles par échographies et prises de sang, ponctions des ovocytes sous anesthésie générale : tout se passe bien.
2 ou 3 jours après on doit nous appeler pour nous donner l’heure du transfert. On nous a appelé, comme prévu, mais pour nous dire qu’il n’y aurait pas de transfert : aucun ovocyte n’a été fécondé. Le monde s’écroule. Jamais nous n’avions pensé que ça pouvait se passer comme ça. C’est un gros coup dur.
Nous savions que nous avions le droit à 4 tentatives de ponctions et nous devions nous rendre à l’évidence : celle-ci n’avait pas été la bonne. On gardait le moral, il nous restait 3 essais.
Nous nous marions en juillet.
En octobre, nouvelle tentative. Cette tentative a été faite en ICSI (l’ovocyte et les spermatozoïdes du conjoint sont fécondés in vitro c’est-à-dire en laboratoire avant d’être réimplanté chez la future maman pour maximiser les chances de réussite de la FIV) et c’est un beau + qui apparaît sur le test de grossesse ! Première fois en plus de 4 ans que nous voyons ça ! Quelle joie ! Nous nous sommes projetés depuis si longtemps… enfin nos rêves vont se réaliser… Nous sommes tellement heureux et partageons notre bonheur, notre victoire, avec nos proches, nos amis, qui nous ont tant soutenus.
Le bonheur fût de courte durée : j’ai perdu notre enfant en novembre…
On se pose 1000 questions qui restent sans réponse. Pourquoi cela nous arrive à nous, qu’est-ce que j’aurai dû faire ou ne pas faire. La culpabilité est forte mais nous continuons d’y croire !
Nous enchainerons les tentatives en avril 2012, octobre 2012 et avril 2013, toutes négatives…
Chaque résultat a été un déchirement, un effondrement… On met tellement d’espoir dans chaque essai que la chute en est tout autant vertigineuse…
Subir tout ça pour rien… le ventre gonflé et pleins d’hématomes ; le moral qui joue aux montagnes russes ; les calculs à faire pour savoir si oui ou non on peut avoir un rapport à ce moment-là ; l’organisation qu’il faut anticiper au travail, les projets qu’on a dû repousser, les faux symptômes… à chaque fois, tout ça pour rien… sans compter les litres de larmes, « pleurer toutes les larmes de son corps » est une expression qui a pris tout son sens.
Nous avons épuisé toutes nos tentatives. 6 ans et pas de bébé…
Je n’arrive pas à concevoir ma vie sans enfants.
On nous parle alors du don d’ovocytes. L’espoir renait mais on a bien compris que ce serait long…
Le centre le plus proche de chez nous est à 2h de route. On enchaine les consultations : médecins, gynéco, généalogiste, psychologue… fin 2014 nous voilà inscrits. Les délais d’attente annoncés sont longs.: son don ne servira pas pour nous directement mais permettra à tous les couples en attente d’avoir un don plus rapidement..
A ce moment-là, on se rend compte que le don d’ovocytes n’est pas très connu en France. Combien de fois j’ai pu entendre « mince je suis trop vieille, sinon oui je l’aurais fait » Je l’entends encore trop souvent d’ailleurs… C’est pour cette raison que je témoigne aujourd’hui sur le blog : j’espère que mon histoire permettra à plus de personnes de connaître ce don.
Janvier 2016, la loi change ! Plus d’obligation d’avoir déjà un enfant pour être donneuse ! une belle avancée !
Ma sœur se lance aussitôt dans l’aventure ! Je ne l’en remercierai jamais assez. Elle fera donc un don dans ce centre. Mais l’attente à cause du manque de donneuse est toujours aussi longue.
En juin 2016, ma gynécologue me téléphone. Ça y est, elle a une donneuse pour nous ! Je n’y crois pas, je pleure (de joie, pour une fois !!)
Le 8 juillet 2016 je reçois le transfert de 2 embryons…
Une inconnue m’a fait le plus beau des cadeaux.
L’attente (encore) des résultats est interminable, comme à chaque fois.
Le 26 juillet j’apprends que je suis enceinte… On a réussi !! une vague de bonheur nous envahi mais je reste sur mes gardes, j’ai tellement peur d’une nouvelle fausse couche. Nous saurons lors de la 1ere écho qu’il n’y a « qu’un » bébé mais que tout va bien ! Nous aurions pu avoir des jumeaux du fait du transfert de 2 embryons mais un bébé c’est le plus beau cadeau. Quelle émotion cette 1ère écho, entendre son petit cœur pour la première fois…
Ma grossesse s’est merveilleusement bien passée et nous avons donc un magnifique petit garçon. Je suis très fusionnelle avec lui, dès le début. Notre lien est tellement puissant, tellement fort.
Je pense souvent à notre fée ; j’aimerais pouvoir la remercier et qu’elle sache à quel point nous lui sommes infiniment reconnaissants de nous avoir fait ce si beau cadeau.
Je suis consciente de la chance que j’ai d’avoir mon fils aujourd’hui, après ce parcours de 10 années.
Les parcours de PMA sont longs, douloureux physiquement et psychologiquement, semés d’embûches ; ils mettent le couple à rude épreuve, ils nous isolent, nous éloignent de nos amis/familles ; demandent énormément de patience (plus qu’on croit en avoir) ; jouent avec nos espoirs, nous plongent dans le doute (est-ce qu’on va vraiment en sortir vainqueur ?), l’incompréhension… mais ce parcours m’a donné le plus beau des cadeaux : un enfant.
J’aimerais sincèrement que chaque femme puisse réaliser son rêve de devenir Maman !
Le don de gamètes, que ce soit de spermatozoïdes ou d’ovocytes est un don d’espoir, un don de vie. Si vous avez été touché·e par l’histoire de Sabine et si vous souhaitez aider les milliers de personnes en attente de devenir parents, parlez-en dans votre couple et autour de vous et rendez-vous sur dondovocytes.fr et dondespermatozoides.fr pour vous renseigner sur les démarches. Merci <3
Laisser un commentaire