Tiphaine a eu une grossesse compliquée et un accouchement catastrophe. Elle pensait pouvoir souffler à l’arrivée de son bébé, mais elle a plongé, violemment, dans la dépression post-partum, au point d’être hospitalisée dans une unité mère-enfant. Son témoignage est bouleversant. Merci à toutes celles qui partagent avec nous leur histoire, pour aider à lever les tabous. Voici son témoignage.
{Témoignage} La dépression post-partum : un sujet encore trop tabou
Bonjour,
Je m’appelle Tiphaine et j’ai 29 ans. Je suis mariée, et l’heureuse maman d’une petite fille, Lise.
Je souhaite évoquer avec vous un sujet qui est encore trop tabou de nos jours : la dépression post-partum.
Commençons par le début : heureuse nouvelle, je suis enceinte ! Bon, le bonheur est de courte durée car arrivent en même temps les symptômes de grossesse : les nausées, vomissements, l’hospitalisation pendant le confinement à cause de ces vomissements incessants. « T’inquiète ! Au deuxième trimestre ce sera passé tout ça ! » mais bien sûr ça n’est pas passé.
Durant l’hospitalisation, on me détecte un diabète gestationnel. Oh bonheur les piqûres d’insuline tout les soirs !
Bref, la grossesse suit son cours tant bien que mal.
Je ressemble au célèbre bonhomme Michelin avec mes 40 kg d’œdèmes, nous arrivons bientôt au terme de cette grossesse, et nous allons enfin avoir notre petite merveille dans nos bras !
Je m’imagine l’accouchement, prends bonne note de tous les conseils de la sage-femme et me dit « ça va être dur mais ce ne sera que du bonheur ! » Mouais… dans mon imagination seulement.
Samedi soir, je ne me sens pas bien, nous nous rendons aux urgences et on décide de me garder en hospitalisation. Le verdict tombe : la pré-éclampsie. Le seul traitement à ce jour, c’est le déclenchement de la naissance !
Me voilà donc dimanche soir à me faire déclencher.
La nuit se passe relativement bien malgré les contractions que je tolère.
Lundi matin : échec de la première méthode de déclenchement, on passe à la méthode de niveau supérieur.
Et reviennent en grande fanfare les fameuses nausées et vomissements.
J’ai droit au monitoring et Monsieur plein de patience qui maintient la sonde pour capter le cœur de notre chipie qui n’arrête pas de bouger.
On patiente, je tolère encore les contractions, et nous commençons à être sur notre petit nuage. Dans quelques heures notre puce sera là et nous pourrons savourer la vie à trois !
Il est midi quand je descends en salle de travail. On me pose la péridurale afin de mettre une électrode sur le crâne de mon bébé pour mieux capter son rythme cardiaque.
Nous entendons régulièrement son petit cœur ralentir, et les nombreux va et viens du médecin et des sages femmes.
Il est 16h : madame, nous devons vous faire une césarienne code rouge, c’est à dire qu’il nous reste 15 minutes pour sortir votre puce car elle souffre des contractions.
D’accord, et là branle bas de combat, je me retrouve ballottée dans un brancard en catastrophe pour aller au bloc opératoire.
D’ailleurs, je ne remercierai jamais assez l’équipe de sa bienveillance tout au long de l’accouchement !
Mon mari arrive, on commence l’intervention et ça y est ! Voilà notre bonheur qui pointe le bout de son nez à 16h18.
Sauf que… je n’ai pas eu la réaction que je me suis tant imaginée. Je vous passe aussi les détails de mes crises convulsives et l’hémorragie ainsi que la transfusion d’urgence après la césarienne.
Je la regarde, hagard, perdue. Mon mari est tout ému, mais pas moi. Et cela me questionne. Bref, la fatigue ça va passer.
Le séjour se poursuit en suite de couches, et je l’admire, mais laisse comme une distance entre ma merveille et moi.
Il y a une distance entre mon bébé et moi
Mon mari plane, il est heureux mais me trouve un peu distante. Nous mettions ça sur le coup de la fatigue.
Retour à la maison, nous sommes encore sur notre petit nuage. Monsieur un peu plus que moi encore …
La fatigue s’installe, les pleurs aussi…
Mon bébé est une éponge émotionnelle. Je pleure : elle pleure. Elle pleure : je pleure. Je ne sais pas ce que je dois faire. Mon mari me soutient énormément.
Mais lui aussi commence à fatiguer !
Je n’arrive pas à m’alimenter. Je ne comprends pas ce qu’il m’arrive. Je pleure beaucoup et je dis à mon mari que j’ai peur de ne pas réussir à aimer ma fille. En lui disant je ne comprends pas comment j’arrive à dire des choses pareilles !
On met ça sur le coup de la fatigue, l’accouchement difficile.
Les jours passent, sont de plus en plus difficiles, mon mari reprends bientôt le travail, et ça m’inquiète énormément. Je perds de plus en plus de poids. Je ne dors plus, ne mange plus, et je n’arrive pas à parler à mon bébé.
Le jour de la reprise du travail de mon mari, c’est la descente aux enfers.
J’appelle ma sœur en larmes et je lui dit de venir de toute urgence. Je ne pensais jamais en arriver là : « viens vite avant que je fasse des bêtises, j’ai envie de me tuer là ».
Ma sœur est arrivée très vite, et m’a emmenée aux urgences. Le diagnostic tombe : « Madame, vous faites ce qu’on appelle une dépression du post-partum. Nous allons vous hospitaliser ».
Je suis hospitalisée pour ma dépression post-partum
Cette phrase est violente ! Je me sens pas capable d’aimer mon bébé et en plus on va me séparer de lui !
Mais finalement, j’ai été hospitalisée avec ma fille dans une unité mère-enfant. C’est une petite unité qui possède 4 chambres.
Dans ces chambres, vous avez une chambre pour maman et juste à côté une pièce pour bébé.
Les premières nuits vous avez une équipe de nuit qui s’occupe de donner le biberon à vos bébés pour que vous repreniez des forces car vous êtes dans un épuisement extrême.
Et progressivement, on retravaille le lien ensemble maman et bébé. Papa aussi est inclu dans le programme de soins.
Cette équipe bienveillante vous soutient sans être intrusive dans la prise en charge de votre bébé. Leur unique but est de travailler le lien mère enfant et de vous soulager quand vous avez atteint vos limites.
Aujourd’hui, nous avons énormément avancés tous les trois. Je vous laisse imaginer à quel point votre couple est mis à mal dans ce contexte. Une thérapie de couple nous a aidé à sortir la tête hors de l’eau.
Il reste encore du chemin à parcourir pour ma part. D’une part, chasser les mauvaises choses de l’enfance refoulées qui sont remontées à la surface, et d’autre part, ne pas me culpabiliser d’avoir eu l’impression d’avoir « abandonné » mon bébé les premières semaines de vie.
Mais aujourd’hui je suis une maman épanouie !
J’aime ma fille d’un amour inconditionnel! Et un petit frère ou une petite sœur est en discussion avec papa.
En tout cas, ce témoignage n’est pas là pour décourager qui que ce soit, mais un message d’espoir pour celles qui pourraient traverser cette période difficile. Surtout : parlez-en autour de vous ! Ce n’est pas une honte, bien au contraire.
Oui un enfant c’est du bonheur, mais pas que…
Si vous vous sentez épuisée, que des idées de mort ou autre vous traverse l’esprit, parlez-en autour de vous ou à un professionnel de santé !
Vous aurez l’impression de ne pas voir le bout du tunnel… mais prenez ce message en guise d’espoir et que rien n’est perdu, vous vous en sortirez encore plus fort ❤️
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