Lorsque Nouriya a donné naissance à sa fille il y a 10 ans, elle a immédiatement ressenti l’amour inconditionnel. Elle s’attendait à ressentir la même chose quand ses jumeaux son arrivés dans sa vie, mais cela n’a pas été le cas. Elle a été embarquée dans une spirale où elle agissait mécaniquement. Voici son témoignage.
{Témoignage} Je n’ai pas ressenti cette vague d’amour à l’arrivée de mes jumeaux
Bonjour à toutes,
Moi c’est Nouriya, bientôt 36 ans, pacsée et 3 enfants dont des jumeaux de 9 mois.
Longtemps maman solo avec ma « grande » fille, j’ai rencontré lorsqu’elle avait 6 ans le compagnon que je n’espérais plus. (Au musée ou la bibliothèque selon qui lit notre histoire mais dans la vraie vie on pourrait témoigner d’une jolie rencontre via un site connu avec un grand M).
Un peu amant, un peu ami, un peu confident et surtout super beau-papa. La suite vous la connaissez, on s’aime, on n’a plus 20 ans, ça marche alors on avance vite, très vite.
On emménage ensemble, c’est top alors on fait construire notre maison rien qu’à nous (on prévoit une chambre d’amis et une future chambre de bébé), on redéménage…. et puis on se dit qu’on ferait bien un bébé pour clôturer cette jolie bulle de famille recomposée.
ça aussi c’est arrivé vite, on s’est décidés à se lancer dans les essais bébé le 18 octobre (oui je me souviens de cette date mais pas celle de notre PACS ne me jugez pas) … et le 31 octobre je faisais un premier test de grossesse, bingo c’est plié : je suis enceinte … le bonheur continue.
Quand il est écrit que chaque pas est simple quel bonheur !
Et puis 3 semaines après nous apprenons que cette grossesse sera particulière… les coquins viennent en force, ils sont 2 !
Nous aurons des jumeaux
J’ai eu ma fille à 24 ans, j’étais en forme, fraîche comme elle le dirait, une grossesse au top malgré la séparation avec le papa. Un corps en qui j’ai confiance. Des aspirations pour ce nouveau rôle. Un voyage en solo pour me concentrer sur l’essentiel, pour apprendre à me faire confiance, une relation qui est née lorsque nos yeux se sont croisés…. immédiatement. Elle et moi pour la vie, ça c’était sûr !
Je tairai volontairement ici les obstacles rencontrés pour une maman célibataire, ce n’est pas mon propos ici, juste avoir conscience que si ma première grossesse à été simple, belle, que j’ai aimé cette maternité du premier petit bout à aujourd’hui, tout n’a pas été toujours rose.
Alors pourquoi cette grossesse 10 ans après avoir tout remis en question ?
Cette stabilité tant attendue a été balayée en une phrase « le fœtus se porte bien ainsi que son jumeau« … Quoi ? Mais je suis prête pour ça ? Et puis comment lui dire au papa ? (j’étais seule à l’échographie lors de l’annonce de la super nouvelle à cause du protocole Covid)
La grossesse avance, pour les grossesses multiples les cadeaux sont aussi plus nombreux, les inquiétudes et galères aussi.
Alors, on va vite passer sur ces mois d’attente les pieds en l’air car je suis alitée, les menaces d’accouchement prématuré, les alertes sur un bébé, sur le second, les « madames vous savez que ce cap est important, après« … il s’est passé 9 mois en fait.
Si on m’avait dit dès le début que la vie était encore farceuse, qu’elle allait me mettre à l’épreuve pour que finalement mes coquins arrivent à terme, naturellement, par voie basse en 3h bien … ça m aurait évité bien des angoisses mais le voilà le fond du problème : même s’ils vont bien, mon corps et ma tête eux… ce n’est pas du tout la même chose.
Je suis plutôt d’un naturel jovial, je pensais que cela m’aiderait pour le post-partum… mais non, mon entrain n’est pas revenu. Peut-être parce que tout était différent de ce que j’avais prévu ?
Je m’attendais à vivre la prématurité mais mes deux Babys boys font respectivement 3kg et 3kg 120. Ils sont parfaits, ça c’est sûr.
Et puis tout le monde te regarde et t’encourage : tu as fais deux beaux bébés en parfaite santé donc … te plaindre ?
La difficulté de l’attachement à mes jumeaux
Je les ai mis au sein et rien… il est où l’amour inconditionnel et envahissant ? Pas encore là, demain ? Non… toujours pas. Le surlendemain, pas encore… Alors je me suis « forcée », j’ai pouponné, j’ai allaité, j’ai câliné, j’ai bisouillé, mais je m’en suis voulue immédiatement surtout, de ne pas ressentir ce « lien ».
Mon premier accouchement était il y a 10 ans et je suis tombée amoureuse de mon rôle de ma maman en un instant en la regardant…. et vous, mes bébés d’amour ? et bien je vous regarde, je m’occupe de vous, je fais ce qu’il faut, je suis programmée pour ça mais dans mon fort intérieur je sais que je n’ai été envahie que par une vague vague, votre vague, le tsunami que vous avez emmené dans ma vie, mon corps, notre quotidien.
C est moche hein ? Mes bébés…
J’ai arrêté de les allaiter un mois après, par épuisement, par envie, par choix je ne sais pas. Est-ce qu’on a vraiment le choix de quelque chose lorsqu’on a des multiples ?
Et sérieusement, je suis leur maman, mais j’en avais commandé qu’un moi. Et ça aussi c’est moche, à penser, à dire, à ressentir. Et puis on me le rappelle tous les jours au cas où j’aurais l’idée de vouloir être libre de penser : « vous en avez deux et dire que certaines n’arrivent pas à tomber enceinte : quelle chance » « ils sont vrais ? Un bonheur en double« , « vous avez bien travaillé dites donc« …non mais haaaaa !
J’ai envie de hurler aux femmes surtout : y a t’il un jour où on commencera à être solidaires, empathiques, bienveillantes entre nous ?
L’amour est venu mes bébés, vous le savez bien vous, il était là depuis le début…
Mais maman a eu peur, peur de ne pas y arriver, peur de ne pas être prête, peur de ne pas cocher toutes les cases à remplir dès le début. La to do list de la parfaite maman, maman de multiples, et maman s’en veut. Pardon de ne pas avoir ressenti cette vague d’amour que j’ai vécue avec votre grande sœur et d’avoir vu en premier lieu cette vague en duo comme un travail, une tâche que je ne pouvais pas rater.
Aujourd’hui ma fille, ma bataille, mon amour je le sais dans tes yeux que tu me pardonnes mes imperfections parce que je suis ta maman et j’essaie de me pardonner de ne pas avoir accueilli tes petits frères avec autant de légèreté. Je les aime tellement, je n’ai « juste » pas su le faire à leur arrivée.
Est-ce qu’on est les mêmes dix ans plus tard ? Pour une seconde grossesse ? Pour une maternité multiples ? Aujourd’hui je peux encore plus le dire haut et fort : je n’en suis pas certaine du tout. Je sais simplement que je suis une maman X3 avec un amour différents pour mes 3 bébés. Que la grossesse gémellaire en seconde grossesse a remis à plat toutes mes convictions.
Est-ce que c’est grave docteur ? Est-ce que je suis une moins bonne maman parce que je le pense ? Je ne sais pas… et qu’est ce que ça fait du bien de ne pas savoir et de vivre !
Si avec ces mots certaines retrouvent leurs maux et se sentent moins seules et bien ça, je le sais, je serai comblée.
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Claire dit
Bonjour à toi
Merci pour cet article, j’ai été dans la même situation que toi et moi pour ma première donc comme quoi ! J’en parle ici : https://www.blogs.lamarieeencolere.com/mademoiselle-lattachiante/articles/mes-premiers-jours-avec-mon-nouveau-ne
En tout cas, l’important est de ne pas laisser tomber son rôle de maman même si on ne ressent pas cet amour inconditionnel.Cela ne fait pas de toi un maman moins bien que les autres, mais simplement une femme qui a le droit de ressentir des émotions propres qui ne sont pas dictées par la société.
Et surtout, quel courage d’en parler ! Bravo
Merci pour cet article plein de vérité, de courage, de force.
Agnes dit
Je pense qu’on est nombreuse à ressentir ça. Le choc pour toi a peut-être été de le ressentir pour l’aînée mais pas pour les suivant. Mais la situation était différente aussi. Pour l’aînée, tu était seule, elle n’avait que toi et toi qu’elle, j’imagine que ça a un impact énorme sur la relation qui s’établit. Pour la 2eme grossesse, tellement d’incertitudes, même à 2 pas difficile d’imaginer toutes les difficultés qu’on peut rencontrer pendant la grossesse et le début de leur vie.
Pour mon petit pas de vague d’amour. De la curiosité mais aussi cet impression diffuse qu’on ne l’échangerai pas contre un autre, c’est déjà un signe d’amour finalement.
Agnes dit
Oups, sur téléphone je n’ai pas vu que je répondais à Claire. Je voulais faire un nouveau commentaire