M et son chéri avaient décidé de 2021 serait leur année. Mariage, bébé, tout s’est accéléré, pour leur plus grand bonheur. Malheureusement, 1 an plus tard, le mari de M est brutalement décédé. Voici son témoignage.
On s’était dit que 2021 serait notre année, nous avons bien fait d’en profiter
On disait toujours que 2021 était notre année ! L’année de l’achat de notre maison, l’année du mariage, l’année de la naissance de notre petit garçon.
On s’est rencontrés il y a un peu plus de quatre ans, sur un site de rencontre. Il était mon premier amour. Dès le départ, nous avons su qu’il y avait une connexion particulière entre nous. On a appris à se connaître, à s’aimer. On s’est installés ensemble. On était heureux.
Un jour, il m’a fait sa demande en mariage, nous étions blottis l’un contre l’autre sur notre canapé. Il m’a dit : « j’ai réfléchi, si tu veux toujours te marier, je veux bien« .
C’était sa demande, il était comme ça, simple et honnête. Il me disait qu’il n’avait pas besoin d’attendre plus longtemps, qu’il était sûr de ses sentiments et qu’il voulait passer le reste de sa vie avec moi. Nous avons fixé une date et nous avons profité des confinements pour préparer un mariage à notre image : simple et convivial.
En parallèle, notre projet bébé mûrissait, nous avions décidé d’attendre que le mariage soit passé pour se lancer dans les essais bébé. Quelques mois avant le mariage, je suis rentrée du travail en disant que je n’avais plus envie d’attendre, que je voulais un enfant. 3 jours après, le stérilet était enlevé.
Début mai 2021, nous avons appris la belle nouvelle, une petite crevette s’était logée dans mon utérus. Nous étions tellement heureux. La grossesse a été très compliquée, j’ai découvert l’hyperémèse gravidique, j’ai perdu 13 kilos, j’étais déshydratée et à bout de forces. Lui, il était toujours là, à mes côtés, soutenant et rassurant.
C’est enceinte que j’ai dit oui à l’homme de ma vie en août 2021. Une journée magnifique. Une journée sous la pluie mais avec du soleil dans nos cœurs.
Entre temps, nous avons trouvé notre petit chez nous. Nous avons acheté notre petite maison avec un jardin pour accueillir notre petit bébé. Petit bébé qui est arrivé en décembre. Une fin de grossesse à l’image de ses débuts : difficile. Une césarienne programmée pour retard sévère de croissance. Mais un petit bonhomme en pleine forme. Nous étions heureux. 2021, notre année.
Et puis arrive 2022. Le post-partum, le retour en travail pour moi, le changement de travail pour lui… Une nouvelle routine, notre heureuse routine centrée sur notre petit garçon. Notre routine de jeunes parents épuisés
Me voilà en juin 2022, 27 ans, veuve avec un petit bonhomme de 6 mois.
Brutalement, son décès. Une hémorragie cérébrale à 30 ans. On n’a rien pu faire. On l’a accompagné comme on a pu, on a respecté ses dernières volontés : le don d’organes.
Il m’a fait vivre mes plus belles années mais il va me faire vivre les plus difficiles aussi.
On croit toujours que ça n’arrive que dans les films, mais non, ça peut arriver à n’importe qui, n’importe où, n’importe comment. Sans signes avant coureurs. La mort peut nous frapper à chaque instant.
La vie est beaucoup trop courte et précieuse, ne remettez pas vos projets à demain, vivez pleinement chaque instant ! Et surtout, discutez : de tout, de rien mais surtout de vos volontés de fin de vie et de dons d’organes.
Aujourd’hui, c’est difficile, tout comme hier et comme ce sera sûrement demain.
J’ai mon petit rayon de soleil à mes côtés et on s’en sortira, ensemble.
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Agnès dit
C’est une histoire terrible, j’espère que vous êtes entourée pour faire face. Une nouvelle vie à construire qui demande beaucoup de courage, pour vous et pour votre enfant. Je connais malheureusement des couples autour de moi qui ont connu de telles injustices. En restant debout, elles créent leur avenir sans oublier leur passé. Il ne faut pas s’enfermer et votre témoignage est un sacré premier pas.
Nina dit
Bonjour M. Comme Claire du commentaire précédent le dit très bien, tu es très forte et courageuse, et aucun mot ou commentaire ne pourra soulager quoi que ce soit. Seul le temps permet d’atténuer progressivement la douleur et la souffrance, car il permet aussi d’avancer, de continuer sur notre chemin, avec nos enfants, nos petites merveilles qui nous aident par leurs présences chaque jour.
Je ne suis pas veuve mais j’ai failli l’être, je suis l’épouse d’un homme désormais gravement handicapé suite à un accident (il était « simplement » au mauvais endroit au mauvais moment). Notre fils avait 2 ans. On avait des projets plein la tête, un appartement en rénovation, un beau voyage réservé à l’étranger, une envie de bébé 2 et une vie agréable.
J’ai vécu le choc de l’annonce de l’accident, les grosses réserves des médecins sur son état s’il se réveillait du coma, les statistiques sur sa survie et ce qui était perdu de toutes façons ou peut-être (ses bras, ses mains et ses doigts, ses jambes, ses facultés intellectuelles, sa mémoire, ses capacités de parler, de manger…).
Avec un bout de chou à m’occuper à plein temps, qui réclamait son papa et qui voyait sa maman pleurer et passer par toutes les émotions. Un job épanouissant que j’aimais beaucoup au sein d’une super équipe, qui a été mis en suspens et que je n’ai finalement pas pu reprendre. Un appartement qu’il a fallu quitter parce que c’était obligé, seule pour faire les cartons, les siens et les autres…
Ma vie d’avant n’existe plus. Celle dont on avait rêvé et qu’on mettait en place n’existera pas. L’homme que j’aimais, quelque part, n’existe plus non plus. On vit chacun de son côté, lui en établissement hospitalier, notre fils et moi ensemble avec le chien.
Chacun a ses épreuves de vie. C’est la nôtre, c’est la mienne. Je fais face, je fais avec. Pas le choix.
Comme toi je chéris les souvenirs et les gardent vivants pour moi-même et pour notre enfant, pour qu’il connaisse aussi son papa « avant », et pour lui faire une place dans sa vie malgré l’absence.
Je me suis faite aider par des professionnels compétents, et je suis arrivée peu à peu à faire du temps qui passe un ami. Petit à petit, j’ai mis en place de belles choses pour moi-même et pour mon fils, parce que la vie continue, parce que nous, nous sommes « pleinement vivants », et que lui a sa vie à vivre.
Prends soin de toi, chéris ce qui t’est précieux, et continue de profiter et de savourer chaque instant.
Je te souhaite tout le meilleur pour la suite pour toi et pour ton enfant.
Claire dit
Aucun mot ni aucun commentaire ne pourra vous soulager de quoi que ce soit. Je salue votre courage d’avoir pu écrire ces mots et je vous en souhaite énormément pour la suite. Vous êtes forte et courageuse et vous continuerez à l’être pour votre petit bout.