Lors de la dernière échographie de suivi de grossesse, alors qu’elle était enceinte de 8 mois, les médecins se sont rendus compte que le bébé de Pauline présentait une tâche dans la cerveau : son bébé faisait une hémorragie cérébrale. La jeune maman n’a pas vraiment eu d’autre choix de subir une Interruption Médicale de Grossesse (IMG). Voici son témoignage.
{Témoignage} IMG : 14 jours qui ont tout changé
Bonjour,
Je m’appelle Pauline, j’ai 30 ans. Je suis maman d’une petite Lou de 4 ans 1/2. Je suis séparée du papa de ma fille depuis 2018. Dans le même temps, j’ai changé de boulot, et j’y ai retrouvé un homme que j’avais rencontré 15 ans plus tôt en colonie de ski. C’est le coup de foudre, l’évidence.
Nous nous mettons ensemble, emménageons ensemble 5 mois après et c’est le bonheur. Ma fille l’adore et il l’aime comme sa propre fille. Très vite nous parlons projets bébé, achat immobilier, mariage.
En 2020, pendant le premier confinement, on se décide, on veut un bébé !
La nature est généreuse avec moi et après une première fille sous pilule, je tombe enceinte à peine 15 jours après l’arrêt de ma pilule. Nous sommes surpris par la rapidité mais parfaitement heureux ! Nous apprenons que c’est une petite fille. Parfait, son prénom a été choisi à notre premier rencard, pas de doute !
Et alors que l’année 2020 est compliquée pour tout le monde, nous sommes sur un petit nuage : un PACS, un bébé à venir et on vient d’acheter un appartement.
Le 12 novembre, c’est la troisième écho de grossesse. L’Amoureux ronchonne parce que l’échographe a plus d’une heure de retard et qu’il va devoir retourner travailler. Pour moi, c’est une promenade de santé. Même si je suis en arrêt depuis le 12 septembre pour cause de contractions, je suis sereine quant à l’avenir.
L’échographie commence et je sais. Je sens. Quelque chose ne va pas. Elle passe trop de temps sur la tête de ma petite fille. Elle change et réalise une échographie « par en bas ». Je pleure un peu parce que je sais que ça n’ira pas. Je sens que ce moment s’apprête à tout changer. Que mon insouciance et ma légèreté vont être pulvérisées en plein vol. « Rhabillez vous et venez à mon bureau, je vais vous expliquer ».
L’Amoureux est livide, blanc, transparent. Je pleure mais je suis très concentrée. Je veux tout comprendre et tout entendre.
« Il y a une tâche dans le cerveau de votre petite fille, ça peut être une hémorragie cérébrale ».
OK. On (Je) l’inonde de questions : quels risques, va-t-on perdre notre bébé, c’est quoi la suite.
On sort de ce rendez-vous blancs, éteints, incapable de parler avec en poche les photos de l’échographie et un rendez-vous pour une IRM une semaine plus tard. Dans la voiture, on n’arrive pas à se parler. Je rentre à la maison et j’appelle ma maman, mais je n’arrive pas à dire l’indicible.
Le lendemain nous sommes le 13 novembre et c’est mon anniversaire. Aujourd’hui, j’ai 30 ans. Je reçois énormément de messages me souhaitant un joyeux anniversaire et des gros bisous à nous 3 bientôt 4. Et chaque fois je dois expliquer. Répéter.
En fin de matinée mon gynéco me rappelle. Il est aimable, franc et je l’apprécie énormément. Je lui demande alors si il faut que nous nous préparions à une IMG (interruption médicale de grossesse). Sa réponse est sans appel : « Oui, il le faut. J’ai vu les images, c’est grave« .
Je m’effondre et j’appelle l’Amoureux qui sombre aussi. Il rentre à la maison pour que nous soyons tous les deux. On se jette à corps perdus dans les cartons de notre déménagement à venir.
Le mercredi suivant, rendez-vous pour l’IRM. Ca ne se passe pas très bien, je suis claustro et j’ai peur, je fais une crise de panique. Finalement j’arrive au bout de mon rendez-vous et en sortant, je croise du regard l’écran avec les images de ma fille. La tâche est là, plus grosse que la semaine d’avant. Et je comprends. Je comprends que je vis mes derniers jours avec elle.
Le rendez-vous avec le neuropédiatre le lendemain ne fait que confirmer ce que l’on sait déjà. Notre petite fille a une hémorragie cérébrale. Elle risque une paralysie complète du côté droit. Nous sortons de là dans le silence, incapables de dire à voix haute ce que l’on sait déjà tous les deux.
Cette grossesse va s’arrêter.
Nous ne voulons pas offrir une vie qui n’en serait pas une à notre enfant.
Bizarrement, nous sommes aussi très soulagés parce qu’après une semaine d’attente et de doutes, nous avons une réponse claire.
Puis tout s’enchaîne très vite, je suis déjà à 33SA. Rendez-vous chez le gyneco dès le lendemain, puis chez l’anesthésiste pour la péridurale (je voulais accoucher sans mais pas de ces conditions). Mardi, nous « endormirons » notre fille pour un déclenchement le jeudi. Le lundi, nous nous pacsons. C’était déjà prévu et nous n’avons pas voulu annuler ce moment heureux.
L’accouchement se passe très vite, premières contractions de travail à 15h, à 18h15 je suis à 3cm, à 18H30 je suis à complète et Nell vient au monde à 18H35. Au moment de pousser, je ne veux plus. Je ne veux pas qu’elle quitte mon corps. Une fois, ça sera fini pour de bon. Elle sera partie. Pour toujours. Mais je n’ai pas le choix. Je dois la guider vers la sortie, elle qui ne peut plus m’aider.
Une fois née, nous restons silencieux tous les deux blottis l’un contre l’autre. Elle nous est amenée et nous la gardons contre nous pendant plus d’une heure. J’aide l’Amoureux à la tenir dans ses bras. L’Amoureux pleure, moi aussi. Puis nous lui disons au revoir.
Je ne dors pas de la nuit, n’entendant que les autres bébés de la maternité pleurer. Le lendemain, je demande à rentrer chez moi. Je vais bien physiquement. Nous repartons donc avec 4 photos de notre fille, ses empreintes de pieds, son bracelet de naissance et une heure de souvenirs. Et uniquement cela.
Aujourd’hui, alors que j’écris ce témoignage, ça fait 2 mois 1/2, je suis toujours en congé maternité mais sans bébé. Il n’y a pas un jour, une heure pendant lesquels je ne pense pas à elle. Nous avons ensemble, solidement, entourés par nos amis et nos familles. Et maintenant que nous imaginons un nouveau bébé, il faut apprendre à gérer l’impatience, l’envie et la peur d’avoir peur.
Ce que je veux surtout dire ici, c’est que c’est tragique et épouvantable de vivre ça. Ça brise le cœur comme jamais. Mais on peut réussir à avancer malgré le chagrin. Ma sœur m’a dit « c’est le plus beau sacrifice d’amour qu’un parent puisse faire« . Je pense que nous faisons tous du mieux que l’on peut, avec nos croyances et nos envies. Mais lire des témoignages m’a beaucoup aidé pendant cette période. Alors si celui-ci peut aider ne serait-ce qu’un autre parent, alors ça n’aura pas été inutile.
Vous souhaitez publier votre histoire sur le blog ? Déposez votre témoignage mariage ou témoignage maternité ici.
Laisser un commentaire