{Témoignage} Mariage religieux et conflits avec ma mère

Amaranth a été élevée dans une famille très religieuse. Quand elle a rencontré l’amour, elle a cassé les codes et les traditions, s’est mariée civilement pendant sa grossesse, tout en projetant d’organiser un mariage religieux plus « grand » quelques temps après. Mais sa famille ne l’a vu d’un bon œil et avec en plus des conflits familiaux rajoutés par-dessus, aujourd’hui elle n’est plus sûre que sa maman assiste au jour J. Voici son témoignage.

{Témoignage} Ma mère pense que ce n’est pas un « vrai » mariage car nous avons déjà des enfants

Bonjour à toutes,

J’ai grandi dans une famille très nombreuse et très religieuse. Ma mère a toujours fait des différences entre ses enfants. Je me suis éloignée de ce milieu à ma majorité quand je suis partie dans une autre ville pour mes études. À vingt-cinq ans, j’ai rencontré mon conjoint sur un site de rencontre. Il ne vient pas du même milieu social que moi et n’est pas « catho, scout et musicien » (profil du gendre idéal pour mes parents). Mes parents ne l’ont pas mal accueilli en soi mais n’ont jamais éprouvé un grand intérêt pour lui.

J’ai toujours été franche avec mes parents sur mes choix de vie. Je leur ai donc annoncé quelques temps plus tard que mon chéri et moi allions nous installer ensemble. Ils l’ont très mal vécu car de leur point de vue, il faut rester vierge avant le mariage. Environ deux ans après notre rencontre, mon chéri et moi avons décidé d’avoir un enfant et nous avons parlé mariage. Nous étions tous les deux sûrs de vouloir nous marier un jour. En revanche, il était important pour moi de porter le même nom que notre enfant dès sa naissance quand pour lui, il était important de célébrer ce mariage avec une grande fête. Vu notre situation financière et professionnelle, nous avons donc convenu de nous marier civilement en petit comité pendant la grossesse puis de nous marier religieusement quelques années après et d’en profiter pour célébrer cet événement avec notre famille élargie et nos amis.

L’annonce de la grossesse et du mariage civil passent moyennement bien auprès de mes parents mais ils s’y font assez vite. Le lendemain de notre mariage civil, ma petite soeur vient me voir et se fait le porte-parole du reste de la famille (ou tout du moins une partie). Elle m’explique donc que le mariage civil est suffisant pour nous, qu’on devrait en rester là et qu’on ne mérite pas le mariage religieux. Je lui réponds calmement que ce n’est pas à elle d’évaluer nos motivations et que nous vivons notre foi comme nous l’entendons.

En parallèle, ma mère vit un conflit avec son propre père. C’est un conflit en dents de scie. Un coup elle l’invite à dîner chez elle, un coup elle ne veut plus le voir. Elle est capable d’aller à des cousinades en sa présence mais fuit juste après la cérémonie du baptême de notre premier enfant parce qu’elle ne peut pas supporter sa présence. Ses deux soeurs suivent son exemple mais d’une façon un peu plus logique car elle ont coupé totalement les liens avec lui.

Des conflits avec mon grand-père se rajoutent à cela

Mon grand-père est quelqu’un de particulier. Je conçois que ma mère et ses soeurs aient pu souffrir de l’avoir comme père et je conçois tout à fait qu’elles aient besoin de prendre de la distance. En revanche, en tant que petite-fille, j’ai toujours eu une bonne relation avec lui et j’ai toujours essayé de rester en-dehors de leurs conflits. Cependant, ma mère a toujours eu l’impression que je prenais partie et m’en veut de garder contact. Elle m’accuse régulièrement d’être vénale. Depuis que j’ai des enfants, mon grand-père nous donne des étrennes à Noël (ce qu’il ne faisait pas avant). Il donne des étrennes à tous ses petits-enfants qui gardent contact avec lui. Il nous a également fait un cadeau pour notre mariage civil et fait un cadeau pour les baptêmes des enfants. À mes yeux, il n’y a rien d’inhabituel et j’ai gardé contact avec mon grand-père pendant de nombreuses années avant sans aucun cadeau de sa part.

Deux de mes soeurs se sont mariées ces dernières années et mon grand-père n’a pas été invité aux mariages. Une de mes soeurs aurait pourtant voulu l’inviter mais a subi du chantage affectif de la part de notre mère et n’a pas voulu supporter cela pendant la préparation de son mariage. Elle a donc cédé au bout de quelques mois.
De notre côté, nous avons eu d’autres enfants (quatre au total) et nous avons repoussé plusieurs fois notre mariage religieux, notamment à cause de ce conflit entre ma mère et son père. Et puis la grand-mère de mon conjoint est décédée brutalement. Nous n’avions jamais pensé qu’elle ne serait pas là pour notre mariage religieux. Nous avons donc décidé d’arrêter de repousser et de nous lancer dans ce projet car c’est important pour nous. Nos enfants sont baptisés et, sans être pratiquants, nous souhaitons avoir cette dimension religieuse dans notre vie.

C’était un projet que nous avions évoqué à de nombreuses reprises, mais lorsqu’il est devenu concret, mes parents l’ont très mal accueilli. Ils considèrent que nous ne sommes pas assez catholiques pour avoir le droit de nous marier à l’église.
Avant d’annoncer notre projet, mon conjoint et moi avions décidé en amont que mon grand-père serait invité à notre mariage. Celui-ci nous a ensuite proposé de nous offrir la location de notre salle de mariage, comme il l’avait fait pour une de mes cousines (les enfants de son fils, qui lui garde contact avec son père). Nous n’avons pas beaucoup d’économies et les parents de mon conjoint (qui voulaient participer aux frais de salle et de traiteur) ont peu de revenus, nous avons donc accepté son offre. Il était évident pour moi qu’il aurait été invité même s’il n’avait pas participé financièrement. Il était présent à notre mariage civil et à tous les baptêmes de nos enfants malgré les tensions que cela a provoqué avec ma mère. Mais évidemment, ma mère ne l’a pas interprété comme cela (je n’ai pas cherché à lui cacher l’information car je préfère être franche).

Nos parents nous aident à financer le traiteur. Mes parents le font par obligation (ils me l’ont dit clairement…), parce qu’ils ont financé le mariage de mes soeurs, mais nous en sommes reconnaissants et nous le leur avons exprimé à de nombreuses reprises. Lorsque nous avons évoqué la question des invités, ma mère a expliqué qu’elle ne souhaitait inviter aucun de ses amis. Pour le mariage de mes soeurs, elle était tellement fière qu’elle avait invité la terre entière ! Cela m’a beaucoup blessée.

Lorsque je lui avais annoncé que mon grand-père serait invité, elle m’avait répondu « Je ne sais pas si je vais venir alors. » Je m’étais dit que c’était sa réaction à chaud et je ne pensais pas qu’elle envisagerait réellement de ne pas venir. Elle affiche des photos de mon grand-père dans sa maison et supporte de le croiser ponctuellement (à des enterrements par exemple). Elle est venue à tous les baptêmes de mes enfants (même si elle a boudé pour deux d’entre eux). Et pourtant…

Le fait qu’elle ne souhaite inviter aucun de ses amis me confirme qu’elle n’envisage absolument pas d’être présente le jour de mon mariage. Actuellement (le mariage est dans un peu plus d’un an), je ne suis même pas sûre qu’elle viendra à la cérémonie. Elle m’a envoyé un mail pour s’expliquer, dans lequel elle m’explique que ce n’est pas un vrai mariage pour elle puisque nous avons déjà des enfants (et donc que ce n’est pas important), m’explique que je lui avais dit que je ne souhaitais pas qu’ils invitent trop d’amis à mon mariage (ce qui est vrai, je ne voulais pas qu’ils invitent des tas de gens que je ne connaissais pas mais il y a une très grande différence entre inviter ses amis proches et inviter des connaissances juste pour être mondain) et qu’elle ne supporte pas d’être en présence de son père.

Ma mère ne viendra donc pas à mon mariage…

Mon père déteste les conflits de façon générale et n’a donc aucune réaction par rapport à tout cela. Il reste à bonne distance.

J’ai beaucoup de mal à comprendre que ma mère n’envisage même pas de faire un effort pour mon mariage alors qu’elle va venir au baptême de ma dernière dans deux mois. Mon grand-père commence à être très âgé, il ne sera pas en mesure de se déplacer par lui-même le jour du mariage (il a beaucoup de mal à marcher). De plus, il y aura au moins une centaine d’invités au total, il y a donc moyen de ne pas se croiser. D’inviter ses amis à elle serait pourtant un bon moyen de « se protéger » et d’avoir un espace safe.

Je ne compte pas le nombre de fois dans ma vie où j’ai essayé de parler (par écrit) avec elle de ce que je ressentais. Cela n’a jamais rien apporté. Elle n’a pas l’impression de faire des différences entre ses enfants (je ne suis pourtant pas la seule dans ma fratrie à le ressentir et à le lui dire), m’affirme qu’elle est fière de tous ses enfants sans exception (je lui ai dit que je savais qu’elle n’était pas fière de moi mais que je ne pensais pas qu’elle aurait un jour honte de moi), me fait du chantage affectif et me parle de son ressenti sans jamais prendre en compte le mien.

Je suis en colère et je souffre de la situation. J’en ai assez de porter un conflit qui n’est pas le mien et d’en subir les conséquences. Même si ma relation avec ma mère a toujours été conflictuelle, c’est quelqu’un d’important pour moi. J’aimerais l’avoir à mes côtés le jour de mon mariage, qu’elle soit sur les photos et qu’elle célèbre cet événement avec nous.
Je suis très blessée par sa décision que je trouve très égoïste et qui me donne l’impression qu’elle cherche à me punir, à se venger de la présence de mon grand-père.

Je ne veux même pas répondre à son dernier mail. À quoi bon ? Je pense que je vais prendre de la distance et essayer de ne pas la laisser gâcher cet événement si important pour nous. Je vais toutefois garder contact pour mes enfants parce que je ne veux pas les priver d’une relation avec leurs grands-parents.
Si j’ai appris quelque chose de toute cette histoire, c’est que mes conflits ne doivent pas devenir les conflits de mes enfants. Ils ont le droit d’aimer leur grand-mère, d’avoir une bonne relation avec elle et de ne pas prendre en compte le mal qu’elle m’a fait et qu’elle continue à me faire.

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